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Gastroenterologie

Les retombées pratiques de CESAME

2010

Laurent Beaugerie, hôpital Saint-Antoine, Paris.

Gastroentérologie –  2010-09-02 – CF –

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CESAME a atteint son objectif scientifique principal qui était de confirmer et de préciser l’ampleur du sur-risque de lymphomes chez les patients ayant une MICI et recevant des thiopurines. Après ajustement sur tous les autres facteurs, le risque est ainsi multiplié par 5.1 Mais l’étude est allée très au-delà sur l’identification des populations à risque et sur la caractérisation des lymphomes associés aux MICI ou à l’immunosuppression. Principalement, les jeunes hommes (<35 ans) séronégatifs pour l’EBV ont un risque non négligeable en croisant EBV sous thiopurines de développer une lymphoprolifération fatale dans les suites immédiates de la mononucléose infectieuse comme dans le syndrome de lymphoprolifération liée au chromosome X ou syndrome de Purtilo. Il convient donc de tester la sérologie EBV chez les hommes jeunes avant mise sous thiopurines, et discuter un traitement de fond alternatif (monothérapie par anti-TNF) en cas de négativité. CESAME a aussi confirmé que les lésions inflammatoires chroniques intestinales peuvent faire le lit de lymphomes intestinaux au même titre que des adénocarcinomes, comme cela avait été suggéré dans une série de la Mayo Clinic possiblement entachée de biais de recrutement.2
Il existait en France une grande inconnue sur l’ampleur du risque ce cancer colo-rectal (CCR) au cours des MICI, sachant que des études récentes scandinaves suggéraient que ce sur-risque avait disparu avec le temps et l’évolution des traitements. En fait, CESAME démontre avec une grande puissance statistique que le risque de CCR reste doublé au cours des MICI en France en 2004-2007. Néanmoins, nous montrons aussi que ce sur-risque est cantonné aux MICI coliques anciennes et étendues : il convient donc de combattre ce risque sur ce terrain par la surveillance endoscopique et la chémoprévention. Une étude de pratiquée nichée dans les centres universitaires franciliens participant à CESAME a montré que près de la moitié des malades n’étaient pas du tout dépistés, ce qui doit nous inciter à améliorer l’information et la motivation des patients et des gastro-entérologues sur ce point. En termes de chémoprévention, nous avons pu, a à travers une étude cas-témoins nichée dans CESAME, évaluer comparativement l’effet protecteur des 5-ASA et des thiopurines, après ajustement sur les autres facteurs de risque et sur la propension à recevoir les traitements. Chez les patients à haut risque, et surtout dans la RCH, nous confirmons clairement l’effet protecteur des 5-ASA, qui diminuent, comme dans la méta-analyse de Velayos et al., le risque de CCR de moitié. L’effet protecteur des thiopurines, suggéré dans la partie prospective de CESAME,3 n’atteint pas tout à fait dans l’étude cas-témoins le seuil de significativité statistique. En pratique donc, l’intérêt de la chémoprévention par les 5-ASA est incontestable chez les patients ayant une RCH ancienne et étendue, et l’association à un traitement fond par les thiopurines, si ce dernier est nécessaire par ailleurs, est vraisemblablement encore plus favorable.
En vrac, CESAME confirme par une étude nichée que les grossesses menées sous thiopurines ne sont pas à risque particulier de malformations. Enfin, l’étude des cancers de la peau en cours confirme le sur-risque lié aux thiopurines récemment publié,4 et montre que plusieurs cancers surviennent bien avant l’âge habituel, renforçant d’un point de vue pratique l’intérêt majeur de convaincre les patients sous thiopurines de se protéger convenablement du soleil et de montrer leur peau régulièrement aux médecins.

