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Hepatologie

Etude VACCIR : Evaluation de la couverture vaccinale contre Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite, le pneumocoque et les virus des hépatite A,B, de la grippe saisonnière, SARS-COV2 des patients atteints de cirrhose suivis dans 17 hôpitaux généraux français membres de l’ANGH (Association Nationale des Hépato-gastroentérologues des Hôpitaux généraux)

2023

Dr Aurore Baron, Jean François Cadranel et Mourad Medmoun, Jacques Arnaud Seyrig, François Xavier Laborne, Caroline Tourte, Florence Skinazi , Serge Bellon6, Isabelle Rosa, Xavier Causse, Juliette Verlynde, Caroline Lemaître, Florent Ehrard, Gilles Macaigne, Guillaume Allard, Arnaud Boruchowicz, Paul Strock, Mathilde Petiet, Frédérick Moryoussef, Stéphanie De Montigny-Lenhardt, Bénédicte Lambare.

Hépatologie – 07/05/2023 – Communication orale

Introduction : La cirrhose génère un état d’immunosuppression exposant à un surrisque d’infections bactériennes et à la survenue d’infection virale respiratoire (COVID ou grippe) plus sévères que dans la population générale responsable de décompensation de l’hépatopathie et de décès. En outre, la survenue d’infection par des virus hépatotropes (hépatite A, B) peut gravement impacter la fonction hépatique. La vaccination est un moyen simple et efficace de se prémunir de ce type de complications. La Haute Autorité de Santé et le Haut Conseil à la Vaccination recommandent en France une vaccination contre le pneumocoque, la grippe saisonnière, le SARS COV2, les hépatites virale A et B chez tous les patients avec hépatopathie. Il existe peu de donnée récentes sur la couverture vaccinale chez les patients cirrhotiques, mais les quelques données disponibles, notamment chez les patients en attente de transplantation hépatique, suggère qu’elle est faible.
Matériel et méthodes : Cette étude française, prospective, multicentrique, menée entre le 27 septembre 2021 et le 27 décembre 2022, dans 17 centres hospitaliers généraux membres de l’ANGH avait comme objectif d’estimer via un questionnaire en consultation ou hospitalisation, la couverture vaccinale de patients cirrhotiques, suivis depuis plus de six mois, contre DTpolio, la grippe, le VHA, le VHB, le pneumocoque et le SARS COV2. Les patients ayant une contre-indication vaccinale ou une immunosuppressions surajoutées non liée à leur hépatopathie étaient exclus. Les sous-groupes selon le stade de gravité de la cirrhose, la précarité sociale seront décrits et comparés. Les facteurs associés à un statut vaccinal incomplet seront analysés par un modèle de régression logistique uni et multivarié. Les cas d’infection ont été colligés selon le statut vaccinal afin d’en estimer l’efficacité.
Résultats : Sur 742 questionnaires rendus, 728 questionnaires ont été analysés comportant 70% d’homme (n=511), ayant 66.3 ans d’âge médian, une cirrhose le plus souvent éthylique (63% n=461), child A majoritairement (79% n=549), child B pour 13% (n=87) et child C pour 8% (n=56). Au moment du diagnostic de cirrhose, les taux de vaccinations contre DTP, VHA, VHB, grippe et pneumocoque étaient respectivement de : 51%, 3%, 12%, 22% et 4%. Les pourcentages de vaccinations de novo réalisées plus de six mois après le diagnostic, sont de 38% pour le DTP (n = 274), 4% pour le VHA (n= 30), 10% pour le VHB (sur la population éligible au vaccin (n=45/455) dont 50% de vaccination complète uniquement, 19% pour le pneumocoque (n=141) dont 79% de vaccination complète, 69% contre la grippe (n=503), et 94% au moins une fois contre le SARS COV2 (N=686). Les vaccins sont majoritairement prescrit par le médecin traitant (76% pour la grippe, 79% pour le DTP, 70% pour le pneumocoque et 50% pour le VHA) sauf le vaccin anti VHB. Après vaccination le contrôle sérologique de l’efficacité vaccinal est exceptionnel (3% pour le VHB et 2% pour le VHA). La principale cause de non vaccination est la non prescription sauf pour le SARSCOV2. Parmi les non vaccinés, depuis le diagnostic de cirrhose, 4 infections au VHA, 3 au VHB ont été comptabilisés responsable d’une hospitalisation. 18 cas de grippes dont 22% malgré le vaccin et 52 COVID dont 4% malgré le vaccin ont été déclarées dont une hospitalisation en réanimation. Les résultats des analyses uni et multivariées recherchant les facteurs psycho-sociaux associés aux statuts vaccinaux ne sont pas disponibles pour cette soumission et seront communiqués au congrès.
Conclusion : La couverture vaccinale des patients cirrhotiques contre le pneumocoque, le VHA et le VHB sont très insuffisantes malgré les recommandations émises en 2007 par l’HAS. La vaccination contre le SARS COV2 a été effectuée grâce à l’obligation liée au Pass Sanitaire et la vaccination anti grippale semble être la seule plutôt bien effectuée. Les vaccins sont prescrits le plus souvent par le médecin traitant. L’investissement de l’ensemble des hépato-gastro-entérologues est impérative afin de promouvoir une politique vaccinale plus efficiente car les cas d’infections ne sont pas rares et parfois sévère.

