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Hepatologie

Mise en place d’une activité de biopsie hépatique par voie transjugulaire en CHG. Evaluation et résultats à 1 an.

2021

Floraine ZUBERBULHER, Lucie DUVAL, You Heng LAM, Julien BAUDON, Mehdi KAASSIS
Hépato Gastro Entérologie, CH Cholet

Hépatologie –  2021-05-20 – CO –

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Introduction

La biopsie hépatique par voie trans jugulaire (PBH TJ) est un examen de référence en hépatologie. Nous rapportons les résultats de notre activité de PBH TJ débutée il y a 1 an au CH de Cholet.

Matériel et méthodes

Les PBH TJ ont débuté en 2020, après l’arrivée d’une hépatologue formée à la technique en CHU au cours de son clinicat. L’activité s’est fait en accord avec l’équipe d’hépatologie du CHU d’Angers, et le laboratoire d’anatomopathologie du CHU pour relecture des lames.
Pour des raisons de disponibilité de salle, les biopsies étaient réalisées au bloc opératoire, avec matériel de scopie, et aide de 2 IBODES. L’examen était pratiqué sous anesthésie locale (AL), avec repérage échographique de la veine jugulaire droite.
Les patients étaient gardés à jeun et restaient alités 6 heures après le geste.
Les PBH TJ étaient réalisées en cas de contre-indication habituelle à la biopsie trans costale : troubles de l’hémostase, ascite.

Résultats

16 patient(e)s ont eu une BPH TJ entre février 2020 et avril 2021. Il s’agissait de 10 femmes et de 6 hommes, la moyenne d’âge était de 54 ans (extrêmes 33-77 ans). 15 patients ont eu la procédure sous AL, 1 patient a dû avoir l’examen sous anesthésie générale pour anxiété et agitation.
Tous les patients ont eu l’abord par la veine jugulaire droite repérée sous échographie.
Les indications de la PBH TH étaient : 5 suspicions d’hépatite alcoolique aigue (HAA) sur cirrhose, 5 cas d’ascite avec biologie et examens paracliniques discordants pour une cirrhose, 2 cas d’ascite dans un contexte de lymphome et de cavernome sur maladie de Vaquez, 3 cas d’hépatite aigue d’origine non déterminée avec insuffisance hépato cellulaire, 1 cas d’ictère avec ascite et antécédents de cancer du sein.
Le succès de la BPH était de 81.2 % (3 patients sur 16 ont eu un échec de cathétérisme des veines sus hépatiques par la gaine métallique). La taille moyenne des fragments de tissu hépatique était de 12.7 mm, avec un nombre moyen de passages de 3.2.
Une étude des pressions était réalisée dans 75 % de cas, avec 9 résultats en faveur d’un bloc sinusoïdal.
2 patients ont eu des complications immédiates non graves et résolutives : 1 douleur scapulaire, 1 œdème de la face d’imputabilité au geste incertaine.
L’étude histologique avec relecture en CHU montrait : 3 cas d’HAA sur cirrhose, 3 cirrhoses micronodulaire, 1 hépatite F3 probablement d’origine vasculaire, 2 hépatites F3 d’origine plutôt toxique ou auto immune, 3 cas de foie normal dont 2 avec signes évocateurs d’hypertension portale, 1 cas de métastase hépatique de cancer du sein.

Conclusions

La PBH TJ est un examen performant en hépatologie permettant d’orienter le diagnostic et le traitement en cas de doute diagnostic et de contre-indication à une PBH trans costale. Notre expérience montre qu’elle est a sa place en CHG à partir d’un protocole validant l’organisation pratique, la compétence d’un PH référent, et une lecture anatomopathologie dédiée. Nos premiers résultats nous incitent à poursuivre les PBH TJ avec un retour d’expérience nécessaire pour l’amélioration de nos pratiques.

