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Gastroenterologie

Le dépistage organisé du cancer colorectal par Hemoccult est faisable en France: premiers résultats d’un département pilote

2006

Bernard DENIS, Isabelle GENDRE, Philippe PERRIN. Association pour le dépistage du cancer colorectal dans le Haut-Rhin (ADECA 68)

Gastroentérologie –  2006-06-01 –  –

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But : rapporter les premiers résultats de la campagne du Haut-Rhin, département pilote pour le dépistage organisé du cancer colorectal (CCR).
Méthodes :
La campagne respectait le cahier des charges national : invitation à consulter le médecin généraliste (MG), envoi du test aux non répondants. En cas de non réponse au 1er courrier, une relance était envoyée avec un coupon-réponse permettant de spécifier d’éventuelles raisons de ne pas participer.
Résultats :
Au 30-04-2006, la campagne était terminée dans 25 cantons sur 31. Toute la population cible (186 660 personnes) avait reçu la 1ère invitation, 68,7% la lettre de relance et 47,6% le test. 608 MG (97%) avaient bénéficié d’une formation dont 21,4% en individuel. 618 MG (98,6%) participaient avec une moyenne de 108 tests lus par MG. 85,1% des tests distribués par les MG étaient effectivement réalisés. 19 343 personnes (10,4%) étaient exclues dont 46,4% grâce au coupon-réponse (6,5% pour dépistage récent, 3,3 % pour risque élevé et 0,5% pour maladie grave intercurrente). 90 863 personnes (48,7%) avaient réalisé le test, soit un taux ajusté de participation, tenant compte des exclusions, de 54,3% (de 47,9 à 61,9% selon les cantons). Ce taux augmentait avec l’âge (51% entre 50 et 59 ans, 59% entre 60 et 69 ans) et était significativement supérieur chez les femmes (56,6% vs 51,9%, p < 0,01). 77,3% des tests lus étaient donnés par les MG, 5,4% par les centres d’examens de santé, 1% par les médecins du travail et 15,5% avaient été envoyés par courrier. L’impact du premier courrier durait 6 mois et conduisait à 59% des tests lus, celui de la lettre de rappel durait à nouveau 6 mois pour 30% des tests lus. Le taux de positivité du test Hemoccult était de 3,3%, croissant avec l’âge et significativement plus élevé chez les hommes (3,9% vs 2,8%, p < 0,01). Une coloscopie était réalisée dans 84,1% des tests positifs. Le délai entre consultation gastroentérologique et coloscopie était < 6 semaines dans 78% des cas. Sur 2 595 coloscopies enregistrées, 94,4% étaient complètes. Elles étaient réalisées à 75,6% en secteur libéral. 48,8% d’entre elles étaient normales, 45,2% révélaient un (des) polype(s), dont 81,6% adénomateux. 58,2% des adénomes étaient sessiles, 34,9% pédiculés et 6,2% plans. 16% des adénomes mesuraient plus de 20 mm et 26,1% entre 10 et 19 mm. 69,5% des adénomes étaient tubuleux, 23,9% tubulo-villeux, 2,6% villeux et 4% festonnés. 61,4% d’entre eux étaient en dysplasie de bas grade, 32,2% de haut grade, 4,3% étaient le siège d’un carcinome in situ et 2,2% d’un carcinome invasif. 95,2% des adénomes étaient réséqués par voie endoscopique. La valeur prédictive positive était de 10,3% pour un CCR (hommes 12,8%, femmes 7,1%), 21% pour un adénome avancé et 42,6% pour une néoplasie (hommes 52,2%, femmes 31,0%). Les taux de CCR et de néoplasies étaient de 2,9 et 12,2 pour 1 000 personnes dépistées. 266 CCR étaient dépistés : 82,2% étaient localisés, dont 27,0% in situ. 49,7% des CCR invasifs étaient de stade I et 24,1% de stade II. 17,6% des CCR étaient localisés au rectum et 25,0% au colon proximal. Le taux de néoplasies avancées proximales augmentait avec l’âge (25,4% après 65 ans vs 16,5%, p < 0,01) mais ne variait pas selon le sexe. Une stratégie de dépistage fondée sur la recto-sigmoïdoscopie aurait manqué 21,4% des personnes avec néoplasies avancées, sans différence significative selon le sexe et l’âge.
Le coût global de ce programme de dépistage (sans les coloscopies) était de 2,3 millions d’Euros : les coûts fixes étaient de 1,6 million (4,3 € par an par personne éligible) et les coûts variables de 0,7 million (3,3 € par personne dépistée). Le coût global par personne dépistée était de 26 € et le coût pour dépister soit un adénome avancé soit un cancer précoce (in situ ou stade I) était de 3650 €.
Conclusion :
Les résultats des essais contrôlés européens sont reproductibles à un coût acceptable en population générale française. Les MG sont demandeurs et prêts à s’approprier le dépistage du CCR. Le taux de participation de notre département devrait approcher 55% en fin de campagne. La participation des hommes et des moins de 60 ans doit être améliorée.

