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Hepatologie

Hépatite B Delta : Evaluation des connaissances et des pratiques des Hépato-gastroentérologues exerçant en milieu non universitaire

2022

JF.D Cadranel (1), H.T. Zougmore (1), JR. Ngele Efole (1), B. Hanslik (2), X. Causse (3), H.Hagege (4), M. Schnee (5), C. Mokhtari (1), D. Ouzan (6), T. Fontanges (7), T. Thevenot (8), T. Delacour (1), M. Medmoun (1), R. Smadhi (1), G. Fantognon (1), AJ. Rémy, G. Macaigne, P. Halfon (9), D. Roulot (10), V. Loustaud-Ratti (11), T. Lemagoarou (12).
Sservice d’Hépatogastroentérologie de : (1) Creil, (2) Cabinet de gastroentérologie Montpellier, (3) Orléans, (4) CHI Créteil, (5) La Roche sur Yon, (6) St Laurent du Var, (7) Bourgoin Jallieu, (8) Besançon, (9), Alphabio Marseille (10), Bobigny, (11) Limoges, (12) DIM Creil.
ANGH, CREGG

Hépatologie –  2022-04-05 – CO –

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Introduction : L’hépatite B-Delta (BD) est peu fréquente ou sous-estimée en France. Elle est probablement peu prise en charge dans les centres hospitaliers généraux comme en atteste la publication récente de l’étude Deltavir (R. Roulot et al, J Hepatol 2020). Ainsi, on ne dispose pas de données émanant des hépatogastroentérologues (HG) exerçant en centre hospitalier non universitaire et/ou exerçant en milieu libéral sur les modalités diagnostiques et la prise en charge thérapeutique de l’hépatite BD en France. Le but de cette étude menée sous l’égide de l’ANGH et du CREGG était d’évaluer les connaissances et les pratiques concernant le diagnostic et le traitement de l’hépatite BD chez les HG exerçant en milieu non universitaire.

Patients et méthodes : Un questionnaire Google form, évalué avec l’aide de deux experts internationaux sur l’hépatite BD (D. Roulot et V. Loustaud-Ratti) a été envoyé aux HG (H : hépatologues, G : gastroentérologues) non universitaires ou libéraux séniors (S) ou juniors (J) de début mai à fin septembre 2021 avec multiples relances par voie de mail et/ou de courriers personnalisés. Etaient évalués : l’âge, le genre, l’expérience de l’opérateur, le type d’activité (hospitalière, libéral ou mixte), la spécialité prédominante (Hépatologie ou Gastroentérologie), les modalités du dépistage de l’hépatite BD en fonction du statut antigène HBs, l’utilisation des marqueurs virologiques, l’évaluation de la fibrose hépatique, les indications et les modalités du traitement (Interféron Pégylé, Bulevirtide ou association), les critères d’évaluation du traitement, biochimique, réponse virologique (RV) et RV prolongée (RVP), l’évaluation de la fibrose après traitement et les modalités du dépistage du carcinome hépato-cellulaire étaient également évaluées. Les comparaisons entre groupes ont été testées par test T de Welsh et par le test du Qui2 au seuil de sécurité de 5 %.

