Catégories
Gastroenterologie

Mesothéliome péritonéal malin : A propos de 9 cas

2010

Farah ZEROUALA (1), Gilles MACAIGNE (2), Marie Luce AURIAULT (2), Gilles GATINEAU-SAILLANT (1), Joel CUCHEROUSSET (1), Georges BARJONNET(3), Christophe LOCHER (1). (1) CH MEAUX,(2) CH LAGNY,(3) CH COULOMMIERS

Gastroentérologie –  2010-09-04 – CO –

________________________________

Le mésothéliome péritonéal malin est une tumeur rare dont l’incidence est évaluée à 2 par an et par million d’habitants. Il est 5 fois moins fréquent que l’atteinte pleurale. L’exposition à l’amiante est le principal facteur de risque. Le pronostic est sombre avec une survie médiane de quelques mois. Des traitements plus agressifs comportant une résection chirurgicale et une chimiothérapie hyperthermique intra-péritonéale ont permis d’obtenir des survies prolongées chez certains patients. Nous rapportons ici, 9 cas de mésothéliomes primitifs du péritoine : 7 hommes et 2 femmes d’âge moyen 62,1 ans (extrêmes : 44 – 74 ans). Une exposition à l’amiante était mise en évidence chez 7 patients. L’ascite était le principal mode de révélation. Le diagnostic histologique avait été porté sur des biopsies péritonéales réalisées par coelioscopie. Les 9 patients avaient été traités par chimiothérapie à base de sels de platine : cisplatine et Alimta (6 patients), carboplatine et Alimta (2 patients), tomudex et oxaliplatine (1 patient). Une rémission clinique avait été obtenue chez 5 patients avec cependant une survie globale de 5 mois. Deux patients sont encore en cours de traitement et des données actualisées seront disponibles lors du congrès.

Catégories
Gastroenterologie

Utilisation de la photothérapie dynamique en hôpital général dans le cancer de l’œsophage.

2010

Patricia Cacou et Isabelle Rosa

Gastroentérologie –  2010-09-04 – CO –

________________________________

La photothérapie dynamique (PDT) est une technique endoscopique utilisée dans le traitement des cancers de l’œsophage. Le principe de la PDT est de provoquer la nécrose d’une lésion tissulaire, après avoir injecté un agent photosensibilisant, inactif à l’état basal, grâce à un rayonnement lumineux d’une longueur d’ondes spécifique, qui va activer l’agent photosensibilisant. Ce rayonnement est délivré de façon sélective sur la zone à traiter, lors de l’endoscopie.
Le traitement s’effectue lors d’une hospitalisation brève qui nécessite une coordination parfaite entre l’équipe médicale et paramédicale, au niveau de l’unité d’hospitalisation et du centre d’endoscopie.
Le bilan pré-thérapeutique comporte : une endoscopie œso-gastro-duodénale avec biopsies, une écho-endoscopie haute et un TDM thoraco-abdominal. Le dossier est systématiquement présenté en réunion de concertation multidisciplinaire. L’information préalable du malade est effectuée lors d’une consultation médicale puis est reprise de façon complémentaire par l’infirmière lors d’une consultation infirmière. A J1 de l’hospitalisation l’injection du Photofrin est effectuée à 9 heures le matin après accord médical. Dès l’injection du photosensibilisant réalisée, le patient doit rester à l’abri de la lumière, tant dans le service d’hospitalisation qu’au cours de ses déplacements dans l’hôpital et notamment aux endoscopies digestives. L’infirmière peut s’aider d’un dosimètre pour les déplacements du patient. A J3, la séance de photothérapie est effectuée en salle d’endoscopie sous anesthésie générale. Le geste consiste en l’introduction d’une fibre d’illumination par le canal opérateur, qui délivrera le nombre de joules requis sur la lésion à traiter. Durant toute l’hospitalisation et jusqu’à un mois après la sortie des précautions contre la photosensibilisation sont prises et devront être bien expliquées au patient.
Dans notre expérience, la PDT dans le cancer de l’œsophage est une technique intéressante et efficace, principalement chez les malades ayant un carcinome in situ. Elle permet d’obtenir une réponse tumorale complète satisfaisante chez des malades pour qui l’oesophagectomie n’est pas réalisable. La place de cette technique par rapport à la chirurgie et aux autres techniques endoscopiques reste à évaluer.

