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Gastroenterologie

HELITE : Base de données sur les infections à H pylori : données préliminaires de la phase initiale annécienne.

2025

HELUWAERT F

Gastroentérologie – 09/05/2025 – Communication orale

L’infection à H pylori affecte la moitié de la population mondiale, 15 à 30% de la population française et est présente chez 20% des patients lors d’une gastroscopie. On évalue à 100000 le nombre de traitements proposés chaque année en France. L’objectif principal de HELITE est de rassembler des données exhaustives sur la prise en charge du patient dans sa globalité du diagnostic à l’éradication de l’infection à hélicobacter pylori.
Nous rapportons les résultats de la première phase de cette étude initiée au centre hospitalier d’Annecy.
Les résultats préliminaires sont les suivants :
Effectif de 1214 patients inclus originaire de France métropolitaine (59%), Europe (17%), Afrique (17%), autres (7%). Les situations de découverte d’Hp sont dominées par la présence de symptômes digestifs (70%),la présence d’une carence en fer (20%) la prise d’IPP au long cours (20%), d’un antécédent ou un risque d’ulcère (17%), un antécédent familial de cancer de l’estomac (5%).
Sur les 787 gastroscopies réalisées le statut Hp était connu dans 24% des cas avant la réalisation de la gastroscopie et 25% des patients étaient sous IPP lors de la réalisation de cet examen.
Les principales lésions endoscopiques retrouvées sont une gastrite et l’ulcère gastrique et une duodénite et des ulcères du duodénum.
Les données bactériologiques mettent en évidence une excellente concordance entre la PCR et la culture avec des souches clari sensibles dans 78% des cas et une culture positive pour 80,1% des patients.
La sensibilité de l anapath apparaît faible (75%) et l’essentiel des patients ne présente pas de lésions sévères puisque les lésions d’atrophie et de métaplasie ne sont retrouvés que chez moins de 15% des patients, la présence d’un cancer n’est que de 1%.
Grâce aux données de la PCR, l’essentiel des traitements ont été orientés à savoir IPP amoxicilline clarithromycine pour les souches clari sensibles et PYLERA* pour les souches clari résistantes, le recours à la lévofloxacine et à la rifabutine étant rare.
Les premiers résultats mettent en évidence une excellente tolérance et une éradication de plus de 95% pour les schémas EAC14 pour les souches claires sensibles, le Pylera* présente une tolérance bien moindre avec des taux d’éradication à 87%.
Helite est une étude permettant une évaluation en vie réelle qui permettra de mieux comprendre et mieux proposer des recommandations en France.
Des données actualisées seront présentées au congrès.

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Gastroenterologie

Données actualisées de la Cohorte CAPABLES: Cohorte nationale ANGH des Pancréatites Aigues Biliaires Légères à Sévères.

