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Gastroenterologie

Une jéjunite lupique

2018

Grégoire SALIN, Guillaume VELUT, Florence SKINAZI, Hélène LABADIE
Centre hospitalier DELAFONTAINE 
Service de gastroentérologie 93200 Saint Denis

Gastroentérologie –  2018-05-07 – CC –

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Une patiente de 44 ans se présente aux urgences pour des douleurs abdominales aigues depuis environ 36h. On note dans ses antécédents un lupus érythémateux systémique à prédominance rénale, articulaire et cutanée traité par Cortancyl, Thalidomide, Plaquenil ; une hypertension artérielle traitée par Irbésartan, une phlébite des membres inférieurs, une infection par le virus ZIKA en septembre 2017 à l’occasion d’un voyage à la Martinique.
Les symptômes débutent brutalement par une diarrhée liquidienne puis apparition de selles noires devenant glaireuses 3h avant le passage aux urgences. Il n’y a pas de fièvre, pas de vomissement, pas de contage infectieux, pas de prise d’AINS récente mais une prise de macrolide pour une bronchite un mois auparavant. L’examen clinique retrouve une défense en hypochondre droit, des synovites des deux genoux et poignets, des glaires au toucher rectal. La biologie réalisée montre une hémoglobine à 10,8 g/dl, des leucocytes à 7960 G/mm3, des plaquettes à 198 000/mm3. La créatininémie est à 85 µmol/l, la CRP à 236 mg/l, le complément est effondré et le bilan hépatique normal. Les coprocultures et les hémocultures sont négatives, les facteurs anti nucléaires sont positifs avec des Anticorps anti SSA positifs. La tomodensitométrie abdomino-pelvienne injectée retrouve une jéjunite sans signe de complication, un épanchement pleural bilatéral et péritonéal de faible abondance.
La prise en charge initiale comporte une mise au repos digestif, des inhibiteurs de la pompe à protons double dose, une HBPM à dose préventive, une antibiothérapie par ofloxacine, flagyl et azythromycine ainsi qu’une majoration de la corticothérapie à 60 mg/j. L’évolution est rapidement favorable tant sur le plan digestif qu’articulaire.
Le diagnostic posé est une poussée lupique articulaire et sérite dans un contexte de gastroentérite infectieuse non documentée ou une poussée lupique digestive avec des manifestations articulaires et de sérite.
Nous discuterons des pathologies digestives au cours des maladies systémiques connectivites et vascularites.

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Gastroenterologie

Le K manquant

2018

Anais Jenvrin, Florence SKINAZI, Hélène LABADIE
Centre hospitalier DELAFONTAINE service de gastroentérologie 93200 Saint Denis

Gastroentérologie –  2018-05-07 – cas clinique –

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Une patiente russe de 33 ans est hospitalisée pour une diarrhée chronique. Elle n’a pas maigri mais depuis son mariage, elle a la diarrhée et des douleurs abdominales. Elle est la maman d’un enfant de 4 ans qui va bien. Elle a déjà été explorée en Russie pour des douleurs abdominales mais sans diagnostic retenu.
A l’arrivée dans le service, elle est en bon état général, l’IMC est à 22, la palpation de l’abdomen ne retrouve pas d’hépato ni de splénomégalie. L’aspect des selles est d’emblée frappant car elles sont de couleur mastic , épaisses et lourdes.
L’hémoglobine est à 12g, les plaquettes normales, la CRP à 2mg/l, les ASAT sont à 1.5N. L’albuminémie est à 40g/l, l’électrophorèse des protides est normale, la calcémie est normale, la TSH est normale, le bilan du fer, folates, B12 sont normaux.
Le TP est à 30% avec un facteur V à 90%, la vitamine D est à 19.3 nmol/l ( N> 25). L’élastase fécale est à 220 ug/g de selles.
Quels examens auriez-vous fait ? Dans quelle hypothèse ?

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Gastroenterologie

Des pathologies cardiaque, rhumatologique et dermatologique d’origine digestive.