Résultats : 130 HG (H 58,1 %) d’âge 45 ans (13,4), 42 % de femmes ayant une activité hospitalière pure (76 %), libérale (13 %) ou mixte (11 %), gastroentérologues (25 %), hépatologues (22 %), ont répondu à cette enquête. La majorité des répondants (R) (94 %) ne participaient ni à l’observatoire national et à des protocoles thérapeutiques. Seuls 8 hépatologues participaient : hépatologues versus gastroentérologues (P = 0,01). Le nombre moyen de patients suivis était de 2 (minimum 0, maximum 30), 7 en moyenne pour les hépatologues, 1 en moyenne pour les gastroentérologues (P = 0,002). La recherche d’une infection delta chez tous les patients antigènes HBs était réalisée par 89 % des répondants (78 % des juniors et 84 % des séniors, P = 0,009). La recherche de l’infection BD chez les patients antigènes HBe positifs était au total de 78 % (72 % versus 91 %, P = 0,016), chez tout patient porteur d’un antigène HBs avec anti HBe (J 67 %, S 92 %, P = 0,002), chez tout patient infecté par le VIH (J 84 %, S 95 %, P = 0,064).
En cas d’hépatite aiguë antigène positif : J 72 % et S 80 % recherchaient une infection BD (NS). La recherche de l’ARN du virus Delta pour affirmer la réplication virale était utilisée par 96 % des répondants. Concernant l’évaluation de la fibrose, le Fibrotest® n’était jamais utilisé par 47 % des R, le Fibromètre® jamais par 55 % des R, le FIB-4 et l’APRI n’étaient jamais utilisés, le delta fibrosis score adapté à l’hépatite Delta était utilisé par 13 % des répondants.
L’évaluation de la fibrose se faisait essentiellement par Fibroscan® dans 77 % des cas et la ponction biopsie du foie dans 81 % des cas.
Un traitement était proposé chez les patients > F2 dans 49 % des cas quel que soit le niveau de transaminases et chez tous les patients par 39 % des répondants. Les répondants proposaient un traitement par Interféron pégylé dans 48 % des cas, Bulevirtide dans 43 % des cas.
La moitié des répondants référaient leurs patients à un autre collègue de CHG ou de CHU, principalement les G (90 %), contre seulement 19 % des H (p< 0,001). Parmi les critères d’efficacité du traitement, une diminution ou normalisation des transaminases était retenue par 84 % des répondants. 60 % des répondants définissaient la RV par une annulation ou une diminution de 2 log de la réplication virale et une RVP par une disparition de l’ARN après 12 mois (45 %) ou 24 mois (17 %) avec activité des transaminases normales. 80 % des répondants évaluaient la diminution de la fibrose après traitement. 98 % des répondants dépistaient le CHC en cas de cirrhose, 96 % en cas de F3 et 58 % en cas de F2, sans différence entre H et G. Discussion : Le nombre de répondants à cette enquête est faible malgré le nombre de relances, témoignant de la rareté de la maladie ou de sa méconnaissance en milieu non universitaire, les G réfèrent souvent leurs pts à un autre collègue, la recherche de l’infection BD n’est pas systématiquement réalisée, l’élastométrie et la biopsie hépatique sont les plus souvent utilisées pour évaluer la fibrose. Conclusion : Les résultats de cette enquête montrent un certain degré de méconnaissance de l’hépatite BD par les HG non universitaires ; les modalités du diagnostic et la nécessité du dépistage systématique d’une infection BD chez tout les patients antigène HBs doivent être rappelées par les sociétés savantes. Dans les suites de ce travail, nous avons initié un travail entre les services d’hépatogastroentérologie du CHU d’Amiens et du GHPSO de Creil – Senlis, et les unités de virologie de ces deux centres avec dépistage systématique de la sérologie delta chez tout patient antigène HBs positif couplé à un bilan hépatique et à l’évaluation du score FIB-4 que nous espérons pouvoir vous présenter l’an prochain aux JFHOD et à l’ANGH. Remerciements : Madame Christelle LEGRAND et tous les participants à cette étude et tous les participants à cette étude qui seront listés sur une diapositive en cas d’acceptation du résumé à l’ANGH

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Hepatologie

VULNAPSY-C, étude des facteurs de vulnérabilité psychologique liés aux réinfections par le virus de l’hépatite C : résultats préliminaires

2022

AJ REMY (1), J HERVET (1), J DELMONTE (2)
(1) Centre Hospitalier de Perpignan
(2) Laboratoire LPS, Université d’Aix-Marseille