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Gastroenterologie

Colite aiguë sévère de RCH : quand il ne reste presque plus aucune option

2021

Alix Pelcé, Yael Abitbol, Weam EL Hajj, Stéphane Nahon

Gastroentérologie –  2021-05-20 – CC –

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Madame A, 43ans, sans antécédent particulier, est diagnostiquée en décembre 2015 d’une RCH pancolique, dont les premiers symptômes ont débuté pendant sa première grossesse avec une diarrhée glairo-sanglante. Elle est contrôlée pendant 2 ans par 45 ASA puis Adalimumab depuis janvier 2020. Cependant, la mauvaise tolérance du traitement oblige à l’arrêter. Réapparition des symptômes en juin 2020 menant à l’introduction de l’Infliximab en combothérapie avec de l’Imurel. Mais aggravation progressive des symptômes malgré l’optimisation rapide basée sur les taux résiduels. Hospitalisation en octobre 2020 pour prise en charge d’une pancolite sévère (Mayo,3, UCEIS 6 et ulcérations creusantes). Devant l’échec primaire de l’Infliximab, elle reçoit successivement : une corticothérapie par voie intraveineuse, de la ciclosporine IV puis per os avec un bridge avec le vedolizumab … Mais la maladie n’est toujours pas contrôlée.
Que proposeriez vous à madame A ?

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Gastroenterologie

Une pseudo tumeur du grêle d’etiologie rare et méconnue

2021

Emilien BROUSSET (1), Stéphane TALOM (1), Jacquot RAKOTOBE (2), David PHO (3), Jean Pierre GIESZ (1), Hatem SALLOUM (1), Marc PRIETO (1), Christophe LOCHER (1)
(1) Service d’hépatogastroentérologie, Meaux, (2) Imagerie Médicale, Meaux
(3) Anatomopathologie, Jossigny

Gastroentérologie –  2021-05-20 – CC –

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En Février 2019, un patient de 76 ans est hospitalisé dans le service pour anémie microcytaire sans extériorisation associée à des douleurs abdominales non spécifiques. Parmi ses antécédents : HTA, hypercholestérolémie, sigmoidite diverticulaire traitée médicalement. En reprenant l’interrogatoire, il a déjà été transfusé de 2 CG en 2018 et 2019 dans un autre établissement.
L’examen clinique est normal avec un IMC =30 kg/m2. Le bilan biologique montre une anémie à 7,5 g/dl microcytaire par carence martiale pour laquelle il reçoit 2 CG ; le reste du bilan est normal. La fibroscopie et l’iléo-coloscopie sont normales. Un TDM abdominopelvien réalisé avant la vidéo-capsule endoscopique du grêle retrouve une lésion tumorale du jéjunum proximal avec probable invagination sans dilatation d’amont. Pas d’adénopathie ni lésions à distance. (Image n°1)
Une deuxième endoscopie haute est réalisée à l’aide un coloscope retrouvant une lésion tumorale du jéjunum proximal de 4 cm ulcérée en son centre saignant facilement au contact (Image n°2).
Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?
La prise en charge de ce patient sera détaillée lors du congrès