2018

Adil Soualy, Marie Trompette, Gilles Macaigne.
CH de Marne la Vallée Service de Gastro-Entérologie

Gastroentérologie –  2018-05-08 – CC –

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Un patient âgé de 71 ans avec altération de l’état général évoluant depuis 4 ans, est hospitalisé dans le service en août 2016 pour une diarrhée faite de 3 à 6 selles quotidiennes liquides non glairo-sanglantes, des vomissements et une intolérance alimentaire apparus 3 mois auparavant. Il n’a pas effectué de séjour hors Ile de France au cours de ces dernières années et ne signale pas d’épisode digestif identique antérieur.
Il a comme antécédents une polyarthrite rhumatoïde séronégative avec douleurs articulaires périphériques inflammatoires traitée sans succès par méthotrexate, une péricardite « idiopathique » diagnostiquée 6 mois plus tôt et une ostéoporose sévère avec fractures vertébrales multiples.
L’examen clinique retrouve un homme cachectique (taille 163cm – poids 39 Kg – IMC 14,7) qui présente des lésions purpuriques cutanées des membres inférieurs apparues il y a quelques semaines.
Le bilan biologique initial est le suivant : Hémoglobinémie à 10 g/dL, VGM 82 fL 15 000 leucocytes dont 92% de polynucléaires neutrophiles, CRP à 44 mg/L, hypokaliémie à 3,1 mmol/L, albuminémie à 25g/L. Les taux sériques de vitamine B12, folates, ferritine, TSH sont normaux, les IgA anti-transglutaminases sont indétectables et le bilan infectieux est négatif : coprocultures avec recherche clostridium, ECBU, sérologie VIH.

Quel(s) diagnostic(s) évoquez vous ?

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Hepatologie

KIDEPIST: résultats préliminaires

2018

Isabelle Rosa, André-Jean Remy, Armand Garrioud, Marie Pierre Ripault, Hélène Labadie, François Maille, Robert Bader, Hatem Salloum

Hépatologie –  2018-05-09 – CO –

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Les nouveaux traitements du VHC permettent d’obtenir une guérison virologique dans plus de 95% des cas. L’accès universel au traitement décidé en France en mai 2016 et l’assouplissement des règles de présentation en RCP permettent actuellement de traiter tous les patients quelque soit le stade de fibrose, l’objectif fixé par l’OMS étant l’éradication virale en 2030. Pour arriver à ce but il est nécessaire de renforcer les actions de dépistage et de dépister les patients à risque mais également d’identifier tous les acteurs à mobiliser afin d’améliorer le dépistage. Actuellement certaines populations à fort risque viral ont été parfaitement identifiées. Il s’agit des personnes incarcérées, des usagers de drogues, des HSH et des migrants. Des actions de dépistage spécifiques ont été ou vont être mises en place dans chacun de ces milieux : UCSA, CSAPA, PASS etc. En revanche il n’existe actuellement aucune donnée récente sur le nombre de patients dépistés en « population générale » ni sur le rôle des médecins généralistes dans le dépistage.
L’objectif principal de cette étude observationnelle est de décrire le parcours de soins des patients atteints du virus de l’hépatite C et de décrire les professionnels de santé qui dépistent et adressent ces patients en 2018.
Les objectifs secondaires de cette étude observationnelle est de décrire la typologie de patients atteints d’hépatite C en 2018 : Facteurs de risques, comorbidités, stade de fibrose.
Cette étude concerne les patients nouvellement adressés en consultation d’hépatologie et le mode d’adressage dans les hôpitaux généraux français sur une période de 12 mois. Le nombre estimé de patients inclus est de 1000.
De septembre 2017 à mars 2018, XX patients ont été inclus de façon rétrospective. De mars 18 à septembre 18, XX patients ont été inclus de façon prospective dans 34 centres ANGH.
Les résultats sur la période rétrospective seront présentés au congrès ANGH.

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Hepatologie

Traitement de l’hépatite C chronique par sofosbuvir et ribavirine +/- peginterféron : résultats dans la  » vraie vie  » à partir d’une cohorte multicentrique de 211 patients.

2018

A.Garioud1, R.Heng1, X.Amiot2, A.-J.Rémy3, I.Olliver-Hourmand4, D.Lucidarme5, M.Medmoun1, J.-P.Arpurt6, C.Renou7, A.Pauwels8, S.Hommel9, Y.Le Bricquir10, F.Heluwaert11, I.Rosa-Hézode12, H.Salloum13, G.Barjonet14, X.Causse15, C.Pilette16, S.De Montigny Lenhardt17, R.Arotcarena18, V.Jouannaud19, B.Lesgourgues19, S.N. Si Ahmed15, M.Schnee20, A.Pariente18,, J.-F.Cadranel1.