Références

1. Beaugerie L, Brousse N, Bouvier AM, et al. Lymphoproliferative disorders in patients receiving thiopurines for inflammatory bowel disease: a prospective observational cohort study. Lancet 2009; 374:1617-25.
2. Dayharsh GA, Loftus EV, Jr., Sandborn WJ, et al. Epstein-Barr virus-positive lymphoma in patients with inflammatory bowel disease treated with azathioprine or 6-mercaptopurine. Gastroenterology 2002; 122:72-7.
3. Velayos FS, Terdiman JP, Walsh JM. Effect of 5-aminosalicylate use on colorectal cancer and dysplasia risk: a systematic review and metaanalysis of observational studies. Am J Gastroenterol 2005; 100:1345-53.
4. Long MD, Herfarth HH, Pipkin CA, Porter CQ, Sandler RS, Kappelman MD. Increased risk for non-melanoma skin cancer in patients with inflammatory bowel disease. Clin Gastroenterol Hepatol 2010; 8:268-74.

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Quand une cause de diarrhée chronique en cache une autre ou quand les étiologies de diarrhée s’entremêlent …

2010

Gilles Macaigne (1), Florence Harnois (1), Jean-François Boivin (2), Sadek Cheiab (1), Georges Bonyhai (2), Claude Chayette (1). Services d’hépato-gastro-entérologie (1) et d’anatomo-pathologie (2), Hôpital de Lagny-Marne-la-Vallée, 77 405 Lagny-sur-Marne Cedex. France.

Gastroentérologie –  2010-09-03 – CO –

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Un homme de 55 ans consultait en juillet 2007 pour une diarrhée faite de 2 à 3 selles quotidiennes non formées évoluant depuis 2 ans avec perte de 15 kilos sans véritable AEG et douleurs abdominales non spécifiques sans signe d’appel extra-digestif. Sur le bilan biologique initial, il était noté une discrète hypo-albuminémie à 33g/l, une hypo-cholestérolémie, une diminution du TP 55% et une cytolyse hépatique avec un taux sérique d’ALAT inférieur à 2 fois la limite supérieure de la normale. Il n’y avait par ailleurs par d’anémie et la glycémie était normale Il présentait comme principal antécédent une notion d’atrophie pancréatique connue depuis des années et jusque-là non explorée. Il était alors hospitalisé dans le service pour la prise en charge de cette diarrhée chronique avec syndrome carentiel biologique. . .

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Bevacizumab (Avastin °) et perforation colique : 3 cas survenus chez des patients porteurs d’une carcinose péritonéale d’origine colique.

2010

L.Legros,D.Grasset, C.Vernet, A.Fichet, V.Bicheler, D.Rio,A Ulvoas, J.Gavard, JF.Bouret. Centre hospitalier Bretagne Atlantique, 56000 Vannes.

Gastroentérologie –  2010-09-03 – CO –

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Le Bevacizumab est un anticorps monoclonal humanisé anti-VEGF utilisé dans le traitement des cancers du fait de son rôle antiangiogènique. Dans le cancer du colon métastatique, il est indiqué en traitement de première ou deuxième ligne en association à la chimiothérapie.
Il s’agit d’un traitement bien toléré dont la toxicité vasculaire est bien codifiée (protéinurie, HTA). La survenue d’une perforation intestinale est une complication rare (2%) mais grave (mortalité de 20 à 30 %) de ce traitement.
Nous rapportons 3 cas de perforation colique survenus depuis 2006 dans notre unité en cours de chimiothérapie (Folfiri) associée à de l’Avastin (5 mg/kg). Ces 3 observations (sur un total de 55 patients ayant reçu de l’Avastin durant cette période dans notre centre hospitalier) ont en commun : la présence d’une carcinose péritonéale « floride » avec masses abdominales palpables, la survenue précoce au cours des 3 premiers mois d’Avastin, une colectomie pour le traitement de la tumeur primitive 1 à 3 ans auparavant, il s’agissait de patientes âgées de 50 à 70 ans. L’évolution a été fatale dans 2 cas (J5 et J30).
Les facteurs de risque de perforation intestinale sous Avastin sont : cancer colique en place, diverticulite, occlusion, ulcère gastroduodénal, carcinose péritonéale, polypectomie et prothèse colique. Le traitement doit être conservateur compte tenu notamment du risque de trouble de la cicatrisation lié à ce produit (délais minimum de 4 semaines recommandé avant ou après une chirurgie). Parmi nos 3 observations, 2 patientes ont dû être opérées du fait de la gravité du tableau péritonéal et septique.
En conclusion, la survenue d’une perforation colique sous Bevacizumab (Avastin) est une complication de pronostique sombre en cas de carcinose péritonéale avec masses palpables au cours de l’évolution d’un cancer du colon opéré, ce qui doit rendre son utilisation limitée dans cette situation.

