Catégories
Hepatologie

Elimination du VHC au CH de Bourg en Bresse: un engagement pluridiscipinaire

2020

Meurisse Jean Jacques,Claveranne Stéphanie,Devers Stéphane

Hépatologie –  2020-07-01 – CO –

________________________________

Avec les nouveaux traitements de l’hépatite C , l’éradication du VHC parait envisageable avec des objectifs variables, 2030 pour l’OMS dans le monde , 2025 en France pour nos autorités.Il resterait environ
100 000 patients à traiter dont 70% ignorent leur infection. Les dépister reste un problême majeur .
A l’hôpital de Bourg en Bresse, l’équipe ETP-VHC a organisé un dépistage systématique du VHC lors des consultations anesthésie. Pour aboutir dans cette démarche, plusieurs éléments nous ont paru essentiels: avoir l’aval institutionnel qui ouvre accès au service communication de l’hôpital, ,travailler avec un service bien structuré et un personnel motivé (en l’occurrence le service d’anesthésie dans notre hôpital) ,avoir une cible modeste pour un message clair (dépistage du VHC seul) ,diffuser dans tous les services une affiche avec les coordonnées de l’équipe d’ETP-VHC,faire un retour d’information aux médecins .
Au delà de la rentabilité éventuelle de ce dépistage qui sera évaluée à 6 mois , cette démarche a sensibilisé patients et soignants en créant une dynamique autour du VHC.

Catégories
Gastroenterologie

Ascite sur rupture du canal pancréatique principal associé à une décompensation oedémato-ascitique

2020

Anaïs Bertrand (1), Cristina Levi (1), Bénédicte Lambare (1)
(1) Service d’hépato-gastro-entérologie, CH Sud-Francilien, Corbeil-Essones

Gastroentérologie –  2020-07-15 – CC –

________________________________

Introduction. Si l’ascite pancréatique est bien décrite dans la littérature, elle demeure rare parmi les causes d’ascite. Il s’agit d’un diagnostic différentiel peu évoqué en première intention, notamment chez les patients ne présentant pas de signe de maladie pancréatique.

La concentration de lipase dans l’ascite supérieure à 1000 UI/L, la tomodensitométrie abdominale ainsi que la pancréatographie par résonnance magnétique permettent de faire le diagnostic de la lésion pancréatique et de la rupture du canal pancréatique principal. Le traitement peut être uniquement médical, mais aussi chirurgical ou endoscopique.

Cas clinique. Nous présentons le cas d’un patient qui a été pris en charge pour majoration du périmètre abdominal. L’échographie réalisée en urgence a révélé un épanchement intra péritonéal de grande abondance et la tomodensitométrie a montré une hépatopathie chronique avec des signes d’hypertension portale ainsi qu’une pancréatite chronique calcifiante.

Le liquide d’ascite avait un aspect brun et l’analyse biochimique retrouvait une lipase à 550UI/L. L’IRM pancréatique a révélé une fistule wirsungopéritonéale sur une rupture du canal principal pancréatique. Le patient a été mis sous traitement médical : Sandostatine et nutrition entérale, et également diurétiques.
L’évolution a été marquée par la survenue d’une infection de coulée de nécrose et d’une fistulisation transdiaphragmatique responsable d’une vraisemblable médiastinite. Il a bénéficié d’un drainage transgastrique avec une évolution favorable.

Discussion. La présence concomitante de deux causes d’ascite d’origine à la fois pancréatique et hépatique constitue un piège diagnostique et nécessite le traitement des deux étiologies.
La particularité de la rupture du canal pancréatique présentée par le patient tient à sa localisation distale qui a limité une approche endoscopique initiale, la volumineuse ascite compliquant également le geste.

Conclusion. En définitive, il s’agit d’une démarche diagnostique complexe qui a permis de trouver deux causes d’ascite intriquées.

Catégories
Hepatologie

Dépister l’hépatite C en 2020 : quoi dépister ? Pour qui ? Comment ? Où ? Par qui ?

2020

AJ REMY, H BOUCHKIRA, J HERVET, B ROY, A HAPPIETTE.