1. Service d’hépato-gastroentérologie, d’Alcoologie et de Nutrition – GHPSO, Creil 2. Service d’hépato-gastroentérologie – Hôpital Tenon, APHP, Paris 3. Service d’hépato-gastroentérologie et de Cancérologie Digestive – CH Perpignan 4. Service d’hépato-gastroentérologie – CHU Caen 5. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Lomme 6. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Avignon 7. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Hyères 8. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Gonesse 9. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Aix-en-Provence 10. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Béziers 11. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Annecy Genevois, Metz-Tassy 12. Service d’hépato-gastroentérologie – CHI Créteil 13. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Meaux 14. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Montélimar 15. Service d’hépato-gastroentérologie – CHR Orléans 16. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Le Mans 17. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Aubagne 18. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Pau 19. Service d’hépato-gastroentérologie – CH Montfermeil 20. Service d’hépato-gastroentérologie – CH La Roche-Guyon.

Hépatologie –  2018-05-09 – NULL –

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Introduction : En février 2014, le sofosbuvir fut le premier antiviral d’action directe (AAD) de dernière génération à obtenir en France son autorisation de mise sur le marché dans le traitement de l’hépatite chronique virale C. D’action pangénotypique, il doit être employé en association avec un autre traitement antiviral. Les premiers schémas thérapeutiques utilisés ont été les combinaisons sofosbuvir+ribavirine (SR) et sofosbuvir+peginterféron+ribavirine (SPR) avec des taux de guérison supérieurs à 90% et peu d’effets secondaires [1]. Le but de cette étude rétro-prospective est de donner un aperçu des résultats de l’utilisation de ces premières combinaisons dans la  » vraie vie  » en France.

Matériels et méthodes : Les données des patients (pts) traités par SR ou SPR dans 24 centres hospitaliers français ont été colligées. Les éléments cliniques (sexe, consommation d’alcool, existence d’un diabète, d’une cirrhose), biologiques, virologiques avant traitement (génotype, profil de réponse aux traitements antérieurs) et le stade de fibrose hépatique ont été renseignés. La charge virale C pendant le traitement a été mesurée à S2, S4, S8, S12 et S24 ; les effets secondaires ont été notifiés. La charge virale C a été mesurée à 4, 12, 16 et 24 semaines après traitement. Une charge virale indétectable 12 semaines après l’arrêt définissait une réponse virologique prolongée (RVP 12S). Les statistiques ont été effectuées à l’aide du logiciel StatView avec une analyse descriptive et l’utilisation du test du chi-2 pour les comparaisons de sous-groupes.