2025


F . M o r y o u s s e f , C . D e P o n t h a u d, D . G r a s s e t , A .J . R E M Y , S . B e l l o n , P . M a y e r , M . V i d o n , A . D r o u e t D’ a u b i g n y , C . L e m a i t r e , c .
l o c h e r , M . M E D M O U N , F . S k i n a z i , v . q u e n t i n , M .
-P . R i p a u l t , M . K a a s s i s , C . Y z e t , J . L o l l i v i e r , G . A l l a r d , F . E H R A R D , R . G e r a r d , H . A y a d i , F . G O U T O R B E , G . B o u d o u x d’ H a u t e f e u i l l e , O .M . Z a h a r i a , J . A l b o u y s , F . H E L U W A E R T , E . S i e g e l , T .G r a i n v i l l e , C . d’ E n g r e m o n t , N . E T C H E P A R E , C . L e v i , A . M a r t i n , G . C h i t i c , W . A l R a f e i , O . D a b o u s s i , A . C u l e t t o , A . B e c q , A . G a r i o u d , R . M i c e l l i L u p i n a c c i , E . P e r e z , R . S t a n I u g a , D . C u e n , A . C a l d i e r o , C . C h a r p i g n o n , L . C a i l l o , E .
G e l s i , S . P e s c h a r d , J . T r a v a g l i, V . R e b o u r s , g . m a c a i g n e , Groupe d’étude CAPABLES
CH Poissy-Saint-Germain-En-Laye, Poissy, France, Pitie Salpétrière University Hospital, Paris, France, CHBA Service de
Gastroentérologie, Vannes, France, CH Perpignan, Perpignan, France, Centre Hospitalier d’Avignon Henri Duffaut, Perpignan,
France, Hepato-gastroenterology, Strasbourg, France, Centre Hospitalier Intercommunal de Creteil, Creteil, France, CH Cornouaille,
QUIMPER, France, CH Le havre, Le Havre, France, CH Meaux, Meaux, France, CH Creil, Creil, France, CH Delafontaine, Saint
Denis, France, Y Le Foll, gastroenterology, saint brieuc, France, CH Narbonne, Narbonne, France, CH DE CHOLET, Cholet Cedex,
France, Amiens univerisity hospital, Gastroenterology, Amiens, France, CH Valenciennes, Valenciennes, France, CH Aix-en-
provence, Aix-en-provence, France, CH Lorient, Lorient, France, Inserm, Lille, France, CH Marne-la-vallée, Marne-la-vallée,
France, CH Cote basque, Bayonne, France, CH Mteropole Savoie, Aix-les-bains, France, CH Dunkerque, Dunkerque, France,
CHU Limoges / University of Limoges, Department of gastroenterology, Limoges, France, CH Annecy, Annecy, France, CH
Mulhouse, Mulhouse, France, CHU Rennes, Rennes, France, Grenoble University Hospital, Grenoble, France, CH Valence,
Valence, France, CH sud-francilien, Corbeilles-en-Essone, France, Kremlin Bicetre University Hospital, Kremlin Bicetre, France,
CH Gonesse, Gonesse, France, CH Portes de Provencd, Montelimar, France, CH Chartres, Chartes, France, University Hospital
Le Rangueuil, Toulouse, France, Mondor University Hospital, Creteil, France, CH Villeneuve-saint-georges, Villeneuve, France,
Ambroise Paré University Hospital, Boulogne Billancourt, France, University Hospital Georges Pompidou, Paris, France, CH
Dreux, Dreux, France, CH Saint-malo, Saint-malo, France, Tenon University Hospital, Paris, France, Montsouris Institute, Paris,
France, CHU DE NIMES, Gastro enterology, Nîmes, France, Nice University Hospital, Nice, France, CH Meulan, Meulan-les-
mureaux, France, Hopital Beaujon, Pancreatology and Digestive Oncology Department, Clichy, France, CH Montfermeil,
Montfermeil, France


Gastroentérologie – 11/05/2025 – Communication orale

La prise en charge thérapeutique de la pancréatite aiguë biliaire (PAB) inclut la sphinctérotomie endoscopique et la cholécystectomie. Cependant, la stratégie nutritionnelle optimale avant la cholécystectomie—reprise précoce de l’alimentation orale ou nutrition entérale exclusive—reste débattue, notamment en raison du risque d’événements biliaires (EB) récurrents avant la chirurgie, en particulier lorsque celle-ci est retardée.

L’objectif principal était d’évaluer la probabilité d’EB (colique/migration biliaire, impaction de calcul, cholangite, récidive de pancréatite aiguë, et cholécystite aiguë) avant la cholécystectomie, en comparant les modalités nutritionnelles : alimentation orale versus nutrition entérale exclusive. L’objectif secondaire était d’évaluer les taux de cholécystectomie au cours de l’hospitalisation initiale et les raisons de non-réalisation. Les données ont été collectées durant l’hospitalisation, à 3 mois, et à 6 mois si la chirurgie n’avait pas été réalisée à 3 mois. Les EB et les modalités nutritionnelles à ces moments ont été documentés. Les analyses incluaient des modèles de Cox et des tests du Chi².