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Gastroenterologie

SUIVI A LONG TERME DES PATIENTS DE PLUS DE 75 ANS AYANT UNE ANEMIE FERRIPRIVE : ETUDE PROSPECTIVE CHEZ 102 PATIENTS

2006

Stéphane Nahon, Pierre Lahmek, Francine Barclay, Cécile Poupardin, Vincent Jouannaud, Bruno Lesgourgues, Nicolas Delas.
Centre Hospitalier Le Raincy-Montfermeil, 10 avenue du général Leclerc, 93370 Montfermeil.

Gastroentérologie –  2006-06-26 – CO –

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But : évaluer le devenir à long terme d’une cohorte prospective de patients âgés de plus de 75 ans explorés pour une anémie ferriprive (AF).
Méthodes : 102 patients, dont 60 femmes, âgés de 82±5,8 ans et qui ont eu une exploration endoscopie de Juin 2003 à Mai 2005 ont été suivis prospectivement sur une période d’au moins 1 an. Les informations suivantes étaient colligées : 1) décès (cause et relation avec AF), 2) récidive de l’anémie. Une évaluation (par analyse multivariée) de la survie et de la récidive de l’anémie a été étudiée dans ces 4 groupes: anémie inexpliquée (groupe 1, n=27), lésion bénigne (groupe 2, n=37), cancers traités carcinologiquement (groupe 3, n=28), cancers traités palliativement (groupe 4, n=10). Résultats : Le suivi médian était de 591 jours. Les principales caractéristiques clinico-biologiques n’étaient pas significativement différentes selon le groupe. 33 (32%) patients sont décédés dont 10 (30%) le premier mois. 10 (100%) appartenaient au groupe 4 vs respectivement n=7 (27%), n=8 (22%) et n=9 (31%) des patients des groupes 1, 2 et 3 (p<0.001). Aucun décès n’était en rapport direct avec l’anémie, 5 (15%) étaient liés au traitement. L’anémie a récidivé chez 18 (18%) patients (dont 5 (28%) avaient des angiodysplasies et 5 (28%) un cancer traité palliativement) nécessitant une transfusion dans 13 (13%) cas. Le taux de survie cumulé à 1 an (n, IC [95%]) des patients du groupe 4 était de 0.1 [0 ; 0.29] significativement plus faible que celui des patients des trois autres groupes – groupe 1 : 0.84 [0.7 ; 0.98], groupe 2 : 0.86 [0.74 ; 0.98], groupe 3 : 0.78 [0.62 ; 0.94] – p<0,0001.
Conclusion : dans une population de personne âgée ayant une AF, le nombre de décès et la survie à long terme ne sont pas différents qu’il s’agisse d’une AF sans cause identifiée, d’une AF secondaire à une pathologie bénigne ou d’une AF secondaire à une tumeur traitée carcinologiquement. Aucun décès n’était directement lié à l’anémie.

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Gastroenterologie

LA DUPLICITE FEMININE : MYTHE OU REALITE

2006

H Rifflet (1), S Aillaud (1), C Renou (2), E Ville(1). (1) CH Ajaccio, (2) CH Hyères.

Gastroentérologie –  2006-07-29 – CO –

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Une femme âgée de 39 ans, était hospitalisée pour bilan de douleurs épigastriques et de l’hypocondre droit, intermittentes associées à des nausées et à un pyrosis, sans altération de l’état général.

