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Gastroenterologie

Les retombées pratiques de CESAME

2010

Laurent Beaugerie, hôpital Saint-Antoine, Paris.

Gastroentérologie –  2010-09-02 – CF –

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CESAME a atteint son objectif scientifique principal qui était de confirmer et de préciser l’ampleur du sur-risque de lymphomes chez les patients ayant une MICI et recevant des thiopurines. Après ajustement sur tous les autres facteurs, le risque est ainsi multiplié par 5.1 Mais l’étude est allée très au-delà sur l’identification des populations à risque et sur la caractérisation des lymphomes associés aux MICI ou à l’immunosuppression. Principalement, les jeunes hommes (<35 ans) séronégatifs pour l’EBV ont un risque non négligeable en croisant EBV sous thiopurines de développer une lymphoprolifération fatale dans les suites immédiates de la mononucléose infectieuse comme dans le syndrome de lymphoprolifération liée au chromosome X ou syndrome de Purtilo. Il convient donc de tester la sérologie EBV chez les hommes jeunes avant mise sous thiopurines, et discuter un traitement de fond alternatif (monothérapie par anti-TNF) en cas de négativité. CESAME a aussi confirmé que les lésions inflammatoires chroniques intestinales peuvent faire le lit de lymphomes intestinaux au même titre que des adénocarcinomes, comme cela avait été suggéré dans une série de la Mayo Clinic possiblement entachée de biais de recrutement.2
Il existait en France une grande inconnue sur l’ampleur du risque ce cancer colo-rectal (CCR) au cours des MICI, sachant que des études récentes scandinaves suggéraient que ce sur-risque avait disparu avec le temps et l’évolution des traitements. En fait, CESAME démontre avec une grande puissance statistique que le risque de CCR reste doublé au cours des MICI en France en 2004-2007. Néanmoins, nous montrons aussi que ce sur-risque est cantonné aux MICI coliques anciennes et étendues : il convient donc de combattre ce risque sur ce terrain par la surveillance endoscopique et la chémoprévention. Une étude de pratiquée nichée dans les centres universitaires franciliens participant à CESAME a montré que près de la moitié des malades n’étaient pas du tout dépistés, ce qui doit nous inciter à améliorer l’information et la motivation des patients et des gastro-entérologues sur ce point. En termes de chémoprévention, nous avons pu, a à travers une étude cas-témoins nichée dans CESAME, évaluer comparativement l’effet protecteur des 5-ASA et des thiopurines, après ajustement sur les autres facteurs de risque et sur la propension à recevoir les traitements. Chez les patients à haut risque, et surtout dans la RCH, nous confirmons clairement l’effet protecteur des 5-ASA, qui diminuent, comme dans la méta-analyse de Velayos et al., le risque de CCR de moitié. L’effet protecteur des thiopurines, suggéré dans la partie prospective de CESAME,3 n’atteint pas tout à fait dans l’étude cas-témoins le seuil de significativité statistique. En pratique donc, l’intérêt de la chémoprévention par les 5-ASA est incontestable chez les patients ayant une RCH ancienne et étendue, et l’association à un traitement fond par les thiopurines, si ce dernier est nécessaire par ailleurs, est vraisemblablement encore plus favorable.
En vrac, CESAME confirme par une étude nichée que les grossesses menées sous thiopurines ne sont pas à risque particulier de malformations. Enfin, l’étude des cancers de la peau en cours confirme le sur-risque lié aux thiopurines récemment publié,4 et montre que plusieurs cancers surviennent bien avant l’âge habituel, renforçant d’un point de vue pratique l’intérêt majeur de convaincre les patients sous thiopurines de se protéger convenablement du soleil et de montrer leur peau régulièrement aux médecins.

Références

1. Beaugerie L, Brousse N, Bouvier AM, et al. Lymphoproliferative disorders in patients receiving thiopurines for inflammatory bowel disease: a prospective observational cohort study. Lancet 2009; 374:1617-25.
2. Dayharsh GA, Loftus EV, Jr., Sandborn WJ, et al. Epstein-Barr virus-positive lymphoma in patients with inflammatory bowel disease treated with azathioprine or 6-mercaptopurine. Gastroenterology 2002; 122:72-7.
3. Velayos FS, Terdiman JP, Walsh JM. Effect of 5-aminosalicylate use on colorectal cancer and dysplasia risk: a systematic review and metaanalysis of observational studies. Am J Gastroenterol 2005; 100:1345-53.
4. Long MD, Herfarth HH, Pipkin CA, Porter CQ, Sandler RS, Kappelman MD. Increased risk for non-melanoma skin cancer in patients with inflammatory bowel disease. Clin Gastroenterol Hepatol 2010; 8:268-74.