D’octobre 2022 à décembre 2023, 1 172 patients atteints de PAB ont été inclus prospectivement par 60 hôpitaux français, dont 1 167 dans l’analyse finale. Soixante patients (5 %) ont été perdus de vue, et 34 décès (3 %) ont été rapportés. Une forme sévère de PAB a été observée chez 27,2 % des patients (n=317). Après 48–72 heures, une alimentation orale a été reprise chez 62 % (n=724), une nutrition entérale chez 16 % (n=192), et un jeûne ou une nutrition parentérale poursuivi chez 21 % (n=249). Au cours du suivi, 236 EB sont survenus chez 172 patients, soit 15,5 % ayant présenté au moins un événement, avec un délai médian de survenue de 26 jours (intervalle : 9–57 jours). Plus précisément, 6 % ont présenté un épisode de colique/migration biliaire, 2,1 % une impaction de calcul, 2,3 % une cholangite, 6,1 % une récidive de PAB (dont 9 % étaient sévères), et 1,6 % une cholécystite aiguë. L’analyse univariée a identifié plusieurs facteurs associés à un risque accru de récidive d’EB (p < 0,10) : âge ≥52 ans (p=0,093), obésité (IMC ≥30, p=0,032), score ASA >2 (p=0,097), bilirubine totale ≥60 µmol/L (p=0,010), CRP >150 mg/L, délai diagnostique ≥21 jours (p=0,009), et antécédent de sphinctérotomie (p=0,136). Aucune différence d’incidence des EB n’a été observée entre les PAB sévères et non sévères (p=0,497) lors de l’analyse des 172 premiers EB. Sur l’ensemble de la période de suivi, malgré les 87 EB analysés et les biais potentiels, aucune association significative n’a été retrouvée entre le type de nutrition (orale vs. entérale exclusive) et la probabilité de survenue d’un EB (p=0,447).Chez les patients atteints de PAB non sévère, la cholécystectomie a été réalisée lors de l’hospitalisation initiale dans seulement 33 % des cas. Les principales raisons de non-réalisation étaient d’ordre structurel (par exemple, indisponibilité ou refus du chirurgien), représentant 45 % des cas.

En conclusion, les EB sont fréquents: 15,5 % des patients ont présenté au moins un événement avant la chirurgie, avec 6 % développant une récidive de PAB (dont 9 % étaient sévères). La cholécystectomie reste sous-utilisée : seuls un tiers des patients atteints de PAB non sévère en ont bénéficié lors de leur séjour initial, souvent pour des raisons modifiables. Ni la sévérité de la PAB ni le type de nutrition—orale ou entérale exclusive (malgré les biais potentiels, les données manquantes et les analyses en cours)—ne semblent associés à la survenue d’EB avant la chirurgie. La cholécystectomie précoce, lorsqu’elle est possible, demeure la seule stratégie fiable pour prévenir les EB.

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Etude du positionnement des traitements et de la persistance thérapeutique au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) en vie réelle dans les centres hospitaliers généraux: étude PERSIST’ANGH

2025

Stéphane Nahon, Thierry Paupard, Frédéric Heluwaert, Mathias Vidon, Armand Garioud, Antoine Blain

Gastroentérologie – 27/04/2025 – Communication orale

But de l’étude
Au cours des MICI, le choix de la première ligne de biothérapie (ou d’un nouveau médicament) mais aussi des lignes suivantes, est un sujet largement débattu. À ce jour, il n’y a pas ou peu de facteurs prédictifs d’efficacité ou de tolérance d’une ligne de traitement par rapport à une autre, dans la chronologie des prescriptions.

Méthodologie
Décrire les différentes séquences thérapeutiques à partir de l’initiation de la 1ère biothérapie pour le traitement de la rectocolite hémorragique (RCH) et de la maladie de Crohn (MC) au cours du temps et dans la vie réelle.
Critère d’évaluation principal :
Les différentes séquences thérapeutiques seront décrites en fonction des données suivantes :
1. Durée (persistance) de chaque traitement en fonction de la séquence choisie.
2. Raison(s) de la modification de chaque ligne thérapeutique (échec primaire, secondaire, effets secondaires, choix du patient).
3. Raison(s) du choix de chaque biothérapie (ou d’un nouveau médicament).
4. Voie d’utilisation de l’infliximab (IFX) ou du védolizumab (VZV) IV vs SC et de l’IFX/VZV « switch back » IV/SC.
Ces descriptions pourront être stratifiées selon la pathologie concernée : MC ou RCH.

Résultats
En date du 27 avril 2025, 917 patients atteints d’une MICI et recevant ou ayant reçu au moins une thérapie avancée, ont été inclus par 13 centres. Neuf centres sont en cours de signature de convention avec le CRC d’Annecy
Une analyse descriptive sera réalisée fin juillet 2025 avec pour objectif la présentation des résultats lors du congrès de Perpignan

Conclusion
Les résultats préliminaires de la cohorte PERSIST’ANGH seront présentés lors du congrès de Perpignan

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Une diarrhée qui ne manque pas d’air

2025

Dr OMRANE Soleïhane (1), Dr ZANDITENAS David (1), Dr TIMSIT Elodie (1), Dr MORIN Clément (2)
(1) Service d’hépato-gastroentérologie de l’hôpital Saint Camille
(2) Service de médecine interne et infectieuse de l’hôpital Saint Camille