Il n’existait pas d’antécédents médicaux et chirurgicaux digestifs, les douleurs abdominales n’étaient pas influencées par l’alimentation et évoluaient depuis deux à trois mois, on ne notait pas d’irradiation.

Les examens sanguins biologiques standards étaient normaux et notamment les tests hépatiques et pancréatiques, le dosage sanguin de l’ACE et du CA 19.9 étaient normaux.

L’endoscopie digestive haute mettait en évidence une sténose du 2ème duodénum avec bombement muqueux évoquant une compression extrinsèque franchissable au vidéo gastroscope Olympus, cette lésion s’étendait sur l’ensemble du 2ème duodénum.

Que suggérez-vous ?
L’abstract in extenso sera disponible sur le site ANGH après le congrès.

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Gastroenterologie

UNE HYPOPROTIDEMIE QUI VOUS PREND AUX ENTRAILLES

2006

A.Fleury (1), S. Monat (1), P. Jourdain (2), P. Hervio (1), B. Thébault (2), F. Funck (2)
O. Danne (1)
(1) Service d’Hépato-Gastro-Entérologie, Hôpital René Dubos, Pontoise.
(2) Service de Cardiologie, Hôpital René Dubos, Pontoise

Gastroentérologie –  2006-07-29 – CO –

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Nous rapportons l’observation d’un patient souffrant d’œdèmes des membres inférieurs associés à une hypoprotidémie, cas non élucidé par les investigations classiques.
Un patient, âgé de 44 ans, était hospitalisé pour bilan d’oedèmes des membres inférieurs évoluant depuis 5 ans. Ces oedèmes des membres inférieurs étaient bilatéraux, blancs, prenant le godet, surtout pré malléolaires. Le reste de l’examen clinique était normal. Les oedèmes étaient rapportés à une hypoprotidémie totale à 42 g/l avec une hypoalbuminémie à 22 g/l. Il n’existait ni diarrhée, ni dénutrition, ni protéinurie, ni insuffisance hépatocellulaire. Il existait une lymphopénie à 600/mm3, une hypotriglycéridémie à 0,39 mm/l, une cholestérolémie normale, une hypogammaglobulinémie à 4,5 g/l. Le poids des selles, la stéatorrhée à 1,12 g/24 heures, la clairance en alpha antitrypsine à 5,9 ml/24 heures étaient normaux ; les anticorps antitransglutaminase, antiendomysium étaient absents.

Que faites-vous ?

L’abstract in extenso sera disponible sur le site ANGH après le congrès.

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Hepatologie

QUAND L’INTESTIN EST IRRITE, LE FOIE SE FACHE

2006

J. DENIS 51), R. DENVIL (2), B. DAVOULT (3)

(1) Service d’Hépato-Gastro-Entérologie CHSF EVRY 91
(2) Cabinet de Gastro-Entérologie – BRETIGNY 91
(3) Service d’anatomopathologie CHSF EVRY 91

Hépatologie –  2006-07-29 – CO –

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Un homme de 53 ans sans comorbidité initiale, reçoit de mars 2005 à février 2006 un traitement par AZATHIOPRINE pour une RCH peu évolutif. En début de traitement et jusqu’en août 2005, il avait une discrète cytolyse avec ALAT n’excédant pas 1,5 N, puis des perturbations franches sont apparues, atteignant le 31/01/2006 : ASAT 100 (N < 38), ALAT 92 (N < 40), phosphatases alcalines 825 (N < 126), ce qui a conduit à l’arrêt du traitement d’autant que survenait une thrombopénie à 100000. Fin mars 2006, lors de la première consultation dans le service, le bilan s’était franchement amélioré : ASAT 69 (N<59), ALAT 110 (N< 72), phosphatases alcalines 171 ((N<126), GGT 331 (N< 73).

La discussion est ouverte, l’abstract complet sera disponible sur le site ANGH à l’issue du congrès.