Hépatologie –  2022-04-22 – CO –

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Rationnel : dans le monde, la prévalence des réinfections au virus de l’hépatite C reste extrêmement élevée chez les usagers de drogue, jusqu’à 10.5/100 personnes par an. La littérature internationale suggère que l’intervalle de test pour la virémie récurrente du VHC (par exemple, toutes les 24 semaines ou 12 semaines) peut jouer un rôle dans le taux de réinfection notamment dans les populations à risque élevé de comportements à risque (échange de seringue). A notre connaissance aucune recherche n’a évalué les facteurs de vulnérabilité psychologique (cognitifs, émotionnels et traits de personnalité) majorant les risques de réinfections dans ces populations. La mise en évidence de ces facteurs de vulnérabilités pourrait conduire à maximiser l’efficacité de groupes de prévention de la rechute par la détection des populations les plus à risque. Objectifs : proposer aux patients différents questionnaires et échelles permettant l’évaluation des processus cognitifs, émotionnels et des traits de personnalité. Le nombre de réinfections au VHC a été également quantifié par quantification de la charge virale C. Notre objectif secondaire a été d’évaluer sur le nombre de réinfections l’influence du niveau de connaissance des patients concernant les facteurs de risques de contamination ainsi que le niveau de croyances reliées à la santé. Matériel et Méthodes : auto-administration d’un document comprenant le score de précarité EPICES, des tests cognitifs, un questionnaire d’impulsivité (UPPS), un questionnaire de personnalité BIG 5), un questionnaire du niveau de connaissance des facteurs de risque de contamination et un questionnaire des croyances reliées à la santé. La méthodologie choisie a été de proposer l’étude à tous les patients, hommes et femmes, (primo infectés et réinfectés), soit lors de la phase diagnostique initiale, soit de la phase de surveillance post traitement, pendant laquelle les recommandations sont de réaliser un dosage annuel de la charge virale C. Une approche multisite (CSAPA, CAARUD, prison, squats) a été utilisée pour maximiser le recrutement. Le temps de remplissage a été estimé entre 30 et 45 minutes. Le recueil des données médicosociales personnes a été effectué parallèlement par un infirmier de notre équipe.
Résultats : 30 malades guéris sans réinfection et 16 malades réinfectés par le HCV par usage de drogues après guérison ont rempli le questionnaire ; 85% d’hommes, âge moyen 34 ans. Les patients réinfectés sont plus jeunes, de niveau éducatif plus bas, plus souvent sans domicile fixe et ayant des antécédents de maladies psychiatriques que les patients sans réinfection. Les autres facteurs favorisant la réinfection seront présentés lors du congrès. Chez les patients réinfectés, les résultats étaient les suivants : Plus le patient pense qu’il est responsable de sa maladie plus il est impulsif (dimension urgence impulsivité émotionnelle). Plus le patient à conscience des conséquences de sa maladie plus il est impulsif (dimension urgence impulsivité émotionnelle). Plus le patient est impulsif (score total + dimension urgence impulsivité émotionnelle), plus il présente un score élevé de névrosisme (trait de personnalité négativiste). Moins le patient exprime le trait de personnalité « conscience », plus il présente un manque de persévération de ses comportements (impulsivité cognitive). Plus le patient exprime le trait de personnalité « ouverture », plus il met en place des comportements impulsifs type recherche de sensations.
Plus le patient participe aux ateliers réduction des risques, plus il se sent responsable de sa maladie, plus il a conscience des conséquences de sa maladie et plus il a de pensées magiques concernant sa contamination (exemple item : « le simple fait de voir quelqu’un de malade est suffisant pour me rendre malade aussi »). Il n’y avait pas de corrélation avec le score de précarité EPICES. Les résultats concernant les patients primo-contaminés seront détaillés lors du congrès. Conclusion : il existe des facteurs de vulnérabilité psychologique et sociale favorisant la réinfection HCV par usage de drogues. Des actions ciblées sur les patients les plus à risque sont indispensables pour contribuer à l’élimination du VHC en France.

Références
1. Akiyama, M.C.; Charles, M.; Lizcano, J.; Cherutich, P.K. & Ann, E. (2018). Hepatitis, C. Prevalence, Estimated Incidence, Risk Behaviors, and Genotypic Distribution among People Who Inject Drugs in Kenya. Available online: https://ssrn.com/abstract=3220107 or http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.3220107.
2. Gountas, I.; Sypsa, V.; Blach, S.; Razavi, H. & Hatzakis, A., (2018). HCV elimination among people who inject drugs. Modelling pre- and post–WHO elimination era. PLoS ONE, 13, e0202109.
3. Muller, A.; Vlahov, D.; Akiyama, M.J. & Kurth A., (2020). Hepatitis C Reinfection in People Who Inject Drugs in Resource-Limited Countries: A Systematic Review and Analysis. Int. J. Environ. Res. Public Health. 9;17(14):4951. doi: 10.3390/ijerph17144951
4. Rossi, C.; Butt, Z.A.; Wong, S.; Buxton, J.; Islam, N.; Yu, A.; Darvishian, M.; Gilbert, M.; Wong, J.; (2018). BC Hepatitis Testers Cohort Team. Hepatitis C virus reinfection after successful treatment with direct-acting antiviral therapy in a large population-based cohort. J. Hepatol. 2018, 69, 1007–1014.
5. Remy AJ, Bouchkira H, Hervet J, Happiette A, Wenger H. Mobile Hepatitis Team: a new pathway of HCV outreach care, since screening to treatment. Gut and Gastroenterology 2019, 2: 1-6.

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Hepatologie

Quand un abcès hépatique en cache un autre

2022

Clément DUPRE, Agathe BOUNHIOL, Christelle NGUEMO, Julia ROUX, Céline SOMSOUK, Anne-Laure DESGABRIEL, Dany RIZK, Pauline CARAUX-PAZ, Armand GARIOUD.