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Gastroenterologie

Une pancréatite récidivante avec atteinte aortique et pulmonaire.

2023

Morgane L’HENNAF (1), Léa TERRIEN (1), Marie DESPRETS (2), Julien BAUDON (1), Lucie DUVAL (1), Camille CANDILLIER (1) You Heng LAM (1), Mehdi KAASSIS (1).
1 Hépato Gastroentérologie
2 Médecine Interne
CH Cholet

Gastroentérologie – 04/05/2023 – Cas clinique

Un patient âgé de 74 ans est hospitalisé en novembre 2021 pour ictère.

Dans ses antécédents : cardiopathie ischémique avec stent, HTA.
Le traitement associe CLOPIDOGREL, EZETIMIBE, PERINDOPRIL, AMLODIPINE, ATORVASTATINE.

Le patient est hospitalisé pour apparition d’un ictère avec prurit, douleurs douleurs abdominales intermittentes, perte pondérale de 6 kg et découverte récente de diabète.

L’examen clinique montre un ictère sans organomégalie suspecte. L’hémodynamique est conservée.
Biologiquement : bilirubine 100 μmol de type conjugué avec cholestase et cytolyse, lipasémie 1.5xN. Ionogramme et créatinine normaux, CRP 85 mg/l, albumine 32 gr, triglycérides et calcémie normaux.

Le scanner montre une dilatation des voies biliaires avec aspect de cholangite sans obstacle lithiasique ou tumoral pancréatique visible, avec pancréatite aiguë caudale oedémateuse. L’examen retrouve également une dilatation anévrismale de l’aorte sous-rénale avec infiltration de la graisse péri-aortique et aortite, des opacités réticulo-nodulaires pulmonaires avec adénopathies médiastinales.

La bili-IRM montre une sténose effilée du 1/3 inférieur du cholédoque, l’écho-endoscopie retrouvant un aspect de cholangite de la voie biliaire principale avec aspect oedématié de la glande pancréatique sans syndrome de masse. La CPRE confirme la sténose du 1/3 inférieur du cholédoque avec dilatation en amont de la voie biliaire principale. Une sphinctérotomie et pose de prothèses biliaire sont réalisées avec cytologie biliaire.

Les biopsies pancréatiques, sous réserve de peu de matériel identifiable, retrouvent des remaniements fibrineux et inflammatoires chroniques compatibles avec une pancréatite chronique. La cytologie biliaire est non informative.
Les IgG 4 sont à 2,2 g/l (N : 0,04-0,8).

Une corticothérapie par CORTANCYL 40 mg est introduite pour 1 mois avec décroissance.

A 3 mois le patient est asymptomatique, en bon état général. Le bilan hépatique est normal. Le scanner TAP montre une régression quasi-totale des lésions de cholédocite et de la dilatation des voies biliaires, avec nette diminution des ganglions médiastinaux, des opacités pulmonaires, et des lésions d’aortite. La cholangiogaphie est normale, sans sténose, la prothèse biliaire est retirée. L’echoendoscopie montre un pancréas redevenu normal. La corticothérapie est arrêtée.

4 mois tard, le patient récidive un ictère.
La suite sera précisée au cours du congres.

Ce cas clinique est l’occasion de faire le point sur cette pathologie systémique en précisant les formes cliniques et les modalités thérapeutiques.

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Gastroenterologie

Un bezoard cocainé.

2023

Aymerik Mage, Florence Skinazi, Caroline de Kerguenec, Zakarya Kebir.
Service d’Hépatogastroentérologie Hôpital Delafontaine 93200 Saint Denis

Gastroentérologie – 29/04/2023 – Cas clinique web

Un patient de 27 ans est amené par la police aux urgences de Saint Denis (93200) le 23 décembre 2022 car il n’arrive plus à manger. 