Résultats : Les données de 211 pts (141 hommes et 70 femmes) ont été analysées. L’âge moyen était de 56,1 [31-85] ans ; 24 pts étaient diabétiques. Les pts étaient atteints par un virus C de génotype 1 : 79 (37,4%), 2 : 42 (19,9%), 3 : 61 (28,9%), 4 : 26 (12,3%) et 5 : 3 (1,4%). 171 (89%) pts avaient un score de fibrose ≥ 3 (112 F4, 3 F3-4, 56 F3, 16 F2 et 5 F0 ou F1). 113 pts ont été traités par SR (dont 45 naïfs) et 95 par SPR (dont 38 naïfs). La charge virale C initiale médiane était de 6,3 log10 ; la moyenne était de 6,15 log10 (écart-type 0,077). Chez les pts naïfs : en cas de traitement SPR de 12 semaines, la RVP 12S était de 93% (13/14) en cas de génotype 1, 100% (3/3) en cas génotype 3 et de 83% (5/6) en cas de génotype 4. En cas de traitement SR de 12 semaines, les RVP 12S étaient de 100% chez les pts génotype 1 (2/2) et 2 (6/6). Pour les pts traités 24 semaines, les RVP 12S étaient de 80% en cas de génotype 1 (4/5) et 3 (4/5). Chez les patients expérimentés (non-répondeurs et répondeurs-rechuteurs) : en cas de traitement SPR de 12 semaines, les RVP 12S étaient de 75% (12/16) en cas de génotype 1, 100% (2/2) en cas de génotype 2, de 78% (7/9) en cas de génotype 3 et de 67% (2/3) en cas de génotype 4. Les RVP 12S étaient de 86% (6/7) chez les pts génotype 1 et de 100% (1/1) chez les pts génotype 3 traités par SPR pendant 16 ou 24 semaines. Les résultats étaient moins bons en cas de traitement par SR. Avec un traitement de 12 semaines, les RVP 12S observées étaient de 33% (1/3) en cas de génotype 1, de 75% (6/8) en cas de génotype 2 et de 0% (0/2) en cas de génotype 4. Pour les pts traités 16 ou 24 semaines, les RVP 12S étaient de 58% (7/12) en cas de génotype 1, de 50% (1/2) en cas de génotype 2, de 100% (6/6) en cas de génotype 3 et de 83% (5/6) en cas de génotype 4. Les effets secondaires étaient ceux de la bithérapie pégylée (anémie avec nécessité de diminution des doses et 7 arrêts de la ribavirine, asthénie ou dépression avec 5 arrêts du peginterféron). La tolérance globale du sofosbuvir était bonne. Il n’a pas été noté de troubles du rythme. En analyse univariée, les différents facteurs étudiés (l’âge, un âge < 70 ans, le sexe, l'existence d'un diabète, la consommation d'alcool, la cirrhose, le génotype, une charge virale C initiale inférieure à la médiane (6,3 log10), la durée de traitement, peginterféron ou pas, le nombre de lignes de traitements antérieurs, le profil de réponse antérieur, un traitement antérieur par bocéprévir ou telaprevir) n'étaient pas significativement associés à la RVP 12S. Le seul facteur associé à la RVP 12S était un chiffre de plaquettes initial ≥ 100 G/l (p=0,0459). En analyse multivariée, la présence d'un diabète était un facteur de mauvaise réponse (p=0,03) dans le groupe SR. Dans le groupe SPR, un antécédent d'ascite (p=0,0001) ou d'encéphalopathie hépatique (p=0,0002), une bilirubinémie élevée (p=0,004), un taux de Plaquettes < 100 G/l (p=0,002) ou avoir reçu antérieurement un traitement (p=0,03) étaient significativement associés au risque d'échec.

Conclusions : Cette étude multicentrique menée chez des patients ayant une fibrose extensive ou une cirrhose confirme les bons résultats de SR 12 semaines chez le génotype 2 naïf – la forte représentation de ce génotype étant en rapport avec le caractère " facile à traiter " de ce génotype -, l'intérêt de l'ajout du peginterféron pour raccourcir la durée de SR de 24 à 12 semaines avec des résultats équivalents chez les génotypes 1 et 3. En revanche, chez les patients expérimentés, les résultats sont plutôt médiocres avec des traitements de 12 semaines. Chez le génotype 1, allonger la durée du traitement de 12 à 24 semaines avec du peginterféron semble plus intéressant de même qu'un traitement de 24 semaines par SR sans peginterféron chez les patients de génotype 3 et 4. Enfin, les antécédents de décompensation de cirrhose ou un taux de plaquettes initial < 100 G/l (patients CUPIC-like) constituent un facteur de mauvaise réponse.

1) Résultats des essais NEUTRINO : génotypes 1, 4, 5, 6 : PHOTON-1 : génotypes 1, 2 : FISSION : génotypes 2 ; VALENCE : génotypes 2, 3 ; POSITRON : génotype 2 ; ELECTRON+PROTON : génotypes 2, 3 ; FUSION : génotype 2 ; LONESTAR-2 : génotypes 2, 3.

Non mis dans l'abstract mais sur la communication :
Remerciements : à l'ensemble des médecins ayant participé à l'étude et non cités plus haut : E.Gagea (Cholet), B.Tissot (Le Mans), F.Bourrhis (Chambéry), B.Condat (Bry-sur-Marne), H.Labadie (Saint-Denis).

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Hepatologie

Diminution spectaculaire des besoins de phlébotomies après introduction d’un traitement par IPP chez un patient présentant une hémochromatose génétique.

2018

J.-F.Cadranel1, C.Mokhtari2, R.Heng1, F.Kazerouni3, M.Medmoun1, T.Delacour2, J.-B.Nousbaum4, A.Garioud1.

