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Hepatologie

Les inhibiteurs de la pompe à protons et les bêta-bloquants influencent-ils l’incidence et le pronostic de la péritonite bactérienne spontanée du malade cirrhotique?

2011

Marie de Vos1, Bénédicte De Vroey1, François Kidd2, Jean Henrion1, Pierre Deltenre1
1 Service d’Hépato-Gastroentérologie, Hôpital de Jolimont, Haine-Saint-Paul,
2 Service de Médecine Interne Générale, Hôpital de Jolimont, Haine-Saint-Paul, Belgique

Hépatologie –  2011-05-15 – CO –

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Introduction: Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) pourraient être responsables de prolifération bactérienne intestinale et de translocation bactérienne. A l’opposé, les β-bloquants (BBl) pourraient accroître la motilité intestinale et diminuer cette translocation. L’influence de ces médicaments sur l’incidence et le pronostic de la péritonite bactérienne spontanée (PBS) du cirrhotique reste à démontrer.

But: Analyser l’impact des IPP et des BBl sur l’incidence et le pronostic de la PBS.

Méthodes: A/ La prise d’IPP et de BBl a été rétrospectivement évaluée chez 55 malades ayant une PBS et comparée à un groupe contrôle de 80 malades cirrhotiques hospitalisés, mais non-infectés. B/ Chez les malades avec PBS, la probabilité de survie sans transplantation à partir de l’épisode de PBS a été calculée en rapport avec la prise ou non d’IPP et de BBl. Chez ces malades, la probabilité de survie sans transplantation a de plus été évaluée à partir du premier épisode de décompensation de la cirrhose.

Résultats: A/ La distribution par sexe (65 vs. 56% d’hommes) et la prévalence de cirrhose d’origine éthylique (87% vs. 81%) étaient similaires chez les malades avec PBS et les contrôles. Les malades avec PBS étaient plus jeunes que les contrôles (56 vs. 60 ans, p=0.04). La prise d’IPP était plus fréquente chez les malades avec PBS que dans le groupe contrôle (51 vs. 33%, p=0.04). La différence restait semblable quand seuls les contrôles avec ascite étaient pris en compte (51 vs. 35%, p=0.1). La prévalence de traitement par BBl était similaire chez les malades avec PBS et les contrôles (38 vs. 40%, NS). B/ 46 (84%) des malades avec PBS sont décédés. La survie à 6 mois de ces malades fut de 35.6±6.7%. L’âge, les valeurs de CRP, de bilirubine, d’albumine, de créatinine et d’INR, ainsi que les scores CHILD et MELD n’étaient pas différents entre les malades décédés et survivants. A l’opposé, les malades décédés avaient une natrémie inférieure (129 vs. 132 meq/L, p=0.04) et un score MELD-Na plus élevé (20.4 vs. 16.8, p=0.06). La prise d’IPP (52 vs. 44%, NS) ou de BBl (39 vs. 33%, NS) était similaire chez les malades décédés et survivants. La survie sans transplantation à 6 mois était similaire chez les malades sous ou sans IPP (43.1±9.7% vs. 29.6±9.2%, NS) et chez les malades sous ou sans BBl (45.0±11.1% vs. 31.0±8.4%, NS). L’âge médian au décès était similaire chez les malades sous ou sans IPP (57.1 vs. 57.2 ans, NS) et chez ceux sous ou sans BBl (55.7 vs. 57.3 ans, NS). La survie sans transplantation à 2 ans à partir du premier épisode de décompensation de la cirrhose était similaire chez les malades sous ou sans IPP (66.7±9.6% vs. 55.3±10.1%, NS) et chez les malades sous ou sans BBl (63.2±11.1% vs. 59.4±9.1%, NS).