Catégories
Gastroenterologie

Effets indésirables du dépistage organisé du cancer colorectal par recherche de sang occulte dans les selles

2010

Bernard DENIS, Jacques BOTTLAENDER, Anne Marie WEISS, André PETER, Gilles BREYSACHER, Pascale CHIAPPA, Isabelle GENDRE, Philippe PERRIN
Médecine A, Hôpitaux Civils de Colmar. ADECA Alsace.

Gastroentérologie –  2010-06-02 –  –

________________________________

Les effets indésirables (EI) du dépistage organisé (DO) du cancer colorectal (CCR) n’ont pas été aussi bien évalués que pour le dépistage du cancer du sein. Le but de ce travail était de 1) recenser les EI du DO du CCR par recherche de sang occulte dans les selles et 2) déterminer les modalités optimales de ce recensement en routine.
Méthodes : Recensement des EI du DO du CCR de septembre 2003 à février 2010 dans 2 départements selon 3 modalités : 1) notification par les gastroentérologues (GE) sur le compte rendu de coloscopie, enquêtes postales rétrospectives auprès 2) de tous les médecins généralistes (MG) et 3) de toutes les personnes examinées par coloscopie.
Résultats : Les résultats obtenus sur plus de 10000 coloscopies seront présentés au Mans. Les résultats préliminaires portant sur 7206 coloscopies recensaient 60 EI graves : 9 (1.2‰) perforations, 36 (5.0‰) hémorragies, 8 syndromes douloureux abdominaux, 3 complications infectieuses, 2 phlébites, 1 infarctus du myocarde et 1 rétention urinaire. 18 (30%) étaient de gravité peu sévère, 29 (48.3%) modérée, 11 (18.3%) sévère et 2 occasionnaient des séquelles (stomie). Il n’y avait aucun décès. Ils conduisaient à 161 nuits d’hospitalisation pour 47 patients, 9 interventions chirurgicales, 8 transfusions et 10 coloscopies itératives. Le taux d’EI graves était de 8.3‰ coloscopies. Il atteignait 10.7‰ pour les 2809 coloscopies pour lesquelles les 3 sources d’information étaient disponibles. Il variait significativement avec le rendement de la coloscopie : 1.4‰ en l’absence de lésion néoplasique, 9.6‰ en cas d’adénome non avancé et 21.2‰ en cas de néoplasie avancée (p<0.01). Il survenait 1 EI grave pour 35.4 néoplasies avancées détectées. 40 EI graves (66.7%) étaient signalés par les GE, 34 (56.7%) par les patients et 19 (31.7%) par les MG. 850 MG (69.4%) et 4716 personnes dépistées (65.4%) répondaient aux enquêtes postales. Parmi ces dernières, 406 (8.6%) rapportaient des EI mineurs : 136 des douleurs après coloscopie, 124 des troubles du transit, 115 des ballonnements, 35 des nausées / vomissements et 24 des syndromes infectieux bénins. 509 (22.6%) estimaient le courrier d’annonce du résultat très angoissant, 413 (18.1%) la purge très pénible et 64 (1.4%) la coloscopie très douloureuse. Le dépistage occasionnait une angoisse importante chez 13.1% des personnes, durable dans 22.7% des cas.
Conclusions : Dès lors qu'ils sont recherchés activement, les EI du DO du CCR sont plus fréquents qu'initialement rapporté, soit 0.8 EI grave pour 100 coloscopies. La plupart sont cependant mineurs et la balance bénéfices / risques du DO reste favorable. La fréquence des EI graves est corrélée au rendement de la coloscopie, de 1‰ en cas de coloscopie normale à 21‰ en cas de néoplasie avancée. La population cible doit en être informée. La notification des EI par les GE ne repère que 2 EI graves sur 3. Pour un recensement « exhaustif » des EI, les 3 sources d'information sont indispensables : GE, MG et patient.