1. Service d’Hépato-gastroentérologie, Alcoologie et Nutrition – GHPSO – Creil. 2. Service de Biologie médicale – GHPSO – Creil. 3. Service d’Imagerie médicale – GHPSO – Creil. 4. Service d’Hépato-gastroentérologie – CHU La Cavale Blanche – Brest.

Hépatologie –  2018-05-09 – CO –

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Introduction
L’hémochromatose génétique est une maladie génétique fréquente entraînant une surcharge en fer dans le foie et dans d’autres organes avec une pénétrance variable. Si certains patients n’auront jamais de phlébotomie, d’autres auront un traitement d’attaque astreignant d’une saignée par semaine pendant un an voire plus.
Nous rapportons ici l’observation d’un patient présentant une hémochromatose génétique sans cirrhose avec une surcharge en fer majeure ayant nécessité initialement une puis deux saignées de grand volume par semaine. L’introduction d’un traitement par inhibiteur de la pompe à protons (IPP) a permis d’une part de ramener les saignées à une par semaine et d’autre part, d’entraîner une diminution spectaculaire de la ferritinémie.
Observation :
En février 2017, un homme de 62 ans mesurant 1,75m pour 75kg et ayant pour antécédent un accident ischémique en 2009 nous est adressé en consultation d’Hépatologie pour le bilan d’une hémochromatose génétique. Il présente une hypertension artérielle traitée par hydrochlorothiazide 25µg/jour et irbésartan 1/jour. Il prend un traitement par atorvastatine 20 mg/j et fénofibrate 300 mg/jour. Il boit deux cafés par jour et sa consommation d’alcool est nulle.
L’examen clinique est sans particularité. Le foie n’est pas augmenté de volume et n’est pas dur.
Biologiquement, la glycémie à jeun est normale, les ASAT à 1,5N, les ALAT à 1,2N, la gamma à 2N, et le bilan lipidique normal. La ferritinémie est à 6.181 ng/ml avec un coefficient de saturation à 90 %. Après recherche génétique, la mutation C282Y du gène HFE est présente à l’état homozygote. Le taux de prothrombine et l’électrophorèse des protides sont normaux. La sérologie de l’hépatite C et l’antigènémie HBs sont négatifs.
L’IRM hépatique objective une surcharge en fer majeure à 331 µmol/g de foie ainsi que deux nodules hépatiques caractérisés comme angiomes après relecture par le Professeur VILGRAIN. L’élastographie par technique Sheare wave est en faveur d’une fibrose modérée à 8,8 kPa (IQR à 0,5) superposable au résultat de l’élastométrie par Fibroscan.
Un traitement par phlébotomies de 500 ml toutes les semaines est débuté. Entre le 22/03/2017 et le fin juin 2017, la ferritinémie va passer de 6.000 à 3.393 ng/ml. Après une augmentation à deux saignées par semaine, on obtient en six mois supplémentaires une diminution fluctuante de la ferritine qui toutefois plafonne à 1.500 ng/ml en décembre 2017.
Après lecture d’une publication récente*, on décide de repasser à une saignée hebdomadaire après introduction d’un traitement par pantoprazole à la dose de 40 mg/j. On assiste à partir de ce moment-là à une décroissance progressive importante et rapide de la ferritinémie (figure 1) qui se normalise en quatre mois et est a 103 au 30 06 2018. L’IM hépatique mets en evidence une stétose à15 % et une concentration hépatique en fer à10µmol/g de foie
Cette observation souligne l’intérêt potentiel des IPP et en particulier du pantoprazole qui diminue l’absorption intestinale du fer par son effet sur l’augmentation du pH gastrique. Actuellement au GHPSO, nous reprenons toutes les observations de patients en phlébotomies ayant une ferritinémie élevée pour les revoir en consultation et leur proposer l’adjonction d’un traitement par IPP.
Plusieurs centres universitaires se sont joints à nous pour une étude rétrospective en cours ( Amiens Brest, Besançon, Clermont-Ferrand, Caen, Toulouse hépato et Med interne, Limoges) et nous proposons une étude rétrospective au sein de l’ANGH sur ce sujet.

