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Hepatologie

ANGH HEPATO HEBDO 2012. Une semaine d’hépatologie dans les hôpitaux généraux.

2012

Condat B (Bry sur Marne), Remy AJ (Perpignan), Jouannaud V (Montfermeil),Lahmek P (Limeil Brevannes) Lesgourgues B (ANGH)

Hépatologie –  2012-05-14 – CO –

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But et contexte : L’ANGH n’a pas de connaissance des « réservoirs » de pathologie à sa disposition pour les différentes études ou observatoires à venir. L’idée de faire un recensement des grands secteurs de pathologie au niveau de l’association découle de cette constatation. Le domaine de l’Hépato-gastroentérologie étant vaste, une étude sur l’Hépatologie permet de faire un galop d’essai avant un recensement des autres pathologies digestives (MICI, cancérologie…). Il paraît difficile dans l’état actuel de nos ressources humaines et matérielles d’envisager un enregistrement au long cours d’une pathologie donnée dans l’optique d’un réseau sentinelle. Les sociétés savantes envisagent la constitution de cohortes dont la gestion risque d’être complexe. Une coupe transversale sur une semaine permet d’allier une meilleure connaissance du vivier de pathologie à une simplification du recueil de données. Comme « une semaine d’endoscopie en France », nous proposons « une semaine d’Hépatologie en France à l’Hôpital général ».
Méthode : Recueil des données dans un maximum de centre de l’ANGH du Lundi au Vendredi sur une semaine définie en dehors des périodes de congé scolaire. Chaque patient sera classé dans une des grandes classes de pathologie (cirrhoses de causes fréquentes, autres hépatopathies chroniques, hépatopathies aigües, pathologies tumorales …) avec typologie de prise en charge (diagnostic, surveillance, traitement, complications) dans trois domaines d’activité :
L’hospitalisation conventionnelle et de semaine
L’hospitalisation de jour ambulatoire endoscopie ou acte externe endoscopie
Consultations (exhaustivité de consultations d’un service)
Recueil des données sur Excel et envoi anonymisé par mail.
Résultats : ils seront présentés au congrès.
Conclusion : Nous espérons contribuer à apporter des réponses aux points suivants : (1) Connaître le réservoir de maladies hépatiques pour les futures études de l’ANGH ; (2) Participer à estimer le poids de l’Hépatologie dans les ressources médicales en France ; (3) Montrer que les hôpitaux généraux prennent en charge une bonne partie des maladies hépatiques fréquentes et graves (cirrhoses, CHC), mais aussi une bonne part des traitements des hépatites virales et des maladies plus rares (hépatites auto immunes, thromboses portales…).

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Hepatologie

L’antibioprophylaxie au cours de la cirrhose : une enquête nationale.

2012

Thierry Thevenot (1), Thibault Degand (1), Natacha Grelat (1), Laure Elkrief (2), Camille Christol (3), Richard Moreau (2), Jean Henrion (4), Jean-François Cadranel (5), Vincent Di Martino (1), Arnaud Pauwels (6), et ANGH.
(1) Service d’Hépatologie et de Soins Intensifs Digestifs, Hôpital Universitaire Jean Minjoz, Besançon, (2) Service d’Hépatologie, Hôpital Beaujon, Clichy, (3) Service d’Hépato-Gastroentérologie, Hôpital Purpan, Toulouse, (4) Service d’Hépato-Gastroentérologie, Hôpital Jolimont, Haine-Saint-Paul, Belgique, (5) Service d’Hépato-Gastroentérologie, Centre Hospitalier de Creil, (6) Service d’Hépato-Gastroentérologie, Centre Hospitalier de Gonesse.