Conclusion: Dans cette étude, la prise d’IPP augmentait le risque de PBS mais n’influençait pas le pronostic de celle-ci. La prise de BBl n’influençait ni le risque ni le pronostic de la PBS. Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

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Hepatologie

Traitements curatifs du CHC en France : pour quels patients ? Résultats issus de l’observatoire CHANGH

2011

I Rosa Hezode, J Denis, X Causse, B Condat, J Henrion, E Diaz, D Grasset, J-L Payen, G Bellaiche, B. Bour, J.-A. Seyrig, J.-P. Arpurt, A Pauwels, H Labadie, L Bettan, C Wartelle Bladou , H Hagège pour le groupe d’étude CHANGH de l’ANGH
I Rosa Hezode, J Denis, X Causse, B Condat, J Henrion, E Diaz, D Grasset, J-L Payen, G Bellaiche, B. Bour, J.-A. Seyrig, J.-P. Arpurt, A Pauwels, H Labadie, L Bettan, C Wartelle Bladou , H Hagège pour le groupe d’étude CHANGH de l’ANGH

Hépatologie –  2011-05-12 – CO –

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CHANGH est un observatoire prospectif national de l’ANGH sur les caractéristiques épidémiologiques et la prise en charge actuelle du CHC. L’objectif du travail présenté est d’analyser les facteurs associés à l’accès à une prise en charge curative.
Malades et méthodes :
L’étude s’est déroulée de mai 2008 à octobre 2009 dans 103 hôpitaux, principalement des hôpitaux de l’ANGH. 1287 malades présentant un CHC nouvellement diagnostiqué ont été inclus. L’âge moyen était de 67 ans, 84% étaient des hommes. Une cirrhose était présente dans 86% des cas. Le traitement était considéré curatif lorsqu’il s’agissait d’une résection chirugicale, d’un traitement par radiofréquence ou une transplantation hépatique. Le traitement palliatif comportait soit une chimioembolisation soit une chimiothérapie. Le traitement symptomatique consistait en la réalisation de soins de confort.
.Résultats : Une résection chirurgicale a été proposée chez 10% des patients. 75% des patients étaient opérés dans l’établissement et 25% étaient adressés dans un centre de référence. Une radiofréquence était pratiquée chez 9% des malades. Une transplantation hépatique était proposée chez 8% des malades. Elle était acceptée dans 60% des cas. Un traitement d’attente était réalisé chez 39 des 44 malades inscrits sur liste de transplantation. Au total, le traitement curatif était proposé chez 27% des patients. Un traitement palliatif était proposé dans 32.5% des cas : chimioembolisation dans 15% des cas et chimiothérapie dans 17,5% des cas. La chimiothérapie proposée était dans 95% des cas le sorafénib. Des soins de support étaient proposés chez 40,5% des malades
En analyse multivariée, les facteurs indépendants associés au traitement curatif étaient l’age inférieur à 70 ans ( OR= )(p<0.001), un CHC diagnostiqué dans le cadre d’un programme de dépistage (OR=)(p<0.0001), un nodule unique (OR=) (p<0.0001), une alphafoetoprotéine < 1000 ng/ml (OR=)(p<0.0001) et un statut OMS <2.((p<0.0001). L’étiologie de la cirrhose (alcool versus autres causes), le score de Child Pugh n’étaient pas des facteurs associés au traitement curatif.
Conclusion :
Un traitement curatif du CHC a été proposé chez 27% des malades de cette cohorte. Les facteurs associés au traitement curatif étaient l’âge <70 ans, un statut OMS <2, un CHC dépisté dans le cadre d’un programme de surveillance, une alpha-foetoprotéine <1000 ng/ml et l’existence d’un nodule unique. En revanche, l’étiologie de la cirrhose ne semble pas avoir d’impact sur la réalisation d’un traitement curatif. Cette étude démontre l’intérêt du dépistage du CHC chez les malades cirrhotiques et son impact sur une prise en charge curative.

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Hyponatrémie sévère (≤125 mmol/l) du cirrhotique avec ascite : effet et valeur pronostique de perfusions d’albumine

2011

Arnaud Pauwels, Valérie Dhalluin-Venier, Agathe Chantal Simo, Abdelkrim Medini, Claire Lecouillard-Trilling, Catherine Pannetier-Deplus
Service d’Hépato-Gastroentérologie, Centre Hospitalier de Gonesse (Val d’Oise)