Hépatologie –  2020-06-30 – CO –

________________________________

Dépister plus et mieux l’hépatite C en 2020 est un des objectifs majeurs à atteindre pour réaliser l’éradication en 2025, date fixée dans le plan gouvernemental de santé publique. Les patients ne connaissant pas leur sérologie (ou l’ayant négligé) doivent être retrouvés et intégrés au parcours de soins. L’efficacité des traitements antiviraux permet d’affirmer que dépister c’est guérir et qu’une approche test to treat, voire test to cure est suffisante. Plusieurs étapes sont à considérer dans ce dépistage : quoi dépister ? Pour qui ? Comment ? Où ? Par qui ?
Quoi dépister ? Les anticorps ou la charge virale ou la fibrose ? Dépister la présenec d’anticorps pour ensuite mesurer la charge virale C et la fibrose hépatique ? Dépister pour traiter donc pouvoir réaliser en première intention une charge virale ou dépister les fibroses sévères F3 F4 (qui constituaient 36% des nouveaux patients dans l’étude KIDEPIST) pour être le plus coût efficace possible ?
Qui dépister ? La population générale ou les « groupes à risque » ? La Haute Autorité de Santé dans son avis de septembre 2019 ne recommandait pas le dépistage systématique en population générale car non coût efficace. Des expériences se sont développées en présence ou en l’absence de facteurs de risque avec des résultats contrastés
Comment dépister ? Sérologie classique ou TROD ou buvards ou charge virale en temps réel ? Chacune de ces techniques présente ses avantages et ses inconvénients, détaillés dans ll tableau 1.
Où dépister ? A l’hôpital pour tous les patients ou en consultation externes de gastroentérologie ou d’anesthésie ? en structures médico-sociales spécialisées (CSAPA CAARUD, PASS) ou non ? Hors les murs avec ou sans équipes mobiles ?
Qui dépiste ? Un soignant ou un non soignant (associatif ou professionnel du social) ? Le dépistage n’est plus depuis les TROD VIH l’apanage des soignants et même le FIBROSCAN est parfois réalisé hors du cadre réglementaire.
Autour de ces problématiques, notre équipe présentera son expérience de terrain depuis 2013 dans un bassin de santé de 600 000 habitants.

Catégories
Endoscopie

Quality indicators in colonoscopy: audit and feedback

2020

Flávio Pereira, Richard Azevedo, Marisa Linhares, Diana Ramos, João Pinto, Ana Caldeira, José Tristan, Eduardo Pereira, Rui Sousa, António Banhudo

Hospital Amato Lusitano, Castelo Branco, Portugal

Endoscopie –  2020-06-16 – CO –

________________________________

Introduction: In the last decade, societies of gastrointestinal endoscopy identified quality in colonoscopy as a priority on their agenda, given the significant discrepancy between gastroenterologists/endoscopy units concerning rate of cecal intubation, rate of adenoma detection or quality of bowel preparation. Thence, a set of quality indicators was identified in order to measure the performance of the gastroenterologist or the endoscopy unit, aiming the implementation of approaches to optimize performance. An audit study to evaluate these indicators, followed by the disclosure of the results (feedback), may improve individual and collective performance.

Aim and Methods: We aimed to assess the impact of an internal audit and feedback on compliance to quality indicators in colonoscopy. We conducted an intervention study on a group of specialists and residents of Gastroenterology. Random 350 screening or diagnostic colonoscopies were included from patients aged ≥50 years between September/2017 and August/2018. Quality indicators were assessed according to ESGE recommendations (2017). In November/2018, the results of the audit were disclosed to the group. Then, another sample of 350 colonoscopies performed between January-September/2019 was similarly selected and analysed.

Results: 700 patients were included (55% male; mean age 67±10 years). 86% of colonoscopies performed without sedation. After the audit and feedback intervention, significant improvements were found in the cecal intubation rate (90,9% vs 94,9%, p<0,05), photodocumentation of the appendiceal orifice (65,4% vs 80,1% , p<0,001), reporting of quality of bowel preparation (87,1% vs 99,1%, p<0,001) and use of a quantitative validated scale to assess bowel cleansing (66,9% vs 92,9%, p<0,001). There was also an increase in the rate of detection of polyps (41,8% vs 47,2%) and adenomas (33,3% vs 36,4%) after the intervention, but with no statistical significance. Conclusions: An internal audit and feedback intervention improved the compliance of gastroenterologists to quality indicators in colonoscopy. If seen as a dynamic process of ongoing improvement, this type of study can be useful to create awareness for the need of implementation of metodologies to optimize individual and collective performance.