Hépatologie –  2012-05-16 – CO –

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L’antibioprophylaxie dans les hémorragies digestives (HD) de la cirrhose et dans la prévention secondaire (Proph2) et primaire (Proph1) de l’infection spontanée du liquide d’ascite (ISLA) a fait l’objet de recommandations. L’impact de ces recommandations n’a jamais été évalué. Nous avons réalisé une enquête nationale de pratique dans les centres hospitaliers généraux (CHG) et universitaires (CHU).
Méthodes : Un auto-questionnaire a été envoyé à tous les praticiens de CHG et de CHU exerçant dans un service d’hépato-gastroentérologie. 389 praticiens (hommes 62%, CHG 72%, âge moyen 44 ans), soit 33,6% des praticiens sollicités, ont répondu à cette enquête.
Résultats : Une antibioprophylaxie était prescrite par 97,7% d’entre eux dans la prise en charge des HD de la cirrhose (chez >75% des patients par 82,9%). Les antibiotiques utilisés étaient : quinolones 42,8%, C3G 27,7%, amoxicilline-acide clavulanique 22,2%, autres antibiotiques 1,9%. La durée moyenne de l’antibioprophylaxie était de 6,1±1,7 jours. La prescription d’une antibioprophylaxie dans l’HD (CHU vs. CHG) était principalement motivée par la diminution du risque infectieux (94,3% vs 86,8% ; p=0,036), l’amélioration de la survie (81,1% vs 69,6%; p=0,023) et les recommandations d’une conférence de consensus (95,3% vs 78,1%; p75% des patients par 82,9% et 33,3%, respectivement). Les quinolones représentaient respectivement 99% et 97% des antibiotiques utilisés. Pour la Proph2 de l’ISLA, les praticiens des CHU étaient davantage influencés par les recommandations d’une conférence de consensus (89% vs 68%; P<0,001). La durée de la Proph2 et de la Proph1 était respectivement à vie (34% et 19% des praticiens), jusqu’à la disparition de l’ascite (67% et 70%), ou jusqu’à la transplantation (45% et 45%). Les patients concernés par la Proph1 étaient principalement ceux ayant un taux bas (75% des cas) d’une antibioprophylaxie était associée : 1) pour les HD, au nombre de patients ascitiques traités par mois (>12 vs 95% des praticiens) dans les HD de la cirrhose et dans la prévention secondaire de l’ISLA, en accord avec les recommandations des conférences de consensus. Alors que l’intérêt d’une prévention primaire de l’ISLA est discuté, près de 75% des praticiens y ont recours, principalement quand le taux de protéines dans l’ascite est <15 g/l. Les quinolones restent les antibiotiques les plus prescrits quelque soit l’indication de prophylaxie.

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Hepatologie

Intérêt et tolérance du baclofene dans le traitement de l’alcoolodépendance chez des patients avec ou sans cirrhose

2012

Hortensia Lison (1), Camille Barrault (2), Marie Cordonnier (1), Isabelle Rosa (2), Emmanuelle Sarlon (1), Djamel Belloula (1), Georges Pulwermacher (1), Hervé Hagege (2), Jean-François Cadranel (1)
1- Service d’Hépatogastroentérologie et de Nutrition, Equipe alcoologie et DIM GHPSO Site de Creil
2- Service d’Hépatogastroentérologie et Equipe de Liaison et de Soins en Addictologie – Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil

Hépatologie –  2012-08-11 – CO –

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I – Rationnel et But de l’étude
Rationnel
Le Baclofene (BAC) est un agoniste récepteur de l’acide gamma-aminobutyrique B (GABA), molécule utilisée depuis plusieurs décennies dans les contractures spastiques de la sclérose en plaque et d’élimination essentiellement rénale.
En 2007, une étude randomisée contrôlée en double aveugle utilisant le baclofene à la posologie de10mg trois fois / j (dose modérée) a été conduite chez 84 patients cirrhotiques alcoolodépendants montrant une amélioration significative en terme de craving, de rechute et d’abstinence [1].
Depuis juin 2010, nous avons utilisé au cas par cas au GHPSO et au CHIC le baclofene dans le cadre de l’alcoolo-dépendance chez des patients avec ou sans cirrhose.
En Avril (AFSSAPS) [2] puis à l’EASL 2012 [3], les possibilités d’utiliser du BAC sous condition ont été rapportés chez des malades alcoolodépendants sévère (SAD) avec ou sans cirrhose.

But de l’étude
Evaluer l’efficacité et la tolérance du baclofène chez des patients alcoolo-dépendants avec ou sans cirrhose pris en charge dans 2 services d’Hépatogastroentérologie de Centre Hospitalier Général. Rapporter lors du Congrès de l’ANGH, les résultats préliminaires de l’utilisation du BAC chez ces patients, les résultats, à la date “censurée “du 31 juillet 2012 seront rapportés à Bastia.
II – Patients et méthodes
Tous les patients, consécutifs traités par baclofène de juin 2010 à 31 mai 2012 dans les services d’hépato-gastroentérologie des CHG de Creil et de Créteil, en hospitalisation ou en consultation ont été inclus.
Une fiche d’information était remise aux patients avant le début du traitement. Le traitement était initié à la posologie progressive de 15 mg/j en 3 prises avec des paliers de 3 à 7 jours entre chaque augmentation de posologie (15 mg/j).