En effet, il a avalé dix jours auparavant au Surinam 106 capsules de cocaïne bien emballées dans du plastique . Il a ensuite quitté rapidement le Surinam  en avion pour se rendre à Rotterdam. De là, il a été conduit par des amis dans un hôtel à Lille où lui a été donné un traitement laxatif dans l’espoir de récupérer le butin.

Les laxatifs sont restés sans effet. Le patient a vomi environ une dizaine de capsules  mais impossible d’évacuer le reste. 

Se sentant ballonné, anxieux, n’arrivant plus à s’alimenter ni à aller à la selle, le patient a préféré se rendre  au commissariat de son domicile. 

Il a ensuite été rapidement conduit aux urgences de l’hôpital où le gastroentérologue a été appelé.

La solution !


Le patient est anxieux mais calme, il n’a pas mangé depuis 24 heures car il vomit tout ce qu’il mange. Il ne présente pas de signe de choc.
Cliniquement, on note un empâtement épigastrique, l’abdomen est souple. Le toucher rectal est normal
On l’aura compris ce bizarre bezoard s’apparente, à y regarder de plus près, à une très « classique » occlusion haute.
Un scanner abdomino pelvien est réalisé et retrouve d’innombrables capsules dans l’estomac qui est distendu. Il n’y a pas de capsule dans le grêle ou le colon

En raison du nombre de capsules ingérées, il ne semble pas réalisable de les retirer par voie endoscopique et une extraction chirurgicale est décidée
Une gastrotomie par une courte laparotomie permet d’extraire les capsules de cocaïne qui sont soigneusement comptées
Les suites sont simples et le patient sort rapidement sous surveillance policière puis est pris en charge par la justice.

Les personnes transporteurs de drogues dites « mules » ou body packers sont maintenant bien connues. Les principaux produits concernés par l’emballage corporel sont l’héroïne, la cocaïne et le haschich. Il y a les bodypackers qui introduisent les produits dans un orifice : oreille, rectum, vagin avec des objets ovales mesurant 4 à 6 cm de longueur et ceux qui les avalent , capsules plus rondes, ce qui nécessite d’utiliser des laxatifs, des antispasmodiques pour les évacuer.
Les gastroentérologues sont concernés car souvent appelés pour réaliser des extractions endoscopiques qui sont délicates car menacées par l’ouverture d’un des sachets, d’autant plus s’il n’y a pas d’antidote connu comme pour la cocaïne. Ces corps étrangers contenant la drogue sont de mieux en mieux emballés par les trafiquants (gants en latex, préservatifs et ballons jouets, papier alu) pour éviter les risques de rupture, de surdosage mortel et auss de détection aux frontières. Mais aussi, cela entraine une inertie de leur évacuation surtout si la quantité introduite est importante.
Dans des conditions normales, le passage spontané d’un sachet rempli de drogue à travers le système digestif se produit dans les 30 h (1). Chaque paquet avalé contient en moyenne 3 à 6 g de cocaïne [ 2].  Afin de retarder le temps de transit intestinal, les body packers peuvent délibérément prendre des agents anticholinergiques pour réduire la motilité intestinale. Ils restent à jeun dans l’avion, puis, une fois arrivés à destination, des laxatifs type PEG ou des lavements intrarectaux sont utilisés pour faciliter leur évacuation.
Parfois, comme dans notre cas clinique, les paquets ne sortent pas, c’est alors un tableau d’occlusion haute sur « pseudo bezoard ». L’extraction chirurgicale est alors indiquée (3).

Bibliographie
1 Schaper A, Hofmann R, Bargain P, Desel H, Ebbecke M, Langer C. Traitement chirurgical chez les emballeurs de cocaïne et les pousseurs de corps. Int J Colorectal Dis. 2007 ; 22 :1531–1535. 

2. de Beer SA, Spiessens G, Mol W, Fa-Si-Oen PR. Chirurgie de l’emballage corporel dans la Caraïbe : une étude rétrospective de 70 patients. Monde J Surg. 2008 ; 32 : 281–285. discussion 286–287

3.Pinto A, Reginelli A, Pinto F, Sica G, Scaglione M, Berger FH, Romano L, and Brunese L. Radiological and practical aspects of body packing.  Br JRadiol 2014; 87: 20130500.