Catégories
Hepatologie

HEPATITE AIGUË CYTOLYTIQUE ET CHOLESTATIQUE SECONDAIRE A LA PRISE D’HERBES CHINOISES (POLYGONUM MULTIFLORUM)

2020

POLIN Vanessa
GRIMBERT Sylvie

Hépatologie –  2020-07-03 – CC –

________________________________

Nous rapportons le cas d’une femme de 68 ans atteinte d’une hépatite aiguë d’origine toxique associée à la prise d’herbes chinoises Polygonum multiflorum. Le diagnostic est basé sur l’interrogatoire du patient et l’élimination d’autres causes possibles d’hépatite aiguë. L’imputabilité de la prise d’une substance toxique en cas d’hépatite doit être évaluée par le score RUCAM. La toxicité de Polygonum Multiflorum a déjà été rapportée dans plusieurs études. Le mécanisme d’hépatotoxicité peut être de type idiosyncrasique ou intrinsèque. Ce cas illustre le problème du manque d’information de la population et de son accès incontrôlé à des substances présentant une hépatotoxicité connue ou suspectée.

Catégories
Endoscopie

Comment évaluer les performances d’un endoscopiste en coloscopie : quels indicateurs ? quels standards ?

2020

Bernard Denis, Isabelle Gendre, Philippe Perrin, Nicolas Tuzin
ADECA Alsace Colmar, CHU Strasbourg

Endoscopie –  2020-06-19 – CO –

________________________________

Tout programme d’amélioration de la qualité de la coloscopie intègre l’évaluation des performances de l’endoscopiste. Outre le taux de coloscopies complètes, le principal indicateur est le taux de détection des adénomes (TDA). Il a pourtant ses limites : binaire, il dépend du résultat anatomopathologique et ne prend pas en compte les adénomes avancés, le nombre d’adénomes réséqués ni la voie festonnée. Le but de ce travail était d’évaluer d’autres indicateurs de performances et de proposer des standards pour le programme français de dépistage organisé du cancer colorectal par test immunologique (FIT).

Méthodes : Evaluation des performances des endoscopistes sur toutes les coloscopies FIT+ réalisées en Alsace lors des deux 1ères campagnes FIT (C1 et C2) (juin 2015 – juin 2019). Seuls étaient évalués les endoscopistes ayant fait ≥ 30 coloscopies. Les indicateurs étaient groupés en 3 catégories évaluant les capacités de détection, de diagnostic optique de lésion néoplasique et de polype dégénéré pT1, et de polypectomie.

