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Hepatologie

Une hémorragie digestive par hypertension portale peu banale.

2020

Clara ALTMAN, Julia ROUX, Chamnan CHOU, Anne-Laure DESGABRIEL, Armand GARIOUD.
Service d’Hépato-gastroentérologie, CHI de Villeneuve-St-Georges, GHT « Confluences ».

Hépatologie –  2020-07-08 – CC –

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M. Dominique M., 61 ans, est référé le 5 février 2020 aux Urgences pour méléna survenu sous Kardégic dans un contexte de probable cirrhose d’origine éthylique diagnostiquée en 2016. A l’époque, la cirrhose était cotée Child-Pugh A avec des varices oesophagiennes grade 3 traitées en prophylaxie primaire de la rupture par propranolol. La consommation chronique d’alcool est sevrée depuis 2019 et dans ses autres antécédents, on notait un infarctus du myocarde triple-ponté en 2013, un adénocarcinome colorectal en rémission traité par chirurgie et chimiothérapie en 2015 et des troubles neurologiques à type de syndrome cérébelleux associées à des mouvements choréiques en cours d’exploration.
A l’arrivée, le patient était normotendu mais agité sans autre anomalie à l’examen clinique. Un scanner cérébral réalisé après administration d’1mg de midazolam n’a pas trouvé d’anomalie particulière. Sur la biologie à l’entrée, l’Hb était à 11,2 g/dl, les Plaq à 122G/l, le TP à 52%, la bilirubinémie à 43µmol/l et la kaliémie à 6.4 mmol/l sans insuffisance rénale. Pour une meilleure prise en charge, le patient est transféré en réanimation, mis sous insuline-glucose, IPP et sandostatine à la seringue électrique et transfusé de 2 culots globulaires. Rapidement, devant cette agitation avec apparition de signes confusionnels associés une hyperammoniémie à 211 µmol/l, le patient est alors intubé avant la réalisation d’une première endoscopie digestive haute. Celle-ci n’a objectivé aucune trace de sang et confirmé la présence de varices œsophagiennes grade 3 sans aucun stigmate de saignement récent. Une coloscopie avec préparation par la sonde naso-gastrique est alors prévue pour le lendemain.
Dans la nuit du 5 au 6/2, le patient s’est aggravé avec un méléna profus, un choc hémorragique et une déglobulisation à 8,4 g/dl. Il est alors mis sous noradrénaline jusqu’à 15 mg/h, glypressine, exacyl et transfusé de 7 culots globulaires sur la journée du 06/02 avec un mauvais rendement (Hb maintenue autour de 10.5 g/dl). Une exploration endoscopique digestive est alors faite. L’endoscopie haute a retrouvé les varices œsophagiennes grade 3 sans toujours aucun stigmate de saignement et la coloscopie objectivé le méléna avec présence de sang digéré sur l’ensemble du cadre colique et jusque dans l’iléon terminal. Aucune lésion causale n’a pu être mise en évidence et aucun geste spécifique n’a donc été pratiqué. Un angioscanner abdominal a alors été réalisé dans la foulée. Ce dernier n’a pas mis en évidence de fuite de produit de contraste au niveau digestif.
Le patient étant resté instable, il est alors transféré en urgence le 6/2 en réanimation chirurgicale à Saint Antoine où en état de choc réfractaire malgré la transfusion de 3 culots globulaires supplémentaires, il a eu un nouvel angioscanner qui cette fois-ci a objectivé la présence d’un cavernome péri-iléal saignant activement dans le tube digestif.
Le patient a alors été transféré à la Pitié-Salpêtrière le 6/2 au soir pour réalisation en urgence d’un TIPS de sauvetage posé dans la branche postérieure droite de la veine porte. Celui-ci a permis l’arrêt du saignement puis une restauration progressive de l’état hémodynamique.
Les suites ont été marquées par l’absence de récidive hémorragique avec stabilité de l’hémoglobine et par un sepsis pulmonaire documenté à P.Aeruginosa résistant aux carbapénèmes traité par Ceftozolane/Tazobactam. Le patient a été extubé le 16/2 avant un retour en réanimation à Villeneuve le 25/02 puis dans notre service le 27/02. L’évolution a ensuite été lentement favorable avec une reprise progressive de l’alimentation et de la marche avant un retour au domicile le 13/3.
Cette hémorragie par hypertension portale est rare. Elle doit être évoquée notamment devant l’absence de tout stigmate de rupture de varice œsophagienne en cas de méléna survenant chez un patient cirrhotique. Une revue de la littérature sera présentée lors du Congrès.