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(Vidéo : Zakarya Kebir Service d’Hépatogastroentérologie Hôpital Delafontaine 93200 Saint Denis – Tous droits réservés – Copyright 2023 – )

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Gastroenterologie

cas clinique « Hépatite aiguë » après biothérapie pour RCH

2022

Roua Kallel, Hannene Habbassi, René-Louis Vitte

Gastroentérologie –  2022-05-06 – CC –

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Il s’agit d’un homme de 53 ans sans antécédents particuliers en dehors d’une RCH évoluant depuis 2013. Sa maladie a été traitée par 5ASA puis Betnesol en 2016 suivi d’une augmentation des transaminases (ALT 1,6N, AST 1,1N) spontanément régressive avec bilan étiologique négatif (VHB, VHC, Cholangio-IRM). Poussée modérée en avril 2018 avec une extension lésionnelle pancolique et abcès de la marge anale. Une mise à plat de l’abcès et d’une fistule latérale gauche a été réalisée en urgence avant corticothérapie et immunosuppression par AZATHIOPRINE qui a été poursuivi pendant un an. Introduction d’un traitement par ADALIMUMAB en avril 2019 en raison d’une efficacité incomplète. Apparition d’une dermatose psoraisiforme persistante malgré des soins actifs, et d’une sacro-iliite bilatérale motivant un switch GOLIMUMAB le 15/04/20 (Transaminases, GGT et PAL normales en février 2020). Efficacité initiale sur la plan digestif et rhumatologique avant échappement thérapeutique colique à 3 mois : 7 à 8 émissions quotidiennes avec saignement. Explorations biologiques : CRP=5mg/l, TR golimumab bas, pas d’AC anti golimumab. Endoscopie : atteinte du recto-sigmoïde avec signes d’activité (UCEIS=4). Décision de swap USTEKINUMAB avec première perfusion le 03/08/2021 de 520 mg puis injection sous cutanée de 90 mg le 02/10/2021. Tests hépatiques (AST, ALT, GGT, PAL) normaux en mars et juillet 2021. Survenue d’une une ascension progressive des transaminases à partir du 30/08 (ALT 1,6N, AST 1,1N) avec un maximum le 9/11 (AST 6N, ALT 13N), sans cholestase et sans aucun symptôme hépato-biliaire.
Quel est votre diagnostic ? Quelle conduite proposer ?

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Hepatologie

Modalités pratiques de la ponction d’ascite ambulatoire en centre hospitalier non universitaire Enquête ANGH – CREGG

2022

JF.D Cadranel (1), H.T. Zougmore (1), M. Medmoun (1), JR. Ngele Efole (1), R. Smadhi (1), G. Fantognon (1), M. Laville (1), L.Costes (2), A. Baron (3), G. Macaigne (4), JJ. Meurisse (5), X. Causse (6), I. Rosa (2), JA. Seyrig (7), C. Locher (8), A. Remy (9), G. Barjonet (10), J. Henrion (11), M. Schnee (12), A. Landrau (13), F. Leclercq (1), T. Lemagaorou (1)

(1) GHPSO Creil, (2) CHIC Créteil, (3) CH Corbeil, (4) CH Jossigny, (5) CH Bourg en Bresse, (6) CH Orléans, (7) CH Pontivy, (8) CH Meaux, (9) CH Perpignan, (10) CH Montelimar, (11) Jolimont, Belgique, (12) CH La Roche sur Yon, (13) CH Dreux, ANGH, CREGG

Hépatologie –  2022-05-03 – CO –

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Introduction – but de l’étude :
De nombreuses questions notamment organisationnelles se posent aux équipes paramédicales et aux praticiens concernant les ponctions d’ascite thérapeutiques réalisées en ambulatoire.
Le but de cette étude de pratique ANGH / CREGG adressée aux responsables de structure ou équivalents et/ou responsables d’hôpitaux de jour membres de l’ANGH ou pas et aux médecins exerçant en milieu libéral, était de répondre à un certain nombre de questions concernant l’organisation médicale et paramédicale des ponctions d’ascite ambulatoire.
L’étude a débuté fin novembre 2021 et est actuellement en cours.