Résultats : Un total de 14.228 coloscopies FIT+ étaient réalisées par 116 endoscopistes. 773 (5,4%) révélant un cancer étaient exclues, de sorte que 13.455 coloscopies étaient évaluées (moyenne d’âge 62,4 ans, hommes 59,6%). Le nombre de coloscopies par endoscopiste variait de 1 à 623 (moyenne 116, médiane 85). 42 (36,2%) endoscopistes réalisant < 20 coloscopies FIT+ annuelles étaient qualifiés à faible volume. Globalement, le taux d’intubation caecale (TIC) était de 97.1%. 7 endoscopistes (6,0%) avaient un TIC < 90%, et 16 (13,8%) entre 90 et 95%. Le TIC était < 90% chez 12.5% des endocopistes à faible volume, significativement supérieur à 1,5% chez ceux à gros volume (p=0.01). Il n’y avait pas de corrélation entre le volume de coloscopies de l’endoscopiste et la plupart des indicateurs de détection, à l’exception du taux de détection de lésions festonnées proximales (> angle gauche) (TDLFprox), significativement plus élevé chez les endoscopistes à gros volume (7,8%) que chez ceux à faible volume (5,9%) (p=0.01).
Un total de 388 coloscopies par 36 endoscopistes réalisant < 30 coloscopies dans la période étaient exclues des analyses suivantes qui portaient sur 13.067 coloscopies réalisées par 80 endoscopistes. Il n’y avait pas de différence de TDA global entre C1 (58,0%) et C2 (57.0%)(p=0,2). Par contre, le TDLFprox augmentait significativement de 7,0% en C1 à 8,5% en C2 (p<0,01). Les TDA et TDLFprox variaient selon l’endoscopiste, respectivement de 27,8% à 81,0% et de 0% à 24,6%. Leur corrélation était assez bonne (Pearson = 0,7, p<0.01). Alors que 5/72 (6,9%) endoscopistes avaient un TDA ≥ 45% et un nombre moyen d’adénomes (NMA) < 0,8, un seul sur 48 (2,1%) avait un TDA ≥ 55% et un NMA < 0,8. De même, alors que 36,1% des endoscopistes avaient un TDA ≥ 45% et un TDLFprox < 4%, seuls 4,2% avaient un TDA ≥ 55% et un TDLFprox < 4%. Le TDLFprox était > 1% chez 94% des endoscopistes et > 5% chez 62,5%. Les nombre moyen d’adénomes et nombre moyen d’adénomes par coloscopie avec adénome n’apportaient aucun renseignement supplémentaire par rapport au TDA au seuil de 55%.
En analyse multivariée, les facteurs liés significativement au TDA étaient le sexe, l’âge, les antécédents de dépistage, le taux d’hémoglobine fécale, le TIC < 90%, et l’endoscopiste. Une augmentation de 10 μg/g du taux d’hémoglobine fécale était associée à une élévation de 2% du TDA. Le mode d’exercice, l’année, le délai entre test et coloscopie, et le volume de coloscopies n’étaient pas significativement liés. Les facteurs liés significativement au TDLFprox étaient le sexe, les antécédents de dépistage par coloscopie, le TIC < 90%, et l’endoscopiste. Au total, et tenant compte pour le calcul du TDA de l’intervalle de confiance à 95% lié au nombre de coloscopies évaluable pour chaque endoscopiste, 2485 patients (18,5%) étaient explorés par 25 endoscopistes (21,6%) dont le TDA était suboptimal, < 55%. Les capacités de diagnostic optique des endoscopistes étaient évaluées par le taux de détection des lésions non néoplasiques (TDLNN) et les sensibilité et valeur prédictive négative pour le diagnostic de polype dégénéré (pT1). Le TDLNN variait de 0 à 73,2% (moyenne 24,5%). Sa corrélation avec le TDA était moyenne (Pearson = 0,24, p=0.03). Le TDLNN des endoscopistes dont le TDA était > 70% était de 39,5%, significativement supérieur à celui des endoscopistes dont le TDA était ≤ 70% (21,4%, p<0,001). Des seuils minimal < 30% et cible < 25% sont proposés pour le TDLNN. La sensibilité pour le diagnostic de polype dégénéré (pT1) était de 44,9% (27,0% pour les pédiculés et 54,3% pour les non pédiculés), la valeur prédictive négative de 94,6%. Les compétences en polypectomie étaient évaluées par le taux de résection endoscopique des gros polypes bénins ≥ 20 mm (TREPB+20). Il était de 82,7% chez 1057 patients, 67,4% dès la coloscopie initiale, 7,6% lors d’une 2ème coloscopie par le même endoscopiste, et 7,8% par un autre endoscopiste. Il était de 95,2% pour les gros polypes pédiculés, 70,2% pour les non pédiculés (p<0.001). Il augmentait significativement de 78,3% en 2015-16 à 85,9% en 2017-18 (p<0.01). Il variait de 0 à 100% selon l’endoscopiste (médiane 72,0%), était ≥ 90% chez 24,8% des endoscopistes (91,3% chez 4 experts) et < 80% chez 58,4%. Il n’y avait aucune corrélation entre TREPB+20, indicateurs de détection et volume de coloscopies. Seuls 85 patients (7,3%) étaient adressés pour résection endoscopique à un collègue plus expérimenté. Au total, 60 à 90% des résections chirurgicales pour gros polype bénin étaient considérées comme abusives, soit 110 à 165 patients. Conclusion : Cette étude montre la persistance d’énormes disparités de performances entre endoscopistes. A condition d’élever le standard souhaitable entre 55% et 70% pour les coloscopies FIT+, le TDA suffit comme seul indicateur de détection. Un endoscopiste dont le TDA est ≥ 55% (environ la moitié des endoscopistes) est un bon détecteur d’adénomes, d’adénomes multiples et d’adénomes/polypes festonnés sessiles. Les performances de diagnostic optique de lésion non néoplasique et de polype dégénéré pT1 sont nettement inférieures dans la vraie vie que dans les séries d’experts. Les compétences en polypectomie sont elles aussi très disparates avec un taux de recours excessif au chirurgien en cas d’échec. Un volume annuel de coloscopies FIT+ < 20 est corrélé à un taux significativement plus faible de coloscopies complètes, de détection de lésions festonnées proximales et un taux plus élevé de résection de lésions ni néoplasiques ni festonnées qui devraient être laissées en place. Près d’un patient sur 5 ne bénéficie pas d’une prise en charge optimale suite à un test FIT+… ce qui pose la question de la pertinence d’une certification, voire d’une accréditation des endoscopistes participant au programme national de dépistage organisé.