Gastroentérologie – 09/05/2025 – Cas clinique

Voici le cas d’une jeune patiente de 44 ans, admise pour diarrhée fébrile, douleurs abdominales et grande altération de l’état général.
Son principal et unique antécédent est une polyarthrite rhumatoïde (HLA B27+ anti CCP+) connue depuis 2018 et traitée par ADALIMUMAB depuis 2022. Elle ne prend aucun autre médicament.
Elle est revenue de ses vacances en Grèce le 14 Aout 2024. Durant ce séjour, elle n’a présenté aucun problème médical et continuait à se porter parfaitement bien après son retour jusqu’au 21 Aout 2024.
Le 22 Aout, il apparait brutalement une fièvre à 39-40°C avec douleurs lombaires basses des 2 cotés (plus importante à droite) ainsi qu’une diarrhée liquide non glairo-sanglante et quelques épisodes de vomissement.
Son bilan biologique initial révèle un syndrome inflammatoire important (20.000 leucocytes et une CRP à 182) mais l’ECBU et les coprocultures sont négatifs.
Le bilan infectieux très étendu est strictement négatif : coproculture, RTCD, hémocultures, sérologies diverses, antigènuries légionnelles, parasitologie des selles…..
Le scanner thoraco-abdomino-pelvien initial ainsi que la recto-sigmoïdoscopie sont strictement normaux. Les biopsies coliques le sont également.
Durant les 5 jours suivants, malgré une antibiothérapie probabiliste par C3G/Flagyl puis TAZOCILLINE, elle présente une très inquiétante aggravation clinique et biologique : Elle est prostrée dans son lit ; la fièvre reste bloquée à 40°C, la diarrhée liquidienne s’aggrave. Les leucocytes sont à 28.000 (dont 86% de PNN), la CRP à 680.
A J6, elle se met brutalement à désaturer et nécessite un passage en réanimation ….. non sans que le diagnostic soit enfin posé. Le bon traitement est alors mis en place. Elle sort de réanimation à J2 puis rentre chez elle 6 jours après.
• Quelle est la cause de cette diarrhée fébrile d’apparition brutale ?
• Pourquoi le diagnostic n’a pas été posé initialement malgré un test biologique précoce bien ciblé ?
• Comment ce piège a été contourné ?
• Que retenir de ce cas clinique ?
Vous le saurez en septembre 2025 à Perpignan

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Un polype sous le soleil.

2025

Laurie BONNET, Aida REBIHA, Juliette ADENIS, Maha GARDAM, Anne-Laure DESGABRIEL, Charlotte GAGNIERE, Céline SOMSOUK, Armand GARIOUD.
Service d’Hépato-gastroentérologie – CHI de Villeneuve St-Georges.