Catégories
Gastroenterologie

Utilisation et efficacité de l’erythromycine avant une endoscopie pour hémorragie digestive haute: résultats de l’observatoire HDH de l’ANGH

2010

Stéphane Nahon, Alexandre Pariente, Pierre Lahmek, Isabelle Rosa, pour un groupe d’ investigateurs de l’ Association nationale des Gastroentérologues des Hôpitaux Généraux*

Gastroentérologie –  2010-06-04 –  –

________________________________

Introduction et buts: la réalisation en urgence d’une endoscopie digestive est la règle au cours des hémorragies digestives hautes (HDH). Afin d’améliorer l’ efficacité de l’endoscopie, l’administration d’erythromycine par voie intraveineuse est préconisée 1. Le but de notre étude a été d’évaluer les pratiques concernant l’administration et l’efficacité de l’erythromycine à travers l’observatoire de l’ANGH sur les HDH. Méthodes : Du 1er mars 2005 au 28 février 2006, 3282 patients ont été hospitalisés en urgence pour une HDH communautaire dans 53 centres de l’ANGH. Nous avons comparé les patients ayant reçu de l’erythromycine (ERY) à ceux n’en ayant pas reçu (Non-ERY) pour l’ ensemble de la population et les malades ayant une hémorragie active. Les critères de jugement étaient les suivants: nombre de deuxième endoscopie et de geste endoscopique, taux de récidive hémorragique et de mortalité.
Résultats : nous avons considéré pour cette analyse les 2897 patients dont les données étaient disponibles et qui avaient eu une endoscopie. 429 (14.8%) avaient reçu une perfusion d’ERY avant l’endoscopie. Les malades du groupe ERY étaient plus âgés (63.7±18.3 vs 61.7±16.4 ans, p<0.02), avaient plus souvent une hémorragie active (76.2% vs 57.2%, p<0.0001), un score de Rockall plus élevé (5,99±2,17 vs 4,88±2,35, p<0.0001), un nombre de gestes endoscopiques (44.7% vs 27.1%, p<0.0001) et de deuxième endoscopie (31.2% vs 21.8%, p<0.0001) plus importants , et un taux de récidive hémorragique (14.2% vs 9.9%, p<0.007) et de mortalité plus élevés . Parmi les 1572 malades ayant une hémorragie active, 20.3% avaient reçu de l’erythromycine. Il n’existait pas de différence significative pour le score de Rockall moyen, le nombre de seconde endoscopie (p=0.2), le taux de récidive (p=0.5) ni la mortalité (p=0,38) mais le nombre de gestes endoscopiques thérapeutiques était plus élevé dans le groupe ERY (p<0.0001).
Conclusion : Dans notre observatoire, l’ERY était assez peu utilisée, un peu plus en cas d’hémorragie active. Dans cette situation, l’ERY était associée à la réalisation plus fréquente d’un geste endoscopique thérapeutique, sans diminution du nombre de deuxième endoscopie ni du taux de récidive.
*La liste complète des investigateurs est publiée dans Clin Gastroenterol Hepatol. 2008 Aug;6(8):886-92.
1-Barkun A, Bardou M, Gralnek ,I. Erythromycin and other prokinetics in acute upper gastrointestinal bleeding ? A meta-analysis [Abstract]. Gastroenterology 2009;134.

Catégories
Gastroenterologie

Dépistage du virus de l’hépatite B (VHB) chez les malades suivis pour une maladie inflammatoire cryptogénétique de l’intestin (MICI): étude de pratique dans les Hôpitaux généraux

2010

C Poupardin (1), S Nahon (1), F Harnois (2), C Charpignon (3), JF Cadranel (4), J Denis (5), H Hagège (6), B Lesgourgues (1), C Renou (7), ANGH
(1) Montfermeil; (2) Lagny; (3) Villeneuve-Saint-Georges; (4) Creil; (5) Corbeil-Essonnes; (6) Créteil; (7) Hyeres