Hépatologie –  2022-05-06 – CC –

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Madame Ourdia A., une patiente de 80 ans est adressée aux Urgences médicales le 22/12/2021 pour l’exploration d’une douleur basi-thoracique et lombaire droite avec notion de fièvre – non objectivée – depuis 5 jours. A l’examen clinique, le principal signe associé est un œil droit rouge et douloureux avec baisse d’acuité visuelle depuis 3 jours. Elle a pour seul antécédent une cholécystectomie et ne prend aucun traitement habituel. Le bilan biologique initial objective un syndrome inflammatoire avec des leucocytes à 23,9 G/l, des polynucléaires neutrophiles à 20,3 G/l et une CRP à 215 mg/l. Le bilan hépatique est légèrement perturbé avec une cytolyse et une cholestase inférieures à 2 fois la normale. La bilirubinémie est normale. La bandelette urinaire objective une croix de protéines et de nitrites sans leucocytes. La patiente est vue par l’ophtalmologue qui conclut à une uvéite antérieure aiguë ; il préconise un traitement par injections sous conjonctivales de dexaméthasone. Un scanner thoraco-abdomino-pelvien injecté est réalisé à la recherche d’un foyer infectieux profond. Il met en évidence une formation pseudokystique du foie gauche multi-loculée dont l’aspect est en faveur d’un volumineux abcès hépatique de 10 cm de grand axe (cf photo). Il n’y a pas de foyer pulmonaire ou d’épanchement pleural associé. Une antibiothérapie probabiliste par métronidazole et céfotaxime est débutée après la réalisation d’un ECBU – négatif au direct – et la patiente est transférée en hépato-gastro-entérologie le 23/12 pour la suite de sa prise en charge. Le 24/12, la patiente présente une aggravation des symptômes et de l’aspect oculaire avec un oedème palpébral empêchant l’ouverture de l’œil droit. Une IRM est réalisée. Celle-ci évoque un aspect d’endophtalmie de l’œil droit (cf photo). Quelles sont vos hypothèses diagnostiques et votre prise en charge devant cette association inhabituelle d’un abcès hépatique à une endophtalmie ?
La suite du cas clinique et l’évolution de la patiente vous seront présentées lors du Congrès à Aix-en-Provence.

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Hepatologie

Fréquence de l’Antigène HBs au Bénin. Bilan de 4 campagnes de dépistage en milieu rural et urbain. Les enfants sont significativement moins souvent positifs que les adultes .

2022

O.NOUEL(2), R.AGOSSOU(1), B.BOUR(3), R KPOSSOU(1), J.SEHONOU(1),
Cotonou(1), St Brieuc(2), Le Mans(3).

Hépatologie –  2022-04-03 – CO –

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L’Hépatite B est endémique en Afrique de l’Ouest et infecte environ 10% de la population. La positivité de l’Ag HBs au Bénin est de 9,9 % chez les donneurs de sang.
Dans ce pays du Golfe de Guinée, depuis 2002, les nourrissons sont systématiquement vaccinés contre 9 maladies dont l’hépatite B à partir de 6 semaines.
Depuis 2017, l’association bretonne BASE a réalisé 4 missions et dépisté l’Ag HBs par TROD, avec l’aval du ministère Béninois de la santé.

Matériel et Méthodes :

Le réactif utilisé pour le dépistage de l’Ag Hbs était un TROD CHIL (sensibilité 99%, spécificité 99,6% ) d’un coût unitaire de 900 F CFA(1,37 Euros). Il était délivré par la pharmacie centrale des hôpitaux.
Les TROD positifs étaient contrôlés par un deuxième examen.
Lors de la première mission, il a été réalisé un dépistage systématique dans une école rurale. Chaque cas positif donnait lieu à une enquête familiale .
Lors de la deuxième mission, ont été ciblées les femmes enceintes dans 7 dispensaires. Les femmes positives étaient orientées vers un centre pratiquant la sero-vaccination .
La troisième mission a été réalisée dans une clinique de Cotonou et la quatrième dans les dispensaires de brousse et les grandes villes de PARAKOU et de COTONOU. Les malades positifs étaient orientés vers une consultation de gastro-entérologie. Ceux de moins de 60 ans et négatifs pour l’AgHBs recevaient une ordonnance pour vaccination .
Résultats :
Un total de 1427 personnes ont participé au dépistage (910 adultes, 193 femmes enceintes, 314 enfants de moins de 15 ans): 92 étaient positives (6,5%). Le contrôle systématique de l’Ag HBs s’est toujours révélé positif .La répartition était homogène sur le territoire ,aussi au nord qu’au centre et au sud .
Parmi les adultes, 86 étaient positifs (9,4%). En milieu urbain (COTONOU) ,la moitié des patients avaient déjà connaissance de cette positivité.
Parmi les femmes enceintes, le plus souvent jeunes et primipares, 16 étaient positives (8,2%).
Chez les enfants, 8 étaient positifs soit 1,5 %.
Conclusions :
Il existe une différence significative entre le taux de positivité de l’Ag Hbs des adultes (9,4%) et celui des enfants (1,5%). Ceci peut indiquer que la transmission materno-fœtale est finalement moins fréquente que prévue (charge virale faible des femmes enceintes ?)
La politique actuelle de vaccination systématique des nourrissons à la naissance (2/10/2020) devrait aboutir rapidement à une chute de la prévalence de l’Hépatite B au Bénin, à une disparition des cancers du foie et à moyen terme à une éradication de ce fléau.

