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Gastroenterologie

Evaluation des pratiques professionnelles sur la pertinence des prescriptions des IPP dans un centre hospitalier général.

2013

Gilles Macaigne (1), Céline Saint-Laurent (2), Catherine Cuvelier (2), Florence Harnois (1), Brigitte Loison (2). service d’hépato-Gastro-Entérologie (1) – Pharmacie (2). Centre Hospitalier de Marne la Vallée.

Gastroentérologie –  2013-05-08 – CO –

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INTRODUCTION
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont largement prescrits en ville et à l’hôpital. Ils représentent un budget important de remboursement pour l’assurance maladie, et bien qu’ils possèdent une bonne tolérance à court terme, leur utilisation au long cours peut exposer à des risques d’effets indésirables graves.
L’objectif de ce travail est d’évaluer la conformité des prescriptions aux recommandations validées pour tous les patients hospitalisés dans un centre hospitalier général.

PATIENTS ET METHODES
Il s’agit d’une étude prospective menée sur une journée au cours de laquelle toutes les prescriptions d’IPP des services d’hospitalisation du Centre Hospitalier de Lagny Marne la Vallée ont été colligées. Le recueil des données a été réalisé à partir d’un questionnaire comportant des informations relatives au patient (âge, antécédents,..), aux traitements associés, à la posologie et à l’indication de l’IPP prescrit. La validité des prescriptions a évalué au regard de l’AMM et des recommandations émises par HAS, AFSSaPS et l’ACCF/ACG/AHA.

RESULTATS
Au cours de cette journée, 142 patients ont reçu un traitement par IPP, soit 34% des patients présents dans l’établissement (hors hôpital de jour). Les services les plus prescripteurs étaient la cardiologie, la réanimation et la pneumologie avec respectivement 68%, 55% et 50% des patients hospitalisés. Pour la moitié des prescriptions le traitement a été initié avant l’arrivée du patient dans le service. Les IPP étaient essentiellement prescrits par voie orale (89%) avec une posologie moyenne de 26 ± 15 mg, et de 65 ± 32mg pour la voie intraveineuse. La voie injectable n’était pas justifiée pour 44% (7/16) des cas. La prise d’IPP était matinale dans 52% des cas. Pour 18% des patients, l’indication n’était pas connue du médecin, essentiellement du fait d’une initiation de traitement par le médecin de ville (70% des cas). Seules 30% des indications recensées correspondaient à celles de l’AMM. Parmi les prescriptions hors AMM, on notait la prévention du risque hémorragique en cas de traitement antiagrégant plaquettaire par d’aspirine à faible dose chez les sujets à risque (34%) et la prévention de l’ulcère de stress en réanimation (8%). Les principales indications hors AMM et hors recommandations était la prévention de la gastrite et des douleurs épigastriques (32%), la carence martiale et anorexie (23%), la prévention des lésions gastro-duodénales en cas de traitement par corticoïde ou anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire en l’absence de facteurs de risque (16%). Ces indications non valides sont retrouvées majoritairement dans les services de gériatrie (23%), médecine interne et diabétologie (21%), cardiologie (10%). Seules 42% des prescriptions sont conformes pour l’indication, la posologie et la voie d’administration.

CONCLUSION
Les résultats de notre travail confirment que la prescription d’IPP est très fréquente (34% des malades hospitalisés), souvent inappropriée pour les modalités d’administration et le respect des indications de l’AMM (30% de conformité).
Suite à cette évaluation des pratiques professionnelles concernant la prescription des IPP dans notre établissement, des axes d’améliorations ont été dégagés, comme la sensibilisation des médecins à l’évaluation de la pertinence des indications hors AMM et à la réévaluation des prescriptions à l’entrée du patient dans le service. Ces données sont reprises dans une fiche mémo sur le bon usage des IPP et sera diffusée à l’ensemble des prescripteurs de l’hôpital.