Saif MW et al ; Gastrointestinal perforation due to bevacizumab in colorectal cancer Ann. Surg. Oncol. 2007.
Badgwdell MW et al; Management of bevacizumab-associated bowel perforation : a case series and review of the literature Ann. Oncol. 2008; 19 : 577-582.

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Caractéristiques et facteurs pronostiques des angiodysplasies coliques hémorragiques: étude prospective multicentrique de l’ANGH

2010

S Nahon (1), G Macaigne (2), EA Pariente (3), B Bour (4), E Saillard (5), A Boruchowicz (6), O Danne (7), JC Arnal (8), J Danis (9), JL Badetti (10), – (1), ANGH (1) Montfermeil; (2) Lagny Sur Marne; (3) Pau; (4) Le Mans; (5) Les Abimes; (6) Valenciennes; (7) Pontoise; (8) Dax; (9) Foix; (10) Cannes.

Gastroentérologie –  2010-09-03 – CO –

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But
Les angiodysplasies coliques sont habituellement responsables d’anémie ferriprive. Le but de ce travail est de décrire les caractéristiques cliniques et les facteurs pronostiques des angiodysplasies coliques responsables d’hémorragie digestive basse (HDB). Patients et Méthodes
De Janvier à Décembre 2007, 2544 malades ayant une HDB ont été prospectivement inclus par 102 centres hospitaliers généraux Français ou Belges. Les données cliniques, biologiques et endoscopiques ont été saisies jusqu’à la sortie du malade. Nous avons comparé les caractéristiques cliniques et les facteurs pronostiques des malades ayant des angiodysplasies à ceux ayant une hémorragie d’origine diverticulaire (groupe contrôle).
Résultats
84 (3,3%) malades avaient des angiodysplasies et 813 (32%) des diverticules hémorragiques. Les angiodysplasies se situaient le plus souvent au niveau du colon droit dans 68% des cas. Les malades ayant des angiodysplasies avaient plus fréquemment un antécédent d’HDB (p = 0.01) et prenaient moins souvent des AINS et/ou antiagrégants plaquettaires (p = 0.02). Les malades du
groupe angiodysplasies étaient : 1) moins âgés (72.4±11.5 vs 78.4±10.9 ; p<10-5) avaient plus de comorbidités évaluées par le score de Charlson (3.1±2.2 vs 2 .1±1.7 ; p<0.0001) et 3) un score ASA plus élevé (2.8±0.8 vs 2 .6±0.5 ; p<0.002). L'hémorragie liée
aux angiodysplasies était plus importante : taux d'hémoglobine plus bas (7.6±2.2 vs 10.1±7.1 ; p<10-5) et nécessité d'une
transfusion sanguine plus fréquente (p<10-7). En cas d'angiodysplasie hémorragique, un traitement endoscopique était réalisé dans 54% des cas. Enfin, le pronostic était plus sévère : 1) taux de mortalité plus élevé (4.8% vs 1.6%, p = 0.03) et 2) durée d'hospitalisation plus longue (13.8±18.8 vs 10.1±14.3 ; p = 0.03). Il n'existait pas de différence entre les deux groupes en ce qui concerne : le sex ratio, la pression artérielle systolique à l'entrée, la fréquence cardiaque, la créatininémie et le taux de récidive hémorragique en cours d'hospitalisation.
Conclusion
Dans cette large série de malades ayant une HDB, les angiodysplasies coliques hémorragiques représentent 3% des HDB et siègent le plus souvent au niveau du côlon droit. L'hémorragie est plus abondante que celle liée aux diverticules et le pronostic est plus sévère en raison notamment de comorbités plus fréquentes.