* Proton Pump Inhibitors Decrease Phlebotomy Need in HFE Hemochromatosis: Double-Blind Randomized Placebo-Controlled Trial. A.Vanclooster, C.van Deursen, R.Jaspers, D.Cassiman, and G.Koek. Gastroenterology 2017;153:678–680

Profil d’intérêt 0.

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Endoscopie

Traitement des polypes colorectaux bénins de 20 mm et plus du programme de dépistage organisé du cancer colorectal par test immunologique

2018

Bernard Denis, Isabelle Gendre, Philippe Perrin,
ADECA Alsace

Endoscopie –  2018-05-09 – CO –

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INTRODUCTION
La résection endoscopique (RE) des gros polypes (GP) colorectaux (>= 20 mm) devient la règle. Suite au dernier congrès de l’ESGE, les rapporteurs de la SFED considéraient qu’il « n’y a plus de place à la chirurgie des lésions bénignes colo-rectales vu le nombre d’outils à notre disposition ». Pourtant, le recours à une résection chirurgicale (RC) n’est pas si rare en population, variant de 0 à 47% selon l’endoscopiste. But : évaluer le parcours de soins des patients porteurs de GP bénins en population.
PATIENTS ET METHODE
Etude rétrospective de la prise en charge de tous les GP colorectaux bénins diagnostiqués par la 1ère campagne de dépistage organisé du cancer colorectal par test immunologique dans une région.
RESULTATS
8160 coloscopies étaient réalisées par 115 endoscopistes. Parmi elles, 4935 coloscopies réalisées par 88 endoscopistes permettaient le diagnostic de 12.601 polypes dont 676 GP (5,4%) chez 633 patients (460 GP chez 426 hommes). Un GP était présent chez 8% des patients. 55% des GP étaient pédiculés, 34% sessiles et 8% plans. 13% étaient situés dans le rectum, 53% dans le colon distal et 34% dans le colon proximal. Il s’agissait d’adénomes tubulo-villeux (68%), tubuleux (23%), villeux (7%) et de polypes/adénomes festonnés sessiles (2%). 24% étaient en dysplasie de haut grade et 10% le siège d’un carcinome in situ. 540 polypes (80%) de 26 mm de taille moyenne (20 – 70 mm) bénéficiaient d’une RE chez 508 patients. La proportion de GP traités par RE variait selon l’opérateur, la forme, la taille et la localisation du polype : polypes pédiculés (94,9%), lésions sessiles et planes (63,9%), rectum (85,9%), colon distal (91,6%), colon proximal (59,5%), endoscopiste expert (86,4%), non expert (68,6%) (p<0,01). La RE était assurée lors de la coloscopie initiale dans 415 cas (65,5%), lors d’une 2ème coloscopie par le même opérateur dans 48 cas (7,2%) ou par un des 6 opérateurs experts dans 45 cas (7,1%). Le taux global de RE était de 80% et variait de 0 à 100% selon l’endoscopiste. 6 (7%) endoscopistes recevaient des patients adressés par des collègues et étaient considérés comme experts. Leurs taux de succès de RE étaient de 85/91 soit 93% [RE par dissection sous muqueuse dans 10 cas (20 – 60 mm), 9 par un seul opérateur]. 32 (36%) endoscopistes avaient un taux de RE de 90 à 100%, 11 (12%) un taux entre 80 et 100%, et 40 (45%) un taux = 30 mm était de 64% et variait de 0 à 100% selon l’endoscopiste. 136 polypes (20%) de 34 mm de taille moyenne (20 – 90 mm) bénéficiaient d’une RC chez 125 patients (20%). Le recours à la RC était direct après la 1ère coloscopie dans 115 cas (18%), après échec d’une 2ème tentative dans 10 cas (2%) et jamais après recours à un 2ème endoscopiste expert. Plus de la moitié des RC ont été considérées comme abusives : 17 (3%) patients porteurs de GP pédiculés (20 – 45 mm) (cf recommandations American Society for Gastrointestinal Endoscopy 2015) et 66 (10,4%) porteurs de polypes plans ou sessiles de 20 à 39 mm. Les taux de complications étaient de 4,6% pour la RE (dont 6 perforations, 5 traitées endoscopiquement et 1 opérée, 6 hémorragies différées traitées par endoscopie, et 1 arrêt cardiaque d’évolution favorable) et de 14,4% pour les RC (p=0,001).
CONCLUSIONS
8% des coloscopies du programme de dépistage organisé du cancer colorectal par test immunologique révèlent un gros polype de 20 mm et plus. Dans la vraie vie, un patient sur 5 porteurs de gros polype(s) est opéré. Le taux de recours à la chirurgie varie de 0 à 100% selon l’endoscopiste. Plus de la moitié des résections chirurgicales sont abusives, sources d’une morbi-mortalité excessive. Les trois quarts des endoscopistes non experts ne recourent jamais à un endoscopiste expert, ce qui constitue une perte de chance pour leurs patients. La dissection sous muqueuse reste confidentielle.