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Gastroenterologie

Utilisation de la photothérapie dynamique en hôpital général dans le cancer de l’œsophage.

2010

Patricia Cacou et Isabelle Rosa

Gastroentérologie –  2010-09-04 – CO –

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La photothérapie dynamique (PDT) est une technique endoscopique utilisée dans le traitement des cancers de l’œsophage. Le principe de la PDT est de provoquer la nécrose d’une lésion tissulaire, après avoir injecté un agent photosensibilisant, inactif à l’état basal, grâce à un rayonnement lumineux d’une longueur d’ondes spécifique, qui va activer l’agent photosensibilisant. Ce rayonnement est délivré de façon sélective sur la zone à traiter, lors de l’endoscopie.
Le traitement s’effectue lors d’une hospitalisation brève qui nécessite une coordination parfaite entre l’équipe médicale et paramédicale, au niveau de l’unité d’hospitalisation et du centre d’endoscopie.
Le bilan pré-thérapeutique comporte : une endoscopie œso-gastro-duodénale avec biopsies, une écho-endoscopie haute et un TDM thoraco-abdominal. Le dossier est systématiquement présenté en réunion de concertation multidisciplinaire. L’information préalable du malade est effectuée lors d’une consultation médicale puis est reprise de façon complémentaire par l’infirmière lors d’une consultation infirmière. A J1 de l’hospitalisation l’injection du Photofrin est effectuée à 9 heures le matin après accord médical. Dès l’injection du photosensibilisant réalisée, le patient doit rester à l’abri de la lumière, tant dans le service d’hospitalisation qu’au cours de ses déplacements dans l’hôpital et notamment aux endoscopies digestives. L’infirmière peut s’aider d’un dosimètre pour les déplacements du patient. A J3, la séance de photothérapie est effectuée en salle d’endoscopie sous anesthésie générale. Le geste consiste en l’introduction d’une fibre d’illumination par le canal opérateur, qui délivrera le nombre de joules requis sur la lésion à traiter. Durant toute l’hospitalisation et jusqu’à un mois après la sortie des précautions contre la photosensibilisation sont prises et devront être bien expliquées au patient.
Dans notre expérience, la PDT dans le cancer de l’œsophage est une technique intéressante et efficace, principalement chez les malades ayant un carcinome in situ. Elle permet d’obtenir une réponse tumorale complète satisfaisante chez des malades pour qui l’oesophagectomie n’est pas réalisable. La place de cette technique par rapport à la chirurgie et aux autres techniques endoscopiques reste à évaluer.

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Endoscopie

Procédure de pose de Gastrostomie per endoscopie

2010

C Hourt, C Poupardin, S Nahon, V Jouannaud, I Lutgen, B Lesgourgues
GHI Le Raincy Montfermeil

Endoscopie –  2010-09-02 – CO –

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L’évaluation régulière des pratiques professionnelles en endoscopie nous a conduit à considérer la pose de gastrostomie per endoscopie (GPE) comme un acte d’endoscopie digestive à haut risque de complications. Celles ci surviennent de plus sur un terrain déjà extrêmement fragile vu les indications du geste. Nous avons donc élaboré une procédure impliquant les services dans lesquels sont hospitalisé les patients, le service d’endoscopie digestive et mettant en œuvre un suivi des patients ayant bénéficié de la pose de la GPE. Ce projet porté par le service d’endoscopie digestive est un des axes du travail en cours dans l’hôpital sur la nutrition entérale.
Nous vous proposons de vous présenter à deux voix ce travail collaboratif qui a réuni infirmières d’endoscopie et gastroentérologues au moment de sa mise en place dans l’établissement. Il est prévu d’évaluer à distance l’évolution réelle des pratiques et la diminution du nombre ou de la sévérité des complications.

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Endoscopie

Astreinte Infirmière (IDE) en endoscopie d’urgence : expérience du Centre Hospitalier d’Avignon (CHA)

2010

D Imbert, A Lichere, O Barthelemy, D Bozec, M Molina, E Meloni
S Bellon, S Bramli, B Coulibaly, JP Arpurt. CH Avignon.