Méthodes :
Un questionnaire Google forms a été envoyé à l’ensemble des responsables de structures et/ou responsables d’hôpitaux de jour de l’ANGH de tous les hôpitaux généraux membres ou non de l’ANGH et des membres du CREGG.
Etaient analysés les données démographiques, âge, sexe, le type d’exercice, hôpital général, activité libérale ou mixte, la région d’exercice, la spécialité prédominante hépatologie ou gastroentérologie ; le statut, chef de service, chef de structure, responsable d’hôpital de jour, de semaine, la participation à des sociétés savantes ANGH, CREGG, SNFGE, AFEF. Etaient posées des questions d’organisations générales : structure réalisant la ponction d’ascite ambulatoire dans votre hôpital : le service, l’hôpital de jour multidisciplinaire, l’hôpital de jour du service, l’hôpital de semaine du service, l’hôpital de semaine multidisciplinaire.
Qui pratique la ponction d’ascite thérapeutique ? infirmière, externe, interne ou équivalent, assistant, PH, chef de service, tous. Y avait-il une limite maximale de litres à évacuer lors d’une ponction d’ascite ? Quelle quantité ? A l’issue de la ponction, qui retire l’aiguille de ponction ? Le médecin qui a réalisé la ponction d’ascite, un autre médecin du service, une infirmière.
En cas de ponction d’ascite programmée en ambulatoire, pratiquez-vous une ponction d’ascite exploratrice ? jamais, toujours, parfois et selon quels critères. Utilisation des bandelettes ou pas.
Quel est le point de ponction d’ascite. Utilisez-vous un repérage échographique en cas de ponction d’ascite difficile.
L’utilisation en cas de ponction d’ascite difficile d’un repérage échographique.
Utilisez-vous une anesthésie locale : patch Emla, Xylocaïne, Bicarbonate ou autre.
Existe-t-il dans le service un protocole d’administration de l’albumine.
Y-a-t-il des modalités de surveillance paramédicale de la ponction d’ascite et quel temps moyen passe l’équipe paramédicale ? 30 minutes, 1 heures ou plus.
Le patient sort-il avec un rendez-vous pour la prochaine ponction d’ascite ? Est-il évalué pour un autre type de traitement en cas d’ascite chronique et lequel.

Résultats :
Au 1er avril 2022, 48 réponses ont été obtenues, il s’agissait de 70,2 % d’hommes, 29,8 % de femmes. 95,8 % des praticiens exerçaient en CHG.
Tous les répondants étaient membre de l’ANGH ou travaillaient dans des hôpitaux généraux, à ce jour pas de réponse des membres du CREGG.
La spécialité prédominante était la gastroentérologie pour 50,2 % des répondants, 37,5 % l’hépatologie, 8,3 % une autre spécialité.
Concernant le statut, 71,5 % étaient chef de service ou chef de structure et 24 % responsables d’hôpital de jour.
La majorité des ponctions d’ascite ambulatoire était réalisée en hôpital de jour multidisciplinaire pour 70,8 % des répondants (34), en secteur d’hospitalisation classique pour 12 d’entre eux (25 %), en hôpital de jour du service pour 10 (20,8 %).
60,4 % des répondants avaient une limite maximale de liquide de ponction d’ascite, le maximum étant de 18 litres.
La ponction d’ascite était retirée dans 12,5 % (6) par celui qui a réalisé la ponction d’ascite, dans 12,5 % (6) par un des médecins indifféremment et dans 87,5 % (42) par une infirmière du service.
Une ponction exploratrice était utilisée toujours dans 43,8 % des cas et parfois dans 52,1 % des cas.
La bandelette utilisée était majoritairement une bandelette multistix (85,6 % pour 6 répondeurs).
Le point classique de ponction classique était utilisé par 77,8 % des répondants. 19,8 % utilisaient le trajet en baïonnette pour éviter des fuites d’ascite.
Une aiguille courte de longueur 4 cm était utilisée par 29,8 % des cas et dans 31,9 % une aiguille longue.
54,3 % des répondants laissaient l’aiguille en place et 45,7 % ne la laissaient pas en place.
En cas d’utilisation d’un cathlon, le cathlon était laissé en place dans 78,5 % des cas.
En cas de volumineux œdème de la paroi, 83 % des répondants utilisaient une aiguille longue de 7 cm, diamètre interne 1 mm.
95,8 % des répondants (48 réponses) utilisaient un repérage échographie en cas de ponction difficile.
72,5 % n’utilisaient pas d’anesthésie locale avant ponction et 37,5 % utilisaient une anesthésie. Dans ces cas-là, il s’agissait (21 réponses) dans 28,6 % de patch Emla et dans 61,9 % de Xylocaïne bicarbonate.
La majorité des répondants n’utilisaient pas de kit de ponction (70,8 %).
89,6 % des ponctions étaient réalisées par gravité et 5 % par aspiration au vide mural.
95,8 % des répondants avaient un protocole d’administration de l’albumine, écrit dans 69,6 %.
La perfusion d’albumine était majoritairement débutée pendant la ponction et poursuivie pendant la ponction dans 83,3 % des cas et après la ponction dans 14,5 % des cas.
55,3 % des répondants avaient un protocole de surveillance paramédicale de la ponction d’ascite.
Le temps moyen pour lequel une IDE était mobilisée était de moins de 30 minutes dans 25 % des cas, entre 30 minutes et une heure dans 37,5 % des cas et de 1 heure ou plus dans 23 %.
Les patients sortaient un rendez-vous de prochaine ponction d’ascite dans 89,1 % des cas.
44 % des patients revenaient avec un bilan sanguin.
80 % des patients sortaient en général sans autre exploration.