Gastroentérologie –  2010-06-08 –  –

________________________________

Plus de 50% des malades de la cohorte Césame (MICI) sont traités par immunosuppresseurs et/ou biothérapie. Récemment, l’EASL et ECCO ont soulignés l’importance de la connaissance du statut du VHB avant d’initier un traitement par immunosuppresseur ainsi que celle de prescrire un traitement préemptif en présence d’un AgHBs (1, 2). Le but de cette enquête était d’évaluer les pratiques des hépato-gastroentérologues de l’ANGH vis-à-vis du VHB chez les malades atteints de MICI.
Méthodes : un questionnaire était adressé à l’ensemble des membres actifs de l’ANGH par courrier électronique. Les réponses étaient obtenues sur la base du volontariat à l’aide d’un questionnaire informatisé composé de questions à choix simple et multiple.
Résultats : quatre-vingt sept praticiens répondaient à l’ensemble des questions de cette enquête. L’activité des praticiens était gastroentérologique dans 34% des cas, hépatologique dans 15% des cas et mixte dans 51% des cas. Les marqueurs du VHB étaient recherchés dans 91% des cas, rarement dès le diagnostic de MICI (28%) et plus fréquemment avant le début du traitement par immunosuppresseurs (72%). Le dépistage était majoritairement sérologique (78%). Quarante-neuf pourcents des praticiens recommandaient systématiquement une vaccination des malades séronégatifs alors que 35% d’entre eux ne vaccinaient que les malades à risque d’infection virale. Le contrôle des anticorps anti-HBs était effectué dans 25% des cas après vaccination.
Un traitement préemptif était proposé dans 70% des cas chez les porteurs inactifs de l’AgHBs (ADN VHB <2000UI/L). Un dosage de l’ADN du VHB était réalisé dans 75% des cas alors qu’une recherche l’Ag HBe était effectuée dans 29% des cas chez les porteurs isolés de l’Ac anti HBc. Dans cette situation particulière, un traitement préemptif était proposé dans 50% des cas lorsque l’ADN viral était positif et dans 9% des cas s’il était négatif.
Les traitements préemptifs instaurés en monothérapie étaient la lamivudine (22%), le tenofovir (24.5%) et l’entecavir (31%). Le traitement préemptif était interrompu 6 mois après l’arrêt des immunosuppresseurs chez 65,5% des porteurs inactifs. Une réactivation virale B sous immunosuppresseurs a été rapportée par 23 % des praticiens.
Conclusion : La pratique des hépato-gastroentérologues des hôpitaux généraux est le plus souvent conforme aux recommandations vis-à-vis du VHB chez les malades MICI. Un bilan sérologique précoce devrait permettre de vacciner les malades non immunisés avant l’instauration d’un traitement immuno-suppresseur, bilan qui n’est effectué que par un quart d’entre eux. De plus, un traitement préemptif devrait être systématiquement proposé aux porteurs inactifs du VHB alors qu’il n’est instauré que dans 70% des cas.

Catégories
Gastroenterologie

Les 18 premiers mois de la campagne de dépistage par test Hemocult® en Seine et Marne : résultats dans une unité d’endoscopies digestives d’hôpital général et comparaison avec les autres indications de dépistage

2010

Florence Harnois (1), Gilles Macaigne (1), Jean-François Boivin (2), Jean-Paul Desbiez (1), Dorian Dikov (2), Sadek Cheiab (1), Georges Bonyhai (2), Claude Chayette (1). Services d’hépato-gastroentérologie (1) et d’anatomo-pathologie (2), Hôpital de Lagny-Marne-la-Vallée, 77 405 Lagny-sur-Marne Cedex. France.

Gastroentérologie –  2010-09-02 – CO –

________________________________

Introduction : La campagne de dépistage du cancer colo-rectal par test hémocult® (CCR) a débuté dans le département de Seine et Marne en octobre 2008.
But : Les buts de ce travail ont été d’évaluer les résultats du dépistage du CCRH dans une unité d’endoscopie d’un hôpital général de Seine et Marne durant les 18 premiers mois et de les comparer aux résultats des autres indications de dépistage.
Malades et méthodes : D’octobre 2008 à avril 2010, tous les malades adressés dans notre centre pour coloscopie de dépistage ont été inclus. L’indication de la coloscopie de dépistage était soit un test Hemocult® positif, soit un antécédent personnel ou familial de tumeur colo-rectale (polype ou cancer). L’ensemble des données cliniques, endoscopiques et histologiques ont été recueillies prospectivement.

Résultats :
486 coloscopies de dépistage ont été réalisées, soit 35% de la totalité des coloscopies réalisées dans l’unité pendant cette période. La coloscopie était complète dans 98.4% des cas. La population avait un age médian de 72 ans [27-88] et était constituée de 54% d’hommes. L’indication était un test hémocult® positif chez 61 patients (12.5%), un antécédent personnel de tumeur colorectale chez 222 patients (45.7%) (cancer dans 16% des cas), un antécédent familial au 1er degré chez 180 patients (37,1%) (cancer dans 78% des cas) et un antécédent familial au second degré chez 23 patients (4.7%).
Dans cette cohorte, 7 adénocarcinome, 5 adénome en dysplasie de haut grade (DHG) et 41 adénome>10mm ont été diagnostiqués et 1 cas de polypose (sans antécédent familial) a été détecté dans le groupe hémocult®. Les taux de cancer et d’adénome>10mm étaient significativement plus élevés dans le groupe Hémocult® positif que dans les 3 autres groupes (P<0.001). Les nombres de polype/colo et d’adénome/colo étaient significativement plus élevés dans le groupe Hemocult® (p<0.05), les différences n’étant pas significatives entre les 3 autres groupes (tableau 1)
La coloscopie permettait le diagnostic d’au moins un adénome chez 52% des malades du groupe hémocult® et dans 39.3% des malades du groupe antécédent familial au premier degré ayant une première coloscopie ; cette différence n’était pas significative. Lorsque la coloscopie était anormale, le nombre d’adénome/colo était significativement supérieur dans le groupe hemocult® positif que dans le groupe de malades ayant une première coloscopie pour un antécédent familial au premier degré ( 2.7 versus1.9, p= en cours)