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Gastroenterologie

MICI et cancer : données épidémiologiques

2006

Jacques BELAICHE
Service de Gastroentérologie CHU Sart Tilman
4000 Liège ( Belgique)

Gastroentérologie –  2006-07-29 – CF –

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Dans les pays occidentaux, la prévalence des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) a augmenté de façon significative au cours des dernières décades. L’amélioration des traitements médicaux et chirurgicaux a permis un allongement très significatif de l’espérance de vie des malades atteints de ces affections. Toutefois, les complications à long terme, en particulier le risque de cancer colorectal (CRC) continuent à poser problème. On estime que 2% des CRC de la population en général surviennent chez des patients porteurs de MICI (1), et inversement, la prévalence globale du CRC sur colon de MICI est d’environ 3-4% mais, en cas de pancolite, elle atteint 6%. Globalement, les patients atteints de MICI ont, par rapport à la population générale, un risque 5 fois supérieur de développer un CRC.
Le risque accru de CRC sur colite ulcéreuse (CU) est reconnu depuis longtemps, tandis que dans la maladie de Crohn (MC) il a été démontré beaucoup plus récemment. Plusieurs séries hospitalières et plus récemment des études de population ont clairement démontré que le risque sur pancolite de MC est égal à celui de la pancolite ulcéreuse et que les facteurs de risque associés sont les mêmes.
Le risque de CRC est notamment lié à la durée d’évolution de la maladie et à l’étendue de l’atteinte colique. Ainsi, dans les pancolites sur CU, le risque de cancer est d’environ 2% après 10 ans d’évolution, 10% après 20 ans d’évolution et environ 20% après 30 ans d’évolution (2). Dans les atteintes limitées au rectum le risque relatif de CRC est de 1,7 et de 2,8 en cas de colite gauche.
La durée d’évolution de la maladie joue un rôle très important puisque, en deçà de 8 à 10 ans d’évolution, le risque de CRC est très faible. En revanche, après 10 ans d’évolution, ce risque augment de 0,5% à 1% par an. L’influence de la durée d’évolution sur le risque de CRC est pondérée par l’âge de début de la maladie qui constitue un facteur de risque indépendant : plus la maladie débute à un âge précoce, plus le risque de CRC est grand.
Un autre facteur essentiel de CRC est l’existence d’une cholangite sclérosante primitive (CSP). On estime que 5% des patients atteints de CU présentent également une CSP et que la CSP est associée 9 fois sur 10 lorsque l’inflammation microscopique est prise en compte à une MICI, et plus particulièrement à une CU. Pour cette raison, une coloscopie avec biopsies est recommandée même en l’absence de lésion macroscopique dès le diagnostic de CSP posé. La présence d’une CSP augmente le risque de CRC d’un facteur 5 et ce risque atteint 50% chez un patient présentant une CU évoluant depuis 25 ans.
Comme pour le CRC sporadique, les antécédents familiaux de CRC augmentent le risque d’un tel cancer dans les MICI (3). Dans la CU le risque relatif est de 2,5 et atteint 9,2 si le cancer chez un parent du premier degré est survenu avant l’âge de 50 ans aussi bien dans la CU que la MC.
Le rôle délétère de l’inflammation chronique reste encore débattu même si une étude récente cas-témoin a montré que l’existence d’une inflammation histologique active constituait un facteur de risque indépendant de CRC dans la CU (4). Le pouvoir protecteur potentiel des dérivés du 5-ASA sur le risque de CRC pourrait aussi constituer un argument indirect.
Le rôle de l’iléite de reflux comme facteur de risque indépendant de CRC sur CU doit encore être confirmé.
A coté des facteurs de risque de CRC plusieurs facteurs peuvent au contraire contribuer à diminuer ce risque.
Le traitement d’entretien en continu par 5 ASA dans la CU diminue de 75% le risque de CRC et de 90% lorsque la posologie est supérieure ou égale à 1,2 g/j (5,6). En cas de traitement intermittent le risque ne diminue seulement que de 50%. A coté du traitement, un suivi comportant plus de deux consultations de contrôle par an et une surveillance endoscopique régulière ont été identifiés comme facteurs diminuant le risque de CRC. Des données récentes ont montré que chez des sujets atteints à la fois de CU et de CSP, traités préventivement par acide ursodésoxycholique, le risque de CRC ou même de dysplasie diminuait de 74% par rapport au non traités (7). En définitive, même si la chémoprévention semble jouer un rôle bénéfique sur le risque de survenu de CRC, elle n’influence pas pour le moment les modalités de dépistage et de surveillance de ces malades (8).
En conclusion, le risque de CRC est nettement accru dans les MICI. Ceci est particulièrement vrai dans des sous-groupes de patients porteurs de pancolite, présentant une maladie de longue durée, en cas d’association à une CSP ou d’antécédent familial de CRC. Son diagnostic est souvent difficile et un programme de surveillance optimal reste à définir.

