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Gastroenterologie

Pylori hebdo

2015

Les médecins de 30 centres ANGH et A Courillon-Mallet, F.Heluwaert, B.Lesgourgues, C.Charpignon,B.Bour, S.Nahon,

Gastroentérologie –  2015-05-11 – CO –

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Une étude prospective de la prise en charge de l’infection à H.pylori a été menée en novembre 2014, pendant 3 semaines, dans 30 centres de l’ANGH.Un traitement d’éradication de première ligne a été prescrit dans 249 cas et de deuxième ou troisième ligne dans 33 cas.La sensibilité de la bactérie aux antibiotiques n’était connue que dans 5% des cas. Le traitement était indiqué du fait d’une maladie ulcéreuse active ou ancienne dans 21 % des cas , une dyspepsie dans 28% , une carence en fer inexpliquée dans 6% , un antécédent familial de cancer dans 5% et de la découverte de l’infection sur des biopsies systématiques dans 32% des cas. Les traitements prescrits étaient une quadrithérapie séquentielle de10 jours dans 52% des cas et une quadrithérapie bismuthée dans 45% des cas. Un contrôle d’éradication , a été prescrit dans 92 % des cas et il était prévu de revoir le patient dans le centre avec le résultat du test pour 49% d’entre eux. Pour les autres cas , un conseil de prise en charge en fonction du résultat du test était adressé au correspondant dans 43% des cas.
Il était aussi demandé aux centres de recenser exhaustivement les histologies gastriques reçues pendant une deuxième période de 3 semaines.Ainsi 533 biopsies gastriques H.pylori positives ont été analysées . Une métaplasie intestinale était signalée dans 71 cas (13%) touchant le fundus dans 23 cas. Une atrophie sévère était notée dans 14 cas (2.6%) avec seulement 2 cas d’atrophie fundique .Enfin une dysplasie était présente dans 9 cas. Parmi les endoscopiques participants,51% déclaraient faire des biopsies systématiques en l’absence de contrindication, 27 % au cours de plus de la moitié des endoscopies et 19% seulement en cas d’anomalie macroscopique. Les résultats des histologies H. pylori positives étaient adressées au correspondant (médecin généraliste ou autre médecin de l’hôpital) avec une recommandation de traitement dans 42% des cas , sans conseil thérapeutique dans 15 % des cas . Dans les autres cas ( 42%) il était prévu de revoir le patient dans le service.
En conclusion, la pratique de biopsies systématiques au cours des gastroscopies est majoritaire mais pas encore générale. C’est actuellement la principale circonstance de découverte de l’infection . Les lésions prénéoplasiques justifiant une surveillance endoscopique sont rares , leur fréquence est comparable aux études de cohorte occidentales. Les traitement prescrits dans les centres participants sont conformes aux recommandations actuelles mais le controle d’éradication est délégué dans la majorité des cas sans évaluation possible du résultat. Enfin, en cas d’histologie positive pour H. pylori le traitement est délégué au médecin généraliste ou à un autre service dans plus de la moitié des cas.

Une cause inhabituelle de décompensation ictéro-ascitique.

2015

Marie Trompette (1), Dorian Dikov (2), Mathieu Yver (2), Gilles Macaigne (1).
1- Service d’hépato-gastro-entérologie. 2- Service d’anatomo-pathologie. Centre Hospitalier de Marne la Vallée

–  2015-04-16 – CC –

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Un homme de 69 ans est hospitalisé dans le service d’hépato-gastro-entérologie via les urgences en mars 2014 pour une première décompensation ictéro-ascitique. Le patient est retraité, ancien mécanicien-automobile ; il ne fume pas ; il consomme 20 grammes d’alcool par jour. Il a comme seul antécédent une maladie de Parkinson traitée. Cette décompensation ictéro-ascitique évolue depuis quelques semaines, sans autre signe d’appel digestif ni extra-digestif. A l’examen clinique on trouve une ascite tendue, un ictère cutanéo-muqueux franc. Il n’y a pas de signe d’encéphalopathie hépatique et l’examen cardio-pulmonaire est normal. Les principaux résultats du bilan biologique initial sont les suivants : bilirubinémie totale à 183 micromol/l dont 163 de conjuguée ; ASAT à 2.5N ; ALAT normales ; PAL à 5N ; GGT à 13N ; TP à 55% ; albuminémie à 24g/l ; protidémie à 49g/l ; créatininémie 103 micromol/l ; NFS normale avec plaquettes à 356 000/mm3. Ponction du liquide d’ascite : protides < 10g/l ; 220 éléments nucléés dont 1% de PNN ; cytologie négative. L’oesogastroduodénoscopie montre des varices oesophagiennes de grade III. L’échographie et le scanner abdominal révèlent une hépatomégalie homogène avec une ascite de grande abondance, sans dilatation des veines sus-hépatiques et sans thrombose vasculaire. L’échographie cardiaque est normale.

Quelles sont vos hypothèses diagnostiques face à cette décompensation ictéro-ascitique ?

