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Hepatologie

Hématurie macroscopique avec saignement glomérulaire responsable d’insuffisance rénale chez les patients cirrhotiques

2024

HT Zougmoré (1), JFD. Cadranel (1), I. Brochériou (2), P. Pulwermacher (1) ; M. Medmoun (1) ; R. Smadhi (1), JR. Ngele Efole (1) L. Benselam (3) R. Demontis (3)
1 . Service d’hépato-gastroentérologie –GHPSO-Creil
2. Service d’anatomopathologie -Pitié Salpétrière-Paris
3 .Service de néphrologie-GHPSO-Creil


Hépatologie – 10/05/2024 – Communication orale

Introduction
L’insuffisance rénale aiguë (IRA) chez les patients (PTS) atteints de cirrhose (C) a fait l’objet de plusieurs mises au point récentes. Parmi celles-ci, il est une forme mal connue d’hématurie macroscopique (HM) : l’IRA consécutive à un épisode d’hématurie macroscopique en rapport avec un saignement glomérulaire ; cette IRA est associée à une néphropathie à IgA secondaire à une C ; et peut bénéficier d’une épuration extra-rénale (EER). Le but de cette étude multicentrique rétrospective était de rapporter plusieurs cas d’hématurie macroscopique de ce type.

Patients et méthodes
Des pts cirrhotiques ayant présenté une IRA associée à une hématurie macroscopique d’origine glomérulaire (HMG) ont été étudiés. Chez tous les pts, le diagnostic de syndrome hépato-rénal (SHR) avait été éliminé selon les critères requis. Tous ces pts ont présenté une HMG et ont bénéficié d’une biopsie rénale (BR) par voie transjugulaire associée ou pas à une biopsie hépatique. Pas de notion de prise de médicaments néphrotoxiques dans les quatre semaines précédant l’hospitalisation. Le diagnostic de la cirrhose reposait sur l’histologie, des critères clinico-biologiques, morphologiques et endoscopiques. Ont été évalués : la sévérité de la maladie hépatique, les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, biologiques, histologiques, le traitement et les aspects évolutifs.

Résultats
Onze pts cirrhotiques ont fait l’objet de cette étude (7 H) ; âge moyen 59 ans (40-83). Le diagnostic de la cirrhose était histologique pour 5 pts et sur des arguments clinico-biologiques, morphologiques et endoscopiques pour les 6 autres. La cirrhose était en lien avec l’alcool chez 7 pts dans 64%, chez 2 pts avec une hépatite virale C, chez 1 pt avec une NASH et 1 pt avec une hémochromatose génétique. Selon la classification de Child pugh, 2 pts étaient A, 7 B, 2 C. Les pts étaient hospitalisés pour une HM et une IRA.
L’IRA et la C étaient découvertes dans le même temps pour 5 d’entre eux. 7 pts avaient de l’ascite et 3 pts un ictère.
Tous les patients ont eu une biopsie rénale par voie transjugulaire. La créatinémie moyenne était de 790 (450-1600) umol/l. Six étaient oliguriques et ont bénéficié d’une épuration extra-rénale (EER).
Le bilan auto-immun s’est révélé négatif chez tous les pts. La biopsie rénale a montré dans tous les cas des lésions glomérulaires avec des dépôts prédominants d’IgA et des lésions tubulaires marquées avec une grande quantité d’érythrocytes dans la lumière tubulaire.
Six pts ont eu recours à une EER pendant 81 jours (11-240). Deux d’entre eux sont décédés (mort subite pour l’un, et une insuffisance rénale terminale pour l’autre). Chez les 4 autres, les fonctions rénales se sont rétablies, ce qui a conduit à l’arrêt de l’EER. Chez les 5 patients qui n’ont pas eu besoin de dialyse, la fonction rénale s’est améliorée chez 3 d’entre eux sous traitement déplétif à fortes doses, les 2 autres sont décédés des complications liées à la cirrhose.

Conclusion
Chez les pts cirrhotiques, l’insuffisance rénale aigue est une complication fréquente chez les pts ayant une cirrhose décompensée. Chez tout pt cirrhotique, une IRA sans cause classique (syndrome hépato-rénal, néphropathie tubulaire, …) non élucidée devrait faire l’objet d’une PBR par voie transjugulaire afin de déterminer l’existence d’une HGM possiblement en rapport avec une néphropathie à IgA. En effet, en cas d’IRA en rapport avec une HGM, le recours à l’EER peut être nécessaire.