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Hepatologie

VULNAPSY-C, étude des facteurs de vulnérabilité psychologique liés aux réinfections par le virus de l’hépatite C : résultats préliminaires

2022

AJ REMY (1), J HERVET (1), J DELMONTE (2)
(1) Centre Hospitalier de Perpignan
(2) Laboratoire LPS, Université d’Aix-Marseille

Hépatologie –  2022-04-22 – CO –

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Rationnel : dans le monde, la prévalence des réinfections au virus de l’hépatite C reste extrêmement élevée chez les usagers de drogue, jusqu’à 10.5/100 personnes par an. La littérature internationale suggère que l’intervalle de test pour la virémie récurrente du VHC (par exemple, toutes les 24 semaines ou 12 semaines) peut jouer un rôle dans le taux de réinfection notamment dans les populations à risque élevé de comportements à risque (échange de seringue). A notre connaissance aucune recherche n’a évalué les facteurs de vulnérabilité psychologique (cognitifs, émotionnels et traits de personnalité) majorant les risques de réinfections dans ces populations. La mise en évidence de ces facteurs de vulnérabilités pourrait conduire à maximiser l’efficacité de groupes de prévention de la rechute par la détection des populations les plus à risque. Objectifs : proposer aux patients différents questionnaires et échelles permettant l’évaluation des processus cognitifs, émotionnels et des traits de personnalité. Le nombre de réinfections au VHC a été également quantifié par quantification de la charge virale C. Notre objectif secondaire a été d’évaluer sur le nombre de réinfections l’influence du niveau de connaissance des patients concernant les facteurs de risques de contamination ainsi que le niveau de croyances reliées à la santé. Matériel et Méthodes : auto-administration d’un document comprenant le score de précarité EPICES, des tests cognitifs, un questionnaire d’impulsivité (UPPS), un questionnaire de personnalité BIG 5), un questionnaire du niveau de connaissance des facteurs de risque de contamination et un questionnaire des croyances reliées à la santé. La méthodologie choisie a été de proposer l’étude à tous les patients, hommes et femmes, (primo infectés et réinfectés), soit lors de la phase diagnostique initiale, soit de la phase de surveillance post traitement, pendant laquelle les recommandations sont de réaliser un dosage annuel de la charge virale C. Une approche multisite (CSAPA, CAARUD, prison, squats) a été utilisée pour maximiser le recrutement. Le temps de remplissage a été estimé entre 30 et 45 minutes. Le recueil des données médicosociales personnes a été effectué parallèlement par un infirmier de notre équipe.
Résultats : 30 malades guéris sans réinfection et 16 malades réinfectés par le HCV par usage de drogues après guérison ont rempli le questionnaire ; 85% d’hommes, âge moyen 34 ans. Les patients réinfectés sont plus jeunes, de niveau éducatif plus bas, plus souvent sans domicile fixe et ayant des antécédents de maladies psychiatriques que les patients sans réinfection. Les autres facteurs favorisant la réinfection seront présentés lors du congrès. Chez les patients réinfectés, les résultats étaient les suivants : Plus le patient pense qu’il est responsable de sa maladie plus il est impulsif (dimension urgence impulsivité émotionnelle). Plus le patient à conscience des conséquences de sa maladie plus il est impulsif (dimension urgence impulsivité émotionnelle). Plus le patient est impulsif (score total + dimension urgence impulsivité émotionnelle), plus il présente un score élevé de névrosisme (trait de personnalité négativiste). Moins le patient exprime le trait de personnalité « conscience », plus il présente un manque de persévération de ses comportements (impulsivité cognitive). Plus le patient exprime le trait de personnalité « ouverture », plus il met en place des comportements impulsifs type recherche de sensations.
Plus le patient participe aux ateliers réduction des risques, plus il se sent responsable de sa maladie, plus il a conscience des conséquences de sa maladie et plus il a de pensées magiques concernant sa contamination (exemple item : « le simple fait de voir quelqu’un de malade est suffisant pour me rendre malade aussi »). Il n’y avait pas de corrélation avec le score de précarité EPICES. Les résultats concernant les patients primo-contaminés seront détaillés lors du congrès. Conclusion : il existe des facteurs de vulnérabilité psychologique et sociale favorisant la réinfection HCV par usage de drogues. Des actions ciblées sur les patients les plus à risque sont indispensables pour contribuer à l’élimination du VHC en France.

Références
1. Akiyama, M.C.; Charles, M.; Lizcano, J.; Cherutich, P.K. & Ann, E. (2018). Hepatitis, C. Prevalence, Estimated Incidence, Risk Behaviors, and Genotypic Distribution among People Who Inject Drugs in Kenya. Available online: https://ssrn.com/abstract=3220107 or http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.3220107.
2. Gountas, I.; Sypsa, V.; Blach, S.; Razavi, H. & Hatzakis, A., (2018). HCV elimination among people who inject drugs. Modelling pre- and post–WHO elimination era. PLoS ONE, 13, e0202109.
3. Muller, A.; Vlahov, D.; Akiyama, M.J. & Kurth A., (2020). Hepatitis C Reinfection in People Who Inject Drugs in Resource-Limited Countries: A Systematic Review and Analysis. Int. J. Environ. Res. Public Health. 9;17(14):4951. doi: 10.3390/ijerph17144951
4. Rossi, C.; Butt, Z.A.; Wong, S.; Buxton, J.; Islam, N.; Yu, A.; Darvishian, M.; Gilbert, M.; Wong, J.; (2018). BC Hepatitis Testers Cohort Team. Hepatitis C virus reinfection after successful treatment with direct-acting antiviral therapy in a large population-based cohort. J. Hepatol. 2018, 69, 1007–1014.
5. Remy AJ, Bouchkira H, Hervet J, Happiette A, Wenger H. Mobile Hepatitis Team: a new pathway of HCV outreach care, since screening to treatment. Gut and Gastroenterology 2019, 2: 1-6.