Hépatologie –  2011-05-15 – CO –

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L’hyponatrémie est une complication de la cirrhose avec ascite. Elle a une valeur pronostique péjorative, prise en compte dans le MELD-Na. Pour autant, deux études suggèrent que les perfusions d’albumine pourraient améliorer l’hyponatrémie de la cirrhose.
But de l’étude : Évaluer l’effet de perfusions d’albumine sur l’hyponatrémie sévère (≤125 mmol/l) de la cirrhose avec ascite et préciser sa signification pronostique.
Patients et méthodes : Tous les patients cirrhotiques avec ascite hospitalisés dans le service entre septembre 2009 et avril 2011 qui présentaient une hyponatrémie ≤ 125 mmol/l, persistante à 24 heures d’intervalle, ont été inclus dans cette étude. Les patients ont reçu une perfusion quotidienne de 40 g d’albumine pendant 5 jours (J1-J5). L’évolution de leur natrémie à J6 et J30 a été précisée, ainsi que leur survie à 3 mois.
Résultats : Neuf patients (hommes : 5 ; âge moyen : 58,5 ans ; étiologie alcoolique : 8) ont été inclus (natrémie médiane : 123 ; extrêmes : 120-125). Trois patients ont répondu aux perfusions d’albumine avec une remontée de leur natrémie ≥ 130 mmol/l (médiane : 136 ; extrêmes : 130-136, pour la natrémie à J6). À J30, ils gardaient une natrémie ≥ 130 mmol/l (médiane : 134 ; extrêmes : 132-138). Ils étaient tous les trois en vie à 3 mois, et le sont toujours au 15/5/11 avec un recul de 6, 8 et 19 mois. Six patients n’ont pas répondu aux perfusions d’albumine (médiane : 125 ; extrêmes : 118-129, pour la natrémie à J6). À trois mois, 4 étaient décédés (J6, J66, J67 et J90) et un avait été transplanté (J55). La dernière patiente est en vie au 15/5/11 (J56) et inscrite sur liste de transplantation. Il n’y avait pas de différence entre répondeurs et non répondeurs quant à la gravité de la maladie du foie évaluée par le MELD à J1 (répondeurs : 18, 30 et 32 ; non répondeurs : 15, 16, 16, 22, 22 et 28). Leur fonction rénale évaluée par la créatininémie à J1 était également comparable (médiane : 70 µmol/l pour les répondeurs vs. 67 pour les non répondeurs). Par contre, l’albuminémie à J1 tendait à être en médiane plus basse chez les répondeurs (20 g/l vs. 24,5 chez les non répondeurs) ; après perfusion d’albumine, elle augmentait à 32 g/l, vs. 34 chez les non répondeurs.
Conclusions : Cette petite étude préliminaire suggère qu’une perfusion d’albumine pendant 5 jours permet de corriger une hyponatrémie sévère chez certains patients cirrhotiques avec ascite, et qu’en ce cas le pronostic à 3 mois est bon. A contrario, lorsqu’elle est inefficace, le pronostic semble engagé à très court terme. Ces premiers résultats nous incitent à proposer d’élargir cette étude à d’autres centres sous l’égide de l’ANGH.

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Hepatologie

Evaluation des recommandations pour la pratique clinique de la ponction biopsie hépatique. Résultats d’une étude multicentrique.

2011

Jean-François Cadranel (1), Jean-Baptiste Nousbaum (2), Bertrand Hanslik (3), et groupe multicentrique ANGH (4), AFEF (5), CREGG (6).
Hôpitaux de (1) Creil, (2) Brest, (3), cabinet d’hépato-gastroentérologie, Montpellier.
ANGH Montfermeil, AFEF Nancy, CREGG Montpellier.

Hépatologie –  2011-05-09 – CO –

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Les indications de la ponction biopsie hépatique (PBH) ont été modifiées depuis l’avènement des tests non invasifs d’évaluation de la fibrose hépatique (Fibrotest® , Fibromètre®, Fibroscan® etc…). Cependant, la PBH reste l’examen de référence pour le diagnostic de nombreuses hépatopathies. Des recommandations pour la pratique clinique (RPC) françaises ont été éditées en 2002 pour la réalisation de la biopsie hépatique1.

Buts de l’étude 1) Evaluer le nombre de PBH réalisées en France pour atteinte parenchymateuse diffuse en 2009 b) Evaluer les retombées des RPC sur le mode de réalisation des PBH particulier l’utilisation de l’échographie avec repérage précédant le geste ou avec guidage en temps réel ; 3) comparer les indications des PBH en 2009 par rapport celles lors de la précédente enquête en 19972 .

