2024
AJ REMY, H BOUCHKIRA, J HERVET, A HAPPIETTE, S DJAZOULI, N ARIZA
Hépatologie – 16/05/2024 – Communication orale
Etat des lieux : En 2016, l’OMS s’est fixé l’objectif d’éliminer l’hépatite C d’ici 2030. Depuis 2016, les directives du ministère de la Santé et les recommandations de l’association française d’hépatologie étaient de traiter tous les usagers de drogues, quel que soit le niveau de fibrose avec des agents antiviraux directs (AAD). Néanmoins, l’accès au dépistage, aux soins et au traitement du VHC chez les toxicomanes et les sans-abri restait faible en France. L’équipe mobile hépatites (EMH) du Centre Hospitalier de Perpignan a été créée en 2013 et a déjà guéri près de 1000 patients atteints du VHC dans une approche de proximité personnalisée. L’EMH utilise des TROD, la mesure de la charge virale en temps réel par le système GENEXPERT, le FIBROSCAN et la prescription infirmière des AAD. Malgré tout, il persiste des usagers de drogues non détectés et / ou non traités. Depuis 2022, nous avons mis en évidence une augmentation des patients re-contaminés par le VHC (27 % du total des patients traités par notre équipe en 2022). Le projet pilote de test TO TREAT du VHC a été mis en œuvre par l’EMH de 2019 à 2021 dans le cadre de l’article 51. Dans son évaluation nationale et européenne (projet OPTIMIZE), il a montré ses limites sur la gestion des usagers de drogues qui fréquentent les services de santé et/ou les structures sociales et associatives, à haut seuil mais aussi à bas seuil. Le recours à un pair pour encourager et dépister l’hépatite C augmente le nombre de personnes testées et traitées, réduit le nombre de nouvelles infections et de recontaminations, comme l’ont démontré des expériences étrangères, notamment anglaise et irlandaise. La structure de notre population cible au sein de notre zone d’action nous a amené à proposer un projet de recrutement de personnes pairs, ex-usagers de drogue actifs mais connaissant l’environnement et les codes d’accès à ces populations. Le choix de pairs différents permet de couvrir des zones sociales et géographiques différentes. Ce soutien du dépistage par les pairs n’est pas usuel en France malgré le succès du projet ICONES à Montpellier qui a démontré l’intérêt de faire appel à des patients pairs rémunérés pour augmenter le taux de dépistage des populations vulnérables très éloignées du soin. Objectifs : mettre en place un dépistage par TROD par des pairs formés afin d’aboutir à une élimination VHC dans les populations vulnérables particulièrement éloignées du soin. Déroulé de l’action : Après formation aux TROD sur 2 jours comme exigé par la réglementation en vigueur, des pairs ont été déployés sur des zones socialement et géographiquement distinctes. Ils réalisent dans la rue ou dans les lieux de consommation de drogues des TRODs VHC chez des personnes jamais dépistées. Tous les patients dépistés ont reçu une brochure d’information et ont donné leur consentement pour participer à l’étude. Les pairs patients ont été rémunérés en fonction du nombre de tests effectués, peu importe le résultat du test de dépistage du VHC. Nous avons prévu de dépister 450 usagers de drogues. Les patients dépistés positifs sont orientés par le pair vers les infirmiers, le médiateur et l’assistante sociale de l’Equipe Mobile Hépatites pour une prise en charge spécifique et adaptée. Résultats : 4 sessions de formation aux TROD ont été organisées sur Perpignan et Narbonne; 30 usagers avaient accepté le principe de participer au projet, mais seulement 12 d’entre eux sont venus suivre la formation. Au 1er mai, 70 tests ont été effectués, dont 11 positifs (16%). Six charges virales C ont été réalisées Un patient avait une charge virale C positive et était en situation de recontamination par usage de drogues. Des résultats plus détaillés seront présentés lors du congrès. Conclusions : Le dépistage du VHC par les pairs est un outil simple et efficace qui améliore le parcours de soins et augmente le nombre de patients guéris du VHC, qui n’ont jamais participé au processus de soins sans ce dépistage par les pairs. Aucun inconvénient n’est mis en évidence après 2 mois d’action.
Liens d’intérêts : étude ayant reçu un financement de GILEAD Sciences