Endoscopie –  2010-09-14 – CO –

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Une endoscopie digestive d’urgence est une endoscopie réalisée en dehors des heures ouvrables, le week-end ou les jours fériés, mais dans un délai de moins de 12 heures. C’est un acte médical fréquent requérant maîtrise du geste, parfaites conditions de réalisation et adéquation du matériel. Dans ces conditions, l’endoscopiste ne peut être aidé que par une infirmière formée aux techniques endoscopiques thérapeutiques.
80 % des endoscopies d’urgence sont réalisées pour hémorragie digestive (HD) haute ou basse. Les autres indications sont certains corps étrangers, les ingestions de caustiques, les occlusions par cancer depuis la partie gauche du transverse jusqu’au rectum, les syndromes d’Ogilvie, les volvulus sigmoïdiens, les colites graves et, exceptionnellement, une angiocholite grave ou une exploration bronchique.
Nous rapportons l’expérience de la mise en place d’une astreinte IDE d’endoscopie digestive d’urgence au CHA depuis le 1er juillet 2007.
Matériels et Méthodes
L’astreinte n’est actuellement assurée que les week-end et les jours fériés. Elle débute le vendredi ou la veille d’un férié à 16h30 et se termine le lundi ou le lendemain d’un férié à 7h30. Sur la base du volontariat, 6 IDE y participent ( 3 du secteur endoscopie digestive, 3 du secteur endoscopie bronchique). Un tableau annuel d’astreinte est mis en place et envoyé à la direction des soins infirmiers (1 week-end toutes les 6 semaines et 2 fériés par an)
Afin d’assurer la traçabilité de l’ appel, l’endoscopiste appelle l’IDE par l’intermédiaire du standard de l’hôpital.
L’examen est réalisé au bloc opératoire dans la salle dédiée aux endoscopies digestives, le plus souvent sous anesthésie générale. Il faut 30 mn pour installer la salle et le matériel dédiée aux urgences en prenant compte du temps de désinfection de l’endoscope. En fin de procédure, la remise à niveau de la salle et du matériel est de minimum 1 heure, comprenant la désinfection du matériel utilisé. Parfois, l’examen est réalisé hors bloc (Réanimation, Soins Intensifs Cardiologiques, Néonatalogie) et nécessite le transport du matériel sur le site.
L’indemnisation de l’ astreinte IDE se compose en 2 parties :
– forfaitaire : 39h pour 1 jour férié, 63h pour un week-end, 87 h pour 3 jours, rémunérée sur la base du 1/3 du tarif des heures supplémentaires
– au temps de déplacement fixé en heures supplémentaires pleines (comprenant le temps du trajet). Le tarif est fonction de l’horaire et de l’échelon de l’IDE.
La déclaration du temps de déplacement se fait par l’infirmière, co-signée par le cadre infirmier et envoyée à l’administration tous les mois.
Résultats
Pour la demi-année 2007, 60 examens ont été réalisés, 132 en 2008 et 156 en 2009. Pour l’année 2009, la répartition des examens est la suivante : 110 endoscopies digestives hautes (80 HD, 23 corps étrangers, 7 caustiques), 41 endoscopies digestives basses ( 20 HD, 10 Ogilvie et volvulus, 11 prothèses) et 5 ERCP (angiocholites).
Le coût global annuel de cette astreinte IDE week-end et jours fériés pour le CHA est d’environ 35 000 euros (charges patronales comprises)
En moyenne, une IDE est rémunérée de 300 à 500 euros brut par astreinte de week-end.
En conclusion, l’installation de cette astreinte IDE a permis d’améliorer la qualité de réalisation des endoscopies en urgence tant sur le plan du geste technique que de la maintenance, la désinfection et la traçabilité du matériel. La place de l’IDE d’endoscopie est indispensable et incontournable. Elle doit être bien comprise par nos directions en soins infirmiers et administratives, avec le soutien du GIFE (Groupement Infirmier pour la Formation en Endoscopie).
L’avenir au CHA sera l’obtention d’une astreinte élargie à la semaine et l’installation d’armoire de stockage des endoscopes qui permettra de ne pas avoir à réaliser la désinfection initiale de l’endoscope jusqu ‘à 72h de stockage.

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Hepatologie

Hypoglycémie, cytolyse hépatique et ischémie myocardique chez une anorexique.

2010

Ramaniraka A, Rivière JF , Estrade G, Borocco A, Pariente A. Centre Hospitalier de Pau.