Commentaires :
Dans cette étude ANGH / CREGG qui se poursuit et qui fera l’objet d’une soumission aux prochaines JHFOD, 48 réponses ont été obtenues à ce jour. Tous les médecins répondants étaient membres de l’ANGH ou exerçaient en hôpital général (la relance est faite auprès des médecins du CREGG et auprès de certains CHG).
Il est intéressant de mettre en exergue ces résultats avec la présentation à l’ANGH d’Avignon publiée dans le numéro spécial de Hépatogastro Oncologie Digestive (volume 28, 7 page 30) présentée par Dominique Humbert relatant la prise en charge des ponctions ambulatoires par les IDE du centre hospitalier Paul Brousse. Dans notre enquête, la ponction d’ascite n’était jamais posée par une IDE mais en revanche elle était presque toujours retirée par une IDE.
Il est à noter également que les modalités sont relativement homogènes en ce qui concerne la perfusion d’albumine et que cette activité prend un temps important aux infirmières.
L’anesthésie est assez souvent réalisée, pour la plupart des répondants, il n’y a pas de limite vraie de liquide de ponction d’ascite.
Beaucoup de services ont des protocoles écrits.
Nous remercions l’ensemble des répondants à cette étude qui se poursuit.

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Endoscopie

The safety of endoscopy units during the COVID-19 pandemic

2022

Margarida Gonçalves, Andreia Guimarães, Tânia Carvalho, Pedro Antunes, Sofia Mendes, João Soares, Bruno Arroja, Ana Rebelo, Raquel Gonçalves

Endoscopie –  2022-05-01 – CO –

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Introduction: The COVID-19 pandemic drastically changed the daily routine of all healthcare systems worldwide and endoscopy units were no exception. Endoscopic exams were considered to have a high risk of transmission, and therefore the safety of endoscopy units and the consequent need for pre-endoscopy SARS-CoV-2 screening were questioned early on. The aim of our study was to assess the safety of endoscopy units during the COVID-19 pandemic, as well as the effectiveness/necessity for SARS-CoV-2 screening prior to endoscopies.
Material e methods: This is a retrospective and single-center study carried out in a Portuguese Tertiary Hospital. All patients who underwent endoscopic procedures between 1st September of 2020 and 28th February 2021 were included. The pre-endoscopy screening consisted of a specific questionnaire or a RT-PCR test for SARS-CoV-2 (nasal and oropharyngeal swab). Data were obtained through patient’s clinical records and the Trace COVID platform.
Results: A total of 2166 patients were included. Patients had a mean age of 61.8 years and were predominantly male (56.2%, n=1218). Eighty-one (3.7%) patients had previous SARS-CoV-2 infection, with a median difference of 74 days (IQ 40,5:160,5) between infection and endoscopy. Most patients (70.2%, n=1521) underwent PCR screening for SARS-CoV-2 up to 72 hours before the procedure, with the remaining patients (29.8%, n=645) answering a questionnaire of symptoms and risk contacts up to 3 days before endoscopy. Of the patients who underwent RT-PCR screening for SARS-CoV-2, 21 (1.4%) tested positive, and all were asymptomatic at the time of the screening. The evaluation for SARS-CoV-2 infection up to 14 days after the endoscopic exams, identified 9 positive patients (0.42%) for SARS-CoV-2. The median difference in days between endoscopy and the diagnosis of infection was 10 days.
Discussion/Conclusion: Pre-endoscopy screening with RT-PCR test for SARS-CoV-2 identified a very small number of patients with COVID-19 infection as well as patients with COVID-19 infection in the following 14 days. Therefore, the risk of infection in endoscopy units is negligible if screening of symptoms and risk contacts is applied and individual protective equipment is used.

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Hepatologie

Repérage et prise en charge du trouble de l’usage de l’alcool par des médecins d’un hôpital général public : il faut diffuser les recommandations de l’AFEF !