Patients et Méthodes : Une fiche de recueil de données était adressée à l’ensemble des hépato-gastroentérologues (HGE) libéraux, des hôpitaux généraux (CHG) et des hôpitaux universitaires CHU ou participant au service public (PSPH) une seule fiche par centre ou cabinet était remplie. Les informations recueillies sur une fiche préétablie comportaient : le nombre de biopsies pour atteinte parenchymateuse diffuse, les indications, le mode de réalisation, les complications éventuelles.

Résultats : 131centres (89 en 1997) ont répondu à l’enquête (19 HGE libéraux, 77 CHG, 35 CHU ou PSPH). 8741 PBH (médiane 20, extrêmes 0-803) (16000 en 1997) ont été réalisées, 11 centres n’ont fait aucune PBH dont 6784 par voie transpariétale (77,6 % vs 91%), 1926 par voie transveineuse (22,4 % vs 9 % en 1997 lors de la précédente enquête). La PBH était réalisée en ambulatoire dans 48 ,6 % des cas (vs 27 % en 1997), par un HGE dans 64,8 %, par un radiologue ou un chirurgien dans respectivement 33,4 ou 1,8 %. Un repérage échographique était systématiquement réalisé dans 90 centres (89,7%), dont 34 (35,9 %) avec guidage (vs 56 et 22% en 1997).Les indications étaient : une hépatite chronique C (mono-infection ou dans le cadre d’une co-infection VIH) dans 24,6 % des cas (vs 54,1 % en 1997), une hépatite B ± delta dans 15 % (vs 5,8 %), une stéatopathie dans 8,9 % des cas (non précisé en 1997), une hépatopathie alcoolique dans 18,3 % des cas (vs 11,1 %). La PBH était réalisée pour discordance entre les tests non invasifs de fibrose (sanguins ou élastomètrie) dans 6,3 % des cas. Quatre-vingt quinze complications sévères (1,13%) ont été dénombrées : malaise vagal (n=35), hématome (n=23), hémopéritoine (n=15) dont un décès (0,01 %) lors d’une biopsie transveineuse, pneumothorax (n=4), cholepéritoine (n= 2), autres (n=15). Les complications sévères étaient moins fréquentes après PBH guidées en temps réel qu’après repérage précédant la PBH (p<0.001).

Commentaires et conclusions :
Les résultats de cette étude représentative des pratiques françaises révèlent plusieurs tendances importantes : 1)diminution notable du nombre total de PBH pour maladies parenchymateuses diffuses, augmentation relative du nombre de PBH par voie transjugulaire, avec en conséquence une augmentation relative du nombre de biopsies réalisées par des radiologues ou des chirurgiens, 3) augmentation importante du nombre de biopsies avec aide échographique et importante du nombre de biopsies en hospitalisation ambulatoire en accord avec les RCP de 2002.4) Il existe une modification des indications : diminution du nombre de biopsies pour hépatite C très vraisemblablement en rapport avec l’utilisation des techniques non invasives, augmentation importante pour l’hépatite B et pour stéatopathie. Malgré la diminution importante de biopsies, il persiste encore de façon non exceptionnelle des complications parfois sévères et sont diminuées par le guidage en temps réel.

1Nousbaum JB et al. Gastroenterolo Clin Biol 2002 ;
2Cadranel JF et al. Hepatology 2000 ; 32 : 477-81

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Facteurs prédictifs de mortalité à 1 et 6 mois chez des malades ayant une hépatite alcoolique aiguë (HAA) sévère traitée par corticoïdes dans un service d’hépato-gastro-entérologie de CHG.

2011

Gilles Macaigne, Florence Harnois, Jean-François Boivin, Angel Ferrarrio, Dorian Dikov, Sadek Cheiab, Georges Bonihay, Claude Chayette. Services d’hépato-gastroentérologie, d’anatomo-pathologie et de radiologie, centre hospitalier de Lagny-Marne-la-Vallée, 77 405 Lagny-sur-Marne Cedex.