Références
1.Choi ¨PM, Zeling MP. Similarity of colorectal cancer in Crohn’s disease and ulcérative colitis: implications for carcinogenesis and prevention. Gut 1994; 35:950-4.
2. Eaden JA, Abrams KR, Mayberry JF. The risk of colorectal cancer in ulcerative colitis: a meta-analysis. Gut 2001; 48:526-35.
3. Askling J, Dickman PW, Karlen P, Brostrom O, Lapidus A, Lofberg R, Ekbom A. Colorectal cancer rates among first-degree relatives of patients with inflammatory bowel disease: a population-based cohort study. Lancet 2001; 357:262-6.
4. Rutter M, Saunders B, Wilkinson K, Rumbles S, Schofield G, Kammm MA, Williams CB, Price AB, Talbot IC, Forbes A. Severity of inflammation is a risk factor for colorectal neoplasia in ulcerative colitis. Gastroenterology 2004; 126:451-9.
5. Eaden J, Abrams K, Ekbom A, Jackson E, Mayberry J. Colorectal cancer prevention in ulcerative colitis: a case-control study. Aliment Pharmacol Ther 2000; 14:145-53.
6.Velayos FS, Terdiman JP, Walsh J. Effect of 5-aminosalicylate use on colorectal cancer and dysplasia risk: a systemic review and metaanalysis of observational studies. Am J Gastroenterol 2005;100:1345-1353.
7. Pardi DS, Loftus EV, Kremers WK, Keach J, Lindor KD. Ursodeoxycholic acis as a chemopreventive agent in patient with ulcerative colitis and primary sclerosing cholangitis. Gastroenterology 2003; 124:889-93.
8. Itzkowitz SH, Present DH. Consensus conference: colorectal cancer screening and surveillance in inflammatory bowel disease. Inflamm Bowel Dis 2005; 11:314-21.

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Gastroenterologie

DECOUVERTE DE TUMEURS COLO-RECTALES PAR LE TEP-SCAN LORS DU BILAN D’EXTENSION DE TUMEURS EXTRA-DIGESTIVES

2006

Thierry Lons (1), Isabelle Monnet (2), Laurence Jabot (2), Gaëlle Pileire (1), Camille Barrault (1), Isabelle Rosa (1), Emmanuelle Malaurie (3), Lydia Brugel (4), Michel Martin (3), André Coste (4), Bruno Housset (2), Michel Chousterman (1) et Hervé Hagège (1)
Services d’hépato-gastroentérologie (1), de pneumologie (2), d’oncologie médicale (3) et d’ORL (4)
Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil 40, avenue de Verdun 94010 Créteil Cedex