Catégories
Hepatologie

Prise en charge de la NASH en CHG : résultats d’une enquête de pratique nationale.

2020

A. Garioud (1) ; A. Baron (2) ; I. Rosa (3) ; B. Lesgourgues (4) ; C. Renou (5)
1. Villeneuve-Saint-Georges; 2. Évry; 3. Créteil; 4. Bry-sur-Marne; 5. Hyères

Hépatologie –  2020-06-14 – CO –

________________________________

Introduction
La stéato-hépatite dysmétabolique (NASH) est une maladie émergente en France. La cohorte «Constances» a évalué la fréquence de cette pathologie avec une stéatose à 18,2% de la population étudiée dont 2,6% avec une fibrose sévère. A ce jour, il n’existe aucune donnée sur la prise en charge de ces patients dans les centres hospitaliers non tertiaires français. Le but de cette étude est de recenser les pratiques des hépato-gastroentérologues des hôpitaux généraux de l’ANGH dans la prise en charge des patients atteints de NASH.

Matériels et Méthodes
Un questionnaire a été établi puis envoyé par mail aux membres de l’ANGH. Les réponses étaient renseignées en ligne au cours d’une période d’un mois entre août et septembre 2019. L’exploitation des résultats a été effectuée par une analyse descriptive simple.

Résultats
78 praticiens (P) dont 95% étaient PH ont répondu à l’enquête : 27 avaient une orientation hépatologique, 15 gastroentérologique et 34 étaient polyvalents. Les patients NASH étaient adressés majoritairement par des généralistes (60%) et des diabétologues (26%) dans le cadre d’un bilan de perturbation des tests hépatiques dans 56% des cas. Les critères diagnostiques présomptifs de NASH étaient l’association d’un syndrome métabolique (86% des P), d’une perturbation des tests hépatiques (62%) et d’une stéatose échographique (63%) en l’absence d’autre hépatopathie (68%) et de consommation d’alcool significative (55%). Le bilan initial comportait systématiquement un dosage de la glycémie à jeun et un test non invasif de fibrose. Une IRM hépatique de quantification de la stéatose était parfois réalisée par 1 P sur 2. Pour l’évaluation de la fibrose hépatique (F), le fibroscan était plébiscité par 86% des P alors que le NAFLD-fibrosis score ne l’était que par 27%. Si le fibroscan était réalisé en premier, un biomarqueur lui était associé majoritairement en cas de F≥2 alors que si un biomarqueur était réalisé en premier, celui-ci était majoritairement couplé à un fibroscan. Une biopsie hépatique à visée diagnostique était effectuée en cas de doute diagnostique (81%) ou en cas d’autre hépatopathie (45%) mais était exceptionnellement systématique (5%). Pour le diagnostic de la F, la biopsie hépatique était réalisée par 64% des P si les tests non invasifs étaient discordants ou si les tests orientaient vers une fibrose significative ou une cirrhose (35% des P). Tous les P préconisaient une réduction pondérale et la pratique d’un exercice physique régulier. Le recours à une diététicienne était proposé par 79% des P (en cas d’échec de prise en charge personnelle pour 63% des P). Aucun médicament n’était instauré par 1 P sur 2. Si un traitement était prescrit, il s’agissait dans 29% des cas de la metformine en cas de diabète de type 2, de la vitamine E dans 23% des cas et de l’AUDC dans 18% des cas. Des ordonnances de sport n’étaient prescrites que par 13% des P. Dans tous les cas, il n’existait aucun programme d’ETP spécifique mais 33% des P incluaient leurs patients dans un autre programme existant (diabète, obésité…). La surveillance clinico-biologique était le plus souvent semestrielle (51%) ou trimestrielle (31%). Il s’agissait pour tous les P de surveiller le poids et les tests hépatiques puis la glycémie à jeun (78%), la créatininémie (62%), la ferritinémie (59%) et les tests lipidiques (58%). Les tests de F étaient majoritairement refaits tous les 3 ans en cas de F<2, tous les 2 ans en cas de F=2, tous les ans en cas de F=3 et jamais en cas de cirrhose. Le dépistage du CHC par échographie était majoritairement effectué en cas de F=3 (76% des P) ou de cirrhose (94%) mais peu en cas de F=2 (9%). Conclusion Les patients atteins de NASH sont majoritairement adressés par le médecin généraliste. Le diagnostic de NASH est le plus souvent présomptif avec un exceptionnel recours à la biopsie hépatique. Le fibroscan est très largement plébiscité pour l’évaluation de la fibrose hépatique. La prise en charge repose sur le changement de mode de vie (réduction pondérale et exercice physique) avec l’aide d’une diététicienne et un faible recours à un traitement médical. Enfin, l’ETP spécifique n’est pas assez représentée alors qu’elle pourrait valoriser la prise en charge de ces patients.