2022

Auteurs : M. Medmoun (1), G. Fantognon (1), H. Zougmore (1), B. Affeltranger (1), P. Pulwermacher (1), R. Smadhi (1), D. Belloula (1), G. Pulwermacher (1), T. Lemagoarou (2), C. Barrault (3), JF.D. Cadranel (1)
(1) Service d’Hépatogastroentérologie, Nutrition, Alcoologie, GHPSO Creil
(2) DIM, GHPSO Creil
(3) Service d’Hépatogastroentérologie, d’Addictologie, Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil

Hépatologie –  2022-05-03 – CO –

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Introduction : Le trouble de l’usage d’alcool (TUA) représente une des principales causes d’hospitalisation avec un coût sanitaire et financier important. Le repérage précoce avec intervention brève recommandé en soins de 1ere ligne a montré son efficacité, toutefois il existe peu de données sur ce sujet à l’hôpital. Le but de cette étude était d’évaluer les pratiques des médecins hospitaliers (MH) sur le repérage et la prise en charge (PEC) des patients (pts) ayant un TUA.
Matériels et méthodes : Etude prospective monocentrique utilisant un questionnaire en ligne. Le questionnaire, anonyme, explorant les connaissances et les pratiques comportait 27 items. Il était adressé à l’ensemble des MH cliniciens juniors et seniors exerçant dans les unités MCO d’un hôpital général sur une période d’un mois avec une relance.
Résultats : 238 MH ont été sollicités par courriel. Parmi eux, 88 ont répondu (âge moyen 42 ans, 48 % de femmes) et 77 (32%) questionnaires étaient exploitables. Les spécialités les plus représentées étaient : Urgences, Gériatrie, Médecine Polyvalente, Cardiologie, Hépato-gastroentérologie. Concernant le repérage, 57,9 % des MH interrogeaient systématiquement leurs pts sur leur consommation d’alcool quand 5,5 % n’abordaient jamais la question. Ils évaluaient leur score d’auto-efficacité pour repérer le TUA à 4,48/10, permettant à 46 % des MH d’identifier un TUA chez 21,1% de leurs patients. Toutefois, seuls 28,6 % des MH connaissaient un questionnaire de repérage du TUA (DETA, l’AUDIT et FACE) et parmi eux 86,9 % n’en faisaient rarement ou jamais usage. Passée l’étape du repérage, 72,8 % des MH disaient ne pas savoir quoi proposer face à un TUA. Les obstacles identifiés étaient : le manque de formation en addictologie (80 % des MH rapportaient n’en avoir jamais bénéficié), la minimisation des consommations par les pts et le faible taux de réussite thérapeutique. D’ailleurs, en présence d’une alcoolémie positive, 38,3 % des MH ne proposaient une PEC addictologique qu’en présence de signes de dépendance ou de complications somatiques. En effet, 66,2 % des MH ignoraient l’existence d’une équipe mobile d’alcoologie au sein de leur hôpital, 72.4 % ne connaissaient aucun C.S.A.P.A de leur région et 49,4 % n’avaient jamais adressé de patients à un addictologue. Ils se disaient également largement intéressés (88,3%) par une formation sur l’offre de soins alcoologique.
Conclusion : Les résultats de cette enquête montrent la difficulté des MH exerçant en hôpital général pour repérer et prendre en charge les TUA chez leurs pts. Les fortes recommandations émises récemment par l’AFEF (G1+) insistent sur une évaluation systématique de la consommation d’alcool, sur l’utilisation du questionnaire AUDIT – C pour repérer le TUA et l’implémentation de la pratique de l’intervention brève. Des formations à destination des MH doivent donc être mises en place. A la suite de cette enquête, une étude concernant l’usage de l’AUDIT – C en repérage de routine va être débutée dans notre l’hôpital.

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Hepatologie

Un cas clinique qui casse des briques !

2022

Nadia Darwane, Isabelle Rosa, Mathias Vidon, Anne Wampach

Hépatologie –  2022-05-02 – CC –

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Mme M-A, 52 ans, se présente à votre consultation fin Août 2021 adressée par son médecin traitant, pour ictère avec prurit.

Elle n’a pas d’antécédents médicaux-chirurgicaux, a 2 enfants en bonne santé, ne fume pas, ne consomme pas d’alcool.