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Hepatologie

Une perturbation du bilan hépatique chez une diabétique : un diagnostic rare à évoquer.

2020

A.BARON ; C.LEVI ; B.LAMBARE
Service d’Hépato-gastro-entérologie, Centre Hospitalier Sud Francilien, Corbeil Essonnes.

Hépatologie –  2020-07-16 – CC –

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Une patiente de 55 ans, est adressée en consultation pour une perturbation du bilan hépatique évoluant depuis 2 ans avec biologiquement : ASAT 55 UI/L (N<45) ALAT 65 UI/L (N<45UI/L) PAL 325 UI/L (N < 150) GGT 400 UI/L (N < 50 UI/L) et bilirubinémie normale. Elle est asymptomatique. Elle a un diabète de type 2 sévère compliqué d’une néphropathie diabétique pour laquelle est hémodialysée, une hypertension artérielle, une hypercholestérolémie, une surcharge pondérale modérée (BMI à 26). Le bilan de première intention révèle : un foie stéatosique à l’échographie hépatique sans dysmorphie, sans lésion focale, les voies biliaires sont fines, la vésicule biliaire alithiasique. Les sérologies virales C, VIH et VHE sont négatives, elle est vaccinée contre le VHB. Le bilan immun est négatif, notamment les anticorps anti-mitochondries de type 2. L’hypercholestérolémie est contrôlée sous traitement par statine depuis 5 ans, l’hémoglobine glyquée est à 9.5% sous insulinothérapie. Les bilans martial, du cuivre et l’alfa-1 anti-trypsine sont normaux. La cholangio IRM est de qualité moyenne mais ne révèle pas d’obstacle des voies biliaires ou de cholangite évidente, l’IRM hépatique est normale, le pancréas sans lésion évidente. L’élastométrie hépatique par FibroScan est normale à 5.6 KPa. L’échographie cardiaque transthoracique est normale sans signe de dysfonction cardiaque droite. Une ponction biopsie hépatique est réalisée chez cette patiente candidate à une transplantation rénale et révèle une atteinte hépatique liée au diabète peu commune. Les résultats de la biopsie et la discussion diagnostique seront abordés lors du congrès.

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Hepatologie

Mortalité à 5 ans de la cirrhose alcoolique : les malades meurent tout autant, mais pas de la même manière …

2020

Edeline Kaze, Jean Henrion

Centres hospitaliers de Jolimont, Haine-Saint-Paul, Belgique

Hépatologie –  2020-06-24 – CO –

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But : Le pronostic à 5 ans de la cirrhose alcoolique est sombre avec une mortalité pouvant excéder 50%. Le but de cette étude a été de déterminer si ce pronostic avait changé au cours des 2 dernières décades.

Malades et Méthodes : De janvier 1995 à décembre 2014, 932 malades cirrhotiques ont été consécutivement inclus dans un registre de cirrhoses. Parmi eux, 565 avaient une cirrhose d’origine alcoolique (61%). De ceux-ci, 16 ont été exclus car complètement perdus pour le suivi et 114 ont été exclus vu un délai de plus de 2 ans entre le diagnostic de cirrhose et l’inclusion dans le registre. Les 435 malades restants ont été répartis en 2 cohortes, 206 malades inclus dans le registre de 1995 à 2004 (cohorte 1) et 229 malades inclus de 2005 à 2014 (cohorte 2). La mortalité précoce, à 5 ans, a été étudiée au sein de ces 2 cohortes séparées de 10 ans. Le dernier bilan fut réalisé en début 2020 ce qui implique que tous les malades ont eu un suivi d’au moins 5 ans.