Catégories
Hepatologie

EFFET BÉNÉFIQUE DE LA COMBINAISON FIBRATES, ACIDE OBÉTICHOLIQUE ET ACIDE URSODÉSOXYCHOLIQUE DANS LE TRAITEMENT DE LA CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE AVEC RÉPONSE INCOMPLÈTE AUX THÉRAPIES DE 2ème LIGNE

2020

Pierre-Antoine Soret1, Laurent Lam1, Fabrice Carrat1, Lena Smets2, Vincent Leroy3, Thomas Berg4, Marco Carbone5, Pietro Invernizzi5, Palak Trivedi6, Christina Weiler-Normann7, Laurent Alric8, Isabelle Rosa-Hezode3, Jean-Paul Cervoni9, Jérôme Dumortier10, Pascal Potier11, Olivier Roux12, Christine Silvain13, Cynthia Levy14, Albert Pares15, Christoph Schramm16, François Boer1, Frederik Nevens2, Olivier Chazouillères1, Christophe Corpechot1

Hépatologie –  2020-07-06 – CO –

________________________________

L’acide obéticholique (AOC) et le bézafibrate sont les deux seuls médicaments à avoir montré un effet bénéfique significatif sur les paramètres biologiques des patients atteints de cholangite biliaire primitive (CBP) avec réponse incomplète à l’acide ursodésoxycholique (AUDC). En revanche, on ne sait pas si l’association d’AOC et de fibrates en ajout à l’AUDC peut avoir des effets bénéfiques complémentaires chez des patients en réponse incomplète aux traitements de 2ème ligne.
Méthodes :
Cette étude de cohorte rétrospective multicentrique a inclus des patients atteints de CBP ayant tous été traités pendant au moins 12 semaines et sans intolérance évidente par une combinaison d’AOC (5-10 mg/j), de fibrates (bézafibrate 400 mg/j ou fénofibrate 200 mg/j) et d’AUDC (13-15 mg/kg/j) en raison d’une réponse incomplète selon les critères de Paris-2 à l’un des traitements de 2ème ligne. La date de référence était la date d’introduction du traitement de 2ème ligne. Les tests biologiques hépatiques mesurés sous bi- puis tri-thérapie ont été recueillis. Le critère de jugement principal était le taux de variation des phosphatases alcalines (PAL) par unité de temps. Les critères de jugement secondaires étaient le taux de normalisation des PAL et les taux de variation par unité de temps de la bilirubine totale, de la GGT, des ASAT et ALAT et du score de prurit. Ces critères ont été évalués à l’aide de modèles linéaires à effets mixtes ajustés sur l’âge, le sexe et la posologie des médicaments.
Résultats :
50 patients provenant de 16 centres et de 7 pays (France, Belgique, Allemagne, Italie, Royaume Uni, Espagne, USA) ont été inclus : âge moyen (déviation standard) à la date de référence 49,7 (11,1) ans; sexe féminin 88%; dose d’AUDC 15,2 (2,9) mg/kg/j; PAL 370 (240) UI/L; bilirubine total 14,8 (8,7) µmole/L; élastométrie 13,0 (9,8) kPa. Parmi eux, 24 (Groupe 1) avaient reçu l’AOC en 2ème ligne et les fibrates en 3ème ligne, tandis que 26 (Groupe 2) avaient reçu les fibrates en 2ème ligne et l’AOC en 3ème ligne, toujours en association à l’AUDC. Les durées moyennes de suivi sous bithérapie et sous trithérapie étaient respectivement de 39,7 (29,3) mois et 9,4 (6,6) mois. La trithérapie était associée à un taux de diminution des PAL significatif par rapport à la bithérapie: -27%/an (IC95%: -15%/an – -36%/an; p<0,0001) et cet effet était significatif dans les 2 groupes (Figure). Comparée à la bithérapie, la trithérapie était associée à un rapport de chances pour la normalisation des PAL de 5,5 (IC95%: 1,8 – 17,1; p=0,003) ainsi qu’à une diminution significative de la GGT (p<0,0001), des ALAT (p<0,001), des ASAT (p<0,01) et de la bilirubine totale (p=0,02). La trithérapie était associée à une diminution du score de prurit dans le Groupe 1 (p=0,02) mais pas dans le groupe 2. A la dernière visite, aucun patient n’avait arrêté la trithérapie. Conclusion : La trithérapie associant fibrates, AOC et AUDC améliore les tests hépatiques et augmente les chances de normalisation des PAL chez les patients atteints de CBP ayant une réponse incomplète à un traitement de 2ème ligne.