Début Août 2021, dans les suites d’une infection à COVID-19, elle a présenté un ictère avec prurit, sans lésion cutanée, associé à une perte de poids de 4 kg, pour lequel elle a consulté son médecin traitant. Il n’existe pas de prise de médicaments, pas de consommation de drogues, elle n’a jamais voyagé en dehors de la France hormis pour aller au Portugal.
Le bilan biologique réalisé le 04/08/2021 montrait : GB 6,8 G/L CRP 1 mg/l Hb 12,1 g/dl ASAT 3N ALAT 5N PAL 2N GGT N bilirubine totale 30 µmol/l.
Le bilan biologique réalisé le 28/08/2021 montrait : GB 6,9 G/L CRP < 0,6 mg/l Hb 12 g/dl ASAT 40 UI/L ALAT 34 UI/L PAL 4N GGT 1,5N bilirubine totale 277 µmol/l dont 246 de bilirubine conjuguée TP 69%. Sérologies VIH, VHB, VHC, VHA, VHE négatives, sérologies EBV CMV profil immunisé. Elle vous ramène également les résultats d’une échographie abdominale réalisée en ville le 17/08/2021 : foie régulier non dysmorphique, pas d’ascite, pas de dilatation des voies biliaires intra ni extra hépatiques, vésiculaire biliaire alithiasique. L’examen clinique en consultation ne retrouve qu’un ictère cutanéo-muqueux avec d’importantes lésions de grattage. Elle pèse 43 kg contre 47 kg fin Juillet 2021, pour une taille de 1m61. Intrigué par cette patiente, vous poursuivez l’enquête diagnostique avec d’autres examens complémentaires : un bilan d’auto-immunité qui s’avère être normal, et une IRM des voies biliaires également normale. Parallèlement à ce bilan, le tableau clinique et biologique de la patiente commence à s’améliorer spontanément… Que vous inspire ce tableau clinique ? Comment avanceriez-vous pour confirmer ou infirmer vos hypothèses diagnostiques ? Suite au prochain épisode !

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Hepatologie

Une hépatite virale pas si virale que ça…

2022

Eugénie Chevalier, Bénédicte LAMBARE , Aurore BARON

Hépatologie –  2022-05-08 – CC –

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Madame M., 36 ans, consulte une première fois en aout 2021 pour l’apparition de douleurs abdominales à type de pesanteur de l’hypochondre droit, une asthénie, des céphalées, et une fébricule à 38°.
Dans ses antécédents, on note une boulimie pendant son adolescence, puis une obésité à l’âge adulte, compliquée d’un diabète gestationnel. Elle pèse actuellement 73 kg, et mesure 162cm. Elle ne prend aucun traitement.
La biologie réalisée est la suivante : ASAT 1204 U/L, ALAT 2234 U/L, GGT 21 U/L, PAL 60 U/L, TP 86%.
Le bilan étiologique de cette hépatite aigue avait comporté une échographie doppler hépatique sans anomalie morphologique, un bilan immun négatif et des sérologies virales négatives (VHA, VHB, VHC, VHE, CMV) hormi une sérologie EBV positive (IgG et IgM).
Après cet épisode d’hépatite virale aiguë, le bilan hépatique se normalise.

Mais en décembre 2021, la patiente revient en consultation pour un tableau clinique similaire.

Dans ce contexte, quelles précisions demandez-vous à Madame M. ? Quel(s) diagnostic(s) évoquez-vous ?

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Gastroenterologie

Un passager clandestin

2022

Zlata CHKOLNAIA , Marion JAGER, Caroline De KERGUENEC
Service de gastroentérologie Hôpital Delafontaine 93200 Saint Denis

Gastroentérologie –  2022-05-06 – CC –

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Une patiente ivoirienne de 39 ans est hospitalisée au CH de Saint Denis pour des nausées, des vomissements et une intense douleur abdominale épigastrique. Le transit est ralenti, la patiente a perdu 15 kg depuis quelques mois, l’asthénie est très marquée. On note pour seul antécédent un VIH traité depuis 6 mois.
A l’examen clinique, l’abdomen est souple, très sensible dans l’épigastre, les bruits hydro aériques sont faibles.
Au plan biologique, la NFS est normale, CRP à 9 mg/L, hyponatrémie à 130 mmol/L, hyperkaliémie à 5,5 mmol/l. Albuminémie à 24 g/L, CD4 à 134/mm3, charge virale VIH à 1,99 log. Le cortisol sérique est effondré.
Le scanner thoraco-abdomino-pelvien est compatible avec une tuberculose pulmonaire et une possible occlusion intestinale haute sur bride avec un épaississement régulier de la paroi du côlon ascendant. Une cœlioscopie exploratrice est réalisée et est normale. Les prélèvements per opératoires, l’ECBU et les hémocultures poussent à E. coli.
Nous suspectons une tuberculose péritonéale et surrénalienne et débutons un traitement par hydrocortisone et céphalosporines de troisième génération.
Trois jours plus tard, des macules érythémateuses serpigineuses de l’abdomen apparaissent, suivies d’une détresse respiratoire aiguë avec confusion et hyperthermie à 40°C.
Une ponction lombaire est réalisée en réanimation. Le résultat est en faveur d’une méningite à E. coli avec 4000 éléments dans le LCR.
Toutefois, cette éruption cutanée s’avère typique pour les yeux d’une interne avertie d’une pathologie extraordinaire et gravissime.
Quelle est votre hypothèse diagnostique?