III- Résultats (préliminaires): Caractéristiques des malades
GHPSO Creil (site1) : 24 malades dont 2 femmes et 22 hommes d’âge médian 45 ans (35 – 63) ont été inclus, 15 d’entre eux étaient cirrhotiques (62,5%), dont six patients étaient Child-Pugh A (40%), 4 étaient B (26,6%) et 5 étaient C (33,3%).
Tous les malades avaient eu un ou plus d’épisode de delirium tremens.
Vingt et un malades sont traités actuellement. Deux patients ont dû arrêter le traitement pour des effets secondaires (sensation vertigineuse dont l’une apparue après 4heures de traitement) et un troisième patient a reçu le BAC jusqu’à son transfert en réanimation hépatologique (deux mois) en vue d’une transplantation hépatique.
CHIC (site 2) : sept hommes et 1 femme d’âge médian 55 ans (30-67) ont été traités par baclofène. Trois patients étaient cirrhotiques avec un score de Child Pugh A5 (100%).
Sept patients sont traités actuellement. Un patient non cirrhotique a arrêté très précocement le traitement pour somnolence (non objectivée).
Les résultats en termes de diminution du craving, d’abstinence, de rechute, d’arrêt du traitement et d’amélioration secondaire des fonctions hépatiques chez les malades alcoolodépendants cirrhotiques seront présentés à Bastia.

IV- Conclusion
Le baclofène semble bien toléré y compris chez les patients cirrhotiques. Ces données préliminaires encourageantes nous conduisent à proposer une étude longitudinale au sein de l’ANGH dans le traitement des patients atteints de SAD avec ou sans cirhhose.
Références
[1]. Addolorato G et al. Effectiveness and safety of baclofen for maintenance of alcohol abstinence in alcohol- dependent patients with liver cirrhosis randomised, double-blind controlled study. Lancet 2007; 370: 1915-1922.
[2] Utilisation du baclofene dans le traitement de l’alcoolo-dépendance actualisation et point d’information. AFSSAPS 25/04/2O12
[3] Addolorato G. Management of alcohol dependence in patients with alcoholic liver disease. EASL Avril 2012, 81-86.

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Hepatologie

Elastométrie impulsionnelle ultrasonore hépatique (Fibroscan®) au cours de l’amylose hépatique : résultats d’une cohorte multicentrique de 22 cas

2011

M Lahmiri * (1,3), A Cypierre* (2), JF Cadranel (3), E Nguyen-Khac (4), L Alric (5), L Bettan (6), J Denis (7), A Jaccard (2), V Loustaud-Ratti (2) et ANGH (1-CHU de Rabat, 2-CHU de Limoges, 3-CHG de Creil, 4-CHU d’Amiens, 5-CHU de Toulouse, 6-CHG de Villeneuve Saint Georges, 7-Centre Hospitalier Sud Francilien de Corbeil-Evry)

Hépatologie –  2011-05-24 – CO –

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Introduction :
L’élastomètrie (E) impulsionnelle, (Fibroscan®) est une méthode physique mesurant la dureté du foie utilisée pour l’évaluation non invasive de la fibrose. Validée par la HAS pour l’évaluation de la fibrose hépatique chez les patients atteints d’hépatite chronique C sans comorbidité et non traités.
L’élastométrie hépatique (E) peut être élevée dans d’autres situations comme la cytolyse hépatique aigue, le foie cardiaque et la cholestase. Au cours de l’amylose avec atteinte hépatique, le foie est dur sans corrélation avec la fibrose. Le but de ce travail était de rapporter les résultats des valeurs d’E au cours de l’amylose hépatique.
Patients et méthodes :
Vingt trois patients ayant une amylose suivis dans 6 centres ont été étudiés. Tous ont eu une évaluation de leur E selon les recommandations du fabriquant avec réalisation d’au moins 10 mesures ; seuls les résultats ayant un écart à la médiane (IQR) 60% sont interprétables. Les résultats sont exprimés en médiane et extrêmes.
Résultats
Huit femmes et 15 hommes d’âge médian 66 ans (44-84 ans) ont été étudiés. Quinze (68,1%) avaient une atteinte cardiaque (AC), 9 une atteinte rénale (41%), 22 (100%) une atteinte hépatique : hépatomégalie n=16 (69,5%) ; cholestase anictérique n=20 (90 %), cholestase ictérique n=1 (4,5%), phosphatases alcalines : 1,1-11 fois la limite supérieure de la normale (LSN) n=19(82,6%), cytolyse ≥1,2LSN n=7 (30,4%). La valeur médiane d’E des 23 patients était : 27,4Kpa (8,4-75 KPa), l’IQR : à 11 ,6 (0-130) ; le TDR était 100% (45-100%). Le TDR était identique qu’il y ait ou non une atteinte cardiaque. Chez les patients avec AC (n=15) la valeur médiane d’E était de 34,3 KPa (8,4 – 75) ; l’ IQR était > 30% chez 6 patients (45%) (résultats non valides). Les patients avec atteinte hépatique sans AC avaient des valeurs d’E plus élevés que ceux avec AC :75Kpa ( 16, 30 -75 KPa) vs 34,3 KPa (8,4 – 75) (p<0.07) ; l’ IQR de ces patients était à 4.5(0-19) et le TDR de 100 %. Huit patients ont bénéficié d’une ponction biopsie hépatique par voie transjugulaire, la valeur d’E dans ce sous groupe était de 75 (10,3 -75) , IQR : 0 (0-11,6) ;4 n’avaient pas d’AC (médiane 75 ; IQR 0 ), 3 avaient une atteinte cardiaque (médiane 14 ; IQR ininterprétable) ), des dépôts amyloïdes ont été trouvés sur 7 biopsies, un malade avait une cirrhose et un autre une hypertension portale non cirrhotique.
Conclusion :
Ces résultats suggèrent que l’E au cours de l’amylose hépatique sans atteinte cardiaque est très élevée (75KPa ; IQR : 0). Ces valeurs sont probablement en rapport avec la dureté du foie non altérée par la stase hépatique liée à l’atteinte cardiaque. Lorsque il existe une atteinte cardiaque associé à l’atteinte hépatique les valeurs d’E sont ininterprétables du fait d’un IQR trop élevé.