Hépatologie –  2010-09-02 – CO –

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Une femme de 39 ans souffrait d’ une anorexie mentale sévère, avec potomanie, remontant à une vingtaine d’ années. Elle était depuis 3 semaines à l’ hôpital psychiatrique à la suite d’ une bouffée délirante avec tentative d’ autolyse ; elle ne recevait que 30 mg d’ oxazépam, et des polyvitamines. Découverte inconsciente, flasque en myosis serré. Constatation d’ une glycémie à 0 g/L. Administration de 100 g de glucose iv ; réveil partiel. A l’ arrivée agitée sans signe de localisation, morsure de la langue, TA 12/9, pouls 100/min, température 32°7, SaO² 98%, cachexie (26 kg/1m65), oedèmes. Biologie : Hb 12,3 g/dL, VGM 87 fL, 6710 GB/µL, 90% neutrophiles, plaquettes 127.000 / µL, TP 41%, facteur V 37%, urée 9,8 mM, créatinine 53 µM, protides 39 g/L, Na 110 mEq/L, K 5.5 mEq/L, RA 21 mEq/L, Ca 1,8 mM, P 1,29 mM, bilirubine 22 µM, AST 75 N, ALT 27N, CPK 1,8 N, troponine Ic 0,05 ng/mL, PAL 2,7 N, GGT 3,4 N, lipase normale, albumine 20 g/L, BNP 755 pg/mL (N<65). Sérologie des hépatites A,B,C,E négative, absence d’ anticorps antinoyaux et antitissus. EEG normal.
ECG : tachycardie sinusale, q2q3qF, ondes T négatives symétriques V1-V3. Radiographie pulmonaire normale.Echocardiographie : large akinésie apicale. IRM cardiaque: aspect ballonisé de l’apex, FEVG 50%, bonne prise de contraste après injection de gadolinium.
Traitement par apport de glucose, vitamines B1, B6, acide folinique, oligoéléments, nutrition entérale très progressive, restriction hydrique, ramipril 1,25 mg/j, furosemide 10 mg/j, olanzapine 7,5 mg/j. Normalisation rapide de la conscience. A J8, bilirubine 15 µM, AST 3N, ALT 6N,TP 94%. BNP 977 pg/mL, 451 pg/mL à J20, normale à J30. Normalisation de l’ échocardiographie et de l’ IRM à J30. Retransférée en psychiatrie pour agitation…
Discussion
La survenue de cytolyses hépatiques sévères avec insuffisance hépatique aiguë, habituellement associées à une hypoglycémie a été décrite par l’ équipe de Beaujon et rapportée à une autophagie hépatocytaire. Des troubles cardiaques sont très fréquents en cas d’anorexie, et une mort subite est responsable de 10% des décès. Le nom de Takotsubo, ou cardiopathie de stress (ou syndrome du cœur brisé, ou syndrome de dilatation apicale transitoire du ventricule gauche) vient de l’espèce d’ amphore à goulot étroit et à fond large utilisé pour attraper les poulpes, ressemblant à la dilatation apicale du ventricule gauche caractéristique du diagnostic. Il atteint surtout les femmes après la ménopause où il serait responsable de 5% des syndromes coronaires aigus. Il se présente habituellement comme un syndrome coronaire aigu avec une minime élévation enzymatique et des coronaires saines, régressant en 1-3 semaines, avec une mortalité faible. Le facteur déclenchant est généralement un stress aigu entraînant une activation catécholaminergique sévère (émotionnel, postopératoire, etc…) ; de très rares cas ont déjà été rapportés au décours d’une hypoglycémie sévère , dont un chez une anorexique.
Conclusion
Les catécholamines peuvent briser le cœur et le foie des anorexiques hypoglycémiques.

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Hepatologie

Epidémiologie du portage chronique de l’Ag HBs en Belgique : Le Registre Belge

2010

J HENRION*, P DELTENRE*, au nom de la BASL (Belgian Association for the Study of the Liver).
* Hôpital de Jolimont, Haine Saint Paul, Belgique.