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Endoscopie

Apport de l’écho-endoscopie rectale dans la prédiction du type de chirurgie de l’endométriose.

2018

Victor Desplats, Frédérick Moryoussef, Antonio d’Alessandro, Joseph du Cheyron, Morgane Rompteaux, Gilles Roseau, Arnaud Fauconnier, René-Louis Vitte

Endoscopie –  2018-05-10 – CO –

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Introduction et objectif de l’étude
L’endométriose est une maladie sous-diagnostiquée dont la localisations recto- sigmoïdienne peut être responsable de symptômes digestifs non spécifiques (douleurs abdominales, troubles du transit, dyschésie et rectorragies). Deux approches chirurgicales existent : la résection recto-sigmoïdienne (pastille ou résection segmentaire) et la dissection intra-musculeuse (shaving). L’objectif de cette étude était d’évaluer si les données apportées par l’écho-endoscopie rectale (EER) pouvaient prédire le type de geste chirurgical.
Matériel et méthodes
Cette étude rétrospective monocentrique a été conduite chez des patientes présentant une endométriose avec des localisations recto-sigmoïdiennes évaluées par écho-endoscopie et qui avaient reçu un traitement chirurgical curatif entre janvier 2012 et mars 2018. Une analyse univariée a été réalisée sur les données écho-endoscopiques des nodules d’endométriose (épaisseur, largeur, infiltration de la sous-muqueuse, présence d’une voussure dans la lumière digestive et présence de localisation recto-sigmoïdiennes multiples d’endométriose), suivie d’une régression logistique.
Résultats
Sur 362 patientes pré-incluses traitées, 73 patientes avec endométriose recto-sigmoïdienne ont bénéficié d’une EER avant traitement chirurgical curatif. En analyse univariée, l’épaisseur, la largeur et la présence d’une infiltration de la sous-muqueuse ont été identifiées comme potentiels facteurs prédictifs du type de résection digestive. En régression logistique multivariée, seule l’épaisseur apparaissait comme facteur prédictif (OR= 1,49 ; IC95% [1,04 – 2,12] ; p=0,028). L’analyse de la courbe ROC permettait de prédire qu’une épaisseur de plus de 5,20 mm nécessitait une résection recto-sigmoïdienne avec une sensibilité de 76%, une spécificité de 82% et une AUC de 0,82. Les seuils de 100% de sensibilité et de 100% de spécificité étaient de 0,90 mm et 10,00 mm respectivement.
Conclusion
La présence d’un nodule recto-sigmoïdien d’endométriose de plus de 5,20 mm d’épaisseur mis en évidence lors du bilan pré-thérapeutique par EER prédit la nécessité d’un traitement chirurgical par résection recto-sigmoïdienne. D’autres études prospectives sont nécessaires pour valider ces résultats.

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Hepatologie

Observatoire OBADE-ANGH : intérêt du baclofène chez 202 patients alcoolo-dépendants

2018

C. Barrault 1, J-F. Cadranel 2, C. Locher 3, V. Bourcier 4, F. Skinazi 5, T. Thevenot 6, D. Labarrière 7, A. Garioud 2, Y. Le Bricquir 8, V. Quentin 9, C. Costentin 1, C. Jouan 1, H. Hagège 1, C. Jung 1
1-Créteil, France ; 2-Creil, France ; 3-Meaux, France ; 4-Bondy, France ; 5- Saint Denis, France ; 6-Besançon, France ; 7- Orléans, France ; 8-Béziers, France ; 9-Saint Brieuc, France

