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Gastroenterologie

Pertinence clinique de la prescription de la nutrition parentérale (NP) dans un hôpital général

2009

Faiza Khemissa-Akouz(1), Isabelle Heran-Michel (2), Delphine Grau(2), Lydie Grando(2), Sofiane Dahmouni(1), Stephane Ollivier(1), Evelyne Duplissy(2), André-Jean Remy(1), Bernard Heran(1).
(1) service d’hépato-gastroentérologie et de cancérologie digestive
(2) service pharmacie
hôpital Saint-Jean, Perpignan.

Gastroentérologie –  2009-07-07 – CO –

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L’intérêt porté à la dénutrition hospitalière soulève des questions sur le bon usage de la nutrition artificielle. La NP présente un risque iatrogène technique, septique et métabolique important et doit être mise en place uniquement lorsque la nutrition entérale (NE) est impossible, insuffisante ou mal tolérée. Cette étude a pour but d’évaluer si la prescription de la NP est justifiée et si l’administration de la NP est adéquate par rapport aux besoins nutritionnels des patients.

Matériels et méthodes : une étude rétrospective a été menée sur une période de 3 mois consécutifs chez 54 adultes (30 hommes et 14 femmes), d’âge moyen 63,5 +/- 15 hospitalisés dans des services de médecine et de réanimation et chez qui une NP a été prescrite. Le groupe de travail (médecins et pharmaciens) a établi une grille de recueil de données comportant le référentiel des indications validées de NP, retenues comme critères de pertinence (ESPEN Guidelines Clin Nutr 2006 ; 25 :177-360). Un guide de bonnes pratiques a été diffusé par le Comité de Liaison Alimentation et Nutrition dans tous les services hospitaliers pour l’aide à la prescription. La NP a été considérée comme justifiée seulement en cas de contre-indication à la NE. L’administration de la NP a été considérée comme adéquate lorsque les besoins nutritionnels des patients étaient couverts par une NP complétée en vitamines et oligo-éléments et fournissant 110% de la formule d’HARRIS et Benedict pour l’énergie. Le type de nutrition (périphérique ou centrale) était spécifié pour chaque patient ainsi que sa durée.
Résultats : la NP était considérée comme justifiée dans 70 % des cas. En revanche elle n’était pas adaptée aux besoins des malades chez 50 % des patients soit du fait que les paramètres anthropométriques n’étaient pas notés dans le dossier (25% des cas) soit le plus souvent les apports étaient insuffisants par rapport aux besoins théoriques. L’apport des vitamines et les oligoéléments n’est pas systématique et n’est présent que dans 25% des cas.
La voie nutritionnelle était considérée comme inadéquate dans 27 % des cas, la voie périphérique ayant été utilisée pour des durées de nutrition ou trop courtes (moyenne de 4 jours) ou largement supérieures à 14 jours.

Conclusions : la nutrition parentérale est le plus souvent proposée dans de bonnes indications. Cependant, sa prescription ne respecte pas forcément ni les règles fondamentales répondant aux besoins caloriques réels des patients qui restent le plus souvent sous alimentés, ni aux règles d’utilisation des différentes voies proposées. Davantage d’enseignements auprès des équipes médicales et des évaluations des pratiques de prescription en matière de NP devraient être préconisées afin de réduire les risques des complications et les coûts de traitement.