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Vie Professionnelle

Gastrostomie per cutanée (GPE) chez les malades ne pouvant consentir, pourquoi ? pour qui ? comment ? Résultats d’une enquête chez les gastro-entérologues (GE) de Midi-Pyrénées.

2005

1 Luc Escudié, 1 Jean-Louis Payen, 2 Francis March, 1 Miguel Carreiro, 1 Christian Seigneuric.

1 Service de médecine, Hôpital de Montauban BP 765 82013 Montauban . 2 Hospitalisation à Domicile, 78 Bd des Etats Unis 31000 Toulouse.

Vie Professionnelle –  2005-06-14 – COS –

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Nous avons tous, un jour, dans notre pratique endoscopique, placé une GPE chez un patient incapable de donner son consentement éclairé.
Le but de notre travail a été de rechercher les conditions dans lesquelles se prenaient la décision de la réalisation de ce geste technique, lourd de conséquences pour le malade et pour les familles.
Méthode : Un questionnaire centré sur le problème éthique posé par ce geste comprenant 9 questions a été adressé à tous les GE de la région Midi-Pyrénées le 15 mai 2005, associé à un courrier d’accompagnement expliquant que nous souhaitions recueillir les informations concernant le dernier patient vu par le spécialiste sollicité pour cet examen endoscopique, considérant que la décision ne dépendait pas de ce cas particulier mais de la situation singulière que posait en général les malades incapables de donner leur consentement éclairé.
Résultats : 41 % des GE ont répondu grâce à l’enveloppe pré-timbrée fournie, au 14 juin 2005. Les réponses au questionnaire sont les suivantes : 1) dans 95 % des cas le GE était informé de l’incapacité du patient à s’exprimer avant le geste ; 2) dans seulement les 2/3 des cas il connaissait l’information reçu par la famille ou une personne ressource ; 3) un tiers des GE était au courant du type d’alimentation du patient avant la pose de la GPE et notamment de la présence ou non d’une sonde naso-gastrique ; 4) le motif de pose de la GPE était connu dans tous les cas ; 5) dans 85% des cas le GE avait des informations sur le pronostic du patient et sur l’intérêt en terme de qualité de vie attendu par la pratique du geste ; 6) dans 88 % des cas le GE était contacté directement par le médecin prescripteur ; 7) seul 1/3 des GE possédaient un document spécifique pour la mise en place d’une GPE ; 8) dans 85 % des cas le GE était informé qu’à défaut du consentement éclairé du patient, l’accord d’une personne ressource avait été demandé par le prescripteur ; 9) enfin, seul 50 % des GE avaient participé à une discussion collégiale concernant le bien fondé de l’indication de la GPE.

Discussion : Les réponses indiquent qu’une fois sur deux le GE sollicité pour mettre en place une GPE est simplement prestataire de service, même s’il détient un certain nombre d’informations sur le patient, il n’intervient donc pas dans la décision. Or, ce geste et loin d’être anodin, grevé d’une mortalité de 0,9 % (0-2) et d’une morbidité de 16 % (6-28), cette pratique n’évite pas, le plus souvent, les complications pour lesquelles elle est le plus souvent prescrite (inhalation …) et entraîne une rupture du lien que représentait le rituel du repas.

Conclusion : Nous préconisons l’instauration d’une véritable discussion collégiale avant la mise en place d’une GPE chez les malades ne pouvant consentir ; cet instant de partage autour de la décision permettrait au GE d’apporter sur le plan technique toutes ses connaissances techniques concernant la pratique du geste, avantages mais aussi limites, ainsi que son avis sur le plan éthique dans l’indication du geste.