Résultats : Parmi les 206 malades de la cohorte 1, 80 malades (groupe 1) sont décédés endéans les 5 ans suivant le diagnostic de cirrhose (39%) alors que parmi les 229 malades de la cohorte 2, 83 malades (groupe 2) sont décédés endéans les 5 ans (36%) (p=0.6) .Pour les 80 malades du groupe 1, l’âge moyen au moment du décès était de 57,2 ans comparé à 61,3 ans pour les 83 malades du groupe 2 (p= 0.02). La gravité de la cirrhose à l’inclusion dans le registre, était identique entre les 2 groupes (groupe 1 : Child Pugh 7.9 versus groupe 2 : Child Pugh 7.8). La mortalité à 5 ans d’origine hépatique était semblable dans les 2 groupes (groupe 1 : 80% versus groupe 2 : 81%). La mortalité hépatique par cirrhose terminale sans évènement précipitant n’était pas significativement différente entre les 2 groupes (groupe 1 : 36% versus groupe 2 : 29% – p=0.4). Par contre, en cas de décès hépatique précipité par un évènement aigu, celui-ci différait en ce qui concerne l’hémorragie digestive (groupe 1 : 30% versus groupe 2 : 9% – p=0.003) et le sepsis (groupe1 : 1,5% versus groupe 2 : 14% – p=0.009). Les décès hépatiques précipités par hépatite alcoolique aigüe sévère (groupe 1 : 17% versus groupe 2 : 18% – p =0.8) et cancer hépatocellulaire (groupe 1 : 9% versus groupe 2 : 15% – p=0.3) ne différaient pas entre les 2 groupes.

Conclusions et points à discuter : 1/ Le chiffre de la mortalité à 5 ans de la cirrhose alcoolique n’a pas changé récemment. 2/ L’âge moyen des cirrhotiques alcooliques au moment du diagnostic de cirrhose et au moment du décès tend à s’élever. 3/ La mortalité précipitée par hémorragie digestive a fortement diminué alors que la mortalité par sepsis augmente. 4/ la mortalité par hépatite alcoolique aigüe sévère ne s’améliore pas.

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Hepatologie

Une bactérie qui ne fait pas dans la dentelle

2020

Lidia Ouali, Marion Jager, Florence Skinazi, Caroline De Kerguenec
Service de gastroentérologie
Hôpital DELAFONTAINE 93200 SAINT DENIS

Hépatologie –  2020-07-01 – CC –

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Un patient de 46 ans sans antécédent en dehors d’une probable goutte du genou droit est hospitalisé au CH de Saint Denis en mai 2020 pour de la fièvre évoluant depuis 3 jours avec une diarrhée sanglante, des céphalées et des lombalgies. A l’entrée, la température est à 40°C en plateau sans instabilité hémodynamique, l’abdomen est souple et indolore. Les selles sont liquides, sanglantes et glaireuses. Biologiquement, il existe un syndrome inflammatoire avec une hyperleucocytose à 14 000/mm³, une CRP à 325 mg/l et une procalcitonine à 40µg/l. Le bilan hépatique est perturbé avec une cytolyse à 5N et une cholestase (ASAT/ALAT 157/232 UI/l, PAL/GGT 79/ 500UI/l, Bilirubine T/C : 42/25µmol/l). Les prélèvements infectieux font découvrir une bactériémie à bacille gram négatif multisensible. La ponction lombaire est normale, la PCR Covid-19 est négative. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien effectué en urgence montre une masse intra hépatique hypodense présentant de petites cloisons, sans paroi bien individualisée, sans prise de contraste, faisant évoquer une masse nécrotique septique ou une lésion secondaire. Le diagnostic d’abcès hépatique est retenu et une antibiothérapie par C3G –métronidazole est débutée. Après quelques jours, la fièvre régresse mais les douleurs lombaires se majorent avec l’apparition d’une impotence fonctionnelle des membres inférieurs, un signe de Lasègue bilatéral sans déficit sensitivo-moteur ni trouble sphinctérien, sans modification des réflexes ostéo tendineux qui sont conservés.
Une IRM du rachis lombaire est réalisée en urgence
Quel diagnostic évoquez-vous ? Quels examens complémentaires auriez-vous fait ?

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Hepatologie

LIVER TESTS ABNORMALITIES ARE ASSOCIATED WITH A POORER PROGNOSIS IN COVID-19 PATIENTS: RESULTS OF A FRENCH COHORT

2020

Sayma Chaibi (1), Weam El Hadjj (1), Yael Abitbol (1), Sarah Taieb (1), Clemence Horaist (1), Vincent Jouannaud (1), Jacques Piquet (2), Cyril Maurer (2), Pierre Lahmek (3), Stéphane Nahon (1)

Hépatologie –  2020-07-03 – CO –

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Aim
To assess the impact of liver function test (LFT) abnormalities on the prognosis of patients with coronavirus disease 2019 (COVID-19) in a French cohort of hospitalized patients.