Catégories
Hepatologie

Une hémorragie digestive par hypertension portale peu banale.

2020

Clara ALTMAN, Julia ROUX, Chamnan CHOU, Anne-Laure DESGABRIEL, Armand GARIOUD.
Service d’Hépato-gastroentérologie, CHI de Villeneuve-St-Georges, GHT « Confluences ».

Hépatologie –  2020-07-08 – CC –

________________________________

M. Dominique M., 61 ans, est référé le 5 février 2020 aux Urgences pour méléna survenu sous Kardégic dans un contexte de probable cirrhose d’origine éthylique diagnostiquée en 2016. A l’époque, la cirrhose était cotée Child-Pugh A avec des varices oesophagiennes grade 3 traitées en prophylaxie primaire de la rupture par propranolol. La consommation chronique d’alcool est sevrée depuis 2019 et dans ses autres antécédents, on notait un infarctus du myocarde triple-ponté en 2013, un adénocarcinome colorectal en rémission traité par chirurgie et chimiothérapie en 2015 et des troubles neurologiques à type de syndrome cérébelleux associées à des mouvements choréiques en cours d’exploration.
A l’arrivée, le patient était normotendu mais agité sans autre anomalie à l’examen clinique. Un scanner cérébral réalisé après administration d’1mg de midazolam n’a pas trouvé d’anomalie particulière. Sur la biologie à l’entrée, l’Hb était à 11,2 g/dl, les Plaq à 122G/l, le TP à 52%, la bilirubinémie à 43µmol/l et la kaliémie à 6.4 mmol/l sans insuffisance rénale. Pour une meilleure prise en charge, le patient est transféré en réanimation, mis sous insuline-glucose, IPP et sandostatine à la seringue électrique et transfusé de 2 culots globulaires. Rapidement, devant cette agitation avec apparition de signes confusionnels associés une hyperammoniémie à 211 µmol/l, le patient est alors intubé avant la réalisation d’une première endoscopie digestive haute. Celle-ci n’a objectivé aucune trace de sang et confirmé la présence de varices œsophagiennes grade 3 sans aucun stigmate de saignement récent. Une coloscopie avec préparation par la sonde naso-gastrique est alors prévue pour le lendemain.
Dans la nuit du 5 au 6/2, le patient s’est aggravé avec un méléna profus, un choc hémorragique et une déglobulisation à 8,4 g/dl. Il est alors mis sous noradrénaline jusqu’à 15 mg/h, glypressine, exacyl et transfusé de 7 culots globulaires sur la journée du 06/02 avec un mauvais rendement (Hb maintenue autour de 10.5 g/dl). Une exploration endoscopique digestive est alors faite. L’endoscopie haute a retrouvé les varices œsophagiennes grade 3 sans toujours aucun stigmate de saignement et la coloscopie objectivé le méléna avec présence de sang digéré sur l’ensemble du cadre colique et jusque dans l’iléon terminal. Aucune lésion causale n’a pu être mise en évidence et aucun geste spécifique n’a donc été pratiqué. Un angioscanner abdominal a alors été réalisé dans la foulée. Ce dernier n’a pas mis en évidence de fuite de produit de contraste au niveau digestif.
Le patient étant resté instable, il est alors transféré en urgence le 6/2 en réanimation chirurgicale à Saint Antoine où en état de choc réfractaire malgré la transfusion de 3 culots globulaires supplémentaires, il a eu un nouvel angioscanner qui cette fois-ci a objectivé la présence d’un cavernome péri-iléal saignant activement dans le tube digestif.
Le patient a alors été transféré à la Pitié-Salpêtrière le 6/2 au soir pour réalisation en urgence d’un TIPS de sauvetage posé dans la branche postérieure droite de la veine porte. Celui-ci a permis l’arrêt du saignement puis une restauration progressive de l’état hémodynamique.
Les suites ont été marquées par l’absence de récidive hémorragique avec stabilité de l’hémoglobine et par un sepsis pulmonaire documenté à P.Aeruginosa résistant aux carbapénèmes traité par Ceftozolane/Tazobactam. Le patient a été extubé le 16/2 avant un retour en réanimation à Villeneuve le 25/02 puis dans notre service le 27/02. L’évolution a ensuite été lentement favorable avec une reprise progressive de l’alimentation et de la marche avant un retour au domicile le 13/3.
Cette hémorragie par hypertension portale est rare. Elle doit être évoquée notamment devant l’absence de tout stigmate de rupture de varice œsophagienne en cas de méléna survenant chez un patient cirrhotique. Une revue de la littérature sera présentée lors du Congrès.