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Endoscopie

ANGH et immersion : acte II

2021

S. Bellon, T. Andriantseno, A. Raoto, A. Benezech, J. Sigrand, J.P. Arpurt

Endoscopie –  2021-05-20 – CO –

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Immersion et ANGH : Acte II
Les recommandations européennes de résection des polypes sessiles du colon sont établies depuis 2017. Elles préconisent , entre autres, la dissection sous muqueuse(ESD) pour les polypes ayant une taille de plus de 4 cm et/ou un aspect de dégénérescence superficielle. Cependant, l’ESD est une technique longue, coûteuse, avec une courbe d’apprentissage particulièrement lente. De ce fait, des techniques alternatives sont apparues : système FTRD, dissection hybride… La résection des polypes en immersion (UEMR : Underwater Endoscopic Mucosal Resection) en fait partie.
PRINCIPES
L’UEMR utilise l’instillation d’une grande quantité de liquide dans la lumière du colon. Ce qui permet de déplisser la musculeuse et de faire flotter la muqueuse et la sous muqueuse. De ce fait, l’utilisation d’une injection sous muqueuse est inutile. De ce fait, avec l’UEMR la surface du polype n’est pas modifiée ce qui permet de capturer des polypes de plus grande taille que dans la mucosectomie classique (EMR : Endoscopic Mucosal Resection). De plus en UEMR, la séparation (liée à la pression du liquide) des couches superficielles par rapport à la musculeuse d’une part, et, d’autre part, la diminution des phénomènes de diffusion du courant dans l’eau font diminuer de façon significative le risque de perforation.
EXPERIENCE AVIGNONNAISE
Depuis le printemps 2021, nous avons utilisé l’UEMR pour 7 lésions. Les caractéristiques seront décrites lors du congrès (les résultats du taux de récidive à distance sont en attente).
DISCUSSION
L’UEMR a été mise au point en 2012 par K. BINMOELLER à partir de son expérience en minisonde d’échoendoscopie qui montrait une flottabilité importante des lésions muqueuses et sous muqueuses, à distance de la musculeuse, dans la lumière du colon quand il instillait une quantité importante d’eau. De plus, il remarque que l’utilisation de l’injection sous muqueuse dans l’EMR classique est basée sur un faible niveau de preuves et qu’elle peut même comporter des risques. Depuis cette date, lui et de nombreux auteurs ont publié plus de mille cas dans la littérature ; Avec des niveaux de performances supérieurs à l’EMR :
Résection en bloc : 81 % (95% pour polype <20 mm et 55% pour polypes>20mm)
Récurrence à 6 mois : 8 %
Perforation : 0,2 %
De plus, toutes les études montrent que la courbe d’apprentissage est particulièrement rapide pour les endoscopistes formés à l’EMR classique.
Les performances les plus relevantes ont été notées pour les résections monobloc de polypes de grandes tailles, les résections des polypes cicatriciels et les localisations difficiles (appendice, valvule iléocaecale).
Notre expérience confirme la facilité d’apprentissage et la sureté de cette technique. Elle est apparue particulièrement intéressante pour les polypes cicatriciels et pour faciliter les coupes successives lors d’une résection piecemeal. Pour les résections monoblocs de gros polypes, le bénéfice parait moins tranché.
La fin de la discussion des résultats sera poursuivie en septembre.
CONCLUSION
L’UEMR est une technique de résection avec une courbe d’apprentissage très rapide et qui permet de suppléer parfois à l’ESD :
Polypes de taille élévée à bonne flottabilité
Polypes déjà travaillés
Polypes de localisations difficiles
L’Acte I de l’immersion nous a été présenté l’année dernière à l’ANGH par le Dr René Louis Vitte, en démontrant le bénéfice quant à la progression du coloscope. Aujourd’hui, avec l’exposé des résultats de l’UEMR pour la résection des polypes, nous proposons l’Acte II de l’immersion.

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Gastroenterologie

une colite atypique

2021

Marc Howaizi, Yael Abitbol, Weam El Hajj, Aurélie Walter, Ali Adibi, Mehdi Belhassan, Stéphane Nahon

Gastroentérologie –  2021-05-23 – CC –

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Une patiente de 15 ans est hospitalisée dans notre service en passant par le SAU pour douleur abdominale intense.
Elle a pour unique antécédent une anémie ferriprive traitée 3 ans auparavant. Sa tante maternelle a une poly arthrite rhumatoide et le reste de sa famille n’a pas d’antécédent. Elle ne prend pas de traitements, n’a pas d’allergie, est Lycéenne, n’a jamais fumé ni bu de boisson alcoolisée et a un poids et une taille normaux pour son âge.
Elle décrit depuis les 3 derniers mois une constipation avec nécessité d’utiliser des suppositoires. En parallèle est apparue une douleur abdominale diffuse et intense (EVA 8-9) à type de crampe paroxystique survenant le jour ou la nuit. Il n’y a pas de fièvre, pas de rectorragie. L’examen clinique retrouve un empâtement de la fosse iliaque gauche isolé. Le bilan inflammatoire est légèrement perturbé avec une CRP à 13 mg/L. Une anémie ferriprive à 11,2g/dl, une carence en vitamine D, l’albumine est normale.
Une imagerie par TDM Abdominopelvienne nous montre un défaut de réhaussement d’une partie du sigmoide ainsi qu’une ascite de moyenne abondance.
Une rectosigmoidoscopie retrouve cet aspect dans le sigmoide :
Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ?