Gastroentérologie –  2006-07-29 – CO –

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Le scanner avec émission de positons (TEP-Scan) identifie des foyers d’hypermétabolisme du glucose. Une hyperfixation au niveau recto-colique peut révéler un polype ou un cancer. Le but de ce travail est d’évaluer les résultats de la coloscopie pratiquée devant une hyperfixation recto-colique lors d’un TEP-Scan réalisé pour le bilan d’extension d’une tumeur extra-digestive.
Malades et méthodes : De juillet 2005 à juin 2006, 14 patients ayant une fixation recto-colique au TEP-Scan ont été explorés par coloscopie. Il s’agissait de 6 femmes et 8 hommes âgés de 61 ± 13 ans. Dix patients avaient une tumeur broncho-pulmonaire: 5 adénocarcinomes, 2 cancers épidermoïdes et 3 tumeurs d’histologie non précisée. Trois patients avaient un cancer épidermoïde ORL et une patiente avait un adénocarcinome du sein. La tumeur extra-digestive fixait le traceur dans 11 cas sur 14 et la fixation au niveau recto-colique était diffuse dans 3 cas ou localisée dans 11 cas dont un cas avec 2 foyers distincts d’hyperfixation.
Résultats : La coloscopie totale était normale dans 2 cas et a mis en évidence une tumeur recto-colique dans 12 cas. La tumeur correspondait bien au foyer d’hyperfixation dans 11 cas et dans un cas il a été découvert fortuitement à distance du foyer de fixation un polype hyperplasique de 3 mm. Quatre patients avaient un volumineux polype dont l’exérèse a été effectuée lors de la coloscopie par polypectomie à l’anse (1 cas) ou mucosectomie (3 cas). Pour 3 de ces patients le traitement endoscopique a été considéré comme suffisant : polyadénome tubulo-villeux avec cancer in situ dans un cas et dysplasie moyenne ou sévère dans les 2 autres cas. Dans le 4ème cas, un adénocarcinome avec infiltration au-delà de la musculaire muqueuse sur la pièce de mucosectomie nécessitait une intervention chirurgicale. Sept patients avaient une tumeur inextirpable par voie endoscopique correspondant histologiquement à un adénocarcinome infiltrant. Dans 4 de ces cas une intervention chirurgicale à visée curative a été réalisée. Dans les 3 autres cas, l’évolution de la tumeur extra-digestive ne permettait pas d’envisager une exérèse chirurgicale de la tumeur recto-colique. Le patient ayant 2 foyers de fixation au TEP-Scan avait 2 adénocarcinomes l’un au niveau du sigmoïde, l’autre au niveau du caecum et la tumeur pulmonaire correspond en fait à une métastase d’origine colique.
Conclusion : L’utilisation croissante du TEP-Scan dans les années à venir conduira à la découverte plus fréquente de foyers d’hypermétabolisme au niveau recto-colique qui feront discuter la réalisation d’une coloscopie. Nos résultats suggèrent qu’un foyer précis d’hyperfixation au niveau recto-colique doit faire réaliser une coloscopie qui permet dans la majorité des cas le diagnostic d’une tumeur en général volumineuse, mais le plus souvent curable par exérèse endoscopique ou chirurgie.

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Gastroenterologie

HÉMORRAGIES DIGESTIVES HAUTES COMMUNAUTAIRES : RÉSULTATS DE L’ÉTUDE DE L’ANGH SUR PLUS DE 3 000 PATIENTS

2006

Hervé Hagège (1); Jean Paul Latrive (2); Bernard Nalet (3); Isabelle Rosa (1); Bruno Bour (4); Roger Faroux (5); Phlippe Gower (6); Jean Pierre Arpurt (7); Jacques Denis (8); Jean Henrion (9); Alex Pariente (10) et le Groupe Hémorragies Digestives Hautes de l’ANGH
(1) CHI de Créteil; (2) CH de Compiègne; (3) CH de Montélimar; (4) CH du Mans; (5) CH de La-Roche-Sur-Yon; (6) CH de Valenciennes; (7) CH d’Avignon; (8) CH d’Évry; (9) CH de Jolimont; (10) CH de Pau.

Gastroentérologie –  2006-07-29 – CO –

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Les résultats seront communiqués au congrès.

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Hepatologie

FACTEURS ASSOCIES A LA FAIBLE PREVALENCE DE L’INFECTION DU LIQUIDE D’ASCITE CHEZ LES MALADES CIRRHOTIQUES AMBULATOIRES.

2006

Jean-François Cadranel, Jean-Baptiste Nousbaum, Christophe Bessaguet et al.
Club Francophone pour l ’Etude de l ’Hypertension Portale,-Association Nationale des Hépato-Gastroentérologues des Hôpitaux Généraux de France