Gastroentérologie – 10/05/2025 – Cas clinique

Il s’agit du cas de Monsieur S. âgé de 87 ans hospitalisé par les Urgences pour dyspnée à l’effort et altération de l’état général avec des troubles du transit (alternance diarrhée/constipation et récemment des selles noires).
Dans ses antécédents, il a une FA anticoagulée par AVK, un diabète de type 2, un BAV3 appareillé et une exérèse de 2 mélanomes SSM en 2020 (bras droit et scapulaire gauche) avec résections complètes et bilan d’extension négatif.
Cliniquement, il présente un épanchement pleural droit confirmé par la radio de thorax. Il n’a pas de douleurs abdominales. A la biologie, on trouve une anémie microcytaire ferriprive à 8g/dl et un syndrome inflammatoire avec CRP 25mg/l et leucocytes 11G/L. Le reste de la biologie est sans particularité hormis une insuffisance rénale modérée et un surdosage en AVK (INR 5.3). Le bilan hépatique est normal.
Il est pris en charge par la transfusion d’1 culot globulaire avec bon rendement et est supplémenté par FERINJECT. Le bilan infectieux montre un ECBU positif à E.Coli résistant qui est traité par une antibiothérapie adaptée.
Dans le bilan endoscopique digestif d’anémie, l’EOGD objective une pangastrite Hp- et la coloscopie un volumineux polype atypique d’environ 2cm au niveau du caecum. Il est pédiculé multi ulcéré et d’aspect non adénomateux en lumière blanche et NBI. Il n’est pas biopsié et laissé en place (cf photos 1 et 2).
Il est fait une TDM TAP pour le bilan d’épanchement pleural droit et de la lésion caecale. L’épanchement est de grande abondance et associé à une volumineuse masse tissulaire pulmonaire du lobe moyen droit de 86mm de hauteur (photo 3) ainsi qu’à de multiples nodules et micro nodules pulmonaires. Le polype caecal est vu (photo 4). Il se développe au niveau de la paroi antérieure du cæcum, mesure 42x35mm sur 28mm et est associé à quelques ganglions paracaecaux infracentimétriques. Il existe également un nodule hépatique suspect du segment V et 2 lésions ostéocondensantes infracentimétriques au niveau de deux côtes.
Devant la suspicion de cancer pulmonaire, le bilan est complété par un scanner cérébral injecté normal et par un TEP scanner qui montre le caractère intensément hypermétabolique de la masse pulmonaire, de 2 masses coliques (dont la caecale) mais aussi de multiples localisations au niveau hépatique, péritonéal, ganglionnaire, osseux et musculaire.
L’examen anatomopathologique de la cytologie pleurale est non contributif de même que celui de la biopsie bronchique et de l’aspiration bronchique. Il est réalisé une seconde coloscopie qui retrouve le polype cæcal précédemment décrit (cf photos 5 et 6). Celui-ci a une base d’implantation plus large, est plus ulcéré, plus suspect et semble avoir augmenté de taille. Il est biopsié.
Le patient qui a été transféré en pneumologie est également biopsié sous scanner de cette volumineuse masse pulmonaire droite.
L’examen anatomopathologique des biopsies de ces 2 localisations pulmonaire et caecale est en faveur du même diagnostic tumoral. A votre avis, quel est-il ?

Réponse :
L’histologie du polype caecal est en faveur d’une prolifération carcinomateuse en massifs cellulaires CK 7 nég CK 20 nég mais présentant un fort marquage SOX10 et MART1 (MELAN1) en faveur d’ un diagnostic de mélanome avec un phénotype stable des gènes du système MMR.
L’histologie de la masse pulmonaire évoque également une prolifération tumorale maligne en faveur d’un mélanome.
Au final, il s’agit d’une récidive multi-métastatique (colon, poumon, foie, ganglionnaire, péritoine, os et muscle). Le patient est alors transféré dans un service de dermatologie en CHU pour la suite de sa prise en charge.

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Une anémie ferriprive sévère récidivante révélant une lésion du grêle calcifiée, associée à de multiples lésions hépatiques

2025

Dr Ambroise Lalieu
Dr Baptiste Clerquin
Dr Arnaud Boruchowicz
Dr Xavier Pauwels
Dr Priscilla Verhulst
Dr Clémentine Rousselin


Gastroentérologie – 11/05/2025 – Cas clinique

Une patiente de 50 ans, consulte en 2022 pour une embolie pulmonaire avec thrombose veineuse distale.
Elle a comme antécédent un tableau d’hémorragie digestive avec anémie à 4g/dl en 1997, sans étiologie retrouvée, et une thrombose veineuse superficielle en 2019
Lors du bilan, on découvre une anémie ferriprive à 6.3g/dl, avec une ferritine à 7 ng/dl. La patiente est transfusée et reçoit une supplémentation martiale par venofer.
Une endoscopie haute réalisée, révèle une érosion superficielle n’expliquant pas la symptomatologie. La coloscopie n’est pas réalisée compte tenu d’embolie pulmonaire récente. Un coloscanner est réalisé ne trouvant pas d’épaississement tissulaire du cadre colique. Le bilan gynécologique est normal.
La patiente récidive en 2023 et 2024 une anémie ferriprive sans extériorisation motivant la transfusion de plusieurs concentrés globulaires.
Un nouveau bilan endoscopique est réalisé en aout 2024 révélant une gastrite à Helicobacter Pylori et un pseudo-polype inflammatoire du colon transverse de 4 mm, réséqué par polypectomie.
La patiente est de nouveau hospitalisée, 2 mois après, en médecine interne, pour une anémie à 6g/dl. Un angioscanner abdomino-pelvien est réalisé révèle un épaississement pariétal irrégulier d’une anse jéjunale en flanc droit étendu sur environ 4 cm, avec calcifications pariétale, associé à de multiples lésions hépatiques pour majorité vascularisées dont certaines sont calcifiées.

Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? Quelle prise en charge préconisez-vous ?