Patients and method
From March 13 to April 22, 2020, we collected on a computerized and anonymized database, medical records, laboratory data and clinical outcomes of patients hospitalized for confirmed cases of COVID-19 infection (RT–PCR and/or CT-scan). Patients were followed up until April 22 2020 or until death or discharge. We have considered for statistical analysis, LFT abnormalities with levels greater than two times the upper limit of normal. Composite endpoint included admission to ICU, mechanical ventilation, severe radiologic injury and death to define disease severity.

Results
Among 281 patients with COVID-19, 102 (36.3%) had abnormal LFT. Elevated levels of ALT or AST was associated with the severe composite endpoint in multivariate analysis (OR 6.20, 95% confidence interval 1.84, 20.95, p-value 0.003)
Conclusion
Most of liver injuries are mild and transient during COVID-19. LFT abnormalities are associated with a poorer prognosis and could be a relevant biomarker for early detection of severe infection.

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Hepatologie

Elimination du VHC au CH de Bourg en Bresse: un engagement pluridiscipinaire

2020

Meurisse Jean Jacques,Claveranne Stéphanie,Devers Stéphane

Hépatologie –  2020-07-01 – CO –

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Avec les nouveaux traitements de l’hépatite C , l’éradication du VHC parait envisageable avec des objectifs variables, 2030 pour l’OMS dans le monde , 2025 en France pour nos autorités.Il resterait environ
100 000 patients à traiter dont 70% ignorent leur infection. Les dépister reste un problême majeur .
A l’hôpital de Bourg en Bresse, l’équipe ETP-VHC a organisé un dépistage systématique du VHC lors des consultations anesthésie. Pour aboutir dans cette démarche, plusieurs éléments nous ont paru essentiels: avoir l’aval institutionnel qui ouvre accès au service communication de l’hôpital, ,travailler avec un service bien structuré et un personnel motivé (en l’occurrence le service d’anesthésie dans notre hôpital) ,avoir une cible modeste pour un message clair (dépistage du VHC seul) ,diffuser dans tous les services une affiche avec les coordonnées de l’équipe d’ETP-VHC,faire un retour d’information aux médecins .
Au delà de la rentabilité éventuelle de ce dépistage qui sera évaluée à 6 mois , cette démarche a sensibilisé patients et soignants en créant une dynamique autour du VHC.

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Hepatologie

Dépister l’hépatite C en 2020 : quoi dépister ? Pour qui ? Comment ? Où ? Par qui ?

2020

AJ REMY, H BOUCHKIRA, J HERVET, B ROY, A HAPPIETTE.

Hépatologie –  2020-06-30 – CO –

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Dépister plus et mieux l’hépatite C en 2020 est un des objectifs majeurs à atteindre pour réaliser l’éradication en 2025, date fixée dans le plan gouvernemental de santé publique. Les patients ne connaissant pas leur sérologie (ou l’ayant négligé) doivent être retrouvés et intégrés au parcours de soins. L’efficacité des traitements antiviraux permet d’affirmer que dépister c’est guérir et qu’une approche test to treat, voire test to cure est suffisante. Plusieurs étapes sont à considérer dans ce dépistage : quoi dépister ? Pour qui ? Comment ? Où ? Par qui ?
Quoi dépister ? Les anticorps ou la charge virale ou la fibrose ? Dépister la présenec d’anticorps pour ensuite mesurer la charge virale C et la fibrose hépatique ? Dépister pour traiter donc pouvoir réaliser en première intention une charge virale ou dépister les fibroses sévères F3 F4 (qui constituaient 36% des nouveaux patients dans l’étude KIDEPIST) pour être le plus coût efficace possible ?
Qui dépister ? La population générale ou les « groupes à risque » ? La Haute Autorité de Santé dans son avis de septembre 2019 ne recommandait pas le dépistage systématique en population générale car non coût efficace. Des expériences se sont développées en présence ou en l’absence de facteurs de risque avec des résultats contrastés
Comment dépister ? Sérologie classique ou TROD ou buvards ou charge virale en temps réel ? Chacune de ces techniques présente ses avantages et ses inconvénients, détaillés dans ll tableau 1.
Où dépister ? A l’hôpital pour tous les patients ou en consultation externes de gastroentérologie ou d’anesthésie ? en structures médico-sociales spécialisées (CSAPA CAARUD, PASS) ou non ? Hors les murs avec ou sans équipes mobiles ?
Qui dépiste ? Un soignant ou un non soignant (associatif ou professionnel du social) ? Le dépistage n’est plus depuis les TROD VIH l’apanage des soignants et même le FIBROSCAN est parfois réalisé hors du cadre réglementaire.
Autour de ces problématiques, notre équipe présentera son expérience de terrain depuis 2013 dans un bassin de santé de 600 000 habitants.