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Hepatologie

Un bulky abdominal chez un jeune homme

2022

Mathilde Osty (1), Marc Prieto (1), Houcem Zemni (2), Viviane Bodiguel (3), Christophe Locher(1)
(1) Hépatogastroentérologie, Meaux (2) Imagerie médicale, Meaux (3) Anatomopathologie, Jossigny

Hépatologie –  2022-05-08 – CC –

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En Mars 2022, un jeune homme de 29 ans, sans antécédent particulier consulte pour des douleurs du flanc droit. Pas d’antécédents familiaux digestifs.
Il est en parfait état général, n’a pas d’amaigrissement ni fièvre ni sueurs. L’abdomen est souple et dépressible mais sensible au niveau du flanc droit, il n’y a pas d’hépatosplénomégalie ni adénopathie périphérique. Le reste de l’examen clinique est sans particularité. IMC= 27,7 kg/m2. Le bilan biologique est normal hormis des ALAT à 62UI/L et des LDH à 187UI/L.
L’échographie abdominale met en évidence des adénopathies coelio-mésentériques de 4cm et une lésion hépatique du segment VII. Un scanner TAP (Figure 1) confirme la lésion du foie droit et les masses ganglionnaires coeliaque, rétroporte, inter aortico cave et lombo aortique gauche à l’origine d’un bulky abdominal…Ces données sont confirmées par un PET scanner (Figure 2). Une ponction biopsie hépatique est réalisée sous échographie
Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? Une relecture des lames est effectuée en centre expert. La suite de la prise en charge et la revue de la littérature de cette maladie rare seront présentées lors du congrès

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Dépistage du carcinome hépatocellulaire chez les patients porteurs chroniques du virus de l’hépatite B dans les hôpitaux français non universitaires. Résultats d’une étude transversale et multicentrique menée par l’Association nationale des Hépato-Gastroentérologues des hôpitaux généraux.

2021

Barge Sandrine, Garioud Armand, Zanditenas David, Remy André Jean, Rosa Isabelle et le groupe d’étude de l’ANGH pour le dépistage du CHC

Hépatologie –  2021-05-20 – CO –

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Contexte et objectifs: Les sociétés savantes d’hépatologie, l’EASL et l’AASLD, proposent des recommandations différentes pour le dépistage du carcinome hépatocellulaire (CHC) chez les patients porteurs chroniques du virus de l’hépatite B (VHB) sans cirrhose. Le dépistage du CHC est considéré coût-efficace si le risque annuel de CHC est au moins de 0,2% par an. Différents scores tels que le score PAGE-B ont été validés pour prédire le risque de développer un CHC chez les patients porteurs du VHB. Ces scores aident à sélectionner les patients à haut risque de CHC qui nécessiteraient un dépistage échographique semestriel. Le but de cette étude était d’évaluer les pratiques professionnelles françaises concernant le dépistage du CHC chez les patients porteurs chroniques du VHB.

Méthode: L’Association nationale des Hépato-Gastroentérologues des hôpitaux généraux français (ANGH) a adressé un questionnaire préétabli à tous les praticiens (P) travaillant dans les unités d’hépato-gastroentérologie des hôpitaux généraux français. Cette enquête a été menée pendant deux semaines en décembre 2020.

Résultats: 66 P ont répondu au questionnaire. Le ratio homme / femme était de 1,28 et l’âge médian de 52 ans (30-71). L’hépatologie était l’activité principale pour 30% des P. Pour décider d’un dépistage du CHC, 80% des P prenait en compte le degré de fibrose, les antécédents familiaux de CHC, la consommation d’alcool et la présence d’un syndrome métabolique. Que le patient reçoive ou non un traitement antiviral, un quart des P utilisait le score PAGE-B pour décider du dépistage. Tous les P recommandaient une surveillance semestrielle chez les patients avec fibrose avancée. Pour les patients sans fibrose avancée mais avec antécédents familiaux de CHC, un tiers des P proposait un dépistage seulement annuel. Les autres recommandaient une surveillance semestrielle. Pour les hommes africains / asiatiques de plus de 40 ans et les femmes asiatiques de plus de 50 ans sans fibrose avancée ni antécédents familiaux de CHC, 5% des P ne recommandait aucun dépistage, un tiers un dépistage semestriel et près des deux tiers un dépistage seulement annuel.