Catégories
Hepatologie

Une perturbation du bilan hépatique chez une diabétique : un diagnostic rare à évoquer.

2020

A.BARON ; C.LEVI ; B.LAMBARE
Service d’Hépato-gastro-entérologie, Centre Hospitalier Sud Francilien, Corbeil Essonnes.

Hépatologie –  2020-07-16 – CC –

________________________________

Une patiente de 55 ans, est adressée en consultation pour une perturbation du bilan hépatique évoluant depuis 2 ans avec biologiquement : ASAT 55 UI/L (N<45) ALAT 65 UI/L (N<45UI/L) PAL 325 UI/L (N < 150) GGT 400 UI/L (N < 50 UI/L) et bilirubinémie normale. Elle est asymptomatique. Elle a un diabète de type 2 sévère compliqué d’une néphropathie diabétique pour laquelle est hémodialysée, une hypertension artérielle, une hypercholestérolémie, une surcharge pondérale modérée (BMI à 26). Le bilan de première intention révèle : un foie stéatosique à l’échographie hépatique sans dysmorphie, sans lésion focale, les voies biliaires sont fines, la vésicule biliaire alithiasique. Les sérologies virales C, VIH et VHE sont négatives, elle est vaccinée contre le VHB. Le bilan immun est négatif, notamment les anticorps anti-mitochondries de type 2. L’hypercholestérolémie est contrôlée sous traitement par statine depuis 5 ans, l’hémoglobine glyquée est à 9.5% sous insulinothérapie. Les bilans martial, du cuivre et l’alfa-1 anti-trypsine sont normaux. La cholangio IRM est de qualité moyenne mais ne révèle pas d’obstacle des voies biliaires ou de cholangite évidente, l’IRM hépatique est normale, le pancréas sans lésion évidente. L’élastométrie hépatique par FibroScan est normale à 5.6 KPa. L’échographie cardiaque transthoracique est normale sans signe de dysfonction cardiaque droite. Une ponction biopsie hépatique est réalisée chez cette patiente candidate à une transplantation rénale et révèle une atteinte hépatique liée au diabète peu commune. Les résultats de la biopsie et la discussion diagnostique seront abordés lors du congrès.