2025
Mathilde POQUET, Charles GELLOZ, Marion JAGER, Florence SKINAZI
Service d’Hépatogastroentérologie
Hôpital Delafontaine, 2 rue du Dr Delafontaine 93200 Saint Denis
Hépatologie – 23/04/2025 – Cas clinique
Deux patients ont été admis dans le service d’hépato-gastroentérologie de Saint Denis (93) pour des tableaux cliniques très différents relevant pourtant d’un même diagnostic :
Le premier patient est âgé de 60 ans. Il présente de violentes douleurs épigastriques. Il aurait été opéré de l’estomac 10 ans auparavant et il se plaint depuis 1 mois d’un syndrome ulcéreux. Il a perdu 8 kg, il ne s’alimente plus. L’examen clinique est difficile car le patient est plié en deux mais on observe des lésions palmo-plantaires desquamantes
La biologie standard est normale. Un scanner abdomino pelvien a été réalisé et retrouve des adénopathies périgastriques non nécrotiques
La gastroscopie révèle un vaste ulcère antral d’allure très suspecte. Les biopsies décrivent un infiltrat inflammatoire lymphoplasmocytaire organisé focalement en nodules lymphoides.
Le deuxième patient est congolais, il est âgé de 41 ans. Il consomme du crack et du THC. Il est hospitalisé pour une hépatite aigue révélée par des épigastralgies. Il rapporte la prise de 6g de paracétamol par jour pendant une semaine pour des céphalées et présente une labilité de l’humeur. L’examen clinique est normal. Le TP est à 81%, ASAT à 23N, ALAT à 17N, GGT à 14N, PAL à 3N, bilirubine totale à 30 µmol/l. Les sérologies virales A, B, C et E sont négatives, le dosage pondéral des immunoglobulines et les anticorps anti tissus sont normaux.
Le scanner abdomino-pelvien montre un foie de taille normale, à contours réguliers et des adénopathies inguinales et des chaines iliaques externes bilatérales.
Les transaminases s’améliorent rapidement sous N-Acétyl-Cystéine, mais les épigastralgies persistent et la cholestase se majore (PAL à 8N, GGT 16N, bilirubine totale à 113 µmol/L).
La bili-IRM montre un foie modérément dysmorphique, quelques ganglions du hile hépatique et des voies biliaires normales.
Une biopsie hépatique est réalisée et retrouve une cholangite et péricholangiolite, sans fibrose, sans plasmocyte ni granulome.
Dans les deux cas, un seul et même diagnostic va pouvoir être posé grâce à un examen biologique simple. Quel diagnostic évoquez-vous pour ces deux tableaux ?
Quel signe clinique aurait pu orienter facilement votre diagnostic dès le départ ?
Diagnostic : Syphilis gastrique et hépatique.
Ces deux cas mettent en lumière deux atteintes possibles des organes digestifs par le Tréponema pallidum