Hépatologie –  2006-07-29 – CO –

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Les ponctions d’ascite thérapeutique (PA) sont réalisées en ambulatoire ou lors d’hospitalisation traditionnelle. Plusieurs études ont montré que l’infection du liquide d’ascite (ILA) était très rare chez les malades ambulatoires bénéficiant d’une PA. Il est probable que ceci soit lié en partie à des caractéristiques différentes des patients ambulatoires et hospitalisés. Ce point n’a fait l’objet d’aucune étude.
BUT DE L’ETUDE
a) Comparer la prévalence de l’ILA chez les malades ambulatoires et les malades hospitalisés et b) étudier les facteurs associés à une prévalence plus faible de l’ILA chez les malades ambulatoires.
METHODES
1041 patients issus de 70 centres ont eu une PA, réalisée dans 355 cas en ambulatoire et dans 686 cas en hospitalisation classique, de janvier à mai 2004. Les paramètres suivants ont été comparés entre les patients ambulatoires et les patients hospitalisés: prévalence de l’ILA, âge, sexe, cause de la cirrhose (alcoolique versus non alcoolique), symptômes, score et stade de Child-Pugh, complications de la cirrhose, traitement antibiotique, plaquettes, bilirubine totale, créatininémie, taux de protides dans l’ascite.
Résultats
Une ILA était notée chez 91 patients. La prévalence de l’ILA était de 5,5 % dans la population totale, de 9 % chez les patients hospitalisés, de 1,3 % chez les patients ambulatoires (p < 0,00001). La prévalence de l’ILA était de 2,4 % chez les patients ambulatoires symptomatiques et de 0,57 % chez les patients ambulatoires asymptomatiques (p<0,004).
Les malades traités par PA ambulatoire différaient des malades ayant eu une PA en hospitalisation traditionnelle par: un âge plus élevé (61, 1 ± 11,1 ans vs 59,4 ± 11,7 ans ; p = 0,028), la cause de la cirrhose, moins fréquemment alcoolique (83,7 % vs 88,2 %) p<0,001, un score de Child-Pugh moins élevé (score moyen 8,9 vs 10,1 ; p < 0,001) et plus fréquemment un stade B qu’un stade C (63,7 % vs 38 % ; p < 0,001). Chez les malades ambulatoires, le taux de plaquettes était plus élevé (161 Giga/L ± 93 vs 143 Giga/L ± 89 ; p = 0,003), la concentration de bilirubine moins élevée (38,2 µmol/L ± 60,7 vs 96,3 µmol/L ± 143,3 ; p<0,0001), et la concentration de protides dans l’ascite plus élevée (17,9 g/L ± 10,7 vs 14,5 g/L ± 10,9 ; p<0,001) que chez les malades hospitalisés. Les malades ne différaient pas pour la créatininémie.
Conclusion : Ces résultats montrent que les facteurs associés à une prévalence élevée d’ILA (plaquettes basses, bilirubinémie élevée, concentration en protides basse dans l’ascite) sont plus fréquemment retrouvés chez les malades cirrhotiques hospitalisés que chez les malades ambulatoires. Ces résultats expliquent une prévalence d’ILA plus faible chez les malades ambulatoiresa.

aGuarner C et al. Gastroenterology 1999 ; 117 : 414-9.

Hépatologie ;étude multicentrique

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Vie Professionnelle

La coopération entre professionnels de santé : enseignements de l’étranger et perspectives de développement en France dans le cadre des expérimentations de délégation de tâches

2006

Dr Yann Bourgueil
Directeur de recherches IRDES
(Institut de Recherches et de Documentation en Economie de la Santé)
Chargé de mission ONDPS
(Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé).

Vie Professionnelle –  2006-07-29 – CF –

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L’organisation du travail dans le champ de la santé, au sein des établissements de soins ou en ambulatoire associe de multiples professions et disciplines (médicales, paramédicales) et différents secteurs (social, médical, juridique). Un processus de soins comme la grossesse et l’accouchement, le traitement pour une hépatite C chronique, l’hémodialyse, le suivi d’un patient diabétique, ou d’un patient insuffisant cardiaque associe de nombreux acteurs parmi lesquels le patient et/ou sa famille jouent un rôle principal. Ainsi peut-on dire que le patient co-construit ou co-produit le processus de soins avec les différents intervenants, nous y reviendrons.

Le fait professionnel dans le champ sanitaire, joue un rôle important dans l’organisation du travail dans la mesure où c’est l’organisation des professions entre elles qui détermine en partie l’organisation du travail et de la répartition des tâches au cours d’un processus de soin.

La profession médicale s’est vue confier au XIXème siècle, le monopole d’intervention sur le corps humain, toute intervention par un acteur non médecin étant qualifié d’exercice illégal de la médecine. Les professions paramédicales sont définies en dérogation à l’exercice illégal de la médecine. Elles ont un champ d’intervention limité, définit en France par des décrets d’activité détaillés, et interviennent sur prescription des médecins. La formation des ces professionnels dure en général trois années, n’a pas d’équivalence universitaire. Le diplôme peut être délivré par le ministère de la santé, le ministère de l’éducation, ou les deux.