Conclusion :

les coloscopie de dépistage pour Hémocult® positif ont représenté 12.5% des nos coloscopies de dépistage et ont été performantes pour le diagnostic des polypes à haut risque et de cancer. La coloscopie réalisée pour test Hémocult® positif permettait de diagnostiquer significativement plus de cancer et d’adénome à haut risque que dans les autres indications de dépistage.

Catégories
Gastroenterologie

Colites lymphocytaires secondaires à la prise d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine.

2010

(1) Service d’hépato-gastro-entérologie Centre hospitalier Sud-Francilien Quartier du Canal Courcouronnes 91014 EVRY cedex
(2) Service d’anatomo-pathologie Centre hospitalier Sud-Francilien Quartier du Canal Courcouronnes 91014 EVRY cedex

Gastroentérologie –  2010-09-02 – CO –

________________________________

Les colites microscopiques sont définies par l’existence de lésions inflammatoires de la muqueuse colique qui surviennent au sein d’un côlon macroscopiquement sain.
Les lésions inflammatoires associent hyperlymphocytose intra-épithéliale, anomalie de l’épithélium de revêtement, cryptite et infiltrat inflammatoire de la Lamina propria.
Deux entités sont définies, la colite collagène, et la colite lymphocytaire caractérisée par la présence d’une lymphocytose épithéliale supérieure à 20 % des cellules de revêtement.
Le tableau clinique de ces colites microscopiques en particulier de la colite microscopique lymphocytaire est dominé par une diarrhée sans altération de l’état général, survenant plutôt chez la femme d’âge moyen.
Huit patientes d’âge moyen de 44,5 ans (extrêmes : 41 à 80 ans) traitées par des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine depuis des durées variables allant de 3 mois à 7 ans ont consulté dans le CHSF depuis 2006, pour une diarrhée évoluant depuis plus de trois mois, non glairo-sanglante, sans altération de l’état général.
Ces patientes ont toutes bénéficié d’une coloscopie macroscopiquement normale mais dont les biopsies ont révélé l’existence d’une colite lymphocytaire.
Les autres étiologies de diarrhée chronique ont été éliminées.
L’évolution de cette colite microscopique lymphocytaire a été favorable après arrêt de l’inhibiteur de la recapture de la sérotonine et mise sous PENTASA à la dose de 4 g par jour, à dose décroissante et arrêt au bout de 6 mois sans récidive de la diarrhée.
Deux patientes ont nécessité la mise sous ENTOCORT en raison d’une non-réponse au PENTASA malgré l’arrêt de l’antidépresseur. Trois patientes ont repris un antidépresseur de la même classe (PROZAC puis DEROXAT, SEROPLEX puis SEROPRAM, DEROXAT et reprise du DEROXAT deux ans plus tard) avec un test de réintroduction positif, la récidive de la diarrhée, et la même évolution favorable après arrêt du traitement et mise sous PENTASA ou ENTOCORT.
Il n’est pas rare de retrouver le rôle d’un médicament dans la survenue d’une colite microscopique, un mécanisme immuno-allergique a été évoqué, avec la description de signe d’activation muqueuse ou de l’induction d’une apoptose.
Ces diarrhées ont un caractère bénin, on peut retenir comme potentiellement responsables de colite lymphocytaire les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Dans nos observations toutes les patientes ont été traitées ; on ne peut exclure que la seule interruption du traitement puisse parfois suffire à entrainer l’arrêt de la diarrhée.

Catégories
Gastroenterologie

Les retombées pratiques de CESAME

2010

Laurent Beaugerie, hôpital Saint-Antoine, Paris.