Hépatologie –  2010-10-16 – CO –

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But : Les données épidémiologiques concernant l’infection par le virus de l’hépatite B (VHB) sont pratiquement absentes en Belgique. En 2008, sous la coordination du service d’Hépato-Gastroentérologie de l’hôpital de Jolimont, la réalisation d’un registre national des porteurs chroniques de l’AgHBs a été proposée aux membres de la BASL. Les buts étaient de préciser d’une part les caractéristiques épidémiologiques de ces malades et d’autre part la prise en charge usuel par les hépatologues Belges. Secondairement, à l’analyse des résultats et vu le nombre important de biopsies hépatiques disponibles, il a été décidé de faire une analyse de la fréquence et des facteurs de risques de fibrose extensive (F3 et F4 suivant la classification METAVIR). Dans ce résumé, seules les données épidémiologiques seront présentées.

Méthode : Sous l’égide de la BASL, la participation volontaire à ce registre prospectif a été proposée aux membres de la BASL (environ 130). Un document simple de 2 pages, comportant des données épidémiologiques, virologiques, histologiques et thérapeutiques devaient être complété pour tout malade porteur chronique de l’AgHBs vu en consultation durant un an, de Février 2008 à fin Janvier 2009. Il était bien spécifié que le praticien responsable ne devait en rien changer ses habitudes de prise en charge du malade (étude observationnelle). Aussi bien les malades déjà connus comme porteurs de l’AgHBs (cas prévalents) que les nouveaux cas diagnostiqués (cas incidents) devaient être inclus.

Résultats : 26 centres répartis dans toute la Belgique ont participé et ont inclus 1456 malades (cas prévalents : 70%, cas incidents : 30%). Parmi ceux-ci, 97 étaient co-infectés soit par le VHC (28/1386 testés), par le VHD (27/785 testés), par le VIH (32/1309 testés) ou par plus de 2 virus (6 cas). Parmi ces 1456 cas, 10 ont été considérés comme porteurs immunotolérants, 248 comme hépatite chronique AgHBe (+), 420 comme hépatite chronique AgHBe (-) et 381 comme porteur inactif en appliquant, pour ces derniers, la définition « restrictive » recommandée par les principaux guidelines (AgHBe (-), ALAT<N , HBV DNA<2,000 UI/ml). Ainsi, 397 malades ne pouvaient être correctement classés. En appliquant une définition « élargie » du portage inactif (AgHBe (-), ALAT <2N, HBV DNA<20.000 UI/ml), 105 malades non classés pouvaient être ajoutés aux 381 considérés comme porteurs inactifs selon la définition « restrictive ». Ces 105 malades (dont 24 biopsiés) ne différaient pas des 381 porteurs inactifs suivant la définition « restrictive » (48 biopsiés) en ce qui concerne les données cliniques et surtout histologiques.
Conclusion : En Belgique, environ la moitié des porteurs chroniques de l’AgHBs sont des porteurs inactifs. Parmi les hépatites chroniques, plus de 60 % sont des hépatites chroniques AgHBe (-). En respectant les critères recommandés par les guidelines, un grand nombre de malades (27%) ne peuvent être correctement classés dans une des 4 grandes catégories de replication virale. L’utilisation de critères élargis pour le portage inactif permet de « récupérer » 26 % de ces malades non classés.

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Hepatologie

Quand la veine porte se thrombose, ce n’est pas toujours pour la cause infectieuse qu’on aurait imaginée.

2010

G. D’Abrigeon, A.Pelaquier, H.Osman, JL Landais, B.Nalet. Services de Gastroentérologie et de Radiologie. Centre Hospitalier de Montélimar.

Hépatologie –  2010-09-02 – CO –

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Cet ambulancier de 43 ans s’est plaint dix jours avant son hospitalisation d’un tableau associant de la fièvre à 39° associée à des frissons. Il avait également des douleurs situées essentiellement entre les omoplates sans caractère mécanique. Il consulte et on lui prescrit de l’Augmentin suspectant une angine car il avait des signes locaux.

Le 23 février 2010 (trois jours avant l’hospitalisation), du fait de la persistance de la fièvre, il est prescrit un bilan biologique qui montre des perturbations du bilan hépatique (ALT 6N, GGT 2,5N, GB 5,2G/l, CRP 53mg/l). Du fait de ces perturbations, on lui pratique une échographie et un scanner qui permettent de constater l’existence d’une thrombose portale. Cette thrombose est extensive touchant à la fois la branche droite de la veine porte, le tronc porte et la mésentérique supérieure. Il n’y a pas de foyer infectieux évident sur le scanner réalisé au contact de cette thrombose ni d’élément en faveur d’une néoplasie profonde.

C’est dans ces conditions qu’il est hospitalisé pour sa prise en charge thérapeutique et étiologique.