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Hepatologie

UN TAUX ELEVE DE CORTISOL LIBRE SERIQUE PREDIT LA MORTALITE A 12 MOIS CHEZ DES PATIENTS CIRRHOTIQUES « STABLES ».

2011

Thierry THEVENOT (1), Richard I. DORIN (2), Clifford R. QUALLS (3), Béatrice CLERC (1) Remy SAPIN (4), Emilie GRANDCLEMENT (5), Jean-Paul CERVONI (1), Blandine ALBY (1), Delphine WEIL (1), Thibault DEGAND (1), Elisabeth MONNET (1), Vincent Di MARTINO (1), Rasa KAZLAUSKAITE (6).

Hépatologie –  2011-05-15 – CO –

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Introduction: L’évaluation de la fonction surrénale utilise classiquement le dosage du cortisol total sérique (CTS) qui surestime la prévalence de l’insuffisance surrénale dans la cirrhose. Le but de cette étude était (1) d’explorer et de comparer le cortisol libre sérique (CLS) mesuré et le CLS « estimé » en utilisant le test au Synacthène à 1 µg chez des patients cirrhotiques « stables ». L’estimation du CLS était réalisée par la formule de Coolens et al. (J Steroid Biochem 1987) et par l’équation de Dorin et al. (Dorin et al. Clin Biochem 2009); (2) d’explorer le CLS post-Synacthène comme prédicteur de la mortalité sans transplantation à 1 an.
Méthodes: Les dosage du CTS et du CLS étaient réalisés à 0 (T0) et 30 (T30) minutes après injection de 1 µg de Synacthène chez 95 patients cirrhotiques non infectés (34 Child-Pugh A, 29 B, 32 C) et sans dysfonction surrénale connue ou suspectée. Le CLS était obtenu par ultrafiltration centrifugale puis dosé par une méthode radio-immunologique. La concordance entre les valeurs du CLS mesuré et du CLS calculé avec les deux équations étaient analysée par la méthode de Bland et Altman. Les courbes de survie étaient construites selon la méthode de Kaplan-Meier et comparées par le test du log-rank.
Résultats: L’âge moyen était de 58±10 ans, la cirrhose était d’origine alcoolique (85%) et les hommes étaient majoritaires (69%). La durée moyenne du suivi des 90 patients non transplantés était de 15.9±6,5 mois et 17 patients décédaient (19%) 3.6±2.8 mois après l’évaluation de leur surrénale. Les patients Child C avaient des taux plus élevés de CLS à T0 et à T30, indépendamment des taux de CBG et d’albumine. La formule de Coolens sous-estimait le CLS (biais à 45%; P<0,001) surtout chez les patients ayant une albuminémie basse, contrairement à l’équation de Dorin (biais : 4%; P=0,14). Les patients décédés avaient 1) un score de MELD (22,6±7,9 vs. 14±5,8; P<0,001) et des concentrations de CLS à T30 (129±67 vs. 94±41 nmol/L; P=0,02) plus élevés ; et 2) des concentrations plus faibles de CBG (29±9 vs. 39±14 mg/L; P=0,007), d’albumine (23±6 vs. 31±7 g/L; P 79 nmol/L était un facteur prédictif de décès, indépendamment de l’albumine et des scores de Child et de MELD. Les patients ayant un CLS à T30 > 79 nmol/L (n=59) avaient une moins bonne survie que les autres patients (n=31).
Conclusions: La formule de Coolens sous-estime le CLS, contrairement à l’équation cubique développée par Dorin et al. Chez le patient cirrhotique stable hémodynamiquement, des concentrations élevées de CLS sont associées à un risque plus important de décès à 1 an, et ce de façon indépendante des autres prédicteurs connus (score de Child, MELD et albuminémie). Ce nouveau concept va à l’encontre de la théorie du syndrome hépato-surrénalien.