Gastroentérologie –  2010-09-02 – CF –

________________________________

CESAME a atteint son objectif scientifique principal qui était de confirmer et de préciser l’ampleur du sur-risque de lymphomes chez les patients ayant une MICI et recevant des thiopurines. Après ajustement sur tous les autres facteurs, le risque est ainsi multiplié par 5.1 Mais l’étude est allée très au-delà sur l’identification des populations à risque et sur la caractérisation des lymphomes associés aux MICI ou à l’immunosuppression. Principalement, les jeunes hommes (<35 ans) séronégatifs pour l’EBV ont un risque non négligeable en croisant EBV sous thiopurines de développer une lymphoprolifération fatale dans les suites immédiates de la mononucléose infectieuse comme dans le syndrome de lymphoprolifération liée au chromosome X ou syndrome de Purtilo. Il convient donc de tester la sérologie EBV chez les hommes jeunes avant mise sous thiopurines, et discuter un traitement de fond alternatif (monothérapie par anti-TNF) en cas de négativité. CESAME a aussi confirmé que les lésions inflammatoires chroniques intestinales peuvent faire le lit de lymphomes intestinaux au même titre que des adénocarcinomes, comme cela avait été suggéré dans une série de la Mayo Clinic possiblement entachée de biais de recrutement.2
Il existait en France une grande inconnue sur l’ampleur du risque ce cancer colo-rectal (CCR) au cours des MICI, sachant que des études récentes scandinaves suggéraient que ce sur-risque avait disparu avec le temps et l’évolution des traitements. En fait, CESAME démontre avec une grande puissance statistique que le risque de CCR reste doublé au cours des MICI en France en 2004-2007. Néanmoins, nous montrons aussi que ce sur-risque est cantonné aux MICI coliques anciennes et étendues : il convient donc de combattre ce risque sur ce terrain par la surveillance endoscopique et la chémoprévention. Une étude de pratiquée nichée dans les centres universitaires franciliens participant à CESAME a montré que près de la moitié des malades n’étaient pas du tout dépistés, ce qui doit nous inciter à améliorer l’information et la motivation des patients et des gastro-entérologues sur ce point. En termes de chémoprévention, nous avons pu, a à travers une étude cas-témoins nichée dans CESAME, évaluer comparativement l’effet protecteur des 5-ASA et des thiopurines, après ajustement sur les autres facteurs de risque et sur la propension à recevoir les traitements. Chez les patients à haut risque, et surtout dans la RCH, nous confirmons clairement l’effet protecteur des 5-ASA, qui diminuent, comme dans la méta-analyse de Velayos et al., le risque de CCR de moitié. L’effet protecteur des thiopurines, suggéré dans la partie prospective de CESAME,3 n’atteint pas tout à fait dans l’étude cas-témoins le seuil de significativité statistique. En pratique donc, l’intérêt de la chémoprévention par les 5-ASA est incontestable chez les patients ayant une RCH ancienne et étendue, et l’association à un traitement fond par les thiopurines, si ce dernier est nécessaire par ailleurs, est vraisemblablement encore plus favorable.
En vrac, CESAME confirme par une étude nichée que les grossesses menées sous thiopurines ne sont pas à risque particulier de malformations. Enfin, l’étude des cancers de la peau en cours confirme le sur-risque lié aux thiopurines récemment publié,4 et montre que plusieurs cancers surviennent bien avant l’âge habituel, renforçant d’un point de vue pratique l’intérêt majeur de convaincre les patients sous thiopurines de se protéger convenablement du soleil et de montrer leur peau régulièrement aux médecins.

Références

1. Beaugerie L, Brousse N, Bouvier AM, et al. Lymphoproliferative disorders in patients receiving thiopurines for inflammatory bowel disease: a prospective observational cohort study. Lancet 2009; 374:1617-25.
2. Dayharsh GA, Loftus EV, Jr., Sandborn WJ, et al. Epstein-Barr virus-positive lymphoma in patients with inflammatory bowel disease treated with azathioprine or 6-mercaptopurine. Gastroenterology 2002; 122:72-7.
3. Velayos FS, Terdiman JP, Walsh JM. Effect of 5-aminosalicylate use on colorectal cancer and dysplasia risk: a systematic review and metaanalysis of observational studies. Am J Gastroenterol 2005; 100:1345-53.
4. Long MD, Herfarth HH, Pipkin CA, Porter CQ, Sandler RS, Kappelman MD. Increased risk for non-melanoma skin cancer in patients with inflammatory bowel disease. Clin Gastroenterol Hepatol 2010; 8:268-74.

