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Hepatologie

LESIONS VASCULAIRES SEVERES DU FOIE APRES TRAITEMENT PAR OXALIPLATINE , 5 FLUOROURACILE ET ACIDE FOLINIQUE.

2005

R Arotçarena (1), V Calès(2), M Malet(3), P Berthélemy(1), S Doumet (4), Anne Courillon-Mallet (5) , A Pariente(1). Service d’HGE (1), d’anatomopathologie (2), d’oncologie (3). CH Pau; (4) Service d’ HGE, CH Villeneuve-St Georges.

Hépatologie –  2005-06-22 – CO –

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INTRODUCTION
L’oxaliplatine est devenue une drogue majeure dans le traitement des métastases hépatiques de cancer colorectal, et son efficacité en situation adjuvante a été récemment démontrée. Sa toxicité hépatique potentielle est méconnue (1).
MATERIEL ET METHODES
De 1999 à 2005, nous avons observé 5 cas d’hépatotoxicité imputable au traitement par 5FU, acide folinique et oxaliplatine.
Cas n°1 : Un homme de 73 ans était traité par une chimiothérapie selon le protocole FolFox 6 en 3ème ligne de chimiothérapie pour des métastases hépatiques métachrones d’un adénocarcinome bien différencié de la charnière rectosigmoïdienne de fin décembre 1998 à octobre 1999. En cours de traitement on notait une augmentation modérée des transaminases de la gamma GT et des phosphatases alcalines alors que dans le même temps l’ACE baissait de 140 à 68 ng/ml et que les métastases hépatiques diminuaient de taille. Le malade était finalement traité par hépatectomie droite en novembre 1999. L’ analyse histologique du foie non tumoral mettait en évidence des lésions d’hyperplasie nodulaire régénérative. Les suites étaient troublées par un ictère et une ascite difficile à traiter.
Cas n°2 : Une femme de 54 ans était traitée de fin avril à octobre 2003 par une association de 5FU et Ac. Folinique par voie centrale et d’oxaliplatine par voie intra artérielle hépatique pour des métastases hépatiques diffuses d’un adénocarcinome lieberkühnien bien différencié du sigmoïde. L’évolution était marquée par une baisse de l’ACE de 383 à 9.9 ng/ml avec une très nette régression des métastases hépatiques alors que persistaient des anomalies importantes des tests hépatiques et même une aggravation progressive de la cytolyse. En septembre 2003 apparaissait une ascite et la coelioscopie ne montrait pas de carcinose péritonéale. Elle montrait par contre un aspect « vineux » diffus du foie. La malade décédait en octobre 2003 d’un syndrome hépatorénal et l’analyse d’un prélèvement à l’aiguille fait en post-mortem immédiat montrait une dilatation sinusoïdale majeure avec des zones centrolobulaires déshabitées.
Cas n°3: Une femme de 54 ans était opérée en octobre 2000 pour un adénocarcinome sigmoïdien avec métastases hépatiques synchrones, puis recevait 12 cures de FUFOL chronomodulé, avec une réponse objective, suivies d’ une embolisation portale droite, et en juin 2001 d’ une hépatectomie droite avec thermoablation d’ une lésion du segment 2, et pose d’ un cathéter intraartériel hépatique par lequel on donnait 8 cures d’ oxaliplatine (100 mg/m2) associé à un LV5FU2 systémique. En Février 2004, varices oesophagiennes hémorragiques; cholestase anictérique sans insuffisance hépatique, foie diffusément hétérogène, pas d’ autre cause d’ hépatopathie. Stable depuis sous propranolol, sans récidive tumorale.
Cas n°4 :Un homme de 68 ans était traité par une chimiothérapie selon le protocole FolFox6 de juillet 2003 à janvier 2004 pour une carcinose péritonéale, 30 mois après l’exérèse d’un adénocarcinome du sigmoïde perforé. Il n’y avait pas de métastases hépatiques. Le traitement entraînait la normalisation de l’ACE (de 220 à 3.8 ng/ml) mais on observait une augmentation progressive des phosphatases alcalines et de la gamma GT sans apparition de métastase hépatique. L’analyse d’une biopsie du foie faite en 02/2004 montrait une péliose avec collapsus des travées hépatocytaires; les anomalies biologiques hépatiques s’ amélioraient ensuite lentement.
Cas N° 5: Un malade de 72 ans était opéré en Août 2004 d’un adénocarcinome lieberkühnien moyennement différencié pT4N2M1 du côlon droit , occlusif, par hémicolectomie droite. Il existait des métasatases hépatiques et pulmonaires synchrones ainsi qu’un envahissement péritonéal. Il recevait ensuite 12 cures de chimiothérapie par FolFox6 simplifié. Alors qu’ il existait une réponse morphologique et une diminution de l’ ACE de 15 à 10 ng/mL, la cholestase anictérique se réaggravait et persistait 2 mois après l’ arrêt du traitement. La biopsie montrait une dilatation sinusoidale et une fibrose périsinusoidale.

Dans ces 5 cas il n’existait pas d’autre cause de lésion vasculaire du foie. Dans les cas 2 et 3 l’administration intra artérielle hépatique de l’oxaliplatine a probablement joué un rôle dans la gravité de l’expression clinique.

CONCLUSION
La chimiothérapie associant 5FU, Ac Folinique et Oxaliplatine pourrait être responsable de lésions vasculaires du foie cliniquement significatives. Une surveillance des tests hépatiques est nécessaire notamment en cas de traitement adjuvant.

1. Rubbia-Brandt L. Ann Oncology 2004 ;15 :460-6.