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UNE DOULEUR ABDOMINALE ATYPIQUE …

2010

Alexandre Nuzzo, Vanessa Polin, Oriane Colussi, Isabelle Rosa, Lise Meunier, Thierry Lons, Hervé Hagege.
Service d’hépato-gastroentérologie
CHI Créteil

Gastroentérologie –  2010-09-03 – CO –

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Cette assistante commerciale de 26 ans a été hospitalisée à 3 reprises dans le service entre janvier et avril 2010 pour de violentes douleurs abdominales péri-ombilicales associées à des vomissements et selles liquides, spontanément résolutives en 72h et se répétant à intervalles d’environ 15 jours.

L’état général a toujours été conservé, sans fièvre, chez cette jeune femme d’origine maghrébine, ayant comme seuls antécédents un kyste ovarien et une hernie ombilicale non compliqués. La patiente ne prenait aucun traitement en dehors d’une pilule oestro-progestative depuis quelques semaines. Il n’existait pas de notion de voyage à l’étranger récent. Elle a parfois présenté des arthralgies du poignet gauche avec possible gonflement articulaire.

Le bilan comprenant NFS VS CRP iono créatine glycémie, bilan hépatique, lipase et TSH montrait au moment des crises un syndrome inflamatoire modéré. L’immunologie montrait des FAN positifs au 1/80e de fluorescence mouchetée et une hypergammaglobulinémie homogène à 15 g/l ; les ANCA, IgA antitransglutaminases, le complément sérique étaient normaux. Les sérologies virales comprenant VIH-HTLV, CMV et EBV étaient négatives. La coproculture était normale.
Les explorations morphologiques abdominales (TDM-écho) montraient une invagination iléo-iléale en fosse iliaque gauche, et une lame d’ascite non ponctionnable à chaque épisode algique. Le diagnostic initialement évoqué était un fièvre méditérranéenne familiale devant l’association de 3 signes cliniques majeurs, bien que la mutation ne soit présente qu’à l ‘état hétérozygote. Un traitement par Colchicine était débuté mais à 3 semaines, la récidive des crises sous traitement a conduit à réaliser un bilan endoscopique digestif. La coloscopie et la gastroscopie sous intubation étaient normales.
Le retrait du cale-dent et l’extubation étaient marqués par une complication sévère motivant le transfert en réanimation. Les photos illustrant cette complication seront montrées lors de la présentation du cas clinique:

Quel est votre diagnostic ?

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Etude descriptive des ulcères gastroduodénaux en France, résultats préliminaires

2010

C Charpignon, A Courillon-Mallet, B Lesgourgues, S Nahon, A Pelaquier, C Guez, H Hamon, T Morin, I Rosa, B Bour, M Pierre-Nicolas, N Abdelli, G Macaigne et les centres ANGH.

Gastroentérologie –  2010-09-03 – CO –

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La baisse récente de la prévalence de l’infection à Helicobacter pylori (Hp) dans les pays occidentaux s’est accompagnée d’une diminution de l’incidence globale des ulcères et d’une redistribution des facteurs étiologiques des ulcères. Le but de l’étude était de préciser la fréquence de l’infection à Hp et de la prise d’AINS ou d’aspirine au cours des ulcères gastroduodénaux et d’évaluer la proportion d’ulcères non Hp non AINS-aspirine en France en 2009.
Patients et méthodes : 993 patients (Homme = 595 Moy age = ) porteurs d’un ulcère gastrique ou duodénal > 5 mm ou d’une bulbite (>5 ulcères de 1mm) ont été inclus prospectivement entre janvier 09 et janvier 10 dans 32 centres ANGH. Une infection Hp était recherchée par au moins 2 méthodes (histologie et/ou sérologie et/ou test respiratoire).Le statut Hp – était affirmé par 2 tests négatifs et Hp+ par histologie positive ou 2 tests +.En cas de tests discordants ou test unique, le statut Hp était considéré comme douteux. La prise de médicaments gastrotoxiques, d’IPP, d’antibiotiques ou les comorbidités étaient précisées le jour de l’endoscopie.
Résultats : 844 dossiers ont été analysés, dont 565 ulcères duodénaux ou bulbite, 326 ulcères gastriques et 173 ulcères hémorragiques. Une prise d’AINS ou aspirine >300mg/jour était notée chez 21% des patients dont un quart avec un traitement >1mois. Dix neuf pour cent des patients recevaient un traitement par aspirine faible dose au long cours. Concernant le statut Hp, 6% des patients n’ont pas eu d’histologie et 16% n’ont eu qu’un seul test diagnostic de Hp. Le statut Hp était négatif pour 42% des patients, positif pour 47% et douteux pour les autres. Les patients non Hp et non AINS-aspirine représentaient 21% des patients, leurs caractéristiques sont en cours d’analyse. Cent quarante quatre patients (17%) signalaient un antécédent d’ulcère, parmi eux 79 étaient Hp positif et dans 20 cas malgré un traitement d’éradication antérieur. Parmi les patients sous AINS ou aspirine au long cours 17% n’avaient pas d’ IPP.