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Les malades infectés par le VHB sont-ils différents des malades infectés par le VHC ? Comparaison de 2 cohortes de malades nouvellement diagnostiqués inclus dans les registres prospectifs de la Belgian Association for the Study of the Liver (BASL)

2011

Bénédicte De Vroey1, Christophe Moreno2, Wim Laleman3, Marc van Gossum4, Isabelle Colle5, Chantal de Galocsy6, Philippe Langlet7, Geert Robaeys8, Hans Orlent9, Peter Michielsen10, Jean Delwaide11, Hendrik Reynaert12, Michael Adler2, Jean Henrion1, Pierre Deltenre1

1 Hôpital de Jolimont, Haine-Saint-Paul, 2 Hôpital Erasme, Bruxelles, 3 KUL, Leuven, 4 CHU Saint-Pierre, Bruxelles, 5 UZ, Gent, 6 Hôpitaux Iris Sud Bracops, Bruxeles, 7 CHU Brugmann, Bruxelles, 8 Ziekenhuis Oost-Limburg, Genk,9 AZ St Jan, Brugge, 10 UZ Antwerpen, Edegem, 11 CHU, Liège,
12 UZ, Brussels.

Hépatologie –  2011-05-15 – PW –

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Introduction: Les hépatites B et C présentent de nombreuses similitudes épidémiologiques et cliniques mais également des différences. En outre, leurs caractéristiques épidémiologiques semblent évoluer dans les pays occidentaux. Aucune étude comparant des cohortes représentatives de malades nouvellement diagnostiqués comme porteurs chroniques du VHB ou le VHC n’a été rapportée jusqu’ici.

But: Comparer les principales caractéristiques épidémiologiques, biologiques et histologiques de malades infectés par le VHB ou le VHC, nouvellement diagnostiqués en Belgique, et comparer leur prise en charge.

Méthode: Les données recueillies au moment du diagnostic de portage chronique du VHB ou VHC ont été extraites de deux registres prospectifs Belges, l’observatoire des porteurs chroniques de l’Ag HBs (2008-2009) et l’observatoire des porteurs chroniques de l’hépatite C (2003-2004).

Résultats: 705 malades (387 VHB et 318 VHC) ont été inclus. Par comparaison avec les malades infectés par le VHC, les malades infectés par le VHB étaient plus jeunes (36 vs. 44 ans, p<0.0001), plus fréquemment de sexe masculin (69 vs. 56%, p<0.0003), moins fréquemment d’origine caucasienne (43 vs. 86%, p<0.0001), moins fréquemment contaminés par transfusion ou toxicomanie (9 et 6% vs. 33 et 43%, respectivement, p<0.0001), plus fréquemment contaminés par transmission sexuelle ou familiale (40 et 30% vs. 1 et 1% respectivement, p<0.0001). Par comparaison avec les malades infectés par le VHC, les malades infectés par le VHB avaient plus fréquemment des taux normaux d’ALT (65 vs. 36%, p<0.0001) et des taux moindres de détectabilité d’acide nucléique viral par PCR (70 vs. 84%, p<0.0001). 303 malades ont eu une biopsie hépatique (29% des malades VHB et 61% des malades VHC, p2 (p=0.004). Un traitement antiviral fut moins souvent proposé chez les malades infectés par le VHB que chez les malades infectés par le VHC (25 vs. 47%, p<0.0001).

Conclusions: Les malades nouvellement diagnostiqués comme porteurs chroniques du VHB ou du VHC ont des caractéristiques épidémiologiques différentes qui devraient être prises en compte dans les démarches de dépistage. La prise en charge de ces malades fut également différente, une biopsie hépatique étant moins souvent réalisée et un traitement antiviral moins souvent proposé chez les malades infectés par le VHB.

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Hepatologie

La flore bactérienne influence-t-elle la survie sans transplantation chez les malades cirrhotiques présentant une péritonite bactérienne spontanée?

2011

Marie de Vos1, Bénédicte De Vroey1, François Kidd2, Jean Henrion1, Pierre Deltenre1
1 Service d’Hépato-Gastroentérologie, Hôpital de Jolimont, Haine-Saint-Paul.
2 Service de Médecine Interne Générale, Hôpital de Jolimont, Haine-Saint-Paul, Belgique

Hépatologie –  2011-05-15 – PW –

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Introduction: Chez les malades cirrhotiques, la flore bactérienne pourrait se modifier suite à un usage plus systématique des antibiotiques (AB). L’influence de ces modifications sur le pronostic de la péritonite bactérienne spontanée (PBS) n’est pas connue.

But: Analyser: A/ la flore bactérienne chez les malades présentant une PBS, et B/ l’influence de la flore bactérienne sur le pronostic de ces malades.