NB: il s’agit d’hémangiomes calcifié du grêle, associée à de multiples angiomes hépatiques

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Gastroenterologie

Résultats de l’enquête flash CancérOHeso

2025

Vincent QUENTIN

Gastroentérologie – 11/05/2025 – Communication orale

La consultation d’addictologie pourrait être le lieu idéal pour sensibiliser les patients au dépistage du cancer de l’œsophage. Bien qu’aucune recommandation n’existe en France sur le dépistage de ce cancer, il est clairement démontré que l’alcool et le tabac sont des carcinogènes de grade 1 et que leurs effets se potentialisent. Il est démontré aussi que parmi les cancers épidémiologiquement liés, ceux de la cavité buccale sont le plus à risque d’association avec le cancer oesophagien. Ainsi les recommandations américaines notent que les patients associant une consommation de tabac et d’alcool avec un antécédent de cancer de la cavité buccale pourraient tirer bénéfice d’un dépistage du cancer de l’œsophage.
Cette enquête flash avait pour but de réaliser un état des lieux de la coopération actuelle entre ses spécialités au sein des établissements de l’ANGH ainsi qu’évaluer les pratiques de dépistages proposées.
Par un QR code présenté au congrès de Versailles (Septembre 2024), 69 praticien.nes ont répondu représentant 37 centres.
La grande majorité des centres bénéficient à la fois d’une consultation d’addictologie et d’ORL, 70% des HGE proposent une EOGD de dépistage aux patients ayant la double consommation, 17% des addictologues adressent en endoscopie des patients ayant des antécédent de cancer ORL vs 88% des HGE et 50% des ORL. Seulement 30% des HGE suivent à la lettre les recommandations de Baveno VII en n’adressant jamais les patients en endoscopie pour recherche d’HTP lorsque tous les critères sont réunis (et en l’absence de signe clinique oesophagien).
Lorsque les HGE pratiquent la pose d’une GPE pour cancer ORL, 88% d’entre eux.elles réalisent un examen attentif de l’œsophage. Lors d’une EOGD de dépistage œsophagien seulement 35% le font de façon dédiée. Lors d’une EOGD tout venant chez un.e patient.e de plus de 50 ans seulement 9% font toujours un aller/retour de l’œsophage en lumière blanche puis en chromoendoscopie virtuelle.

Cette enquête montre que les CHG possèdent les moyens médicaux de sensibiliser au dépistage du cancer de l’œsophage en population ciblée. Il conviendrait probablement de sensibiliser les addictologues à cette problématique somatique et d’améliorer la qualité du geste endoscopique.

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Gastroenterologie Hepatologie

Foie, ulcère: j’suis vénère !

2025

Mathilde POQUET, Charles GELLOZ, Marion JAGER, Florence SKINAZI
Service d’Hépatogastroentérologie
Hôpital Delafontaine, 2 rue du Dr Delafontaine 93200 Saint Denis


Hépatologie – 23/04/2025 – Cas clinique

Deux patients ont été admis dans le service d’hépato-gastroentérologie de Saint Denis (93) pour des tableaux cliniques très différents relevant pourtant d’un même diagnostic :
Le premier patient est âgé de 60 ans. Il présente de violentes douleurs épigastriques. Il aurait été opéré de l’estomac 10 ans auparavant et il se plaint depuis 1 mois d’un syndrome ulcéreux. Il a perdu 8 kg, il ne s’alimente plus. L’examen clinique est difficile car le patient est plié en deux mais on observe des lésions palmo-plantaires desquamantes
La biologie standard est normale. Un scanner abdomino pelvien a été réalisé et retrouve des adénopathies périgastriques non nécrotiques
La gastroscopie révèle un vaste ulcère antral d’allure très suspecte. Les biopsies décrivent un infiltrat inflammatoire lymphoplasmocytaire organisé focalement en nodules lymphoides.