Conclusion : La proportion d’ulcère Hp positif en France est en diminution (47%) alors qu’augmente fortement celle des ulcères non Hp et non AINS-aspirine. Cette étude observationnelle montre que les recommandations concernant l’éradication de Hp en cas d’ulcère et la prophylaxie par IPP en cas de traitement prolongé par AINS ne sont pas systématiquement appliquées.

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Mesothéliome péritonéal malin : A propos de 9 cas

2010

Farah ZEROUALA (1), Gilles MACAIGNE (2), Marie Luce AURIAULT (2), Gilles GATINEAU-SAILLANT (1), Joel CUCHEROUSSET (1), Georges BARJONNET(3), Christophe LOCHER (1). (1) CH MEAUX,(2) CH LAGNY,(3) CH COULOMMIERS

Gastroentérologie –  2010-09-04 – CO –

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Le mésothéliome péritonéal malin est une tumeur rare dont l’incidence est évaluée à 2 par an et par million d’habitants. Il est 5 fois moins fréquent que l’atteinte pleurale. L’exposition à l’amiante est le principal facteur de risque. Le pronostic est sombre avec une survie médiane de quelques mois. Des traitements plus agressifs comportant une résection chirurgicale et une chimiothérapie hyperthermique intra-péritonéale ont permis d’obtenir des survies prolongées chez certains patients. Nous rapportons ici, 9 cas de mésothéliomes primitifs du péritoine : 7 hommes et 2 femmes d’âge moyen 62,1 ans (extrêmes : 44 – 74 ans). Une exposition à l’amiante était mise en évidence chez 7 patients. L’ascite était le principal mode de révélation. Le diagnostic histologique avait été porté sur des biopsies péritonéales réalisées par coelioscopie. Les 9 patients avaient été traités par chimiothérapie à base de sels de platine : cisplatine et Alimta (6 patients), carboplatine et Alimta (2 patients), tomudex et oxaliplatine (1 patient). Une rémission clinique avait été obtenue chez 5 patients avec cependant une survie globale de 5 mois. Deux patients sont encore en cours de traitement et des données actualisées seront disponibles lors du congrès.

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Utilisation de la photothérapie dynamique en hôpital général dans le cancer de l’œsophage.