Méthodes: A/ Les bactéries, leur sensibilité aux AB et la prise préalable d’AB ont été rétrospectivement évaluées chez 55 malades ayant développé une PBS (65% d’hommes, âge médian de 56 ans, 87% de cirrhose d’origine éthylique). B/ La probabilité de survie sans transplantation à 6 mois a été calculée à partir du diagnostic de PBS en rapport avec les caractéristiques de l’infection.

Résultats: A/ Des bactéries ont pu être isolées dans l’ascite de 43 malades: 26 bacilles Gram-négatifs (BGN), 14 coques Gram-positifs (CGP) et 3 associations de BGN et de CGP. Seuls 4 malades étaient infectés par des bactéries résistantes aux AB de première ligne. Aucune bactérie n’était multi-résistante. Les PBS étaient d’origine nosocomiale (malades hospitalisés depuis 3 jours au moins) dans 15 cas et communautaires chez 40 malades. Par comparaison aux PBS communautaires, les PBS nosocomiales étaient similairement dues à des BGN (33 vs. 52%) ou des CGP (33 vs. 22%) (p=0.3) mais étaient plus fréquemment dues à des bactéries résistantes (27% vs. 0%, p=0.004). La prise d’AB avant le développement de la PBS n’influençait pas le type de bactérie ni la fréquence de résistance (11 vs. 7%, p=0.6). B/ 46 (84%) des malades sont décédés. L’âge médian au diagnostic de PBS (56 vs. 61 ans, p=0.9) et la distribution par sexe (70 vs. 44% d’hommes, p=0.15) étaient similaires chez les malades qui sont décédés et ceux qui ont survécu. Par comparaison avec les malades qui ont survécu, ceux qui sont décédés avaient plus fréquemment une cirrhose d’origine éthylique (91 vs. 67%, p=0.04), mais étaient similairement infectés par BGN (50 vs. 33%), par CGP (26 vs. 22%) (p=0.6) ou par bactéries résistantes (4 vs. 22%, p=0.1). Le taux de protéines dans l’ascite était plus bas (1.1 vs. 1.5g/dL, p=0.09) chez les malades qui sont décédés. La réponse aux AB était le seul déterminant de la survie à 6 mois (43.7±9.4% chez les répondeurs vs. 0% chez les non-répondeurs, p=0.0001). Par rapport aux répondeurs, les non-répondeurs aux AB étaient similairement infectés par BGN, par CGP, et par bactéries résistantes (25 vs. 3%, p=0.12), mais souffraient plus fréquemment de PBS d’origine nosocomiale (50 vs. 17%, p=0.05).

Conclusion: Dans cette étude, la plupart des malades étaient infectés par BGN et la plupart des bactéries étaient sensibles aux AB de première ligne. Il n’y avait pas de multi-résistance. La réponse aux AB fut le seul facteur pronostique. La résistance aux AB de première ligne n’influençait pas le pronostic. Les malades non-répondeurs aux AB avaient plus fréquemment une infection d’origine nosocomiale. Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

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Hepatologie

Les inhibiteurs de la pompe à protons et les bêta-bloquants influencent-ils l’incidence et le pronostic de la péritonite bactérienne spontanée du malade cirrhotique?

2011

Marie de Vos1, Bénédicte De Vroey1, François Kidd2, Jean Henrion1, Pierre Deltenre1
1 Service d’Hépato-Gastroentérologie, Hôpital de Jolimont, Haine-Saint-Paul,
2 Service de Médecine Interne Générale, Hôpital de Jolimont, Haine-Saint-Paul, Belgique

Hépatologie –  2011-05-15 – CO –

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Introduction: Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) pourraient être responsables de prolifération bactérienne intestinale et de translocation bactérienne. A l’opposé, les β-bloquants (BBl) pourraient accroître la motilité intestinale et diminuer cette translocation. L’influence de ces médicaments sur l’incidence et le pronostic de la péritonite bactérienne spontanée (PBS) du cirrhotique reste à démontrer.

But: Analyser l’impact des IPP et des BBl sur l’incidence et le pronostic de la PBS.

Méthodes: A/ La prise d’IPP et de BBl a été rétrospectivement évaluée chez 55 malades ayant une PBS et comparée à un groupe contrôle de 80 malades cirrhotiques hospitalisés, mais non-infectés. B/ Chez les malades avec PBS, la probabilité de survie sans transplantation à partir de l’épisode de PBS a été calculée en rapport avec la prise ou non d’IPP et de BBl. Chez ces malades, la probabilité de survie sans transplantation a de plus été évaluée à partir du premier épisode de décompensation de la cirrhose.

