Catégories
Gastroenterologie

Cas cliniques. Deux diagnostics de déficit en DPD en une semaine : épidémie?

2016

A.PELAQUIER, G. BARJONET, C. BRUGERE, M.POUSSIER, H. OSMAN, Service d’Hépato-Gastro-Entérologie et de chirurgie viscérale, CH MONTELIMAR

Gastroentérologie –  2016-05-18 – CO –

________________________________

CAS CLINIQUES
Deux patients de respectivement 68 et 72 ans, en cours de traitement adjuvant par FOLFOX, après colectomie partielle pour néoplasie colique stade III, ont faits l’objet d’une recherche positive en déficit en dihydropyrimidine deshydrogénase (DPD). Ce déficit est partiel pour les deux patients. Le diagnostic a été posé suite à une défaillance multiviscérale (aplasie fébrile profonde, abcès périnéal, ictère, confusion…) débutant à J1 de l’ablation de l’infuseur, lors de la deuxième cure de chimiothérapie, pour le premier patient; et à des neutropénies avec complications infectieuses récurrentes, impactant le bon déroulement du traitement adjuvant et la qualité de vie du deuxième patient.
Ces déficits ont été diagnostiqués à une semaine d’intervalle, la gravité du premier patient ayant permis, par retour d’expérience immédiat, d’évoquer la probable mutation du gène DPD du second malade.

Des actions d’améliorations ont alors été envisagées, planifiées et mises en œuvre dans le service et en RCP, suite à ces deux événements indésirables liés aux soins.

Les déficits en DPD se manifestent principalement au niveau du tractus digestif et de la moelle osseuse, voire du système nerveux central, et peuvent aboutir à une toxicité polyviscérale grave, potentiellement mortelle, chez les patients traités par 5 FU. Elles ont pu être rapportées à des déficits en DPD, partiels ou complets, dont les fréquences dans la population sont estimées à 3-5 % et 0,2 % respectivement.

Le dépistage des déficits en DPD, dont le résultat est délivré en 7 à 10 jours, est parfaitement compatible avec l’administration du 5-FU et des prodrogues orales en pratique clinique courante. Cette recherche doit être accompagnés d’un conseil thérapeutique, puisque le diagnostic de déficit, même majeur, ne contre-indique le plus souvent pas l’administration de fluoropyrimidine, sous réserve d’une surveillance étroite clinique, par dosages pharmacocinétiques et adaptation individuelle des doses.
Les enjeux thérapeutiques, et médicaux ne sont donc pas négligeables, et impliquent de rechercher impérativement cette mutation devant toute mauvaise tolérance au 5 FU. Se doit-elle d’être recherchée systématiquement en amont d’un traitement par 5 FU et plus particulièrement avant un traitement adjuvant?