Hépatologie –  2018-05-10 – CO –

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Introduction. Le baclofène est un traitement du mésusage d’alcool dont l’utilisation est possible même au stade de cirrhose. OBADE est l’Observatoire national des patients traités par Baclofène pour AlcooloDEpendance dans les services d’hépato-gastro-entérologie de l’ANGH dont l’objectif était d’évaluer les modalités de prescription du baclofène. Les objectifs secondaires étaient l’évaluation de la consommation d’alcool à 12 mois et la sécurité du traitement. Patients et Méthodes. Tous les patients de 10 services d’hépato-gastro-entérologie traités par baclofène entre mars 2012 et décembre 2016 étaient inclus. Résultats. La population de 202 patients était composée d’hommes (79%), d’âge moyen 51 ans dont 77 (39%) avaient une cirrhose. Dans 50% des cas les patients avaient reçu un médicament addictolytique et la dose de baclofène était prescrite «à la carte». A M12, chez les 102 patients suivis, la dose médiane de baclofène était de 60 mg/j [40-90] et la consommation déclarée d’alcool moyenne était inférieure à celle de JO : 32 g/j contre 111 g/j (p<0,0001) et 77 patients avaient une consommation ≤ 30 g/j, Les effets indésirables étaient moins fréquents chez les cirrhotiques (4% vs 13%, p=0,02) alors que la dose de baclofène n’était pas différente (65,5 mg/j vs 88 mg/j, p=0,09). Aucun effet indésirable grave ni aucun décès n’a été rapporté au baclofène. Conclusion. Les résultats suggèrent que le traitement par baclofène, intégré à une prise en charge médico-psycho-sociale, est associé à une diminution significative de la consommation d’alcool à 12 mois. La tolérance du baclofène était très bonne y compris en cas de cirrhose décompensée.

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Hepatologie

Le suivi des patients « addicts » après éradication du VHC par anti-viraux directs est suboptimal : résultats à 1 an chez 80 patients.

2018

C. Barrault 1, R. Truchi 2, JB. Trabut 3, D. Carmona 4, I. Rosa 1, E. Gelsi 2, F. Roudot-Thoraval 5, A. Bachelard 6, S. Dominguez 6, C. Hezode 5, A. Tran 2
1. ELSA et service d’Hépato-gastro-entérologie, CH Intercommunal de Créteil
2. CSAPA et service d’Hépatologie, CHU L’Archet 2, Nice
3. Service d’Addictologie, Hôpital Emile Roux, Limeil-Brévannes
4. CSAPA Epices, Créteil
5. Service d’Hépatologie , Hôpital Henri Mondor, Créteil
6. Service d’Immunologie clinique, Hôpital Henri Mondor, Créteil

Hépatologie –  2018-05-11 – CO –

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Rationnel. Les anti-viraux directs (AVD) ont simplifié le traitement de l’hépatite chronique virale C (VHC) dont la prévalence est élevée chez les patients « addicts », dont la maladie hépatique est plus grave en raison d’un mésusage d’alcool fréquent. Le suivi reste complexe en raison des problèmes psycho-sociaux associés. But. Evaluer la régularité du suivi hépatologique et addictologique des patients « addicts » traités par AVD et l’impact du traitement sur la consommation d’alcool. Patients et Méthodes. Entre janvier 2014 et décembre 2016, les patients usagers de drogue et/ou alcoolo-dépendants ont été suivis de façon prospective pendant et après traitement par AVD. Le suivi hépatologique était basé sur les recommandations de l’AFEF. Le suivi addictologique était poursuivi de manière habituelle. Résultats. Quatre-vingt patients de 2 régions françaises ont été traités. Une fibrose sévère et une cirrhose étaient observées dans 40% et 60% des cas, un mésusage d’alcool dans 82% des cas. Le taux d’éradication du VHC était de 92,5%. Le suivi moyen était de 65 semaines. Le suivi hépatologique était irrégulier dans 34%, absent dans 19% des cas, avec apparition d’un carcinome hépato-cellulaire (CHC) dans 5 cas. Le suivi addictologique était régulier dans 47% des cas. A 1 an, 42% des patients avaient un mésusage d’alcool. Conclusion Le suivi hépatologique après éradication du VHC est suboptimal chez les patients addicts avec cirrhose ayant un fort risque de CHC. Le traitement impacte peu le mésusage d’alcool. Ces résultats suggèrent de renforcer la coopération entre hépatologues et addictologues pour améliorer le suivi.

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