Catégories
Gastroenterologie

Quand une cause de diarrhée chronique en cache une autre ou quand les étiologies de diarrhée s’entremêlent …

2010

Gilles Macaigne (1), Florence Harnois (1), Jean-François Boivin (2), Sadek Cheiab (1), Georges Bonyhai (2), Claude Chayette (1). Services d’hépato-gastro-entérologie (1) et d’anatomo-pathologie (2), Hôpital de Lagny-Marne-la-Vallée, 77 405 Lagny-sur-Marne Cedex. France.

Gastroentérologie –  2010-09-03 – CO –

________________________________

Un homme de 55 ans consultait en juillet 2007 pour une diarrhée faite de 2 à 3 selles quotidiennes non formées évoluant depuis 2 ans avec perte de 15 kilos sans véritable AEG et douleurs abdominales non spécifiques sans signe d’appel extra-digestif. Sur le bilan biologique initial, il était noté une discrète hypo-albuminémie à 33g/l, une hypo-cholestérolémie, une diminution du TP 55% et une cytolyse hépatique avec un taux sérique d’ALAT inférieur à 2 fois la limite supérieure de la normale. Il n’y avait par ailleurs par d’anémie et la glycémie était normale Il présentait comme principal antécédent une notion d’atrophie pancréatique connue depuis des années et jusque-là non explorée. Il était alors hospitalisé dans le service pour la prise en charge de cette diarrhée chronique avec syndrome carentiel biologique. . .

Catégories
Gastroenterologie

Bevacizumab (Avastin °) et perforation colique : 3 cas survenus chez des patients porteurs d’une carcinose péritonéale d’origine colique.

2010

L.Legros,D.Grasset, C.Vernet, A.Fichet, V.Bicheler, D.Rio,A Ulvoas, J.Gavard, JF.Bouret. Centre hospitalier Bretagne Atlantique, 56000 Vannes.

Gastroentérologie –  2010-09-03 – CO –

________________________________

Le Bevacizumab est un anticorps monoclonal humanisé anti-VEGF utilisé dans le traitement des cancers du fait de son rôle antiangiogènique. Dans le cancer du colon métastatique, il est indiqué en traitement de première ou deuxième ligne en association à la chimiothérapie.
Il s’agit d’un traitement bien toléré dont la toxicité vasculaire est bien codifiée (protéinurie, HTA). La survenue d’une perforation intestinale est une complication rare (2%) mais grave (mortalité de 20 à 30 %) de ce traitement.
Nous rapportons 3 cas de perforation colique survenus depuis 2006 dans notre unité en cours de chimiothérapie (Folfiri) associée à de l’Avastin (5 mg/kg). Ces 3 observations (sur un total de 55 patients ayant reçu de l’Avastin durant cette période dans notre centre hospitalier) ont en commun : la présence d’une carcinose péritonéale « floride » avec masses abdominales palpables, la survenue précoce au cours des 3 premiers mois d’Avastin, une colectomie pour le traitement de la tumeur primitive 1 à 3 ans auparavant, il s’agissait de patientes âgées de 50 à 70 ans. L’évolution a été fatale dans 2 cas (J5 et J30).
Les facteurs de risque de perforation intestinale sous Avastin sont : cancer colique en place, diverticulite, occlusion, ulcère gastroduodénal, carcinose péritonéale, polypectomie et prothèse colique. Le traitement doit être conservateur compte tenu notamment du risque de trouble de la cicatrisation lié à ce produit (délais minimum de 4 semaines recommandé avant ou après une chirurgie). Parmi nos 3 observations, 2 patientes ont dû être opérées du fait de la gravité du tableau péritonéal et septique.
En conclusion, la survenue d’une perforation colique sous Bevacizumab (Avastin) est une complication de pronostique sombre en cas de carcinose péritonéale avec masses palpables au cours de l’évolution d’un cancer du colon opéré, ce qui doit rendre son utilisation limitée dans cette situation.

Saif MW et al ; Gastrointestinal perforation due to bevacizumab in colorectal cancer Ann. Surg. Oncol. 2007.
Badgwdell MW et al; Management of bevacizumab-associated bowel perforation : a case series and review of the literature Ann. Oncol. 2008; 19 : 577-582.