Conclusion: Cette étude met en évidence l’hétérogénéité des pratiques professionnelles françaises en matière de dépistage du CHC chez les patients porteurs chroniques du VHB sans fibrose avancée. La population cible pour un dépistage utile reste floue et un grand nombre de praticiens estiment qu’une surveillance seulement annuelle est suffisante pour les patients sans fibrose avancée. Cette étude confirme que le dépistage du CHC chez les patients porteurs chroniques du VHB reste imprécis pour les praticiens français des hôpitaux généraux. L’AFEF vient d’émettre des recommandations sur le sujet. L’adhésion à celles-ci paraît indispensable pour standardiser les pratiques professionnelles.

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Que sont devenus nos carcinomes hépatocellulaires durant ces 25 dernières années ?… N’oublions pas le rôle de l’origine ethnique !

2021

Edeline Kaze, Jean Henrion

Hépatologie –  2021-05-21 – CO –

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But
Récemment, nous avons montré que l’épidémiologie de la cirrhose avait changé au cours de ces deux dernières décennies dans notre institution. Le but de cette étude a été de déterminer si l’incidence, l’épidémiologie et la présentation du carcinome hépatocellulaire (CHC) avait aussi changé durant cette période de 25 ans .

Méthode
De janvier 1995 à décembre 2016, 1070 patients cirrhotiques ont été consécutivement inclus dans un registre de cirrhoses. Ceux-ci ont été répartis en 2 cohortes en fonction de leur période d’inclusion dans le registre : la cohorte 1 (patients inclus de 1995 à 2005) et la cohorte 2 (patients inclus de 2006 à 2016). L’épidémiologie des CHC survenus dans ces 2 cohortes a été étudiée avec un suivi limité de 4 à 15 ans pour chaque cohorte (fin 2009 pour la cohorte 1 et fin 2020 pour la cohorte 2) afin d’avoir 2 cohortes comparables. Le rôle de l’origine ethnique de nos malades fut pris en compte vu que, pour des raisons historiques, 30% de la population de notre région est d’origine italienne et que l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) est reconnue plus fréquente dans cette population .

Résultats :
504 patients cirrhotiques ont été inclus dans la cohorte 1 (1995-2005) et 566 dans la cohorte 2 (2006-2016). Parmi les 504 patients de la cohorte 1, 89 ont développé un CHC (18%) (groupe 1) alors que parmi les 566 patients de la cohorte 2, 73 patients ont développé avec un CHC (13 %) (p= 0.03) (groupe 2).
Concernant l’épidémiologie du CHC, le genre, l’âge au moment du diagnostic du CHC et le score de Child Pugh étaient similaires entre les deux groupes de CHC. L’étiologie de la cirrhose sous-jacente était statistiquement différente entre les deux groupes : Groupe 1 (89 cas) : alcool 27%, VHC 53%, stéatopathie métabolique (MAFLD) 10%, autre 10% versus Groupe 2 (73 cas) : alcool 60%, VHC 18%, MAFLD 11%, autre 11% (p alcool = 0.000 ; p vhc = 0.000 ; p mafld =0.9 ). L’origine ethnique des patients différait significativement entre les 2 groupes de CHC. Ainsi, 41% des malades, dans le groupe 1, étaient d’origine italienne versus 17% dans le groupe 2 (p=0.004). L’origine ethnique était aussi différente en fonction de l’étiologie alcoolique ou virale C de la cirrhose. Ainsi, de façon globale, pour les 128 CHC d’étiologie alcoolique et virale C dans les 2 groupes, l’origine italienne comptait pour 19% des CHC d’étiologie alcoolique, mais pour 43 % des CHC d’étiologie virale C. La comparaison entre les 2 groupes montrait une diminution de l’origine italienne des CHC d’étiologie virale C (47% groupe 1 versus 31 % groupe 2), mais la différence n’était pas significative (p = 0.3)
Concernant la présentation du CHC, le diagnostic dans le cadre d’un programme de surveillance était similaire entre les 2 groupes (50,5% groupe 1 versus 52% groupe 2). L’observance au programme de surveillance fut aussi similaire entre les CHC d’étiologie alcoolique et virale C. Il n’y avait pas de différence entre les 2 groupes concernant l’examen ayant alerté de la présence d’un CHC (l’alpha-FP fut l’unique signe d’alerte dans 12% des cas), pas de différence non plus concernant l’extension du CHC au moment de sa découverte.