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Gastroenterologie

Un proctologue à bout de nerfs…

2021

Manon Haas, Lucas Spindler, Nadia Fathallah, Vincent de Parades
Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, Institut Léopold Bellan, Service de Proctologie Médico-chirurgicale, 185, rue Raymond Losserand, 75014 Paris, France

Gastroentérologie –  2021-05-15 – CC –

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Un homme de 58 ans consulte pour des rectorragies. Parmi ses antécédents, on note une consommation d’alcool régulière, une cardiopathie ischémique stentée et un cancer colorectal chez le père à l’âge de 72 ans. La précédente coloscopie remonte à 5 ans et a révélé des polypes qui auraient été laissés en place. Aucun compte rendu de ce précédent examen n’est disponible.

L’examen proctologique révèle des hémorroïdes internes congestives possiblement en cause dans les saignements récents.
La coloscopie permet la résection de deux polypes centimétriques du bas fond caecal et d’un polype infracentimétrique du sigmoïde. Dans le rectum, il y a une lésion d’allure sous-muqueuse de 15m de grand axe située à environ 10 cm de la marge anale qui est simplement biopsiée.
Les polypes sont des adénomes festonnées en dysplasie de bas grade et les prélèvements de la lésion rectale sont sans particularité.
L’échoendoscopie rectale met en évidence une lésion arrondie de 15 mm de plus grand diamètre, hypoéchogène, homogène, vascularisée, localisée dans la profondeur de la muqueuse respectant la sous-muqueuse, sans adénopathie périrectale associée.
Quel est votre diagnostic ? Quelle prise en charge proposeriez-vous ?
Les réponses à Avignon !

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Gastroenterologie

Une rectite mystérieuse..

2021

Amine Alam (1), Thomas Severyns (2), Vincent de Parades (1)

1/ Service de proctologie médico-chirurgicale du GHPSJ Paris-France
Institut Léopold Bellan
2/ Service d’Hépato-gastroentérologie de l’HEGP Paris-France

Gastroentérologie –  2021-04-28 – CC –

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Cas clinique
Il s’agit d’un patient âgé de 65 ans ayant pour seul antécédent un syndrome de Guillain-Barré attribué à une vaccination contre le virus B.
Son histoire clinique remonte à août 2019 avec l’apparition d’un syndrome rectal et de douleurs pelviennes.
Une coloscopie en février 2020 retrouve une colite œdémateuse érosive et ulcérée allant du rectum jusqu’au côlon transverse avec un sigmoïde sain dont l’analyse histologique décrit des « remaniements inflammatoires subaigus » sans granulome visible.
Il y a également une fissure anale marginale postérieure d’allure chronique.
Une IRM ano-périnéale en juin révèle une probable collection intersphinctérienne et intramurale postéro-latérale gauche qui est palpable et très douloureuse à l’examen clinique.
Un examen sous anesthésie confirme le bombement pariétal mais ne permet pas l’évacuation de pus.
Le reste du bilan est par ailleurs sans particularité :
– Biologie standard
– Sérologies du VIH et de la syphilis
– Prélèvements locaux à visée infectieuse
– Quantiféron
– Scanner thoracique
– Endoscopie digestive haute.
Un traitement par adalimumab est débuté en juillet sans aucun effet sur la gêne clinique.
Idem pour une corticothérapie par voie orale administrée en août.
Un nouveau bilan est donc réalisé en septembre.
L’IRM ano-périnéale montre une « rectite intense, sans trajet fistuleux, ni collection visible » ainsi que des « adénopathies réactionnelles »
La coloscopie montre un aspect boursouflé et inflammatoire de la muqueuse avec mise à nue de la sous muqueuse sur plusieurs centimètres à plusieurs endroits, avec un aspect fibrineux et nécrotique. Les lésions sont maximales au niveau du bas rectum.