Hépatologie –  2011-05-11 – CO –

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Le but de ce travail a été d’évaluer les critères clinico-biologiques prédictifs de mortalité à 1 mois et à 6 mois dans une population de malades hospitalisés pour hépatite alcoolique sévère et traités par prednisolone dans un service d’hépato-gastro-entérologie de CHG.
Malades et méthodes : tous les malades hospitalisés dans le service entre janvier 1999 et mars 2011 avec le diagnostic d’HAA sévère (éthylisme chronique, cytolyse hépatique avec ASAT > ALAT et score de Maddrey > 32, plus ou moins confirmation histologique du diagnostic) ont été inclus. Un traitement par prednisolone était débuté au cours des premiers jours d’hospitalisation et poursuivi 28 jours quelque soit l’évolution de la bilirubinémie jusqu’en 2008 puis stoppé au 7ème jour en l’absence de diminution de la bilirubinémie. Les données cliniques, biologiques et histologiques ont été revues de façon rétrospective jusqu’en octobre 2003 puis prospectivement jusqu’en avril 2011.
Résultats : 151 épisodes d’HAA sévère survenus chez 129 malades (37.2% de femmes ; âge moyen 52.2 ans) hospitalisés durant cette période ont été étudiés. Le diagnostic a été confirmé histologiquement chez 104 d’entre-eux (69%). Les 2 groupes de malades n’étaient pas différents concernant l’âge moyen, le score de Maddrey initial, le taux de mortalité et les différents paramètres clinico-biologiques initiaux. Les taux de mortalité à 1 mois et à 6 mois de l’ensemble de la cohorte étaient respectivement de 19,8% et 32.4%. Les facteurs clinico-biologiques suivants ont été recueillis au début de la prise en charge (co-morbidités cardiaques, pulmonaires, rénales, diabète, traitement béta-bloquant, gradient de pression porto-cave, index de Maddrey, score MELD/Na, score de child-pugh, infection initiale, antibioprophylaxie, hémorragie digestive, score de Lille, ASAT, GGT, leucocytes, créatininémie), à 1 mois (score MELD/Na, score de child-pugh, créatininémie) et à 6 mois (score MELD/Na, score de child-pugh, créatininémie, ASAT, GGT) de suivi. Les facteurs prédictifs de mortalité à 1 mois et à 6 mois ont été analysés en analyse uni et multivariée.
Conclusion : Dans cette cohorte, les taux de mortalité à 1 mois et à 6 mois étaient respectivement de 19,8% et 32.4%. Les résultats complets et définitifs de ce travail seront communiqués au cours de la communication orale à Saint Malo.

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Atrophie hépatique progressive : un scénario dramatique, mal connu et pourtant prévisible de l’hépatite alcoolique aiguë (HAA) abstinente.

2011

Jean Henrion, Pierre Deltenre, Stéphane De Maeght.
Service d’Hépato-Gastroentérologie, Hôpital de Jolimont, Haine-Saint-Paul, Belgique

Hépatologie –  2011-05-19 – CO –

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L’histoire naturelle de la HAA est mieux connue grâce aux travaux de l’équipe lilloise. La mortalité à six semaines est de l’ordre de 25 % et est prédite par le score de Lille (1). La survie à cinq ans est de l’ordre de 30 % et dépend de l’abstinence (2). A propos de cinq observations, nous rapportons un scénario particulier de l’histoire naturelle de la HAA abstinente. Il s’agit d’une évolution mal connue, non décrite et pourtant prévisible.

Description du scénario : La phase I est un épisode typique de HAA sévère avec une fonction discriminante de Maddrey supérieure à 32. Il s’agissait dans les cinq cas d’un premier épisode d’ictère et d’une première hospitalisation pour maladie hépatique. Dans trois cas, l’arrêt de l’alcool fût immédiat et dans deux cas, il est survenu après 11 et 13 mois. La phase II est celle de « l’embellie heureuse », l’abstinence est complète, la biologie hépatique est normale, l’ictère et l’ascite ont disparu et les diurétiques sont arrêtés. La durée de cette phase fût de 1 à 17 ans (moyenne 7.5 ans). Un malade est toujours à cette phase évolutive. La phase III correspond à l’émergence de l’ascite. Rapidement, l’ascite devient non contrôlable. A cette phase, l’imagerie radiologique est typique, montrant un foie atrophique, très dysmorphique, baignant dans l’ascite. La biologie hépatique (bil, alb, INR) reste normale. Le Child moyen était de 7 et le MELD moyen était de 8.9. La phase IV correspond à la dégradation rapide avec survenue de complications comme l’ascite non contrôlable, la rupture de VO, l’infection et l’encéphalopathie hépatique nécessitant des hospitalisations répétées et justifiant la proposition de transplantation hépatique. A ce stade, cependant, le MELD est toujours bas, à une valeur moyenne de 10.3, hypothéquant la possibilité de transplantation. Deux malades ont pu être transplantés à l’époque du Child. Un malade est décédé en liste d’attente faute d’un MELD suffisamment élevé. Un dernier malade a été listé dès l’apparition de l’ascite avec un MELD de 8.5 dans l’espoir d’une greffe de donneur vivant.

