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Hepatologie

Prise en charge de l’Hépatite Alcoolique Aigüe sévère en France : résultats d’une enquête nationale

2024

J.F.D. Cadranel (1) ; T. Thévenot (2) ; H. Zougmoré (1) , T. Dao (3) ; J.-B. Nousbaum (4) ; M. Rudler (5) , N. Carbonell (5) , A. Coilly (6) , K. Bideau (7) , P. Mathurin (8) , A. Abergel (9) , E. Nguyen-Khac (10) , C. Barrault (11) , T. Paupard (12) , P. Sogni (5) , F. Durand (5) , C. Lemaitre (13) , V. de Lédinghen (14) , F. Heluwaert (15) , J.-P. Richardet (11) , G.P Pageaux (16) ; C. Costentin (17) , J.-P. Bronowicki (18) , J. Boursier (19) ; R. Smadhi (1) , A. Heurgué (20) , M. Medmoun (1) , G. Fantognon (1) , T. Le Magoarou (1) , P. Pulwermacher (1)
(1) Creil

(1) Creil ; (2) Besançon ; (3) Caen ; (4) Brest ; (5) Paris ; (6) Villejuif ; (7) Cornouaille ; (8) Lille ; (9) Clermont-Ferrand ; (10) Amiens ; (11) Créteil ; (12) Dunkerque ; (13) Rouen ; (14) Bordeaux ; (15) Annecy ; (16) Montpellier ; (17) Grenoble ; (18) Nancy ; (19) Angers ; (20) Reims



Hépatologie – 06/05/2024 – Communication orale

Introduction – Buts de l’étude :
On dispose de peu de données depuis 2010 (1) en France sur la prise en charge de l’hépatite alcoolique aiguë sévère (HAS). Dans le but d’avoir une « cartographie » actuelle de la prise en charge de l’HAS sévère en France, une enquête de pratique a été menée de 04/2022 à 07/2023.

Répondants et méthodes :
Un questionnaire Google pré-établi par un groupe de travail a été envoyé à l’ensemble des services d’Hépatogastroentérologie des hôpitaux généraux (CHG), des services d’Hépatologie de CHU, des membres de la SNFMI et du CREGG.Les résultats sont exprimés en moyennes ± SD. Données analysées : démographiques, type d’exercice (CHU, CHG), spécialité prédominante, expérience, nombre d’HAA traitées par centre par corticoïdes (C) ou corticoïdes N-acétylcystéine (NAC). Existence d’un protocole de traitement de l’HAA. Utilisation de la ponction biopsie du foie (PBH) transjugulaire systématique, réalisation sur place de la PBH, délai d’obtention des résultats. Traitement : utilisation de C seuls ou de C-NAC. Dépistage des infections bactériennes, utilisation d’une antibiothérapie (ATB) en cas d’infection, délai de mise en route du traitement de l’HAA. Utilisation ou pas des C chez les patients HBs antigènes positifs (avec ou sans traitement préemptif). Interruption de C en cas de score de Lille intermédiaire à J7. Indication de transfert en centre de transplantation hépatique.

Résultats :
465 répondants (R) : 40 ans (12,5) ; 50 % H, 50 % F, CHU 53,3 %, CHG 46,7 %, hépatologues 57 %, gastroentérologues 39 %, juniors 21 %. Nombre d’HAA traitées par corticoïdes ou corticoïdes NAC 25 (0 à 300) ; le nombre d’HAA traitée en CHU était plus élevé qu’en CHG : 34 (29), CHG 15,4 (13,4), p < 0,001. Protocole de traitement de l’HAA sévère, 62 % (CHU) vs 42 % (CHG), p < 0,001. PBH systématiquement réalisée : CHU 98 % vs autre 50 %, p < 0,001. Délai d’obtention de la PBH (jours) : 3,4 (CHU) vs 4,9 (CHG), p < 0,001. L’état nutritionnel était évalué par 98 % des R. Un TDM thoracique systématique était demandé systématiquement par 34 % R en cas de suspicion d’infection pulmonaire (CHU versus CHG ns) ; 83 % des R attendaient 4 jours (2-6) pour débuter un traitement C en cas d’infection documentée. Traitement : C seuls 70% des R (CHU vs CHG ns), utilisation NAC : CHU 40 % vs CHG 47,3 % (ns). Protocole de traitement du syndrome de sevrage alcoolique : 86,3 % CHG vs 76,3 % CHU (p < 0,01). Arrêt des C en cas de score de Lille intermédiaire à J7 : 80 % CHG vs 77 % CHU ; ns. 69 % des R étaient responsables d’une initiation du traitement. 68.2% des R étaient responsables de l’initiation du traitement ; 64.7% en CHU vs 72.3% (CHG) (p=0.103) ; 80.6% de médecins séniors vs 20.4% médecins juniors (p<0.001). 62 % des R utilisaient un traitement préemptif avant C en cas d’antigène HBs positif ; 59.4% en CHU vs 65% en CHG (p=0.004) et 76 % faisaient une FOGD s’il n’y en avait pas eu précédemment, 77% en CHU vs 75% CHG (p=0.782). Conclusion : Les résultats de cette étude de pratique nationale réalisée dans un large échantillon de médecins exerçant en CHU ou hors CHU montrent une disparité d’utilisation de la PBH en cas de suspicion d’HAA sévère puisque 50 % des R hors CHU n’utilisent pas la PBH, essentiellement du fait de l’absence de possibilité locale. La bithérapie C – NAC est assez souvent utilisée. Il existe une disparité concernant la prise en charge du syndrome de sevrage alcoolique et un traitement préemptif en cas d’antigène HBs positif entre les CHU et les CHG. Cette étude apporte des éléments actualisés concernant la prise en charge des HAA sévères en France. Référence : E.Nguyen-Khac et al. J Hepatol 2010 (abstract)