2010

Patricia Cacou et Isabelle Rosa

Gastroentérologie –  2010-09-04 – CO –

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La photothérapie dynamique (PDT) est une technique endoscopique utilisée dans le traitement des cancers de l’œsophage. Le principe de la PDT est de provoquer la nécrose d’une lésion tissulaire, après avoir injecté un agent photosensibilisant, inactif à l’état basal, grâce à un rayonnement lumineux d’une longueur d’ondes spécifique, qui va activer l’agent photosensibilisant. Ce rayonnement est délivré de façon sélective sur la zone à traiter, lors de l’endoscopie.
Le traitement s’effectue lors d’une hospitalisation brève qui nécessite une coordination parfaite entre l’équipe médicale et paramédicale, au niveau de l’unité d’hospitalisation et du centre d’endoscopie.
Le bilan pré-thérapeutique comporte : une endoscopie œso-gastro-duodénale avec biopsies, une écho-endoscopie haute et un TDM thoraco-abdominal. Le dossier est systématiquement présenté en réunion de concertation multidisciplinaire. L’information préalable du malade est effectuée lors d’une consultation médicale puis est reprise de façon complémentaire par l’infirmière lors d’une consultation infirmière. A J1 de l’hospitalisation l’injection du Photofrin est effectuée à 9 heures le matin après accord médical. Dès l’injection du photosensibilisant réalisée, le patient doit rester à l’abri de la lumière, tant dans le service d’hospitalisation qu’au cours de ses déplacements dans l’hôpital et notamment aux endoscopies digestives. L’infirmière peut s’aider d’un dosimètre pour les déplacements du patient. A J3, la séance de photothérapie est effectuée en salle d’endoscopie sous anesthésie générale. Le geste consiste en l’introduction d’une fibre d’illumination par le canal opérateur, qui délivrera le nombre de joules requis sur la lésion à traiter. Durant toute l’hospitalisation et jusqu’à un mois après la sortie des précautions contre la photosensibilisation sont prises et devront être bien expliquées au patient.
Dans notre expérience, la PDT dans le cancer de l’œsophage est une technique intéressante et efficace, principalement chez les malades ayant un carcinome in situ. Elle permet d’obtenir une réponse tumorale complète satisfaisante chez des malades pour qui l’oesophagectomie n’est pas réalisable. La place de cette technique par rapport à la chirurgie et aux autres techniques endoscopiques reste à évaluer.

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Effets indésirables du dépistage organisé du cancer colorectal par recherche de sang occulte dans les selles

2010

Bernard DENIS, Jacques BOTTLAENDER, Anne Marie WEISS, André PETER, Gilles BREYSACHER, Pascale CHIAPPA, Isabelle GENDRE, Philippe PERRIN
Médecine A, Hôpitaux Civils de Colmar. ADECA Alsace.

Gastroentérologie –  2010-06-02 –  –

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Les effets indésirables (EI) du dépistage organisé (DO) du cancer colorectal (CCR) n’ont pas été aussi bien évalués que pour le dépistage du cancer du sein. Le but de ce travail était de 1) recenser les EI du DO du CCR par recherche de sang occulte dans les selles et 2) déterminer les modalités optimales de ce recensement en routine.
Méthodes : Recensement des EI du DO du CCR de septembre 2003 à février 2010 dans 2 départements selon 3 modalités : 1) notification par les gastroentérologues (GE) sur le compte rendu de coloscopie, enquêtes postales rétrospectives auprès 2) de tous les médecins généralistes (MG) et 3) de toutes les personnes examinées par coloscopie.
Résultats : Les résultats obtenus sur plus de 10000 coloscopies seront présentés au Mans. Les résultats préliminaires portant sur 7206 coloscopies recensaient 60 EI graves : 9 (1.2‰) perforations, 36 (5.0‰) hémorragies, 8 syndromes douloureux abdominaux, 3 complications infectieuses, 2 phlébites, 1 infarctus du myocarde et 1 rétention urinaire. 18 (30%) étaient de gravité peu sévère, 29 (48.3%) modérée, 11 (18.3%) sévère et 2 occasionnaient des séquelles (stomie). Il n’y avait aucun décès. Ils conduisaient à 161 nuits d’hospitalisation pour 47 patients, 9 interventions chirurgicales, 8 transfusions et 10 coloscopies itératives. Le taux d’EI graves était de 8.3‰ coloscopies. Il atteignait 10.7‰ pour les 2809 coloscopies pour lesquelles les 3 sources d’information étaient disponibles. Il variait significativement avec le rendement de la coloscopie : 1.4‰ en l’absence de lésion néoplasique, 9.6‰ en cas d’adénome non avancé et 21.2‰ en cas de néoplasie avancée (p<0.01). Il survenait 1 EI grave pour 35.4 néoplasies avancées détectées. 40 EI graves (66.7%) étaient signalés par les GE, 34 (56.7%) par les patients et 19 (31.7%) par les MG. 850 MG (69.4%) et 4716 personnes dépistées (65.4%) répondaient aux enquêtes postales. Parmi ces dernières, 406 (8.6%) rapportaient des EI mineurs : 136 des douleurs après coloscopie, 124 des troubles du transit, 115 des ballonnements, 35 des nausées / vomissements et 24 des syndromes infectieux bénins. 509 (22.6%) estimaient le courrier d’annonce du résultat très angoissant, 413 (18.1%) la purge très pénible et 64 (1.4%) la coloscopie très douloureuse. Le dépistage occasionnait une angoisse importante chez 13.1% des personnes, durable dans 22.7% des cas.
Conclusions : Dès lors qu'ils sont recherchés activement, les EI du DO du CCR sont plus fréquents qu'initialement rapporté, soit 0.8 EI grave pour 100 coloscopies. La plupart sont cependant mineurs et la balance bénéfices / risques du DO reste favorable. La fréquence des EI graves est corrélée au rendement de la coloscopie, de 1‰ en cas de coloscopie normale à 21‰ en cas de néoplasie avancée. La population cible doit en être informée. La notification des EI par les GE ne repère que 2 EI graves sur 3. Pour un recensement « exhaustif » des EI, les 3 sources d'information sont indispensables : GE, MG et patient.