Quel est votre diagnostic ?

Diagnostic (exceptionnel), traitement (difficile) et évolution (préoccupante) à Avignon !

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Endoscopie

Coloscopie sous MEOPA en immersion : une alternative à l’anesthésie générale ?

2021

Clara Beunon, Frederick Moryoussef, Ilana Levy, Aline Derosiere, Rene Louis Vitte.

Endoscopie –  2021-05-20 – CO –

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Introduction : En France, les coloscopies sont traditionnellement réalisées avec insufflation d’air et sous anesthésie générale dont une grande partie sont normales ou limitées à du thérapeutique simple (polypectomie anse froide). Or, la coloscopie en immersion occasionne moins de douleurs et permet une meilleure détection. De plus, en raison de la pandémie actuelle du Covid-19, l’accès à l’anesthésie est restreint.
Nous avons donc évalué les coloscopies réalisées sous anesthésie locale au gaz MEOPA montées en immersion.

Méthode : Nous avons analysé une cohorte prospective unicentrique incluant 45 patients majeurs. Cinq opérateurs d’expérience différente ont réalisé les examens. Le critère de jugement principal était la réalisation d’un examen complet. Les critères de jugement secondaires étaient : la tolérance des patients évaluées par le patient et le médecin, et le taux de réintervention.

Résultats : La population incluse était composée majoritairement d’hommes (75%), avec une moyenne d’âge de 66,3 ans. Les indications étaient les antécédents personnels et familiaux de polypes et l’hémorragie digestive. Le critère de jugement principal (coloscopie complète) était respecté dans 78% des cas. La tolérance était bonne dans 82% des cas, avec 69% des patients prêts à refaire l’examen dans ces conditons au besoin. Dans 83% des cas, une réintervention n’est pas nécessaire.

Discussion : Les résultats de cette cohorte montrent que cet examen est réalisable en pratique courante avec des taux de succès acceptables en tant de pandémie. Cependant, ils ne sont pas transposables à tous les patients, notamment en cas de geste invasif.

Conclusion : Nos résultats permettent de conclure que la coloscopie sous MEOPA en immersion est une alternative acceptable pour permettre de maintenir l’offre de soin tant sur le plan de l’efficacité que sur le plan de la tolérance de l’examen.

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Hepatologie

Dépistage biologique de la fibrose hépatique en hôpital psychiatrique : l’expérience de l’utilisation du FIB4.

2021

REMY André-Jean (1), HERVET Jérémy (1), BOUQUIE Régis (2)
(1) Equipe Mobile Hépatites, Centre Hospitalier de Perpignan
(2) Laboratoire de Biologie, Centre Hospitalier de Thuir

