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Hepatologie

Connaissances, attitudes et pratiques des médecins d’Afrique subsaharienne francophone relatives à l’hépatite B – Delta

2025

AR Kpossou (1), JR. Ngele Efole (2,3), H.T. Zougmore (2), C. Mbendi (3), R. Sombié (4), D. Ouattara (4), F. Nguimtsa Tenefo (5), S. Eloumou (5), MA. Ntsama (5), LM Lawson-Ananissoh (6), H. Kissi (7), S. Doffou (7), I Ngo (7), A. Mongo Onkouo (8), J. Mimiesse (8), K. Diallo (9), D. Diallo (8), NM. Mutumwinka (2), R. Ntagirabiri (10), K. Doumbia (11), H. Sow (11), M. Gueye (12), I. Diallo (12), E. Bokana (12), A.M. Moussa (13), E.P. Itoudi (14), HZ. Elhadji Lamine (15), S. M. Camengo Police (16), G.M. Hassan (17), C. Ntirenga (18), E. Batumike (3), G. Fantognon (2), J. Sehonou (1), V. Loustaud-Ratti (19), T. Asselah (20), P. Pulwermacher (2), JF.D. Cadranel (2) (auteur présentant le résumé).

Hépatologie – 05/05/2025 – Communication orale

Introduction : L’hépatite B-Delta (HBD) est prévalente dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Cependant, nous ne disposons pas de données émanant des médecins exerçant dans ces pays sur leurs modalités de prise en charge de l’HBD. L’objectif de cette étude était d’évaluer les connaissances, attitudes et pratiques des médecins exerçant dans les formations sanitaires d’Afrique subsaharienne francophone, en ce qui concerne le diagnostic de l’HBD et les modalités de traitement.

Matériels et méthodes : L’outil d’enquête était un questionnaire Google Forms a été envoyé aux Hépato-gastroentérologues (HGE), médecins généralistes (MG), internistes (INT), infectiologues (INF), séniors (S) ou juniors (J) de début mai à fin septembre 2024 des pays d’Afrique subsaharienne francophone. Etaient évalués : l’âge, le genre, l’expérience de l’opérateur, le type d’activité (libérale, Centre hospitalier universitaire -CHU-, Hôpital général -HG- ou médecin junior -MJ-), la spécialité (HGE, MG, INT, INF), les modalités du dépistage de l’hépatite BD en fonction du statut antigène HBs, l’utilisation des marqueurs virologiques, l’évaluation de la fibrose hépatique, les indications et les modalités du traitement, les critères d’évaluation du traitement, l’évaluation de la fibrose après traitement et les modalités du dépistage du carcinome hépato-cellulaire. Les comparaisons entre groupes ont été testées par test T de Welsh et par le test du Qui2 au seuil de significavité de 5 %.

Résultats : En tout, 248 répondants (Rs) issus de 17 pays, d’âge moyen 37,1 ± 8,1 ans, 61,7% d’hommes, ayant une activité libérale (12,5 %), hospitalière en CHU (50,8%), ou en hôpital général (21,8%), ou en statut de médecin junior (14,9%) ont répondu à l’enquête. Selon les spécialités, il y avait 66,5% d’HGE, 21,0% de MG, 10,1% d’INT et 2,4% d’INF. Le nombre moyen de patients B-D suivis était de 6, sans différence selon le type d’activité (p= 0,765). La recherche d’une infection delta chez tous les patients antigène HBs était réalisée par 71,8% des Rs. Chez les patients mono-infectés au VHC, 82,3% des Rs ne prescrivaient pas la recherche du VHD. En cas d’hépatite aiguë Ag HBs positif, 56,9 % recherchaient une HBD. Des Rs, 97,5% connaissaient le test à prescrire pour le dépistage du VHD qui est l’anticorps anti-VHD. La recherche de l’ARN du virus Delta pour affirmer la réplication virale était utilisée par 91,5% des Rs. Pour la réalisation de la charge virale, 37,5% envoyaient au laboratoire national de référence, 10,1% dans un autre laboratoire local, 46,4% dans un laboratoire à l’étranger et 6,05% dans le laboratoire de leur centre d’exercice.
L’évaluation de la fibrose se faisait par Fibroscan® pour 68,6 % des Rs et la ponction biopsie du foie pour 12,9 % des Rs. Un traitement était proposé chez les patients à fibrose > F2 dans 23,8 % des cas quel que soit le niveau de transaminases et chez tous les patients par 57,7 % des Rs. Les Rs proposaient un traitement par interféron pégylé dans 39,9 % des cas, bulevirtide dans 21,8% des cas, interféron + bulévirtide dans 49,2% et bulévirtide + analogue dans 48,8%. Des Rs, 52,0% référaient leurs patients à un autre collègue de CHU. Le traitement était à la charge du patient selon 76,2% des Rs.
Parmi les critères d’efficacité du traitement, une diminution ou normalisation des transaminases était retenue par 81,9 % des Rs, une diminution de la fibrose pour 62,9% des Rs, l’annulation de la réplication selon 76,6% et une diminution de la réplication selon 82,3%, une négativation de l’ARN et normalisation des transaminases selon 76,6% des Rs. En outre, 47,6 % des Rs définissaient la réponse virologique par une annulation ou une diminution de 2 log de la réplication virale et une RVP par une disparition de l’ARN après 12 mois (39,9 %) ou 24 mois (17,3 %) avec activité des transaminases normales. Enfin, 62,9 % des répondants évaluaient la diminution de la fibrose après traitement ; 78,6% des Rs dépistaient le CHC en cas de cirrhose, 79,8 % en cas de F3 et 79,0% si antécédent familial d’hépatocarcinome.

Conclusion : Les résultats de cette enquête montrent une certaine méconnaissance de l’HBD par les médecins d’Afrique subsaharienne francophone, liée en partie à des difficultés d’obtenir la charge virale Delta et des problèmes d’accès au traitement par bulévirtide. De fait, les modalités du diagnostic et la nécessité du dépistage systématique d’une infection BD chez tous les patients antigène HBs doivent être rappelés par les sociétés savantes. De même, l’accès à la charge virale et au traitement de l’HBD devrait être amélioré par les autorités en charge de la santé de ces pays.

Remerciements
Madame Christelle LEGRAND, Groupe hospitalier Public du Sud de l’Oise, Creil
Société Africaine d’Hépato-gastroentérologie (SAHGE)
Tous les participants à l’enquête.