Le deuxième patient est congolais, il est âgé de 41 ans. Il consomme du crack et du THC. Il est hospitalisé pour une hépatite aigue révélée par des épigastralgies. Il rapporte la prise de 6g de paracétamol par jour pendant une semaine pour des céphalées et présente une labilité de l’humeur. L’examen clinique est normal. Le TP est à 81%, ASAT à 23N, ALAT à 17N, GGT à 14N, PAL à 3N, bilirubine totale à 30 µmol/l. Les sérologies virales A, B, C et E sont négatives, le dosage pondéral des immunoglobulines et les anticorps anti tissus sont normaux.
Le scanner abdomino-pelvien montre un foie de taille normale, à contours réguliers et des adénopathies inguinales et des chaines iliaques externes bilatérales.
Les transaminases s’améliorent rapidement sous N-Acétyl-Cystéine, mais les épigastralgies persistent et la cholestase se majore (PAL à 8N, GGT 16N, bilirubine totale à 113 µmol/L).
La bili-IRM montre un foie modérément dysmorphique, quelques ganglions du hile hépatique et des voies biliaires normales.
Une biopsie hépatique est réalisée et retrouve une cholangite et péricholangiolite, sans fibrose, sans plasmocyte ni granulome.

Dans les deux cas, un seul et même diagnostic va pouvoir être posé grâce à un examen biologique simple. Quel diagnostic évoquez-vous pour ces deux tableaux ?
Quel signe clinique aurait pu orienter facilement votre diagnostic dès le départ ?

Diagnostic : Syphilis gastrique et hépatique.
Ces deux cas mettent en lumière deux atteintes possibles des organes digestifs par le Tréponema pallidum

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Une hémorragie digestive qui a du ressort !

2024

Manon Evain, Sandrine Barge, Mathias Vidon, Laurent Costes, Safa Hachicha, Isabelle Rosa
Centre hospitalier intercommunal de Créteil


Gastroentérologie – 06/05/2024 – Cas clinique

Il s’agit d’un patient de 66 ans hospitalisé en juin 2023 pour une hémorragie digestive sévère avec rectorragies abondantes, hémoglobine 5,8g/dl et instabilité hémodynamique nécessitant une prise en charge en réanimation avec support vasopresseurs et transfusion de 5 CGR.
Dans ses antécédents on retrouve une AOMI non sévère, une dyslipidémie et une hépatectomie droite élargie avec anastomose bilio-digestive sur une anse montée en Roux en Y en 2020 pour un cholangiocarcinome Bismuth IIIa, en cours de chimiothérapie par GEMZAR CISPLATINE et DURVALUMAB à ce moment-là pour une récidive loco régionale du hile hépatique.
L’EOGD réalisée en réanimation retrouve des VO de grade I, une gastropathie d’hypertension portale et une zone d’infiltration du génu supérius sur 3 cm. Il n’y a pas de trace de saignement actif.
La coloscopie retrouve 3 polypes d’allure festonnée infracentimétriques.
Il récidive de façon majeure à J3 et à J10 avec la nécessité de transfuser 8 CGR. Une nouvelle EOGD retrouve les mêmes VO de grade I, la gastropathie d’hypertension portale mais pas d’infiltration du genu supérius qui avait été imputée initialement au saignement. Une nouvelle coloscopie ne retrouve pas de lésion autre mais une grande quantité de sang rouge. Une VCE est réalisée ne retrouve aucune lésion du grêle mais une angiodysplasie caecale non imputable et des traces de sang rouge dans le colon droit.
Une nouvelle série endoscopique est réalisée à J20 devant une nouvelle récidive majeure de l’hémorragie et ne retrouve rien de nouveau.
Un angioTDM est de nouveau réalisé : quel est votre diagnostic ?

Réponse :
Scanner AP IV qui ne retrouve pas de saignement actif mais une augmentation significative de l’infiltration péri portale avec une sténose du tronc porte, des signes d’hypertension portale avec des voies de dérivation multiples et des métastases pulmonaires.
Cavernome veineux sur l’anse montée avec varices ectopiques de la paroi de l’anse montée.
Mise en place d’un stent du tronc porte permettant l’arrêt des saignements.

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Impact de l’état nutritionnel sur la prise en charge chirurgicale des néoplasies digestives et ORL

2024

S Ben Jemmia(1), M Iboudo (2), C Amouroux (1), B Tissot (1), MC Ortiz (1), C Soriano (1), D Lippai (1), O Farah (1), AJ Remy(1),
F Khemissa Akouz (1).
(1) Centre hospitalier de Perpignan
(2) CHU Yalgado ouedraogo burkina Faso

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Gastroentérologie – 08/05/2024 – Communication orale