Hépatologie –  2021-05-19 – CO –

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Introduction : Les maladies du foie sont fréquentes chez les patients hospitalisés en psychiatrie qui cumulent les facteurs de risque : alcool, surpoids et syndrome métabolique, hépatite C et/ou B, médicaments hépatotoxiques. L’index FIB-4 est un biomarqueur simple et gratuit pour diagnostiquer la fibrose hépatique avancée. Le calcul de l’index FIB-4 nécessite de connaître l’âge, les transaminases ALT et AST et le taux de plaquettes. Notre centre hospitalier psychiatrique (CHP) dessert un bassin de près de 500 000 habitants et est un lieu de vie mais aussi un lieu potentiel de dépistage. Il comprend 382 lits et la file active annuelle 2019/2020 est de 1434 et 878 patients hospitalisés (durée moyenne de séjour 29 jours). Une permanence infirmière bimensuelle de l’hôpital général a été mise en place en 2018 pour la réalisation de FIBROSCAN selon un protocole validé de délégation de tâches et un partenariat établi avec le laboratoire de biologie du CHP pour le suivi des sérologies virales positives. Une consultation bimensuelle d’hépatologie sur site complétait le dispositif. Il nous est apparu secondairement que dépister la fibrose hépatique pouvait être utile à grande échelle. Méthodologie : Le bilan biologique d’entrée (quasi)systématique fait au CHP incluait les paramètres nécessaires au calcul du FIB-4. Après information des psychiatres et des médecins généralistes exerçant au CHP, il a été mis en place le 1er octobre 2020 le calcul automatisé de l’index FIB-4 sur toutes les biologies comprenant transaminases et plaquettes afin dépister les fibroses avancées du foie chez les patients hospitalisés. Il n’y a eu besoin d’aucun changement dans les prescriptions ni d’examens supplémentaires. Les patients ayant un FIB-4 > 1.45 ont été orientés pour un FIBROSCAN : si une fibrose F3F4 est détectée en FIBROSCAN, ils ont été ensuite orientés vers la consultation d’hépatologie. Résultats : En 6 mois, 452 mesures de FIB4 ont été réalisées chez 390 patients différents ; 66 patients avaient une valeur supérieure à 1.45 ; 47 ont eu un FIBROSCAN validé avec une valeur moyenne de 7.2 Kpa : 35 F0F1, 9 F2 0 F3 et 5 F4. Tous les patients ayant une fibrose estimée supérieure ou égale à F2 ont été vus en consultation spécialisée. Les résultats actualisés au 1er septembre 2021 seront présentés lors du congrès. Conclusion : le dépistage biologique de la fibrose hépatique en hôpital psychiatrique est utile pour individualiser des patients ayant une fibrose modérée ou sévère. L’apport de la sonde CAP est à évaluer dans cette population à risque de NASH.

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Gastroenterologie

Complications hémorragiques sévères après ponctions d’ascite thérapeutiques.

2021

Charlotte Vanveuren (1), Ambroise Lalieu (1), Xavier Pauwels (2), Benjamin Le Coq (3), Elodie Warmoes (1), Faustine Wartel (1), Arnaud Boruchowicz (1).

Services des Maladies de L’Appareil Digestif (1), de Radiologie Interventionnelle (2) et de Chirurgie Viscérale (3). Centre Hospitalier de Valenciennes.

Gastroentérologie –  2021-05-20 – CO –

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La ponction d’ascite (diagnostique et thérapeutique) est un acte réalisé régulièrement dans les services d’hépatogastroentérologie en hospitalisation conventionnelle et de jour. Les complications majeures sont constituées par les hémorragies et les infections (2). Les complications hémorragiques de la ponction d’ascite sont considérées comme rares mais peuvent engager le pronostic vital (1). Nous rapportons 3 observations de complication hémorragique suite à une ponction d’ascite.
Le premier cas est celui d’une patiente de 65 ans présentant une cirrhose compliquée d’une ascite réfractaire et des ponctions d’ascite hebdomadaires étaient réalisées sans complication. Elle présentait une thrombopénie à 67000/mm3 et une insuffisance rénale chronique (DFG 28ml/min) Le score de CHILD était à B9 et le MELD à 21.
En janvier 2016 une nouvelle ponction est réalisée de 10 litres d’un liquide citrin sans complication immédiate. Au retrait du cathéter une hémorragie était mise en évidence avec un saignement actif en regard du point de ponction.
Un bilan biologique réalisé en urgence mettait en évidence une perte de 2 points du taux d’hémoglobine en 3 heures. Un scanner avec injection permettait de mettre en évidence un hématome de 25 cm et une hémorragie active artérielle au dépend d’une branche de l’artère iliaque externe gauche. Une embolisation était réalisée permettant l’hémostase. L’évolution était favorable. De nouvelles ponctions d’ascite, sous repérage échographique, étaient réalisées en hôpital de jour sans complication avec un recul de 2 ans. La patiente est décédée deux ans après d’une insuffisance rénale aigue dans un contexte de syndrome hépato rénal.