Conclusions et points à discuter
1/ L’épidémiologie du CHC a changé au cours de ses 25 dernières années : la prévalence du CHC lié à la cirrhose alcoolique augmente alors que celle du CHC d’étiologie virale C diminue. La MAFLD ne semble pas (encore) jouer un rôle important.

2/ Le rôle de l’origine ethnique est majeur dans notre population et s’explique par l’épidémie de l’hépatite C plus ancienne et plus fréquente en Italie

3/ Il n’y a pas de différences quant à la présentation du CHC au cours du temps

4/ La compliance au programme de surveillance est similaire entre malades alcooliques et malades porteurs de l’hépatite C. Les malades alcooliques ne devraient donc pas être ou exclus du programme de surveillance, comme cela a été suggéré

5/ L’alpha-FP garde toute sa place comme moyen de dépistage du CHC.

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Hepatologie

Dépistage biologique de la fibrose hépatique en hôpital psychiatrique : l’expérience de l’utilisation du FIB4.

2021

REMY André-Jean (1), HERVET Jérémy (1), BOUQUIE Régis (2)
(1) Equipe Mobile Hépatites, Centre Hospitalier de Perpignan
(2) Laboratoire de Biologie, Centre Hospitalier de Thuir

Hépatologie –  2021-05-19 – CO –

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Introduction : Les maladies du foie sont fréquentes chez les patients hospitalisés en psychiatrie qui cumulent les facteurs de risque : alcool, surpoids et syndrome métabolique, hépatite C et/ou B, médicaments hépatotoxiques. L’index FIB-4 est un biomarqueur simple et gratuit pour diagnostiquer la fibrose hépatique avancée. Le calcul de l’index FIB-4 nécessite de connaître l’âge, les transaminases ALT et AST et le taux de plaquettes. Notre centre hospitalier psychiatrique (CHP) dessert un bassin de près de 500 000 habitants et est un lieu de vie mais aussi un lieu potentiel de dépistage. Il comprend 382 lits et la file active annuelle 2019/2020 est de 1434 et 878 patients hospitalisés (durée moyenne de séjour 29 jours). Une permanence infirmière bimensuelle de l’hôpital général a été mise en place en 2018 pour la réalisation de FIBROSCAN selon un protocole validé de délégation de tâches et un partenariat établi avec le laboratoire de biologie du CHP pour le suivi des sérologies virales positives. Une consultation bimensuelle d’hépatologie sur site complétait le dispositif. Il nous est apparu secondairement que dépister la fibrose hépatique pouvait être utile à grande échelle. Méthodologie : Le bilan biologique d’entrée (quasi)systématique fait au CHP incluait les paramètres nécessaires au calcul du FIB-4. Après information des psychiatres et des médecins généralistes exerçant au CHP, il a été mis en place le 1er octobre 2020 le calcul automatisé de l’index FIB-4 sur toutes les biologies comprenant transaminases et plaquettes afin dépister les fibroses avancées du foie chez les patients hospitalisés. Il n’y a eu besoin d’aucun changement dans les prescriptions ni d’examens supplémentaires. Les patients ayant un FIB-4 > 1.45 ont été orientés pour un FIBROSCAN : si une fibrose F3F4 est détectée en FIBROSCAN, ils ont été ensuite orientés vers la consultation d’hépatologie. Résultats : En 6 mois, 452 mesures de FIB4 ont été réalisées chez 390 patients différents ; 66 patients avaient une valeur supérieure à 1.45 ; 47 ont eu un FIBROSCAN validé avec une valeur moyenne de 7.2 Kpa : 35 F0F1, 9 F2 0 F3 et 5 F4. Tous les patients ayant une fibrose estimée supérieure ou égale à F2 ont été vus en consultation spécialisée. Les résultats actualisés au 1er septembre 2021 seront présentés lors du congrès. Conclusion : le dépistage biologique de la fibrose hépatique en hôpital psychiatrique est utile pour individualiser des patients ayant une fibrose modérée ou sévère. L’apport de la sonde CAP est à évaluer dans cette population à risque de NASH.

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Hepatologie

Mise en place d’une activité de biopsie hépatique par voie transjugulaire en CHG. Evaluation et résultats à 1 an.