Résultats: A/ La distribution par sexe (65 vs. 56% d’hommes) et la prévalence de cirrhose d’origine éthylique (87% vs. 81%) étaient similaires chez les malades avec PBS et les contrôles. Les malades avec PBS étaient plus jeunes que les contrôles (56 vs. 60 ans, p=0.04). La prise d’IPP était plus fréquente chez les malades avec PBS que dans le groupe contrôle (51 vs. 33%, p=0.04). La différence restait semblable quand seuls les contrôles avec ascite étaient pris en compte (51 vs. 35%, p=0.1). La prévalence de traitement par BBl était similaire chez les malades avec PBS et les contrôles (38 vs. 40%, NS). B/ 46 (84%) des malades avec PBS sont décédés. La survie à 6 mois de ces malades fut de 35.6±6.7%. L’âge, les valeurs de CRP, de bilirubine, d’albumine, de créatinine et d’INR, ainsi que les scores CHILD et MELD n’étaient pas différents entre les malades décédés et survivants. A l’opposé, les malades décédés avaient une natrémie inférieure (129 vs. 132 meq/L, p=0.04) et un score MELD-Na plus élevé (20.4 vs. 16.8, p=0.06). La prise d’IPP (52 vs. 44%, NS) ou de BBl (39 vs. 33%, NS) était similaire chez les malades décédés et survivants. La survie sans transplantation à 6 mois était similaire chez les malades sous ou sans IPP (43.1±9.7% vs. 29.6±9.2%, NS) et chez les malades sous ou sans BBl (45.0±11.1% vs. 31.0±8.4%, NS). L’âge médian au décès était similaire chez les malades sous ou sans IPP (57.1 vs. 57.2 ans, NS) et chez ceux sous ou sans BBl (55.7 vs. 57.3 ans, NS). La survie sans transplantation à 2 ans à partir du premier épisode de décompensation de la cirrhose était similaire chez les malades sous ou sans IPP (66.7±9.6% vs. 55.3±10.1%, NS) et chez les malades sous ou sans BBl (63.2±11.1% vs. 59.4±9.1%, NS).

Conclusion: Dans cette étude, la prise d’IPP augmentait le risque de PBS mais n’influençait pas le pronostic de celle-ci. La prise de BBl n’influençait ni le risque ni le pronostic de la PBS. Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

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Hepatologie

Traitements curatifs du CHC en France : pour quels patients ? Résultats issus de l’observatoire CHANGH

2011

I Rosa Hezode, J Denis, X Causse, B Condat, J Henrion, E Diaz, D Grasset, J-L Payen, G Bellaiche, B. Bour, J.-A. Seyrig, J.-P. Arpurt, A Pauwels, H Labadie, L Bettan, C Wartelle Bladou , H Hagège pour le groupe d’étude CHANGH de l’ANGH
I Rosa Hezode, J Denis, X Causse, B Condat, J Henrion, E Diaz, D Grasset, J-L Payen, G Bellaiche, B. Bour, J.-A. Seyrig, J.-P. Arpurt, A Pauwels, H Labadie, L Bettan, C Wartelle Bladou , H Hagège pour le groupe d’étude CHANGH de l’ANGH

Hépatologie –  2011-05-12 – CO –

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CHANGH est un observatoire prospectif national de l’ANGH sur les caractéristiques épidémiologiques et la prise en charge actuelle du CHC. L’objectif du travail présenté est d’analyser les facteurs associés à l’accès à une prise en charge curative.
Malades et méthodes :
L’étude s’est déroulée de mai 2008 à octobre 2009 dans 103 hôpitaux, principalement des hôpitaux de l’ANGH. 1287 malades présentant un CHC nouvellement diagnostiqué ont été inclus. L’âge moyen était de 67 ans, 84% étaient des hommes. Une cirrhose était présente dans 86% des cas. Le traitement était considéré curatif lorsqu’il s’agissait d’une résection chirugicale, d’un traitement par radiofréquence ou une transplantation hépatique. Le traitement palliatif comportait soit une chimioembolisation soit une chimiothérapie. Le traitement symptomatique consistait en la réalisation de soins de confort.
.Résultats : Une résection chirurgicale a été proposée chez 10% des patients. 75% des patients étaient opérés dans l’établissement et 25% étaient adressés dans un centre de référence. Une radiofréquence était pratiquée chez 9% des malades. Une transplantation hépatique était proposée chez 8% des malades. Elle était acceptée dans 60% des cas. Un traitement d’attente était réalisé chez 39 des 44 malades inscrits sur liste de transplantation. Au total, le traitement curatif était proposé chez 27% des patients. Un traitement palliatif était proposé dans 32.5% des cas : chimioembolisation dans 15% des cas et chimiothérapie dans 17,5% des cas. La chimiothérapie proposée était dans 95% des cas le sorafénib. Des soins de support étaient proposés chez 40,5% des malades
En analyse multivariée, les facteurs indépendants associés au traitement curatif étaient l’age inférieur à 70 ans ( OR= )(p<0.001), un CHC diagnostiqué dans le cadre d’un programme de dépistage (OR=)(p<0.0001), un nodule unique (OR=) (p<0.0001), une alphafoetoprotéine < 1000 ng/ml (OR=)(p<0.0001) et un statut OMS <2.((p<0.0001). L’étiologie de la cirrhose (alcool versus autres causes), le score de Child Pugh n’étaient pas des facteurs associés au traitement curatif.
Conclusion :
Un traitement curatif du CHC a été proposé chez 27% des malades de cette cohorte. Les facteurs associés au traitement curatif étaient l’âge <70 ans, un statut OMS <2, un CHC dépisté dans le cadre d’un programme de surveillance, une alpha-foetoprotéine <1000 ng/ml et l’existence d’un nodule unique. En revanche, l’étiologie de la cirrhose ne semble pas avoir d’impact sur la réalisation d’un traitement curatif. Cette étude démontre l’intérêt du dépistage du CHC chez les malades cirrhotiques et son impact sur une prise en charge curative.