Cette organisation générale des professions détermine largement l’organisation du travail au quotidien. Chacun connaît son champ d’intervention, ses limites, et sa position dans un cadre hiérarchique donné. Des ajustements peuvent se faire dans les équipes de soins, en fonction des habitudes, des personnalités, de la confiance acquise ou non et des contraintes de travail (horaires, manque de ressources, besoins des patients). Ces ajustements peuvent aller jusqu’à la délégation le plus souvent informelle de tâches et d’actes médicaux, voire de la responsabilité. Ces pratiques sont vécues le plus souvent comme intéressantes, valorisantes, utiles et performantes par leurs promoteurs mais aussi parfois angoissantes ou conflictuelles car à la limite de la légalité. De ce fait et en l’absence d’une recherche spécifique en ce domaine, elles sont également mal connues, car peu documentées et peu évaluées.

L’analyse de l’organisation des professions dans le champ de la santé à l’étranger montre que la distribution des tâches entre professions, voir l’existence même des professions varie. Ainsi dans le domaine de la vision, le métier d’optométriste qui porte sur l’examen de la vision, voire l’administration de traitements médicaux et chirurgicaux est très développé dans les pays anglo-saxons et n’existe pas en France. De même, la profession de sage-femme qui est une profession médicale dotée d’un ordre et qui a un droit de prescription limité en France a été instaurée seulement depuis 3 ans au Québec.

L’analyse de l’évolution des professions de la santé dans le temps, révèle également un mouvement permanent et dynamique des métiers de la santé, notamment entre les spécialités médicales. Ces évolutions se font sous l’influence des progrès techniques (imagerie interventionnelle en cardiologie, radiothérapie en cancérologie…) des évolutions thérapeutiques mais aussi des évolutions des besoins de santé (vieillissement, obésité, épidémies spécifiques…).

La répartition des tâches et la distribution des rôles entre spécialités médicales et entre professions de santé s’avère être un processus dynamique résultant autant d’un compromis social entre acteurs (professionnels, état, financeurs) que d’une rationalité scientifique s’imposant aux acteurs sociaux.

La spécialisation croissante des savoirs médicaux, la transition épidémiologique illustrée par le développement des maladies chroniques, l’accessibilité croissante de l’information médicale, le poids des dépenses de santé et l’évolution du rapport au travail, constituent autant de facteurs qui donnent une importance accrue à l’organisation des soins et donc qui questionnent l’organisation générale des professions. Le travail d’équipe, le développement des pratiques coopératives, l’information et l’implication du patient apparaissent désormais comme des voies à privilégier pour répondre de manière efficiente aux besoins de soins.

La maîtrise régulière et prolongée des effectifs médicaux par la réduction du numerus clausus de 1973 à 1999 a introduit une situation inédite en France, à savoir la diminution à venir du nombre de médecins et plus encore de densité médicale pour les dix années à venir, même avec un numérus clausus à 7000 constant depuis 2006.

Cette situation et ses conséquences sont étudiées et documentées par l’Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé qui a été créé en 2003. Au-delà du dénombrement et de l’observation des professions et de leur répartition, un débat sur la coopération et le transfert de compétences a été lancé en 2003 avec la mission Berland du même nom.

Après un développement de la problématique générale de l’organisation du travail en santé et son lien avec l’organisation des professions, nous présenterons la situation de la démographie des professions de santé en France et plus particulièrement la thématique de la coopération des professions de santé. Après avoir rappelé les conclusions principales de la mission Berland, nous présenterons le processus d’expérimentations de coopérations et de délégation entre professions de santé engagé depuis 2003 et les premières conclusions des travaux disponibles à ce jour.

Nous proposerons ensuite une analyse spécifique au champ de la gastro-entérologie à partir des comptes rendus de l’audition des représentants de la profession réalisée dans le cadre de l’ONDPS des deux projets d’expérimentations spécifiques à la gastro-entérologie ainsi que d’expériences étrangères.

Enfin, en conclusion, nous reviendrons sur les enjeux relatifs à l’évolution des modes d’organisation du travail et des professions de santé en nous plaçant du point de vue des acteurs professionnels, des responsables du système de santé et des patients.