2021

Floraine ZUBERBULHER, Lucie DUVAL, You Heng LAM, Julien BAUDON, Mehdi KAASSIS
Hépato Gastro Entérologie, CH Cholet

Hépatologie –  2021-05-20 – CO –

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Introduction

La biopsie hépatique par voie trans jugulaire (PBH TJ) est un examen de référence en hépatologie. Nous rapportons les résultats de notre activité de PBH TJ débutée il y a 1 an au CH de Cholet.

Matériel et méthodes

Les PBH TJ ont débuté en 2020, après l’arrivée d’une hépatologue formée à la technique en CHU au cours de son clinicat. L’activité s’est fait en accord avec l’équipe d’hépatologie du CHU d’Angers, et le laboratoire d’anatomopathologie du CHU pour relecture des lames.
Pour des raisons de disponibilité de salle, les biopsies étaient réalisées au bloc opératoire, avec matériel de scopie, et aide de 2 IBODES. L’examen était pratiqué sous anesthésie locale (AL), avec repérage échographique de la veine jugulaire droite.
Les patients étaient gardés à jeun et restaient alités 6 heures après le geste.
Les PBH TJ étaient réalisées en cas de contre-indication habituelle à la biopsie trans costale : troubles de l’hémostase, ascite.

Résultats

16 patient(e)s ont eu une BPH TJ entre février 2020 et avril 2021. Il s’agissait de 10 femmes et de 6 hommes, la moyenne d’âge était de 54 ans (extrêmes 33-77 ans). 15 patients ont eu la procédure sous AL, 1 patient a dû avoir l’examen sous anesthésie générale pour anxiété et agitation.
Tous les patients ont eu l’abord par la veine jugulaire droite repérée sous échographie.
Les indications de la PBH TH étaient : 5 suspicions d’hépatite alcoolique aigue (HAA) sur cirrhose, 5 cas d’ascite avec biologie et examens paracliniques discordants pour une cirrhose, 2 cas d’ascite dans un contexte de lymphome et de cavernome sur maladie de Vaquez, 3 cas d’hépatite aigue d’origine non déterminée avec insuffisance hépato cellulaire, 1 cas d’ictère avec ascite et antécédents de cancer du sein.
Le succès de la BPH était de 81.2 % (3 patients sur 16 ont eu un échec de cathétérisme des veines sus hépatiques par la gaine métallique). La taille moyenne des fragments de tissu hépatique était de 12.7 mm, avec un nombre moyen de passages de 3.2.
Une étude des pressions était réalisée dans 75 % de cas, avec 9 résultats en faveur d’un bloc sinusoïdal.
2 patients ont eu des complications immédiates non graves et résolutives : 1 douleur scapulaire, 1 œdème de la face d’imputabilité au geste incertaine.
L’étude histologique avec relecture en CHU montrait : 3 cas d’HAA sur cirrhose, 3 cirrhoses micronodulaire, 1 hépatite F3 probablement d’origine vasculaire, 2 hépatites F3 d’origine plutôt toxique ou auto immune, 3 cas de foie normal dont 2 avec signes évocateurs d’hypertension portale, 1 cas de métastase hépatique de cancer du sein.

Conclusions

La PBH TJ est un examen performant en hépatologie permettant d’orienter le diagnostic et le traitement en cas de doute diagnostic et de contre-indication à une PBH trans costale. Notre expérience montre qu’elle est a sa place en CHG à partir d’un protocole validant l’organisation pratique, la compétence d’un PH référent, et une lecture anatomopathologie dédiée. Nos premiers résultats nous incitent à poursuivre les PBH TJ avec un retour d’expérience nécessaire pour l’amélioration de nos pratiques.

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Hepatologie

HEPATITE AIGUË CYTOLYTIQUE ET CHOLESTATIQUE SECONDAIRE A LA PRISE D’HERBES CHINOISES (POLYGONUM MULTIFLORUM)

2020

POLIN Vanessa
GRIMBERT Sylvie

Hépatologie –  2020-07-03 – CC –

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Nous rapportons le cas d’une femme de 68 ans atteinte d’une hépatite aiguë d’origine toxique associée à la prise d’herbes chinoises Polygonum multiflorum. Le diagnostic est basé sur l’interrogatoire du patient et l’élimination d’autres causes possibles d’hépatite aiguë. L’imputabilité de la prise d’une substance toxique en cas d’hépatite doit être évaluée par le score RUCAM. La toxicité de Polygonum Multiflorum a déjà été rapportée dans plusieurs études. Le mécanisme d’hépatotoxicité peut être de type idiosyncrasique ou intrinsèque. Ce cas illustre le problème du manque d’information de la population et de son accès incontrôlé à des substances présentant une hépatotoxicité connue ou suspectée.