Quels examens complémentaires demandez-vous ?

L’évolution est rapidement défavorable avec une dégradation rapide de l’état général et de la fonction rénale, cause du décès.

Quel est votre diagnostic final ?

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Gastroenterologie

Les entérites à Campylobacter : une maladie émergente ?

2015

Garrec Hélène(1), Macaigne Gilles(2), Courillon-Mallet Anne(3), Mahjoub Rahma(4)
Tsouria Ahmed(5) , Bonnet Joëlle(6), Zanditenas David(6), Ould-Ahmed Béchir(6), Blazquez Martine(6), Condat Bertrand(6)
(1)Laboratoire de l’hôpital Saint-Camille de Bry-sur-Marne, Services d’hépato-gastroentérologie de (2)Jossigny, (3)Villeneuve Saint-Georges et (6)Bry-sur-Marne, (4)laboratoire de microbiologie du Centre Hospitalier Intercommunal de Villeneuve Saint-Georges. (5)Laboratoire de l’hôpital de Jossigny.

Gastroentérologie –  2015-05-13 – CO –

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De nombreux auteurs proposent un traitement par quinolones en attendant le résultat des coprocultures en cas de syndrome dysentérique aigu évocateur de colite bactérienne, dans le but de couvrir les infections à salmonelle. Cependant, dans de nombreux pays occidentaux l’incidence des entérites à Campylobacter et le taux de résistance des Campylobacter aux quinolones sont en fortes hausses. En France, il n’y a pas eu d’étude rapportée sur l’incidence des entérites à Campylobacter mais le nombre de syndrome de Guillain Barré post Campylobacter est en constante progression depuis 15 ans. Les entérites à Campylobacter sont ainsi devenu la première cause de forme grave de syndrome de Guillain Barré. Le but de notre étude est de vérifier, sur une population de patients vus à l’hôpital, donc atteints des formes potentiellement les plus sévères, si les entérites à Campylobacter deviennent fréquentes et si il faut modifier les recommandations d’antibiothérapie de première intention devant un syndrome dysentérique aigu évocateur de colite bactérienne.
A partir des logiciels des laboratoires de bactériologie de 3 hôpitaux de la région parisienne, nous avons extrait les résultats de toutes les coprocultures de 2010 à 2014. En cas de coproculture positive nous avons extrait, à partir du même logiciel, les informations suivantes : âge, sexe et service d’hébergement du patient, date de la coproculture, présence de leucocytes à l’examen direct, type de germe mis en évidence et antibiogramme.
En 2014, sur les 3 hôpitaux (population adulte et pédiatrique), les coprocultures ont poussé à Campylobacter dans 174 cas (63% des germes mis en évidence). Il s’agissait de Campylobacter jejuni dans 76% des cas et de Campylobacter coli dans 10% des cas. Les coprocultures ont poussé à Salmonelles dans 74 cas (27% des germes mis en évidence). Les Shigelles et les autres germes (E. Coli, Klebsiella oxytoca …) étaient beaucoup plus rares, représentant, au total, moins de 10% des coprocultures positives. Nous disposons à ce jour des résultats détaillés pour les patients adultes (plus de 15 ans) vus à l’hôpital Saint-Camille de Bry-sur-Marne depuis 2010 (les résultats pour les 3 centres seront présentés au congrès) : entre 2010 et 2014, le nombre de Salmonelles et de Campylobacter est passé de 12 à 5 et de 13 à 32, respectivement (cf Tableau). Pour les Campylobacter : (1) les taux de résistance aux quinolones en 2010 et 2014 était de 69 et 63% et celui de résistance aux macrolides de 0 et 6%, respectivement ; (2) deux tiers ont été isolés pendant les 6 mois les plus chauds de l’année (mai à octobre) ; (3) la moitié ont été isolés chez des patients de moins de 30 ans et les trois-quarts avant 40 ans (4) il y avait une prédominance masculine (sex-ratio : 1.5/1).
Conclusion : l’infection à Campylobacter, qui atteint souvent des hommes jeunes pendant les mois chauds, est devenu, de très loin, la plus fréquemment impliquée en cas d’entérite bactérienne vue à l’hôpital et le taux de résistance du Campylobacter aux quinolones est très élevé. Ceci implique (1) de modifier le traitement de première intention devant un syndrome dysentérique aigu évocateur de colite bactérienne, en prescrivant des macrolides, notamment l’azythromycine, traitement de référence du Campylobacter, plutôt que des quinolones et/ou (2) de faire appel au test peu coûteux et fiable de la recherche rapide (résultat en 10 minutes) de Campylobacter sur les selles et (3) de lancer des campagnes d’hygiène alimentaire spécifiques au Campylobacter (bien nettoyer le plan de travail …). Ces mesures devraient permettre de diminuer la durée et l’intensité des symptômes en cas d’entérite bactérienne et, en théorie, de faire régresser le nombre de Guillain-Barré sévère en France.