Chez un patient devant bénéficier d’une intervention chirurgicale, la présence d’une dénutrition en préopératoire constitue un facteur de risque indépendant de complications postopératoires. La dénutrition augmente la morbidité (infections, retard de cicatrisation), la mortalité, la durée de séjour et les coûts et retentit sur la qualité de vie des patients. Il a été démontré que la prise en charge préopératoire de la dénutrition permettait de réduire le risque supplémentaire généré par celle-ci. Il faut probablement prendre en compte à la fois l’état nutritionnel, les différents facteurs de risque de dénutrition périopératoire et le risque lié à l’acte chirurgical. Une stratification du risque global est proposée par la conférence de consensus de 2010 :
Grade nutritionnel 1 (GN 1) Patient non dénutri
Et chirurgie non à risque élevé de morbidité ET pas de facteur
de risque de dénutrition
Grade nutritionnel 2 (GN 2) : Patient non dénutri
ET présence d’au moins un facteur de risque de dénutrition
OU chirurgie avec un risque élevé de morbidité
Grade nutritionnel 3 (GN 3) Patient dénutri
Et chirurgie non à risque élevé de morbidité
Grade nutritionnel 4 (GN 4) Patient dénutri
Et chirurgie non à risque élevé de morbidité

Matériels et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective, monocentrique, analytique, menée au centre hospitalier de Perpignan entre 01/2023 et 06/2023 colligeant les patients pris en charge par chirurgie carcinologique digestive ou ORL.
Nous avons utilisé les critères de dénutrition selon HAS avec un diagnostic posé si l’un de ces critères était retrouvé : perte de poids récente d’au moins 10%, IMC ≤ 18,5 ou un IMC < 21 chez le sujet de plus de 70 ans, ou albuminémie < à 30 g/L indépendamment de la CRP ; Le grade nutritionnel a été recherché dans le dossier sinon calculé à posteriori. Nous avons noté la prise en charge proposée aux patients : consultation diététique, prescription de CNO et ou de nutrition artificielle. Les complications post opératoires de type infectieuses ou défaut de cicatrisation ont été rapportées Résultats 100 dossiers de patients consécutifs ont été analysés. 9 ont été exclues pour pathologie non cancéreuse. Au final, nous avons inclus un total de 91 patients. Le sexe ratio était de 35 femmes /56 hommes. . Les principaux facteurs de risques de dénutrition étaient : un cancer évolutif concernant 100% de patients, un âge supérieur à 70 ans qui concernait 52 (57%) patients, une insuffisance d’organe chez 36% des patients et une polymédication retrouvée chez 27(30%) patients. La dénutrition a été diagnostiquée chez 55 patients (61%). Tous les patients dénutris étaient grade 4. Moins de la moitié seulement avaient eu un conseil diététique (21 patients soit 38%) 15 avaient soit des CNO (10 patients) soit une nutrition artificielle (5 patients ), entérale chez 4 patients et parentérale pour 1. Les autres patients avaient un grade nutritionnel 2. 27 complications (30%) ont été rapportées. Elles étaient de type défaut de cicatrisation (11 patients) ou infectieuses (10 patients) ou les 2 (6 patients). La majorité (80 %) des patients était classée grade 4 (1 grade non déterminé) . L’analyse des facteurs associés à la morbidité post-opératoire retrouve en analyse univariée que la survenue d’une infection post-opératoire est associée de manière significative à la dénutrition (p =0,021) et à un grade nutritionnel à 4 (p= 0,022). En analyse multivariée, la dénutrition semble être un facteur de risque indépendant de complications infectieuses post-opératoire (OR: 10,25 (2,07 ; 50,71), p =0,0043.) En ce qui concerne le défaut de cicatrisation, les facteurs qui y étaient significativement associés en analyse univariée étaiet la dénutrition (p=0.03) et un grade nutritionnel à 4 ( p=0.006). En analyse multivariée, les antécédents de chirurgie digestive majeure étaient associés à un défaut de cicatrisation (OR : 7,90 (1,18 ; 52,96) p= 0.03). Inversement la prise de CNO était associée à une meilleur cicatrisation (OR 4,68 avec un p à 0,0085) Conclusion : Nous avons confirmé par cette étude que la dénutrition, ainsi qu’un grade nutritionnel à 4 sont des facteurs de risque de morbidité post-opératoire. Cela confirme l’importance de l’évaluation nutritionnelle avant la chirurgie et d’appliquer les recommandations de la SFNCM de grader les patients pour leur proposer une prise en charge adaptée en matière de prise en charge nutritionnelle péri-opératoire. Recommandation émise en 2010 et pourtant loin d’être appliquée dans les structures de soins