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Hepatologie

Hyponatrémie sévère (≤125 mmol/l) du cirrhotique avec ascite : effet et valeur pronostique de perfusions d’albumine

2011

Arnaud Pauwels, Valérie Dhalluin-Venier, Agathe Chantal Simo, Abdelkrim Medini, Claire Lecouillard-Trilling, Catherine Pannetier-Deplus
Service d’Hépato-Gastroentérologie, Centre Hospitalier de Gonesse (Val d’Oise)

Hépatologie –  2011-05-15 – CO –

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L’hyponatrémie est une complication de la cirrhose avec ascite. Elle a une valeur pronostique péjorative, prise en compte dans le MELD-Na. Pour autant, deux études suggèrent que les perfusions d’albumine pourraient améliorer l’hyponatrémie de la cirrhose.
But de l’étude : Évaluer l’effet de perfusions d’albumine sur l’hyponatrémie sévère (≤125 mmol/l) de la cirrhose avec ascite et préciser sa signification pronostique.
Patients et méthodes : Tous les patients cirrhotiques avec ascite hospitalisés dans le service entre septembre 2009 et avril 2011 qui présentaient une hyponatrémie ≤ 125 mmol/l, persistante à 24 heures d’intervalle, ont été inclus dans cette étude. Les patients ont reçu une perfusion quotidienne de 40 g d’albumine pendant 5 jours (J1-J5). L’évolution de leur natrémie à J6 et J30 a été précisée, ainsi que leur survie à 3 mois.
Résultats : Neuf patients (hommes : 5 ; âge moyen : 58,5 ans ; étiologie alcoolique : 8) ont été inclus (natrémie médiane : 123 ; extrêmes : 120-125). Trois patients ont répondu aux perfusions d’albumine avec une remontée de leur natrémie ≥ 130 mmol/l (médiane : 136 ; extrêmes : 130-136, pour la natrémie à J6). À J30, ils gardaient une natrémie ≥ 130 mmol/l (médiane : 134 ; extrêmes : 132-138). Ils étaient tous les trois en vie à 3 mois, et le sont toujours au 15/5/11 avec un recul de 6, 8 et 19 mois. Six patients n’ont pas répondu aux perfusions d’albumine (médiane : 125 ; extrêmes : 118-129, pour la natrémie à J6). À trois mois, 4 étaient décédés (J6, J66, J67 et J90) et un avait été transplanté (J55). La dernière patiente est en vie au 15/5/11 (J56) et inscrite sur liste de transplantation. Il n’y avait pas de différence entre répondeurs et non répondeurs quant à la gravité de la maladie du foie évaluée par le MELD à J1 (répondeurs : 18, 30 et 32 ; non répondeurs : 15, 16, 16, 22, 22 et 28). Leur fonction rénale évaluée par la créatininémie à J1 était également comparable (médiane : 70 µmol/l pour les répondeurs vs. 67 pour les non répondeurs). Par contre, l’albuminémie à J1 tendait à être en médiane plus basse chez les répondeurs (20 g/l vs. 24,5 chez les non répondeurs) ; après perfusion d’albumine, elle augmentait à 32 g/l, vs. 34 chez les non répondeurs.
Conclusions : Cette petite étude préliminaire suggère qu’une perfusion d’albumine pendant 5 jours permet de corriger une hyponatrémie sévère chez certains patients cirrhotiques avec ascite, et qu’en ce cas le pronostic à 3 mois est bon. A contrario, lorsqu’elle est inefficace, le pronostic semble engagé à très court terme. Ces premiers résultats nous incitent à proposer d’élargir cette étude à d’autres centres sous l’égide de l’ANGH.