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Hepatologie

HEPATITE AIGUË CYTOLYTIQUE ET CHOLESTATIQUE SECONDAIRE A LA PRISE D’HERBES CHINOISES (POLYGONUM MULTIFLORUM)

2020

POLIN Vanessa
GRIMBERT Sylvie

Hépatologie –  2020-07-03 – CC –

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Nous rapportons le cas d’une femme de 68 ans atteinte d’une hépatite aiguë d’origine toxique associée à la prise d’herbes chinoises Polygonum multiflorum. Le diagnostic est basé sur l’interrogatoire du patient et l’élimination d’autres causes possibles d’hépatite aiguë. L’imputabilité de la prise d’une substance toxique en cas d’hépatite doit être évaluée par le score RUCAM. La toxicité de Polygonum Multiflorum a déjà été rapportée dans plusieurs études. Le mécanisme d’hépatotoxicité peut être de type idiosyncrasique ou intrinsèque. Ce cas illustre le problème du manque d’information de la population et de son accès incontrôlé à des substances présentant une hépatotoxicité connue ou suspectée.

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Hepatologie

La pharmacocinétique du baclofène n’est pas différente chez les patients ayant une cirrhose

2019

C. Barrault1, J-B.Trabut2, S. Alqallaf 1, F. Plait3, R. Reis3, L. Labat3, J. Barré4, L. Chevillard5, X. Declèves3,5

1 – Service d’hépato-gastro-entérologie, CH Intercommunal, Créteil, France
2 – Service d’addictologie, CHU Emile Roux, Limeil-Brevannes, France
3 – Biologie du médicament et toxicologie, Paris, France
4- Centre de recherche biologique – CH Intercommunal, Créteil, France
5- Inserm U1144 – Paris, France

Hépatologie –  2019-05-19 – CO –

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Rationnel: L’efficacité du baclofène est dose-dépendante avec une grande variabilité interindividuelle. Son élimination rénale permet son utilisation en cas de cirrhose. Nous souhaitions évaluer sa pharmacocinétique (PK) en fonction de l’existence d’une cirrhose. Méthode: Un dosage plasmatique (pic et/ou résiduel) du baclofène a été réalisé chez des patients traités pour mésusage d’alcool. Le bilan biologique comprenait l’estimation de la fonction rénale. Le diagnostic de cirrhose était clinique ou basé sur une élastométrie ≥ 15 kPa. La mesure du baclofène plasmatique a été réalisée par spectrométrie. La PK a été déterminée en utilisant l’approche pharmacocinétique de population. Résultats: Parmi les 72 patients, 14 avaient une cirrhose. La posologie médiane de baclofène était de 55 mg/j (15 à 270). La concentration de baclofène était quantifiée à partir de 101 échantillons. Sur les 72 premiers, un modèle à un compartiment avec absorption fixe du 1er ordre (ka = 2.23 h-1) et élimination a permis de déterminer les valeurs moyennes pour la clairance (CL/F) et le volume de distribution à 8.01 L/h et 45 L. La variabilité inter-individuelle sur CL/F était de 30%. Les marqueurs biologiques hépatiques et l’élasticité n’avaient aucun impact sur la PK du baclofène. Seule la clairance de la créatinine-MDRD modifiait statistiquement la clairance du baclofène. Conclusion: Les résultats préliminaires de cette étude suggèrent que l’existence d’une cirrhose n’a pas d’impact sur la pharmacocinétique du baclofène, ce qui est rassurant pour les cliniciens. Les résultats seront complétés sur l’ensemble des échantillons pour le congrès.