La deuxième observation est celle d’un homme de 57 ans présentant une récidive de cirrhose alcoolique après une transplantation hépatique effectuée en Avril 2012 pour hépatite aigue alcoolique sévère.
Des ponctions d’ascites étaient nécessaires à partir de février 2020 pour ascite réfractaire. Il existait une insuffisance rénale chronique avec un DFG à 61 ml/min. Le score de CHILD était à C13 avec un MELD à 27. Les plaquettes étaient à 63000/mm3.
Le 6 juillet 2020 il bénéficie d’une ponction d’ascite évacuatrice. A la fin de la ponction, le patient présente une douleur abdominale, une hypotension artérielle avec un état de choc réfractaire au remplissage. Le bilan biologique réalisé en urgence mettait en évidence une anémie avec un taux d’hémoglobine à 5.7 g/dl. Un scanner avec injection mettait en évidence un hémopéritoine avec un saignement actif au temps veineux en regard de la gouttière parieto-colique gauche.
Devant l’absence de possibilité d’embolisation et l’instabilité hémodynamique une prise en charge chirurgicale était décidée et une transfusion de 6 concentrés érythrocytaires était réalisée.
Une laparotomie était réalisée. Un saignement intrapéritonéal était confirmé. L’évolution était défavorable conduisant au décès du patient.
Le dernier cas est celui d’un homme de 31 ans, suivi pour une cirrhose alcoolique, sevrée compliquée d’ascite réfractaire, avec un projet de TIPS en cours.
La cirrhose était classée CHILD B7 avec un MELD à 12. Le taux de plaquettes était à 166000/mm3, la fonction rénale était normale.
Une ponction d’ascite est réalisée en hôpital de jour le 18 avril 2018 (évacuation de 8 L). Le patient se présente le 25 avril dans notre service pour douleur abdominale. L’examen clinique met en évidence une voussure abdominale. Le patient ne présente pas de signes de choc. Sur le plan biologique il existe une anémie (hémoglobine à 10.2 g/dl contre 11.8 g/dl le 18 avril). Il bénéficie d’un scanner abdomino-pelvien qui révèle un hématome avec un pseudoanévrysme de l’artère épigastrique inférieure gauche développée dans le muscle grand droit gauche. Le lendemain une embolisation du pseudoanévrysme était réalisée avec des suites favorables.

A notre connaissance il n’y a pas de facteurs de risque clairement identifiés du risque hémorragique après ponction dans la littérature. Il a été mis en évidence une possible augmentation du risque de complications hémorragiques de la ponction d’ascite au cours de la cirrhose en cas de MELD ou de CHILD élevé ou d’insuffisance rénale (1,2). Dans une revue de la littérature regroupant 61 patients avec complication hémorragique on observait la présence dans 59 % des cas d’un INR>2, dans 8 % des cas une thrombopénie sévère (définie par un taux de plaquettes < 50,000/µL) et dans 70 % des cas une insuffisance rénale (définie par un DFG <60 ml/min) (3). Dans cette étude la mortalité à J30 était de 43.3 % (3). La ponction d’ascite est considérée comme un geste à faible risque de complication (1,4,5). Notre expérience rappelle qu’une surveillance pendant et après la ponction est nécessaire car il existe un risque de complication hémorragique pouvant engager le pronostic vital. Un angioscanner abdominal en urgence doit être réalisé pour repérer le vaisseau responsable du saignement et discuter l’indication d’une embolisation. Des complications à distance sont possibles justifiant d’informer les patients de la nécessité d’une nouvelle consultation en urgence en cas de douleur abdominale post ponction.