Conclusions :

1°) Ce scénario de l’histoire naturelle de la HAA est mal connu. Cette méconnaissance s’explique par la survie médiocre de la HAA sévère à long terme et par la difficulté d’un suivi prolongé.

2°) Le mécanisme de l’atrophie hépatique pourrait être l’extinction parenchymateuse décrite par Wanless (3).

3°) Cette évolution est prévisible et donc, d’un point de vue pratique, elle implique une surveillance régulière et prolongée de la HAA sévère abstinente, la prévention de l’apparition de l’ascite et la proposition précoce pour transplantation hépatique.

4°) L’allocation d’un greffon en fonction du MELD « pure et dure » comme c’est le cas en Belgique, est catastrophique pour ces malades.

(1) Mathurin, Gut 2010 ; (2) Louvet, Hepatology 2010 (Abstract) ; (3) Wanless, Hepatology 1995.

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Prévalence séro-virologique du virus de l’hépatite E au sein d’une cohorte de malades porteurs d’une hépatite C chronique du sud-est de la France

2011

C Renou Hyères – CH Hyères – Hôpital de Jour, S Tessé Paris – Hôpital du Val-De-Grâce – Service de Biologie, E Nicand Paris – Hôpital du Val-De-Grâce – Service de Biologie, A Roque-Alonso Paris – Hôpital Paul-Brousse – N Pavio Maisons-Alfort – Afssa Lerpaz, Enva, Inra – Umr 1161 Virologie, G Pénaranda Marseille – Laboratoire Alphabio – Service de Virologie, M Bourlière Marseille – Hôpital Saint-Joseph – Service d’Hépato-Gastroentérologie, R Anty Nice – CHU de Nice – Service d’Hépato-Gastroentérologie D Ouzan Saint-Laurent-Du-Var – Institut Arnault Tzanck – Service d’Hépato-Gastroentérologie, R Gérolami Marseille – CHU La Conception – Service d’Hépato-Gastroentérologie, D Botta Marseille – CHU La Conception – Service d’Hépato-Gastroentérologie, P Halfon Marseille – Laboratoire Alphabio – Service de Virologie