Dans ses antécédents, on retient une diverticulose sigmoidienne , appendicectomie ,une chirurgie pour sinusite et des voyages fréquents en Thailande.

L’examen clinique initial est normal en dehors d’une température à 39°5.

Le bilan biologique ne montre pas d’hyperleucocytose (5 200 globules blancs). Il a des lymphocytes atypiques réactionnels à 5 %. Il n’y a pas d’élément infectieux formel puisque la pro-calcitonine est à 0,78 microg/l avec une CRP à 53 mg/l. On retrouve des perturbations importantes du bilan hépatique avec des ALAT à 6N et un taux de gamma GT à 2,5N sans ictère.

Toutes les hémocultures réalisées sont restées négatives. Le patient a été traité initialement par une héparinothérapie à la pompe et une antibiothérapie associant Ofloxacine et Metronidazole car on s’était posé la question d’une thrombose portale à point de départ infectieux.

Y-a-t-il une étiologie commune pour ce tableau clinique ?

Quelles sont vos suggestions ?

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Endoscopie

Plicature gastrique endoscopique après echec de by-pass, étude préliminaire.

2010

R-L Vitte (CHI Poissy), E. Chouillard (CHI Poissy).

Endoscopie –  2010-10-16 – Cho –

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Introduction : L’échec pondéral après bypass gastrique (BG) pour obésité morbide peut être secondaire à une dilatation de la poche gastrique ou de l’anastomose gastro-jéjunale. Afin d’éviter la morbi-mortalité des reprises chirurgicales après BG, la réduction endoscopique de la poche gastrique par endoplicature a été proposée.
Matériel et Méthodes : Entre 2003 et 2006, 209 patients ont été opérés de BG dans notre département. Après un suivi moyen de 37 mois (extrêmes, 24-59), 11 patients (5,3 %) ont été déclarés en échec pondéral (indice de masse corporelle > 35 Kg/m² ou reprise de poids cumulé de plus de 10 Kg et évoluant sur plus de 3 mois successifs). Nous avons proposé à 4 de ces patients une endoplicature de la poche gastrique par StomaphyX.
Résultats : Quatre patients (2 hommes et 2 femmes) de 42 ans d’âge moyen
(22-59) ont eu une plicature gastrique par StomaphyX sous anesthésie générale. La procédure a duré 44 minutes en moyenne (38-55). Aucune complication per ou post-opératoire n’a été déplorée. Après un suivi moyen de 3 mois, la perte de poids moyenne est de 9 kilos (3-23).
Conclusion : L’endoplicature de la poche gastrique pour échec pondéral après BG pour obésité morbide est une technique faisable et sure. Les résultats pondéraux à trois mois semblent encourageants. Un suivi plus prolongé est nécessaire avant de bien définir les indications en fonction des résultats à long terme. 5 nouveaux patients sont programmés en juin: les résultats de l’ ensemble de la cohorte seront présentés au Mans.

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Hepatologie

Etude longitudinale descriptive de la prise en charge des CHC en France : CHANGH. Résultats préliminaires.

2010

I. Rosa, J. Denis, P. Renard, B. Lesgourgues, A.S. Dobrin, C. Becker, R. Faroux, R. Bader, X. Causse, O. Danne , G. Ledreau, E. Diaz, B. Condat, , B. Marks, J. Henrion, F. Zerouala, T. Decaens, A.J. Remy, B. Nalet, T. Morin, C. Renou, H. Hagège et le groupe d’étude CHANGH.

Hépatologie –  2010-09-02 – CO –

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Le carcinome hépato-cellulaire (CHC) est responsable de 7000 décès par an en France. Sa prévalence est en forte augmentation depuis 20 ans en partie en raison de l’évolution des hépatites virales chroniques, mais également d’un allongement de la survie des patients cirrhotiques et d’un meilleur suivi.
Le but de l’observatoire CHANGH était sur une large cohorte, de décrire l’épidémiologie actuelle du CHC en France, les modalités de prise en charge et d’évaluer les pratiques professionnelles. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer la survie des patients ayant un CHC de novo et d’en définir les facteurs pronostics
Malades et méthodes : Cent trois hôpitaux (94 centres de l’ANGH, 4 hôpitaux militaires et 5 CHU) ont participé à cette étude observationnelle prospective. Les inclusions se sont déroulées du 1er mai 2008 au 31 octobre 2009. Nous présentons ici les résultats préliminaires sur les 1026 premiers maladesLes critères d’inclusion étaient la survenue d’un nouveau cas de CHC, soit histologiquement prouvé, soit remplissant les critères radiologiques de Barcelone. Après inclusion et description des données initiales, un suivi annuel était mis en place pour une durée de 5 ans ou jusqu’au décès du patient.