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Utilisation et efficacité de l’erythromycine avant une endoscopie pour hémorragie digestive haute: résultats de l’observatoire HDH de l’ANGH

2010

Stéphane Nahon, Alexandre Pariente, Pierre Lahmek, Isabelle Rosa, pour un groupe d’ investigateurs de l’ Association nationale des Gastroentérologues des Hôpitaux Généraux*

Gastroentérologie –  2010-06-04 –  –

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Introduction et buts: la réalisation en urgence d’une endoscopie digestive est la règle au cours des hémorragies digestives hautes (HDH). Afin d’améliorer l’ efficacité de l’endoscopie, l’administration d’erythromycine par voie intraveineuse est préconisée 1. Le but de notre étude a été d’évaluer les pratiques concernant l’administration et l’efficacité de l’erythromycine à travers l’observatoire de l’ANGH sur les HDH. Méthodes : Du 1er mars 2005 au 28 février 2006, 3282 patients ont été hospitalisés en urgence pour une HDH communautaire dans 53 centres de l’ANGH. Nous avons comparé les patients ayant reçu de l’erythromycine (ERY) à ceux n’en ayant pas reçu (Non-ERY) pour l’ ensemble de la population et les malades ayant une hémorragie active. Les critères de jugement étaient les suivants: nombre de deuxième endoscopie et de geste endoscopique, taux de récidive hémorragique et de mortalité.
Résultats : nous avons considéré pour cette analyse les 2897 patients dont les données étaient disponibles et qui avaient eu une endoscopie. 429 (14.8%) avaient reçu une perfusion d’ERY avant l’endoscopie. Les malades du groupe ERY étaient plus âgés (63.7±18.3 vs 61.7±16.4 ans, p<0.02), avaient plus souvent une hémorragie active (76.2% vs 57.2%, p<0.0001), un score de Rockall plus élevé (5,99±2,17 vs 4,88±2,35, p<0.0001), un nombre de gestes endoscopiques (44.7% vs 27.1%, p<0.0001) et de deuxième endoscopie (31.2% vs 21.8%, p<0.0001) plus importants , et un taux de récidive hémorragique (14.2% vs 9.9%, p<0.007) et de mortalité plus élevés . Parmi les 1572 malades ayant une hémorragie active, 20.3% avaient reçu de l’erythromycine. Il n’existait pas de différence significative pour le score de Rockall moyen, le nombre de seconde endoscopie (p=0.2), le taux de récidive (p=0.5) ni la mortalité (p=0,38) mais le nombre de gestes endoscopiques thérapeutiques était plus élevé dans le groupe ERY (p<0.0001).
Conclusion : Dans notre observatoire, l’ERY était assez peu utilisée, un peu plus en cas d’hémorragie active. Dans cette situation, l’ERY était associée à la réalisation plus fréquente d’un geste endoscopique thérapeutique, sans diminution du nombre de deuxième endoscopie ni du taux de récidive.
*La liste complète des investigateurs est publiée dans Clin Gastroenterol Hepatol. 2008 Aug;6(8):886-92.
1-Barkun A, Bardou M, Gralnek ,I. Erythromycin and other prokinetics in acute upper gastrointestinal bleeding ? A meta-analysis [Abstract]. Gastroenterology 2009;134.