Hépatologie –  2011-05-11 – CO –

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Trois à 21% de la population générale des pays industrialisés présentent des anticorps IgG anti-VHE (3,2% dans le nord et 16,6% dans le sud de la France). Alors qu’un taux élevé d’anticorps IgG était retrouvé chez les toxicomanes par voie intra-veineuse et qu’une transmission du VHE par transfusion sanguine est reconnue, il n’existe pas à ce jour d’étude de séro-prévalence du VHE dans les pays industrialisés chez les malades porteurs d’une hépatite C chronique. Le but de cette étude est d’évaluer la prévalence séro-virologique du VHE dans une cohorte de 237 malades porteurs d’une hépatite C chronique du sud-est de la France.
Patients et méthodes : 237 malades non traités pour le VHC étaient prospectivement et consécutivement inclus à partir de 5 hôpitaux du sud-est de la France (base de données centralisée PBH). Le bilan biologique, le prélèvement pour la sérothèque (-80°C) et la PBH était réalisés de manière simultanée. La recherche des anticorps IgG et IgM anti-VHE était effectuée sur sérothèque (EIAgen HEV IgG, EIAgen HEV-IgM, Adaltis, Montréal, Canada). La recherche de l’ARN du VHE était systématiquement réalisée au niveau de la région ORF2 par un technique “maison”. L’index d’avidité des IgG était déterminé pour tout prélèvement ayant une positivité des IgG afin de différentier une infection récente d’une infection ancienne.
Résultats : aucun des 237 malades ne présentaient de symptômes en faveur d’une hépatite aiguë. Tous les malades avaient un AgHBs et une sérologie VIH négatifs. Vingt-trois des 237 malades présentaient des anticorps IgG anti-VHE positifs et isolés (9,7%). Le groupe des malades avec des anticorps IgG anti-VHE positifs avaient un âge plus élevé (45+/-14 years vs 54+/-22 years, p=0.05). L’index d’avidité des IgG était inférieur à 40% dans 13 cas, supérieur à 40% dans 4 cas et non réalisé dans les 6 derniers cas. Douze des 13 malades ayant un index d’avidité des IgG inférieur à 40% avaient des taux d’anticorps IgG anti-VHE supérieurs à 2 (limite de positivité à 1) constat en faveur d’un fausse négativité de l’index d’avidité des IgG et d’une vraie positivité des anticorps IgG anti-VHE. Un malade présentait des anticorps IgG et IgM anti-VHE positifs associés à un index d’avidité inférieur à 40%, toutefois le taux des transaminases étaient sub-normal et l’ARN du VHE négatif (tableau d’hépatite aiguë récente). Aucun des 237 malades n’avaient un ARN du VHE positif.
Conclusion : le taux d’anticorps IgG anti-VHE de cette cohorte de malades porteurs d’une hépatite C du sud-est de la France est de 9,7%, valeur supérieure à celle des donneurs de sang du nord mais inférieure à celle de ceux du sud-ouest de la France. Les malades porteurs d’une hépatite C chronique du sud-est de la France ne présentent pas un risque majoré de contamination par le VHE.

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Traitement du CHC par Sorafénib : Qu’en est-il dans la vraie vie ? Résultats de l’observatoire CHANGH

2011

Rosa, Denis, Causse, Dobrin, Faroux, Condat, Macaigne, Zerouala, Becker, Marks, Bader, Ledreau, Henrion . Diaz, Decaens, Lesgourgues, Danne, Remy, Nalet, Morin, Renou, Abdelli, Renard,. Hagège et le groupe d’étude CHANGH.de l’ANGH

Hépatologie –  2011-05-12 – PW –

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Le sorafénib prolonge la survie globale et la survie sans progression de manière significative chez les malades ayant un carcinome hépatocellulaire avancé. Le but de ce travail est de rapporter les caractéristiques des patients traités par Sorafénib ainsi que la survie à 1 an chez les patients inclus dans l’observatoire CHANGH.
Malades et méthodes :
L’observatoire CHANGH a permis d’inclure 1287 malades porteurs d’un CHC nouvellement diagnostiqué de Mai 2008 à Octobre 2009. 103 hôpitaux, dont une majorité de CHG de l’ANGH ont participé à cette étude. Le diagnostic de CHC était obtenu par histologie ou sur les critères radiologiques de Barcelone. Dans cette cohorte, un traitement par Sorafénib a été proposé chez 186 patients
Résultats :
Le traitement par Sorafénib a été décidé lors d’une RCP chez les 186 patients. Il s’agissait de 172 hommes et 15 femmes, âge moyen 67 ans. L’étiologie de la cirrhose était dans 69% des cas l’alcool, dans 16% le VHC, dans 15% le VHB et 13.5% une stéatopathie métabolique. Le diagnostic de CHC avait été réalisé dans 14% des cas lors du suivi de la cirrhose. Dans 40% des cas, une histologie a été obtenue. Le CHC était un nodule unique dans 26% des cas, en myenne de 82 mm. Seul 26% de ces nodules uniques étaient inférieurs à 50 mm. 18% des malades avaient moins de 3 nodules. 44% des patients avaient un CHC multinodulaire. Le CHC était métastatique dans 16 % des cas et une thrombose porte était présente dans 43% des cas. Les patients étaient classés OMS 0, 1, 2, 3 et 4 dans respectivement 30, 42 ,21 ,4 et 2% des cas. Il s’agissait de cirrhose Child A, B et C dans respectivement 63, 34 et 2,5% des cas. Au terme d’un an de suivi, sur les 139 dossiers analysables à ce jour, seuls 74% des malades ont reçu du Sorafénib malgré la décision de la RCP initiale, en raison d’une dégradation de l’état général. La survie globale des malades était de 16% à 1 an, avec une survie moyenne de 11 semaines. La survie des malades ayant effectivement reçu du Sorafénib était de 22% à un an, en moyenne de 23 semaines. La survie des patients en fonction du score de Child était de 22% pour les Child A et 9% pour les Child B, 0% pour les Child C.
9% de complications hémorragiques sont survenues au cours du traitement par Sorafénib. Il s’agissait de 7 hémorragies digestives, 2 hémopéritoines, une hémorragie intracérébrale et une épistaxis sévère.
Conclusion :
Le traitement par Sorafénib est largement prescit chez des malades présentant un CHC avancé ou métastatique mais un quart des patients chez qui un traitement par Sorafénib avait été préconisé n’a pas été traité. Dans ce travail, la survie à un an des patients traités était de 22%, avec une survie moyenne de 23 semaines, inférieure aux résultats de la littérature.