Résultats :
1287 patients ont été inclus et les 1026 premiers dossiers complets ont été analysés. L’âge moyen des patients était de 67 ans, et 85% étaient de sexe masculin. L’IMC moyen était de 27 et un diabète était présent chez 30% des patients. Dans 26% des cas, le diagnostic de CHC était histologique et dans 74% des cas radiologique. Le CHC survenait dans 86% des cas sur foie cirrhotique. L’étiologie de la cirrhose était l’alcool dans 73% des cas et la NASH représentait la 2ème cause d’hépatopathie chronique (18%) avant les hépatites chroniques C et B responsables respectivement de 17% et 10% des cirrhoses.
Les patients étaient classés Child A, B ou C dans respectivement 46, 36 et 18% des cas. Seuls 20% des CHC ont étés diagnostiqués dans un programme de dépistage, 44% des cancers étaient diagnostiqués lors d’une complication soit de la tumeur, soit de la cirrhose. La lésion était unique dans 37.5 % des cas. Il existait entre 1 et 3 lésions dans 20% des cas, un CHC multifocal dans 30 % des cas et une infiltration diffuse du foie dans 12% des cas. Une thrombose portale était présente dans 27% des cas et 13% des patients étaient métastatiques au moment du diagnostic. 56% des patients avaient un score BCLC C et 33% un score D.
85% des cas ont été présentés en réunion de concertation pluridisciplinaire. Un traitement curatif était proposé dans 28% des cas : résection chirurgicale dans 10% des cas, radiofréquence (RF) dans 8.5% des cas et transplantation hépatique dans 8.5% des cas. Un traitement palliatif était retenu dans 33% des cas : chimioembolisation (CE) dans 16% des cas, chimiothérapie systémique par sorafénib dans 17% des cas. Seul un traitement symptomatique a pu être proposé chez 224 patients (39%).
Le suivi à 1 an était analysable chez 481 patients. 21 patients étaient perdus de vue. La survie globale à 1 an était en intention de traiter était de 34%. Il existait une différence significative de survie en fonction du mode de diagnostic : 60% chez les patients diagnostiqués dans un programme de surveillance versus 24% lorsque le CHC était diagnostiqué lors d’une complication , p<0.0001.
Conclusion :
La première cause de cirrhose responsable du CHC reste l’alcool, mais la NASH devient une étiologie émergente. Un traitement curatif n’a pu être proposé que chez 28% des patients, les soins de support étant le plus souvent réalisés. Il existe une insuffisance claire du dépistage, avec seulement 20% des CHC diagnostiqués, alors même que la survie semble meilleure dans ce groupe de patients ayant bénéficié du dépistage.

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Gastroenterologie

Quand une cause de diarrhée chronique en cache une autre ou quand les étiologies de diarrhée s’entremêlent …

2010

Gilles Macaigne (1), Florence Harnois (1), Jean-François Boivin (2), Sadek Cheiab (1), Georges Bonyhai (2), Claude Chayette (1). Services d’hépato-gastro-entérologie (1) et d’anatomo-pathologie (2), Hôpital de Lagny-Marne-la-Vallée, 77 405 Lagny-sur-Marne Cedex. France.

Gastroentérologie –  2010-09-03 – CO –

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Un homme de 55 ans consultait en juillet 2007 pour une diarrhée faite de 2 à 3 selles quotidiennes non formées évoluant depuis 2 ans avec perte de 15 kilos sans véritable AEG et douleurs abdominales non spécifiques sans signe d’appel extra-digestif. Sur le bilan biologique initial, il était noté une discrète hypo-albuminémie à 33g/l, une hypo-cholestérolémie, une diminution du TP 55% et une cytolyse hépatique avec un taux sérique d’ALAT inférieur à 2 fois la limite supérieure de la normale. Il n’y avait par ailleurs par d’anémie et la glycémie était normale Il présentait comme principal antécédent une notion d’atrophie pancréatique connue depuis des années et jusque-là non explorée. Il était alors hospitalisé dans le service pour la prise en charge de cette diarrhée chronique avec syndrome carentiel biologique. . .