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Hepatologie

Prise en charge de la cholangite biliaire primitive dans les hôpitaux généraux français. Etude DESCRIPT.

2019

Isabelle Rosa, Xavier Causse, Bertrand Hanslik, Jean-Pierre Arpurt, Jean Henrion, Christophe Renou, Armand Garioud, Olivier Chazouillères, Christophe Corpechot, Alexandre Pariente pour les co-investigateurs des études DESCRIPT 1 et 2.

Hépatologie –  2019-05-15 – CO –

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Introduction: La prise en charge des malades atteints de cholangite biliaire primitive (CBP) est mal connue en France. L’objet de ce travail est de comparer les caractéristiques, la prise en charge, la réponse au traitement et l’évolution des malades suivis à l’hôpital général, et de ceux suivis à l’hôpital universitaire (HU) ou en pratique libérale (PL).
Méthodes: Nous avons réalisé du 1er avril 2016 au 31 décembre 2017 une étude rétrospective des malades atteints CBP et récemment vus à l’ hôpital général (HG), universitaire (HU) ou en (PL), au cours de 2 périodes successives (01/04/16 pour l’ensemble des centre, prolongé à 2017 pour les hôpitaux généraux). Les données collectées étaient celles disponibles au moment du diagnostic et de la dernière consultation. La réponse biochimique (RB) à l’acide ursodésoxycholique (AUDC) fut évaluée à l’aide des scores de Paris I et Paris II combinés, et le score GLOBE calculé. Les caractéristiques des malades, leur RB à l’ AUDC et leur évolution fut comparée entre eux et entre les lieux de prise en charge. Les facteurs prédictifs indépendants de RB insuffisante à l’AUDC et de complications ont été déterminés à l’aide de la régression logistique et du modèle de Cox.
Résultats : Parmi les 436 malades inclus, 176 provenaient des HG, 173 des HUs et 87 de PL. L’âge moyen (56 ans), la proportion de femmes (90%), de positivité des anticorps antimitochondriaux (93%), la médiane des phosphatases alcalines (PAL) (2,3 x [LSN], IQR 2,0)), et de l’albuminémie (40 g/L) étaient similaire à ceux des malades des autres centres, mais la bilirubinémie médiane (12 µM, IQR 9,5 µM) était plus basse (p=0,01). Les taux de réalisation de la biopsie hépatique (44%) était similaires, mais la réalisation de l’élastographie (53%) supérieure (p=0,0005). Un quart des malades n’avaient ni biopsie ni élastométrie. La proportion de malades aux stades précoces (64%) et de syndromes de chevauchement CBP-hépatite autoimmune (8%) était similaire, mais les malades sur la liste de transplantation plus rares (1%) qu’à l’hôpital universitaire (8%) (p=0.001).
La proportion de malades recevant de l’ AUDC était la même (95%), la dose médiane initiale (13,6 mg/kg/j, IQR 4,5) était similaire ; elle n’était optimale que chez 29% des malades (excessive chez 44%, insuffisante chez 27%. La dose finale d’ AUDC (15,0 mg/kg/j, IQR 3,7) était similaire, optimale chez 31%, insuffisante chez 25%, sans différence selon le lieu de prise en charge.
Le taux de RB à l’ AUDC (déterminable chez 89% des malades) était de 66% (59% dans les HU, 54% en PL, p=0,17). Le score GLOBE moyen était similaire dans les 3 groupes. Avec un suivi moyen de 6 ans, le taux de complications hépatiques était de 5,2%, contre (15,6%) à l’ HU et 5,8% en PL (p=0,0003).
En régression logistique, les prédicteurs indépendants de RB étaient la bilirubinémie et l’ albuminémie. Avec un modèle de Cox, les prédicteurs indépendants de complications étaient le stade avancé au diagnostic et la réponse biochimique. Le centre de prise en charge n’était un facteur prédictif indépendant ni de RB, ni de complication .
Conclusion : Un nombre conséquent de malades atteints de CBP est pris en charge dans les HG. Les malades sont sans doute un peu moins sévères que dans les HU. La qualité de la prise en charge et le taux de RB sont similaires, et le type de centre n’est un facteur prédictif indépendant ni de RB, ni de complication. L’évaluation du stade initial, la dose d’ AUDC et l’évaluation de la RB peuvent –doivent-être améliorés.