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Hepatologie

Syndrome de Parsonage Turner et Hépatite virale E aiguë

2011

Emmanuel Vaucher

Hépatologie –  2011-05-12 – PW –

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Nous avons eu deux cas d’hépatite E aiguës confirmées pour deux soignants du bloc. Les deux ont eu des douleurs des épaules mais l’une s’est présentée avec un syndrome neurologique à type de multinévrite des MS, très invalidante en terme de douleur (investiguée de façon approfondie). Les sérotypages sont en cours, l’enquête épidémiologique aussi en même temps qu’un dépistage est fait pour tous les soignants du boc. (deux autres dépistés à ce jour mais avec transaminases normales)
Je comptais présenter le cas et faire à l’occasion une revue des pathologies neurologiques associées.

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Hepatologie

Transplantation hépatique pour dégénérescence hépato-cérébrale : Quand le foie guérit la tête.

2011

Alix Portal, Isabelle Rosa, Christian Meyrignac, Camille Barrault, Laurent Costes, Thierry Lons, Hervé Hagège

Hépatologie –  2011-05-12 – CO –

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Monsieur M, 56 ans, a comme antécédent un diabète de type 2 compliqué d’une rétinopathie diabétique. En 2006, est découverte une cirrhose devant une décompensation oedémato-ascitique. Le bilan initial est en faveur d’une origine métabolique (pas d’alcool, bilan viral et auto-immun négatif, céruloplasmine et cuprémie normales, PBH en faveur), Le score de Child Pugh était B6, avec une hypertension portale ( VO de grade 3). En octobre 2008, il existe une dégradation progressive de la fonction hépatique avec ictère, baisse du TP à 50% et un épisode d’encéphalopathie hépatique sans étiologie retrouvée. Secondairement, apparaissait une symptomatologie neurologique d’aggravation rapide constituée d’un syndrome extra-pyramidal (dystonie, dysarthrie, trouble de la marche), de mouvements choréiques des quatre membres et de la face associé à des troubles comportementaux (syndrome frontal). La recherche exhaustive d’une maladie de Wilson s’est avérée négative à plusieurs reprises. L’IRM cérébrale retrouvait un hypersignal T1 des pallidum associé à des lésions sous-tentorielles symétriques en hypersignal FLAIR ; l’EEG montrait des stigmates d’encéphalopathie hépatique sévère. Après discussion avec les neurologues, le diagnostic retenu était une dégénérescence hépato-cérébrale.
La progression rapide de la maladie neurologique (chutes à répétition compliquées d’un hématome sous-dural, perte d’autonomie avec déplacement en fauteuil roulant), faisait poser l’indication d’une transplantation hépatique orthotopique dont le patient bénéficiait le 18 mars 2010. L’amélioration de la symptomatologie neurologique eétait spectaculaire avec un retour à l’autonomie complète dès le troisième mois post-greffe (marche quasi normalisée, disparition de la dysarthrie et des mouvements choréiques, syndrome cérébelleux a minima avec élargissement du polygone de sustentation). Actuellement (14 mois post greffe) aucun symptôme neurologique n’est réapparu.
Le syndrome de dégénérescence hépato-cérébrale est un syndrome rare dont il n’existe que quelques cas décrits dans la littérature. La transplantation hépatique orthotopique peut être proposée comme traitement de ce syndrome.